mercredi, décembre 27, 2006

N° 238 - Journal d'Irak Special dossier - 27-12

Sommaire :
1 Médias.
1-1 Mohammed El Oifi : Voyage au cœur des quotidiens panarabes.
3 Dossier & Point de vue.
3-1 Dossier : Saddam Hussein va être exécuté.
a) Opinion de Adriana Evangelizt.
b) Compte-rendu de l'Afp : Saddam Hussein exécuté dans les trente jours.
c) Compte-rendu de l'Ats : Saddam Hussein sera pendu d'ici trente jours.
3-2 Point de vue de Bill Van Auken : Bush met la table pour une escalade militaire en Irak.
3-3 Analyse de Antonia Juhasz : Rapport Baker sur l'Irak
1 Médias
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
Marc
1-1 Mohammed El Oifi : Voyage au cœur des quotidiens panarabes.
Un aspect méconnu de l’alliance entre Riyad et Washington
Depuis 1991, les médias inféodés à l’Arabie saoudite ont dominé le champ panarabe.
Deux grands quotidiens, « Al-Hayat » et « Al-Chark Al-Awsat », se sont faits les relais d’un point de vue « libéral proaméricain ».
Mais cette vision est de plus en plus contestée, et l’affirmation de la chaîne Al-Jazira comme les projets de nouveaux quotidiens mettent désormais en cause cette hégémonie.C’est dans l’International Herald Tribune que Mona Eltahawy, éditorialiste égyptienne vivant à New York, a choisi de dénoncer la décision du journal Al-Chark Al-Awsat de se passer de ses services (1). Ce quotidien panarabe – il s’adresse au public de tous les pays arabes, et non à celui d’un Etat particulier –, qui se présente comme le « journal international des Arabes », est la propriété du prince saoudien Salman Ben Abdelaziz, gouverneur de Riyad, l’homme qu’Eltahawy soupçonne d’être derrière la décision de la licencier. Cette révolte assez exceptionnelle (2) d’une éditorialiste arabe a été jugée suffisamment grave pour pousser de nombreux journalistes, notamment Jihad al-Khazen (3) et Samir Attallah (4), deux des principaux piliers du réseau journalistique saoudo-libanais, à réagir et à défendre le journal.Après la guerre du Golfe de 1990-1991, la diplomatie saoudienne a pu, grâce au monopole que des princes exerçaient sur le champ médiatique panarabe depuis l’effacement de Bagdad, imposer sa propre grille de lecture des événements dans la région. A présent, les données ont changé, cette emprise saoudienne s’est affaiblie. D’une part, la transformation du champ médiatique arabe, notamment avec le lancement de la chaîne de télévision Al-Jazira, basée à Doha (Qatar), en novembre 1996, a mis fin au monopole saoudo-libanais sur les circuits de l’information panarabe. D’autre part, la fragilisation des positions diplomatiques de Riyad après le 11-Septembre et l’encadrement imposé par les Etats-Unis à la politique arabe et islamique du royaume l’ont contraint à un repli sur l’espace de l’Etat-nation et sur le mot d’ordre « l’Arabie saoudite d’abord », qui entre en conflit avec la vocation panarabe de ces médias.Le discours néolibéral de ces derniers s’est en effet radicalisé après le 11-Septembre autour d’un groupe de journalistes et d’intellectuels, que leurs détracteurs surnomment « Kouttab Al-Marines » (« les plumitifs des marines »). Ceux-ci défendent la stratégie américaine au Proche-Orient, plaident en faveur de la réforme religieuse et sociale dans le monde arabe, mais s’abstiennent de prôner un changement politique. L’Arabie saoudite tire un double avantage de cette radicalisation. Au niveau interne, cela sert à contrer la contestation islamiste et à renforcer les rangs clairsemés du courant néolibéral saoudien proche du pouvoir. Au niveau externe, cela permet de s’attirer la bienveillance américaine en présentant les princes saoudiens comme les producteurs d’un discours favorable à la politique de Washington au Proche-Orient.La stratégie d’instauration d’un ordre médiatique saoudien dans le monde arabe remonte au début des années 1970. Il s’agissait alors de contrer la propagande nassérienne véhiculée sur les ondes de la radio La voix des Arabes. Le prince Salman a été l’un des premiers à en avoir saisi l’enjeu. Sa principale acquisition reste Al-Chark Al-Awsat. Ce journal a été lancé à Londres, le 4 juillet 1978, par les deux frères saoudiens Hicham et Mohammed Ali Hafez, « avec la