mardi, novembre 28, 2006

N° 229 - Journal d'Irak Special dossier - 27/11/06

Sommaire :
1 Les Brèves
1-1 Pol De Vos : USA: les élections se sont muées en un référendum sur l’Irak.
1-2 Roland Marounek : Appel pour un déploiement de l'Otan dans le nord de l'Irak.
..2 Dossier & Point de vue
2-1 Point de vue de James Cogan : Octobre dernier le mois le plus meurtrier en Irak selon l’ONU.
2-2 Point de vue de Ramsey Clark : « L’engagement existait de détruire tout ou partie des Irakiens en tant que groupe racial, national ou religieux ».
.3 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net.
3-1 usa-menace.over-blog.com : L'armée US collaboreraient avec Al Qaîda.
1 Les brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
Marc
1-1 Pol De Vos : USA: les élections se sont muées en un référendum sur l’Irak.
Ce que le monde entier espérait en 2004 s’est quand même produit le 7 novembre 2006. Les électeurs américains ont sanctionné le président
Pour la première fois en douze ans, les Démocrates ont reconquis la majorité à la Chambre des représentants du Congrès américain. Au Sénat aussi, ils ont obtenu de justesse la majorité. Pourtant, le Parti démocrate ne doit pas crier trop fort victoire. Bill Scheider, analyste politique de CNN, a déclaré que les électeurs ne connaissaient même pas les noms des Démocrates pour qui ils ont voté. « Je vais voter Démocrate car je suis contre Bush, je suis contre cette guerre. Je veux le faire voir clairement1 », ont déclaré certains électeurs. Un sixième des personnes qui avaient élu Bush président en 2004 lui ont tourné le dos. Le Washington Times remarque : « Au sein de la base républicaine aussi, il y a une déception manifeste à propos des occasions manquées, de l’énorme déficit budgetaire, des attaques contre les libertés civiques, de l’échec des mesures sociales et de la guerre. En essence, il s’agissait d’un référendum contre la guerre et contre le président2. » Aussi le bilan de cette guerre n’a-t-il jamais été plus clair. Quelques semaines avant les élections, Bush avait même fait la comparaison avec le Vietnam, même s’il ne voulait pas encore admettre que la guerre en Irak courait droit à la défaite3. 2 845 militaires américains ont déjà perdu la vie, plus de 21 000 ont été blessés, outre les 655.000 morts du côté des Irakiens4. De plus, la guerre en Irak a coûté jusqu’à présent 273 milliards d’euros. C’est-à-dire, chaque jour, 213 millions d’euros : l’équivalent d’un millier de nouvelles maisons. Cela, dans un pays où le nombre de sans-logis ne cesse de s’accroître et où des millions de personnes vivent dans la pauvreté. La classe politique divisée Dans les deux parlements américains, les Démocrates ont conquis la majorité. Qu’est-ce que cela signifie pour l’occupation de l’Irak ? La politique américaine de guerre de Bush se trouve dans une impasse. Même chez les Républicains, beaucoup s’en prennent vertement à Bush. « Quelqu’un doit quand même expliquer clairement les choses au tyran de la Maison-Blanche : encore une gaffe et il est déposé, condamné et transféré au Tribunal de la guerre à La Haye », déclare Paul Craig Roberts, qui a été ministre des Finances sous le président républicain Reagan, dans les années 80, et n’a donc rien d’un homme de gauche. Cela montre la division au sein de la classe politique américaine à propos de la politique à suivre en Irak. Chez les Démocrates aussi, c’est le désaccord. Howard Dean et Hilary Clinton ont déclaré ouvertement qu’ils n’insisteraient pas en faveur d’un retrait de l’Irak. John Kerry a même parlé d’un accroissement des effectifs, alors que, la semaine dernière, la dirigeante du groupe démocrate, Nancy Pelosi, faisait savoir que les Américains devaient se retirer en toute hâte de l’Irak. Maintenant qu’une colonisation ouverte ne s’avère plus possible, le « plan B » rallie en tout cas des partisans : une politique du « diviser pour régner » qui plongera le pays dans l’instabilité pour très longtemps. De la sorte, les USA espèrent pouvoir conserver en (grande) partie leur contrôle sur la région – et son pétrole. « L’Irak se scindera en trois parties, soutient Roberts : dans le nord, les Kurdes peuvent s’unir aux Kurdes turcs. Dans le sud, les chiites peuvent opter pour un même régime islamique qu’en Iran. Sans pétrole, les sunnites se retrouveront isolés au centre. » Quoi qu’il en soit, pour le mouvement antiguerre aux USA et en Europe, la défaite électorale de Bush constitue une invitation à renforcer la mobilisation. Jusqu’à ce que les troupes étrangères se retirent et laissent enfin l’Irak aux Irakiens.