participation de Kamal Adham et de Turki Al-Faysal », longtemps responsables des services de renseignement saoudiens (5).Sa ligne éditoriale reflète assez fidèlement les orientations de la diplomatie de Riyad : ainsi, le militantisme d’Al-Chark Al-Awsat en faveur de la guerre américaine contre l’Irak en 2003 tranchait avec la position réservée du gouvernement saoudien sur ce sujet. Les révélations du journaliste américain Bob Woodward (6) sur les arrangements entre Riyad et Washington pour préparer la guerre, par l’intermédiaire du prince Bandar Ben Sultan, alors ambassadeur du royaume aux Etats-Unis, montrent que la véritable politique étrangère saoudienne doit plus se lire dans les pages d’Al-Chark Al-Awsat que dans les déclarations officielles.Al-Hayat est un quotidien d’origine libanaise, créé en 1946 par le journaliste de cette nationalité Kamel Mroué. Journal conservateur, proche des monarchies saoudienne et jordanienne, favorable à l’alliance avec l’Occident, il s’est opposé à la politique nassérienne et à la naissance de la République arabe unie (union de l’Egypte et de la Syrie) en 1958. En 1966, son fondateur est assassiné sur les ordres, semble-t-il, des services secrets nassériens. Le journal est fermé en 1976 après le déclenchement de la guerre civile libanaise.M. Jamil Mroué, fils de Kamel, relance le journal le 30 octobre 1988 à partir de Londres grâce au soutien financier du prince saoudien Khaled Ben Sultan, le fils du ministre de la défense, qui en devient par la suite le propriétaire. Al-Hayat a joué un rôle décisif durant la guerre du Golfe (1990-1991) pour « diaboliser » le régime de M. Saddam Hussein et légitimer l’intervention américaine. Il ouvrira ses pages à l’opposition irakienne, notamment kurde et chiite. Cette spécificité, doublée par le fait que sa direction est d’origine chrétienne libanaise, pousse les détracteurs d’Al-Hayat à le stigmatiser comme le « journal des minorités au service d’un prince ».Néanmoins, Al-Hayat reste une publication pluraliste dans laquelle cohabitent des journalistes se partageant globalement entre deux camps : les « arabophiles » et les « occidentalistes ». Mais, si le quotidien affiche une lecture apparemment panarabe de l’actualité, les tendances libanistes restent dominantes ; l’exaltation de l’Etat-nation s’accompagne le plus souvent d’un dénigrement appuyé des sentiments de solidarité arabe.Stratégie de communicationLes Américains ont confié à ce courant « occidentaliste » la direction de leur stratégie médiatique en direction du monde arabe et notamment de l’Irak. Ainsi, la direction de la radio Sawa et celle de la télévision Al-Hurra sont confiées à l’ancien directeur du bureau d’Al-Hayat à Washington, le Libanais Mouaffaq Harb. Déjà, en 1998, quand les Américains avaient lancé – à Prague – Radio Free Bagdad, ils avaient confié sa direction à un autre journaliste d’Al-Hayat, Kamaran Qura Dhari, un Irakien et militant kurde. En outre, en mai 2004, peu avant son départ, l’administrateur américain Paul Bremer a nommé à la tête de la radio et de la télévision irakiennes deux journalistes d’Al-Hayat, Jalal Al-Mashta et Qura Dhari.La place de choix qu’occupe Al-Hayat dans le champ médiatique arabe suscite des jalousies mais également des critiques informées. La plus aboutie reste celle du journaliste palestinien Bilal Al-Hassan, ancien rédacteur en chef adjoint de ce journal. Al-Hassan met en relief le véritable paradoxe du quotidien : un journal panarabe dont la ligne éditoriale est dominée, en partie, par des journalistes libanais connus pour leur « antiarabisme radical » et « une exaltation excessive des vertus de l’Etat-nation au détriment de toute idée ou sentiment de solidarité arabe et encore moins islamique ».La principale cible de ses critiques est Hazem Saghié, libanais et chef de file de l’école néolibérale arabe « qui considère que le colonialisme est une bénédiction (7) ». Al-Hassan évoque néanmoins les « cris d’indignation » à l’égard de ce courant néolibéral qui proviennent de la publication elle-même, notamment ceux d’Abdel Wahab Badrakhan – mais celui-ci a été contraint à quitter le journal et se prépare à participer au lancement d’un nouveau quotidien financé, comme Al-Jazira, par le Qatar – et Daoud Al-Shiryan. Ce dernier vient d’être nommé directeur adjoint de la chaîne panarabe Al-Arabiya (financée par l’Arabie saoudite), pour « équilibrer » les tendances néolibérales du directeur actuel, Abderahman Al-Rashed (8), un ancien rédacteur en chef d’Al-Chark Al-Awsat – ce qui illustre la complexité du système médiatique saoudien.Cependant, l’analyse d’al-Hassan reste incomplète, car il n’évoque pas l’influence que le prince Khaled (neveu du roi Fahd, décédé le 1er août 2005) exerce sur la ligne éditoriale du journal (9). Car, si l’opposition virulente de Saghié à l’égard du nationalisme arabe exprime sûrement son point de vue personnel, elle s’inscrit parfaitement dans le cadre de la lutte du royaume saoudien contre cette idéologie. De même, le parallélisme que Saghié établit entre l’islamisme et le nazisme (10) contribue à l’effort du royaume pour la délégitimation et la répression de la contestation islamiste interne. La fonction d’Al-Hassan comme éditorialiste du Al-Chark Al-Awsat, propriété du prince Salman, n’est pas étrangère à cet oubli.La radicalisation du discours néo-libéral dans les médias saoudiens est d’autant plus précieuse pour la politique américaine au Proche-Orient que sa propre stratégie de communication vers le monde arabe a échoué (11). C’est cette connivence médiatique saoudo-américaine qui explique la prédilection du Middle East Media Research Institute (Memri) (12), un institut israélien de traduction de la presse arabe, pour les journalistes qui écrivent dans la presse saoudienne. Or la diffusion massive des traductions réalisées par cet institut participe d’une stratégie très élaborée de manipulation de l’information aux effets incalculables.Bénéficiant de la protection diplomatique du royaume, de sa générosité financière et de ses moyens de diffusion, cette presse panarabe saoudienne fait écran à l’expression des opinions publiques arabes majoritaires (13). Pourtant, dans les moments de tension, la vision minoritaire de ses éditorialistes est souvent présentée au reste du monde comme le point de vue arabe majoritaire. Or c’est en décalage total avec les opinions publiques qu’ils construisent un « monde arabe imaginaire » favorable à la guerre américaine contre l’Irak en 2003 et à l’écrasement du Hezbollah libanais par l’armée israélienne en 2006. Autant de signaux erronés envoyés aux milieux politico-médiatiques qui conçoivent la politique proche-orientale des Etats-Unis.
Mohammed El OifiPolitologue.Le Monde diplomatique Décembre 2006(1) Mona Eltahawy, « A perilous dance with the Arab press », International Herald Tribune, Neuilly-sur-Seine, 19 juin 2006.(2) Fawaz Turki, « How to lose your job at a Saudi newspaper », The Washington Post, 15 avril 2006.(3) Al-Hayat, Beyrouth, 9 juillet 2006.(4) Al-Chark Al-Awsat, Londres, 14 juillet 2006, www.asharqalawsat.co m/leader.asp?se...(5) Pour reprendre les termes de l’interview télévisée de Hicham Ali Hafez par le journaliste saoudien Abdelaziz al-Khamis, www.hishamalihafiz.c om/tv_ar.htm(6) Bob Woodward, Plan of Attack, Simon & Schuster, New York, 2004, p. 288-289.(7) Bilal al-Hassan, La culture de la capitulation (en arabe), Riad El-Rayyes Books, Beyrouth, 2005, p. 79, et p. 135 pour la citation suivante.(8) Lire un entretien avec lui en arabe, au journal saoudien Al-Medina, Médine, 3 novembre 2006, sur les polémiques autour de la presse : www.alarabiya.net/Ar ticles/2006/11/...(9) L’éditorialiste Lafif Lakhdhar aurait été congédié sur ordre direct du prince Khaled. Lire Barry Rubin, « What’s wrong : the Arab liberal critique of the Arab society », The Middle East Review of International Affairs, Jérusalem, décembre 2005.(10) Hazem Saghié, Al-Hayat, Beyrouth, 20 juillet 2006, www.daralhayat.com(11) Art Levine, « Bad reception », American Prospect (édition en ligne), Boston, 11 juillet 2005.(12) Lire « Désinformation à l’israélienne », Le Monde diplomatique, septembre 2005.(13) Al-Harithi (sous la dir. de), Les orientations des éditorialistes saoudiens et de la presse saoudienne envers la guerre contre l’Irak (en arabe), Asbar for Studies Research and Communications, Riyad, 2005.