1. www.informationclearinghouse.info • 2. Washington Times, 11/8/2006 • 3. ABC-news, 25/10 • 4. www.Lancet.com
1-2 Roland Marounek : Appel pour un déploiement de l'Otan dans le nord de l'Irak.
Deux anciens responsables américains ont prôné lundi le déploiement de forces de l'Otan dans le nord de l'Irak afin d'éviter le risque d'une intervention militaire de la Turquie contre les rebelles kurdes menant des incursions transfrontalières sur son territoire.
Dans un document rendu public avant le sommet de l'Otan à Riga les 28 et 29 novembre, Richard Holbrooke, ex-représentant permanent des Etats-Unis auprès à l'Onu, et Ronald Asmus, vice-secrétaire d'Etat adjoint chargé des Affaires européennes dans l'administration Clinton, affirment que les membres de l'Otan ont tout intérêt à éviter un basculement de l'Irak dans une guerre civile ouverte.
»Déjà aujourd'hui, des voix s'élèvent en Turquie pour réclamer ouvertement une invasion du nord de l'Irak pour mettre fin aux raids constants effectués dans le sud-est de la Turquie par l'organisation terroriste connue sous le nom de PKK», déclarent les deux anciens responsables dans ce document rendu public par un centre de réflexion allemand.
»Le meilleur moyen de réduire ce risque serait que l'Otan déploie des soldats dans le nord de l'Irak», ajoutent-ils.
Une telle initiative semble toutefois hautement improbable en raison des profondes divisions provoquées au sein de l'Otan par l'intervention militaire américaine en 2003. La France, l'Allemagne, la Belgique et le Luxembourg s'étaient alors opposés à cette invasion et ont depuis résisté aux tentatives de forte implication de l'Alliance atlantique en Irak.
»Cela n'a été ni discuté ni envisagé de manière officielle ou informelle au sein de l'Otan», a déclaré James Appathurai, porte-parole de l'alliance.
http://www.tageblatt.lu/edition/article.asp?ArticleId=55271
2 Dossier & Point de vue
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs
mais doit être vu comme information
Marc
2-1 Point de vue de James Cogan : Octobre dernier le mois le plus meurtrier en Irak selon l’ONU.Le rapport sur les droits de l’homme publié mercredi par la Mission d'assistance des Nations Unies en Irak (MANUI) décrit un pays qui a été plongé dans la barbarie depuis l’invasion sous la direction des Etats-Unis en mars 2003. La guerre de l’administration Bush pour le pétrole et la puissance mondiale, cyniquement nommée « opération liberté irakienne », a fait un abattoir et un charnier de l’Irak. L’armée américaine utilise les frappes aériennes, les tireurs d’élite embusqués, les blocus de villes et de districts entiers et les détentions de masse pour collectivement punir le peuple irakien pour la résistance anti-occupation en cours. Les politiques américaines ont fomenté une guerre civile meurtrière entre l’establishment arabe sunnite qui formait la base du régime baasiste de Saddam Hussein et les organisations fondamentalistes chiites et nationalistes kurdes qui ont été mises au pouvoir par l’occupation américaine. Avec une violence à peine concevable pour ceux qui ne la subissent pas, l’activité économique s’est effondrée, l’infrastructure essentielle est dysfonctionnelle et il n’existe pas d’institutions réellement démocratiques et légales. La situation n’a jamais été aussi grave pour le peuple irakien. Le ministre irakien de la Santé a rapporté que le nombre officiel des civils ayant connu une mort violente en octobre — 3709 hommes, femmes et enfants — était le plus élevé en un mois depuis l’invasion en mars 2003. En septembre et en octobre, il y a eu 7054 morts violentes. De plus, 7425 