3-1 Dossier : Saddam Hussein va être exécuté.
a) Opinion de Adriana Evangelizt .
Saddam Hussein va être exécuté et Pinochet est mort tranquillement dans son lit après avoir fait torturer et exécuté des milliers de personnes.
Voilà la justice des hommes et plus particulièrement celle de Bush. Ah ils n'ont pas honte ! Quand on sait que la soldatesque américaine a tué plus de 655 000 irakiens, que valent la vie de 148 personnes que Saddam aurait fait exécuté alors qu'il avait été victime d'un attentat ? Et que dire du gouvernement irakien, marionnette aux mains de l'équipe Bush, qui ressemble à celui de Pétain lors de la dernière invasion en France ?
On suppose qu'eux non plus ne seront pas jugés comme le fut le maréchal dont le seul tort fut de ne plus être maître de son pays sous le joug des nazis. Si Saddam Hussein est exécuté, que Bush ne s'attende pas à une clémence christique. Il peut planter son nez dans la Bible, on voit ce qu'il en fait. Le triste constat qu'il faut faire c'est que les plus grands criminels que la terre ait pu porté -depuis qu'elle existe- gouvernent le monde et qu'ils se préparent à trinquer pour la nouvelle année sur le dos de centaines de milliers de cadavres qui par leur faute ne verront pas, eux, l'An 2007. Ces individus sont une abomination.

b) Compte-rendu de l'Afp : Saddam Hussein exécuté dans les trente jours .
La condamnation à mort de l'ex-dictateur pour l'exécution de 148 chiites dans les années 80 a été confirmée par la cour d'appel irakienne. La sentence pourrait être appliquée avant un mois, ce qui empêcherait la tenue de tout nouveau procès contre Saddam Hussein. L'appel de l'ancien dictateur a été rejeté. La cour d'appel irakienne a confirmé aujourd'hui la condamnation à mort de Saddam Hussein. L'ancien raïs devrait donc être pendu dans les trente jours. Le juge de la cour d'appel Arif Shaheen a précisé que la sentence pourrait être appliquée "à n'importe quel moment à partir de mercredi". Dans le même temps, les appels de son demi-frère, Barzan al-Tikriti, l'ancien chef des renseignements du régime baasiste, et de l'ex-président du tribunal révolutionnaire, Awad al-Bandar, ont été également rejetés et leurs condamnations à mort confirmées. L'avocat de Saddam Hussein, maître Khalil Doulaïmi, s'est exprimé depuis Amman, en Jordanie. Il a à nouveau qualifié le procès de son client de "100% politique" et a fustigé une décision "prévisible". Plus rien ne semble donc pouvoir sauver celui qui a tenu l'Irak d'une main de fer de 1979 à 2003, car d'après la constitution irakienne, aucune autorité, pas même le chef de l'Etat, ne peut user d'un droit de grâce. La décision du tribunal a également été critiquée par Amnesty International qui a fait part de sa déception face à un "procès faussé". Abondant dans le sens de l'organisation non-gouvernementale,
Salim al-Jibouri, membre du parti islamique, a regretté que le procès de l'ex-dictateur se soit transformé en un "show". Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt

c) Compte-rendu de l'Ats : Saddam Hussein sera pendu d'ici trente jours.
La cour d'appel irakienne a confirmé la condamnation à mort de Saddam Hussein pour le massacre de villageois chiites à Doujail en 1982. Le président déchu sera exécuté dans les 30 jours par pendaison et à n'importe quel moment à partir de mercredi, selon un juge..
Saddam Hussein qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1979 jusqu'à l'invasion américaine et la chute de son régime en avril 2003, avait été condamné à mort par pendaison le 5 novembre pour l'exécution de 148 villageois chiites de Doujail (au nord de Bagdad), dans les années 1980, en représailles à un attentat contre le convoi présidentiel.
Son demi-frère Barzan al-Tikriti, ancien chef des services de renseignement, et l'ancien président du tribunal révolutionnaire Awad al-Bandar avaient également été condamnés à la peine capitale. Leur appel a aussi été rejeté et tous deux seront également pendus d'ici 30 jours.