personnes ont été blessées. Le plus grand carnage a eu lieu à Bagdad. Dans une ville d’environ cinq millions d’habitants, près de 5000 personnes ont officiellement connu une mort violente au cours des deux derniers mois. La plupart, selon la MANUI, arboraient des marques de torture et ont été abattus par balles. Le taux de mortalité annuel officiel pour Bagdad dépasse les 160 pour 100 000. Pour fin de comparaison, le taux de mortalité annuel de la ville de Détroit aux Etats-Unis, où l’on trouve un de taux d’homicides les plus élevés au pays, n’atteint pas 20 pour 100 000. Même ces chiffres sont considérés comme grossièrement sous-estimés. Des milliers de personnes ont disparu — dans des dépotoirs, des rivières ou des fosses sans indication — ou ont été enterrées par leur famille sans notification aux forces de l’occupation ou au gouvernement à la solde des Etats-Unis qu’ils détestent et méprisent. La MANUI a cité l’étude par le journal indépendant et qui fait autorité The Lancet, qui a estimé que plus de 600 000 Irakiens avaient connu une mort violente depuis mars 2003. Sans l’endosser ouvertement, l’organisme de l’ONU n’a laissé aucun doute que c’est un chiffre crédible. En se fiant au rapport des blessures aux décès, il faut faire l’hypothèse qu’encore plus de personnes ont été blessées en Irak. Les milices formées par les factions religieuses et ethniques rivales « opèrent pratiquement en toute impunité » alors qu’ils terrorisent la population et combattent pour des parcelles de territoires. Les banlieues et villes à majorité sunnite ou chiite se voient maintenant « nettoyées » de la faction rivale. « Un grand nombre d’escadrons de la mort et de milices rivales, a fait remarquer la MANUI, ont des liens directs ou sont appuyés par des partis politiques influents faisant partie du gouvernement [irakien] et ils ne cachent pas leur affiliation. » Les réfugiés chrétiens et palestiniens ainsi que les minorités ethniques sont victimes de persécution sectaire à grande échelle. Les droits des femmes ont été anéantis. La charia a été imposée à la majorité du pays, autant par les extrémistes chiites que sunnites, forçant les femmes à se conformer aux normes vestimentaires et codes moraux fondamentalistes, avec le risque d’être tuées ou horriblement mutilées si elles ne le faisaient pas. La pauvreté oblige des milliers de personnes, en particulier les veuves et les étudiantes universitaires, à se prostituer ou à participer à des mariages de « plaisir » qui prennent fin rapidement. De nombreuses écoles sont fermées et on garde les jeunes filles à la maison à cause du carnage sectaire. Selon les statistiques du ministère irakien de l’Éducation mentionnées par la MANUI, plus de 300 enseignants et fonctionnaires ont été tués cette année seulement et 1 158 ont été blessés. Plus de 150 universitaires ont été assassinés depuis l’invasion américaine et des centaines d’autres ont quitté le pays. Les journalistes et les travailleurs des médias craignent constamment d’être tués. Dix-huit sont morts durant les deux derniers mois. En septembre, le gouvernement fantoche américain a fait fermer le réseau de télévision Al-Arabiya pour empêcher qu’il ne diffuse son reportage critique de l’occupation. Al-Jazeera, le plus important réseau arabe, a été banni depuis septembre 2004. Tentant de résumer la situation des droits de l’homme en Irak, la MANUI a écrit : « La population civile de l’Irak continue d’être la victime d’actes terroristes, d’explosions, de fusillades, d’opérations militaires [dirigées par les États-Unis], de violences policières, de kidnappings, de crimes, et de feux croisés entre des gangs rivaux ou la police et les insurgés. Le contexte de sécurité, marqué par une intolérance et des préjugés sectaires, érode davantage la liberté de culte ou de religion ou même d’exprimer des pensées. Une augmentation du chômage, de la pauvreté et de la discrimination ainsi que la réduction de l’accès aux services essentiels minent les droits sociaux économiques. » À cause de la violence, l’agence de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR) évalue que plus de 400 000 Irakiens ont été déplacés au pays depuis février de cette année. 