"Ce jugement figure dans les agendas américain et iranien visant à diviser l'Irak et à l'engager dans une guerre civile", a estimé l'avocat du président déchu. Selon la loi irakienne, aucune autorité, pas même le chef de l'Etat, ne peut user du droit de grâce ni commuer les peines prononcées.
En outre, la tenue d'un autre procès n'ayant pas de caractère suspensif, Saddam Hussein sera pendu, même s'il est actuellement jugé avec six anciens dirigeants pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires Anfal en 1987-88 dans le Kurdistan. Ces campagnes ont coûté la vie à 180'000 Kurdes selon l'accusation.
Le verdict a été annoncé alors que le Pentagone a fait état mardi de la mort de six GI's à Bagdad. Pour le seul week-end de Noël, 16 Américains ont péri en Irak.
(ats / 26 décembre 2006 19:00)
3-2 Point de vue de Bill Van Auken : Bush met la table pour une escalade militaire en Irak.Les remarques prononcées par le président Bush à sa conférence de fin d’année mercredi, ainsi qu’une série de développements militaires et politiques, vont inexorablement dans le sens d’une escalade majeure de la guerre américaine en Irak dans la prochaine année. Bush n’a pas révélé beaucoup qui n’était pas déjà connu lors de sa rencontre avec les journalistes, rejetant comme étant « hypothétiques » toutes les questions sur le supposé virage de son administration vers une nouvelle offensive militaire en Irak basée sur un renfort de 40 000 soldats de combat américains dans ce pays. Le président a affirmé qu’il était toujours en train d’évaluer les diverses recommandations de sources militaires, diplomatiques et irakiennes, tout comme celles du rapport déposé avec fanfare, mais déjà marginalisé du Groupe d’étude sur l’Irak, avant de présenter sa nouvelle politique dans un discours que l’on attend pour le début de janvier. Son nouveau secrétaire de la Défense, Robert Gates, a passé son troisième jour de travail mercredi à Bagdad où il a rencontré des généraux américains. Après, il a dit aux journalistes : « Nous avons discuté de ce qui était évident. Nous avons discuté de la possibilité d’une augmentation du nombre des soldats et de ce que cela pourrait accomplir. » Bush a clairement dit que son administration n’a pas l’intention de se plier à la volonté du peuple américain, telle qu’exprimée dans les bureaux de scrutin il y a six semaines, répudiant de façon massive la guerre en Irak et administrant une bonne raclée au Parti républicain. « Je ne vais pas spéculer à voix haute sur ce que je vais dire à la nation lorsque je serai prêt à le faire sur la façon d’aller de l’avant, a dit Bush. Je vais vous dire que nous considérons toutes les options. Naturellement, parmi celles-ci, il y a l’option d’augmenter le nombre des soldats. Mais pour cela, il faut une mission précise qui pourra être accomplie s’il y avait plus de soldats. » Des sondages récents ont montré une opposition écrasante à l’augmentation de la présence militaire américaine en Irak. Selon un sondage réalisé à la demande de CNN dont les résultats ont été publiés cette semaine, l’option d’envoyer plus de soldats est appuyée par à peine 11 pour cent de la population. 64 pour cent s’opposent à la guerre et 54 pour cent appellent pour le retrait de toutes les forces américaines du pays soit immédiatement soit au cours de l’année qui vient. On a demandé à Bush s’il était, étant donné les sondages, s’il désirait toujours « suivre une voie qui semble être en opposition à la volonté du peuple américain. » Le président a répondu par l’affirmative. « Je veux suivre une voie qui mène à la victoire, a-t-il dit, et c’est exactement pourquoi nous faisons notre révision. » Il a rejeté une politique de « retraite », déclarant que cela « encouragerait les radicaux » et « nuirait à la crédibilité des Etats-Unis ». Un des échanges les plus révélateurs de la conférence de presse fut la réponse de Bush à la question « Si vous concluiez qu’une augmentation du nombre des soldats en Irak était nécessaire, iriez-vous contre l’avis vos commandants militaires s’ils ne croyaient pas que ce soit une bonne idée ? » Il a répondu en décrivant la demande du journaliste comme « une question hypothétique dangereuse ». Le danger, en ce qui le concerne, était de nature politique. Depuis que la guerre a débuté, Bush a répété qu’il basait ces décisions sur le nombre de soldats requis sur les avis de ses généraux en Irak, plutôt que sur ceux des « politiciens de Washington ». Il s’est enveloppé dans le drapeau du « commandant en chef » dans le but de tordre le sens constitutionnel du terme, qui insiste sur le contrôle des institutions civiles sur l’armée, et de décrire toute critique de sa politique comme équivalente à une trahison. Aujourd’hui, il est de notoriété publique que la proposition d’ajouter des dizaines de milliers de soldats aux troupes combattantes dans la région de Bagdad et de la province d’Anbar est opposée par une importante couche des officiers de l’armée. Des généraux seniors, y compris les chefs d'état-major interarmées, ont laissé savoir qu’ils voyaient un déploiement plus important comme une mesure téméraire et désespérée qui entraînera en toute probabilité un accroissement de la résistance irakienne et qui exposera plus de soldats américains à des attaques mortelles. NBC News a cité mercredi soir un commandant senior anonyme qui a comparé le déploiement de soldats supplémentaires à « du kérosène que l’on jette sur le feu ». Les commandants ont aussi exprimé leur crainte que la méthode proposée pour arriver à augmenter le nombre des soldats — le redéploiement hâtif de certaines unités de combat en Irak et le retardement du départ prévu pour d’autres — affaiblisse encore plus l’armée à long terme, tout en portant un autre coup au moral des troupes déjà chancelant. Mardi, le secrétaire de presse de la Maison-Blanche Tony Snow a été obligé de nier l’existence d’une « chicane entre le président et les chefs d'état-major interarmées ». L’hostilité au sein des hauts rangs de l’armée envers l’augmentation du nombre des soldats en Irak est à peine cachée. Le général James Conway, le commandant du corps des Marines, a dit samedi : « Nous ne croyons pas qu’ajouter des soldats dans le seul but d’en augmenter le nombre — un simple épaississement du mélange — soit nécessairement la meilleure façon d’aller de l’avant. » D’autres dont les vues reflètent ceux des principaux dirigeants militaires ont été plus directs. Colin Powell, l’ancien secrétaire d’État de George W. Bush et l’ancien président des chefs d'état-major interarmées dans l’administration de Bush senior, a décrit l’armée comme étant « à peu près brisée » par la guerre en Irak. Lors de sa propre conférence d’adieu mardi, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a décrit l’échec de l’ONU d’empêcher la guerre américaine contre l’Irak comme « le pire moment » de ses dix ans de présidence à la tête de l’organisme mondial, et avertissait justement qu’il y avait des « inquiétudes qu’il y ait une nouvelle opération militaire » contre l’Iran, qui serait, dit-il, « imprudente et désastreuse ». Un des thèmes centraux de la conférence de presse de Bush était de dépeindre la débâcle en cours en Irak comme étant un élément d’une lutte continue contre les « radicaux » et les « extrémistes » qui nécessitera « des choix difficiles et des sacrifices additionnels ». Il déclaré son appui la proposition d’augmenter la capacité militaire américaine pour poursuivre l’occupation de l’Irak aussi bien que de participer dans de nouvelles guerres en augmentant les rangs de l’armée. « Je suis tenté de croire que nous avons besoin d’augmenter… la force permanente autant de l’armée des Etats-Unis, que le corps des Marines », a déclaré Bush. Ses commentaires faisaient écho à sa déclaration donnée dans une entrevue avec le Washington Post que les Etats-Unis avaient besoin de plus de force sur le terrain. « Il est correct de dire que cette guerre idéologique dans laquelle nous sommes va durer encore un certain temps, et que nous allons avoir besoin d’une force militaire qui est capable d’être en mesure de soutenir nos efforts et nous aider à amener la paix », a-t-il dit. Alors que le président a décliné toute discussion concrète qui quantifierait l’augmentation du nombre des soldats, certains représentants officiels ont indiqué que l’objectif est d’ajouter 70 000 troupes permanentes dans les rangs des militaires en devoir actif La conférence de presse de Bush a encore clairement indiqué que l’opposition de masse à la guerre en Irak exprimée aux urnes du 7 novembre est ignorée et répudiée par l’administration. Les démocrates, qui doivent leur nouvelle majorité à la Chambre et au Sénat à ce large sentiment contre la guerre, appuient pleinement la proposition de Bush d’accroître le nombre de soldats. « Je suis content qu’il ait