1,6 million d’Irakiens ont quant à eux fui le pays depuis 2003, dont jusqu’à 600 000 se seraient dirigés vers la Jordanie, 600 000 en Syrie, 100 000 en Arabie Saoudite et plus de 400 000 ailleurs. Au total, le nombre de personnes déplacées représente environ 8 pour cent de la population irakienne avant que la guerre ne débute, soit 26 millions. Les gouvernements et les médias des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Australie, les trois pays impérialistes qui portent l’entière responsabilité pour l’invasion et tout ce qui a pris place en Irak depuis mars 2003, n’ont aucune hésitation à décrire les 450 000 morts estimées dans la région de Darfour au Soudan durant une guerre civile de trois dans la région du Darfour au Soudan comme un « génocide ». La guerre illégale d’agression contre l’Irak, qui compte 14 millions d’habitants de moins que le Soudan, a résulté en beaucoup plus de morts et de déplacés. Dans la mesure où ce fait est ouvertement discuté, ce n’est que pour utiliser le cauchemar du peuple irakien pour déclarer cyniquement que les soldats étrangers ne peuvent quitter le pays sinon la situation serait encore pire dans ce pays. L’invasion et l’occupation de l’Irak est un crime de proportions historiques, une atrocité comparable aux événements les plus horribles du vingtième siècle. Si l’on rapportait aux 300 millions de personnes vivant aux Etats-Unis la dévastation subie par la population irakienne, cela signifierait 7,5 millions de morts et 8 à 10 millions de blessés. Environ 30 millions seraient chassés de leurs foyers et 80 millions de travailleurs perdraient leur emploi. Si le carnage à Bagdad se produisait à Los Angeles, près de 1000 personnes seraient brutalement assassinées chaque semaine. Au tournant du vingtième siècle, la marxiste allemande Rosa Luxembourg a déclaré que la lutte pour les marchés, les ressources et les sphères d’influence entre les Etats-nations rivaux n’offrait à l’humanité que l’alternative entre le socialisme ou la barbarie. L’Irak est un exemple de cette dernière. Il est un exemple de ce que l’impérialisme américain est prêt à faire en Iran, en Syrie, en Corée du Nord, à Cuba, au Venezuela et dans tout autre pays où les gouvernements sont déclarés comme ne se pliant pas suffisament aux intérêts stratégiques des grandes sociétés américaines. Les Nations unies ne sont pas un mécanisme qui peut, ou qui veut, bloquer le militarisme américain. Pour ouvrir la voie à leurs propres politiques militaristes, les autres puissances au Conseil de sécurité ont sanctionné les fausses déclarations selon lesquelles l’Irak possédait des « armes de destruction massive » et, en avril 2003, ont endossé l’invasion après le fait d'en retirer sa souveraineté à l’Irak et en le remettant à l’administration Bush. Le rapport de la MANUI souligne l’impotence de l’ONU. Malgré qu’il révèle l’ampleur du carnage qu’a causé l’invasion américaine, il n’appelle pas pour le retrait des forces de l’occupation et promet de travailler avec un gouvernement irakien qui n’est rien de plus qu’une marionnette des Etats-Unis. L’administration Bush, le gouvernement Blair et le gouvernement australien d’Howard peuvent être amenés devant les cours pour y être jugés pour crimes contre l’humanité. Il est de la responsabilité politique de la classe ouvrière internationale — particulièrement aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Australie — de demander qu’ils soient amenés devant les cours et de lutter pour le retrait immédiat et sans conditions de toutes les troupes étrangères de l’Irak. En agissant ainsi, les travailleurs renforceront la lutte nécessaire qui doit se développer au sein de la classe ouvrière irakienne pour un mouvement socialiste unifié contre l’occupation et les forces sectaires qui ont été encouragées. Sources WSWS
Posté par Adriana Evangelizt
2-2 Point de vue de Ramsey Clark :« L’engagement existait de détruire tout ou partie des Irakiens en tant que groupe racial, national ou religieux »