réalisé qu’il est nécessaire d’accroître la taille des forces armées… mais il y a deux ans que les démocrates le disent » a dit au Washington Post le représentant de l’Illinois Rahm Emanuel, le nouveau président du caucus démocrate de la Chambre. Le sénateur John Kerry du Massachusetts, qui, en tant que candidat démocrate aux élections présidentielles de 2004, avait appelé pour une augmentation de 40 000 troupes supplémentaires dans les rangs de l’armée, a également soutenu la proposition d’extension de l’armée et des Marines, disant que c’était « un pas pragmatique requis pour faire face aux signes d’une armée en rupture ». La direction entrante démocrate a assuré qu’elle allait approuver la requête du Pentagone, dévoilée mercredi, pour une demande de fonds supplémentaires de près de 100 milliards $ pour la guerre en Irak et en Afghanistan. La requête mènerait le budget de cette année pour les deux interventions à près de 170 milliards $ – ou plus de 3 milliards $ par semaine. « Les démocrates se sont donné comme objectif de s’assurer que nos troupes aient tout ce dont elles ont besoin », a déclaré le porte-parole pour la nouvelle majorité au Sénat, Harry Reid. L’establishment politique dans son ensemble – malgré de sérieuses divisions internes sur la politique en Irak – ne veut pas abandonner ses tentatives de soumettre ce riche pays pétrolier à la domination des Etats-Unis ou de renoncer à la stratégie plus large d’utiliser la puissance militaire américaine pour poursuivre les intérêts globaux du capitalisme américain. Non seulement l’oligarchie dirigeante américaine refuse-t-elle de mettre un terme à la guerre en Irak, elle est en train de préparer une augmentation de la taille de son armée pour une nouvelle intervention encore plus sanglante. Bill Van Auken
Sources WSWS
Posté par Adriana Evangelizt
Mercredi 27 Décembre 2006
3-3 Analyse de Antonia Juhasz : Rapport Baker sur l'Irak.
Pétrole : privatisation exigée, main mise des Sociétés pétrolières US sous protection de l'armée US
Le rapport Baker fait couler beaucoup d'encre mais, comme par hasard, les médias de masse, ne parlent pas de l'un des éléments clé de ce rapport. En effet, il préconise la privatisation totale de l'industrie pétrolière irakienne, son accès libre et protégé par les forces armées US aux compagnies pétrolières privées des US. Parmi ses recommandations, le Groupe d'Etude sur l'Irak a conseillé que l'Irak privatise son industrie pétrolière pour l'ouvrir aux compagnies internationales. Antonia Juhasz écrit : « pour le dire simplement, les compagnies pétrolières essaient d'obtenir ce qu'on leur refusait avant la guerre où à un quelconque moment de l'histoire moderne irakienne : l'accès au pétrole irakien en sous sol. »Amy Goodman (Democraty Now) : Le Groupe d'Etude sur l'Irak a aussi recommandé pour l'Irak une privatisation de son industrie pétrolière et l'ouverture aux compagnies internationales. L'auteure et activiste Antonia Juhasz s'est penchée de près sur cet aspect du processus de reconstruction de l'Irak. Elle est l'auteur de « The Bush Agenda : Invading The World, One Economy at a Time » (L'Agenda de Bush: Envahir le Monde, une Economie à la fois.” Antonia Juhasz, merci de nous rejoindre dans notre studio de la radio de San Francisco. Votre réponse au rapport porte sur un point qui n'a pratiquement pas été débattu, celui qui concerne la privatisation ? Antonia Juhasz : Ouai, tout à fait. Et bonjour Amy. C'est une proposition totalement radicale faite directement dans le rapport du Groupe d'Etude sur l'Irak que l'industrie pétrolière irakienne devrait être réorganisée comme entreprise commerciale. La proposition dit aussi, comme vous l'avez dit, que le pétrole irakien devrait s'ouvrir aux compagnies étrangères privées énergétiques. De même, une autre proposition radicale c'est que tous les revenus du pétrole soient centralisés au sein du gouvernement central. Et le rapport appelle à ce qu'un conseiller US s'assure qu'une nouvelle loi nationale soit votée en Irak pour rendre tout cela possible et que la constitution irakienne soit amendée pour être sûr que le gouvernement central ait le contrôle des revenus pétroliers. En résumé, le rapport appelle à la privatisation du pétrole irakien, pour qu'il tombe aux mains de multinationales étrangères privées, mettant tout le pétrole dans les mains du gouvernement central, et essentiellement, vais-je affirmer, étendre la guerre