Pour Ramsey Clark, ancien procureur général dans l’administration de Lyndon Johnson et avocat principal dans le procès de Saddam Hussein, dont il fut évincé par le juge irakien, au moment du verdict, Bush n’est pas un vrai démocrate car « (Les Etats-Unis) c’est une plutocratie dans le sens classique du terme et ils utilisent les médias (qu’ils possèdent d’ailleurs) de manière très efficace pour berner le peuple et susciter un faux sens de l’histoire et de patriotisme, et tout le reste ». Entretien donné à Ian Douglas, professeur associé de Science politique à l’Université de Naplouse, en Palestine, à New York pour le journal égyptien al Ahram, 9-15 novembre 2006.

Al Ahram : L’avenir des Etats-Unis se présente donc mal ?
Ramsey Clark : Ce qui peut arriver avec l’administration Bush est qu’elle ira plus loin que toutes les administrations précédentes, à cause des moyens dont elle dispose, pour mettre à bas le système que les deux partis ont utilisé pour accomplir le même but. Le président ne s’aperçoit pas que les choses ne fonctionnent pas et ce qui se passe en Irak et se passera s’il poursuit sa politique militaire. Quelle que soit la force de la technologie, ils ne peuvent s’en servir à moins de se détruire eux-mêmes et ils ne peuvent vaincre parce que, même dans un pays comme l’Irak, leur nombre est insuffisant pour prévaloir.
*
AA : Certains disent que l’empire américain s’est enterré à Bagdad et que cela marque la fin de la globalisation par la guerre
R.C : C’est gentil de dire cela mais les chats ont sept vies. Je me souviens d’avoir fait observer à Bush père qu’Alexandre le Grand était mort à Babylone et qu’il devait se soucier de là où il allait. Peut-être, maintenant marque un moment décisif de l’histoire.

AA : Dernièrement, The Lancet a chiffré à 650 000 le nombre de morts « par excès » à la suite de la guerre conduite par les Etats-Unis en 2003. S’ajoutant à la catastrophe humanitaire des 13 années de sanctions la précédant, un tel chiffre ne reflète-t-il pas l’intention qui caractérise un génocide ?
R.C : Pour moi, les sanctions étaient un génocide. Vraiment. Elles ont tué un million et demi de personnes ou plus. La FAO, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture dénombrait, six ans après les sanctions, que 570 000 enfants de moins de 5 ans étaient morts des conséquences directes de celles-ci. Etant donné que cela était prévisible, on peut suggérer que l’engagement existait de détruire tout ou partie des Irakiens en tant que groupe national, racial ou religieux. Maintenant, nous en sommes à trois ans et demi de la guerre « Choc et terreur » et il serait difficile de nier qu’il n’y a pas un demi million de personnes mortes. Et cela s’accélère. Mais pire que l’idée de génocide est la stratégie de « laissez les s’entretuer »… Kissinger l’avait approuvé au début de la guerre Iran-Iraq. « J’espère qu’ils se tueront les uns les autres » entérinant ainsi notre politique de tueries intercommunautaires. Bien que nous soyons responsables de ces massacres, nous en avons tourné le robinet, il est très triste que les Irakiens tuent des Irakiens.

AA : Et maintenant, bien que la guerre ait été une guerre d’agression, les Etats-Unis prétendent que leur présence est justifiée pour empêcher une guerre civile.
R.C : …Parce que c’est, et sans aucun doute, une guerre d’agression, elle ne peut avoir aucune justification. Elle viole les premiers articles de la Charte des Nations unies qui interdit toute menace d’une attaque contre des Etats souverains égaux. L’article 51 ne la sauve pas parce qu’il n’y avait aucune menace. Ce serait difficile de trouver un pays qui était moins une menace pour les Etats-Unis que l’Irak au moment où il a été attaqué.

C’est ce qui fait de l’ « impeachement » de Bush quelque chose de si crucial car si le peuple américain ne peut ou ne veut pas empêcher son gouvernement de conduire des guerres arbitraires et n’a aucun epossibilité de savoir ce qui se passe - à cause des tromperies et de la diversion- alors nous ne sommes que des consommateurs et non des citoyens. ….

AA : Les généraux américains disent ouvertement que leur plan de pacification pour Bagdad a échoué. Je suis surpris qu’ils admettent la défaite mais je me méfie aussi de leurs déclarations.
R.C : C’est pitoyable. Casey était ici avec l’ambassadeur US, il y a quelques jours, et assurait que d’ici à un an, 18 mois, Bagdad sera en mesure de se défendre seul. C’est de la pure propagande…C’est en vue des élections…Si cela ne marche pas, le public pense « … Est-ce que je peux en rendre Bush responsable ? … en blâmer les Républicains ? Ils essaient… d’apporter la démocratie au Moyen-Orient et la liberté au peuple » quand en réalité, Bush a, plus que tout autre président dans notre histoire, détruit la liberté.

AA : Alors que l’on parle d’ « impeachement », il ne semble pas qu’il y ait une volonté de recourir aux instruments du droit international relatifs aux crimes de guerre en Irak, même si certains qui en seraient responsables – par exemple, Paul Wolfowitz - ne sont plus au gouvernement . Cela va-t-il changer ?
R.C : Mais c’est la raison pour laquelle les Etats-Unis sont allés si loin pour rejeter le droit international dans son entier, pour torpiller le statut du Tribunal International Pénal (ICC) avant qu’il ne soit ratifié, pour obliger 80 pays à ne pas accepter de remettre des citoyens US à ce tribunal en signant des traités bilatéraux qui sont supérieurs à ce droit. Le problème est que les Etats-Unis demeurent dominants….

A.A : Revenons à Saddam Hussein ? Un verdict sera-t-il obtenu le 5 novembre…
R.C : Avec ce tribunal, on ne peut être sûr de rien. Il dit que le verdict sera rendu le 5 novembre et ce qui lui donne sa crédibilité, c’est que c’est deux jours avant les élections au Congrès.

A.A: Il est difficile de croire qu’un ordre d’exécution sera donné car, politiquement et militairement, exécuter Saddam dans le contexte actuel en Irak, après la manifestation de plus de 300 chefs tribaux dont des chefs de Kirkouk, pour la rétablissement de Saddam en tant que président, serait un suicide pour les Etats-Unis ?
R.C : On peut toujours faire des choses folles….D’un autre côté, ce procès de Dujail n’est qu’une mascarade. C’est un procès enclenché par le parti Dawa . Jafaari avait apparemment directement ou personnellement planifié quelques unes de ces tentatives d’assassinats, dont celle sur la personne de Tarik Aziz entre 1980 et 1982.C’est un procès qui réclamait une procédure judiciaire, que cela vous plaise ou non, car depuis le début jusqu’à la signature de l’arrêt de mort, trois ans se sont écoulés. Si vous cherchez la vengeance ou si vous cherchez à montrer votre arbitraire, pour semer la peur, alors vous devez les pendre immédiatement, empaler leurs têtes afin que le peuple apprenne. ….En fait il s’agissait d’un procès du parti Dawa qui est un parti, formé en Iran pour renverser le gouvernement irakien. Il a pris les armes quand la nation était en danger. Je suis contre la peine de mort dans toutes les circonstances mais si vous acceptez le concept de nation, trahir la nation est la plus dangereuse atteinte à ce concept institutionnel de régulation internationale. Bush, en tant que gouverneur du Texas, a signé 152 arrêts de morts de jeunes de moins de 18ans, de femmes, de malades mentaux, d’étrangers en violation de la Convention de Vienne sur les Relations diplomatiques….Jamais de grâce, jamais de commutation de peine, une simple croyance en la mort : écraser le péché par la mort……

AA : Je crois comprendre, selon une source genevoise, que le Groupe de Travail des Nations unies sur la détention arbitraire a conclu que le procès de Saddam Hussein ne répond en rien aux obligations du droit international…..
R.C : (Le rapport n’étant pas encore rendu public, Ramsey Clark n’a pas de commentaires).. Nous avons déjà eu des rapporteurs et commentateurs qui ont déclaré que ce procès n’était pas juste…

AA : Etant donné vos vues sur l’invasion de 2003, sur son illégalité, êtes-vous pour la résistance populaire ? Le droit international semble considérer la résistance, y compris la lutte armée, comme la seule entité légale en Irak ?
R.C : … Je pense que la résistance est une solution mais peut-être la moins désirable pour atteindre l’objectif qui doit être atteint. … Les conditions présentes en Irak ont à tel point dégénéré que, si la haine la plus féroce est pour l’occupant, il n’empêche que ce que certains appellent des luttes interethniques, arrachent plus de vies irakiennes qu’américaines ou autres. Malgré leur propos, les Etats-Unis ont l’intention d’y rester : ils consolident les bases, élèvent les murs de la zone verte afin de se protéger. Avec 100 morts US par mois et 5000 victimes irakiennes, ils peuvent tenir longtemps.

AA : Mais la majorité de ces 5000 morts est victime des escadrons de la mort qui servent les forces du processus politique installé par les US. Elles sont l’instrument pour terroriser la population et l’arrêter dans son soutien à la résistance.
R.C : C’est vrai. Mais la chose la plus importante pour le peuple irakien, c’est de s’unir à moins de se détruire…. (Les Etats-Unis) alors comprendraient que la lutte est sérieuse.
Source
Afi n°66
27 novembre 2006
Rédaction et traduction : Gilles Munier, Xavière Jardez
Contact AFI et abonnements à « AFI-Flash » : Gilles Munier – Courriel : gilmun@club-internet.fr
ISSN : 1773 – 9780
3 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
3-1 usa-menace.over-blog.com : L'armée US collaboreraient avec Al Qaîda.(Extrait)Hurriyah, une zone mixte chiite-sunnite, avait été attaqué vendredi par des milices chiites qui ont brûlé une mosquée sunnite. Un hélicoptère américain est intervenu vendredi soir à Sadr City pour empêcher des miliciens de continuer à tirer des roquettes sur des quartiers sunnites voisins. Sur le plan politique, au Caire, le secrétaire général du Comité des oulémas musulmans Hareth Dhari a demandé aux pays arabes de ne plus soutenir le gouvernement du Premier ministre Nouri al-Maliki, qualifié de "force du mal" et de "gouvernement d'occupation". Chef de la principale association religieuse sunnite d'Irak, Hareth Dhari est accusé d'"incitation à la violence confessionnelle" et fait l'objet d'une enquête en Irak. Côté chiite, un proche du leader radical Moqtada Sadr a accusé les forces américaines de "collaborer" avec le réseau terroriste Al-Qaïda pour lancer des attaques contre la communauté chiite. "Il est clair qu'il y a une collaboration entre les forces américaines, Al-Qaïda et les Baassistes (partisans de l'ex-président Saddam Hussein, ndlr). Il y a des preuves", a affirmé Saheb Al-Amiri, secrétaire général des martyrs d'Allah, une institution religieuse liée au courant de Sadr. "Lors des attentats à Sadr City (jeudi), un groupe terroriste a attaqué des ambulances sous les yeux de l'occupant (américain)", a-t-il affirmé, accusant aussi l'armée américaine d'être impliquée dans le dynamitage du siège du mouvement de Sadr vendredi. Les Américains ont eux annoncé avoir tué 22 "terroristes" dans deux opérations au nord de Bagdad, indiquant que des civils avaient été atteints lors d'un raid à Taji. A l'étranger, l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a appelé à mettre fin aux violences meurtrières entre chiites et sunnites alors que dix ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe sont attendus au Caire le 5 décembre pour une réunion devant appeler les factions irakiennes à empêcher les "flots de sang" de couler en Irak. Sources La libre
Posté par Adriana Evangelizt