en Irak pour s'assurer que les compagnies pétrolières US aient, ce pourquoi l'Administration Bush est allée là bas : le contrôle et un plus grand accès au pétrole irakien. AG : Antonia Juhasz, parlons des membres du Groupe d'Etude sur l'Irak. Cela pourra expliquer ce qu'a été leur approche, particulièrement James Baker, l'ancien secrétaire d'état, et aussi Lawrence Eaglerburger. Parlez nous de ces deux là. AJ : Tous les deux, Baker et Eagleburger ont fait carrière en faisant une ou deux choses : travailler pour le gouvernement fédéral ou travailler pour une entreprise privée, se servant du travail qu'il faisait au sein du gouvernement fédéral. Ainsi, en particulier, les deux, Baker et Eagleburger ont été des participants clés dans les années 80 et début des années 90 à l'expansion radicale des engagements économiques des US avec Saddam Hussein, avec un objectif très clair d'obtenir pour les compagnies US, particulièrement les compagnies pétrolières, un accès plus grand au pétrole irakien et faire tout ce qu'ils pouvaient pour accroître cet accès. Baker a son propre intérêt privé. Sa famille est lourdement impliquée dans l'industrie pétrolière, de même que son cabinet juridique Baker Botts est lui l'un des cabinets clé représentant les compagnies pétrolières dans tous les US et dans leurs activités au Moyen Orient. Et, Lauwrence Eagleburger a été président de Kissinger Associates, l'une des sociétés multinationales de conseil les plus importantes en matière de conseil aux sociétés américaines qui essayaient d'obtenir de Saddam Hussein des contrats pour travailler en Irak. Et puis, à ces 2 membres du Groupe d'Etude sur l'Irak se sont joints 2 membres qui sont des représentants de la Fondation Héritage, et cette Fondation est l'une des quelques organisations US qui a catégoriquement appelé à la privatisation totale du secteur du pétrole irakien avant l'invasion de l'Irak, comme but déclaré de cette invasion. Et pour demander catégoriquement une totale privatisation, comme je l'ai dit, c'est vraiment radical. En fait, c'est un changement pour l'administration Bush, qui a travaillé ces deux dernières années à un agenda d'une sorte de privatisation, mettant en avant ce qu'on appelle des accords de production partagée en Irak avec les mêmes résultats qu'une privatisation, mais sans l'appeler privatisation. Pour le Groupe d'Etude sur l'Irak, qui est supposé être, vous savez, la rencontre des pragmatiques, une sorte de groupe de milieu de terrain, qui va aider à résoudre le problème de la guerre en Irak, pour avancer cette proposition incroyablement radicale et d'avoir personne qui en parle, pour moi c'est passablement choquant et cela montre que les démocrates, les républicains, les médias, ont peur de parler du pétrole, mais ce pétrole selon ma réflexion, reste quand même le mobile de l'Administration, et de tous ceux dans le secteur du pétrole aux US, en comptant Baker et Eaglerburger parmi eux, pour lequel les troupes US y sont engagées (Irak ndlt), et engagées à rester. Et le rapport dit que les troupes resteront jusqu'au moins 2008 – je pense que c'est un minimum – pour garantir l'accès du pétrole aux compagnies pétrolières US. AG : L'ancien secrétaire d'état James Baker est allé à Rome, Moscou, Londres, en 2003, premier voyage officiel depuis qu'il a rejoint l'Administration Bush comme référant sur des questions concernant l'Irak en 2003, mais il est resté un partenaire de haut niveau dans le cabinet juridique, Baker Botts, qui, représente, parmi d'autres, Halliburton, de même que le gouvernement Saoudien, dans la plainte déposée par les membres de familles qui ont perdu l'un des leur lors du 11 septembre. Ainsi, c'est les membres de ces familles qui ont perdu des êtres chers, contre le gouvernement saoudien, et il représentait le gouvernement saoudien. A J : Ouais, son allégeance s'est étendue et cela a pratiquement toujours à voir avec le pétrole. Et le public a été très clair en disant de Baker – excusez moi, je veux plutôt dire les médias – que Baker est un pragmatique. C'est un pragmatique, le rapport du Groupe d'étude sur l'Irak, dit, page 1, chapitre 1, que la raison pour laquelle l'Irak est un pays clé au Moyen Orient, dans le monde et pour les US, c'est parce qu'il a les deuxièmes plus grandes réserves de pétrole dans le monde. Le rapport est très clair. Le rapport est aussi très clair, cependant, sur le fait que ce n'est pas un rapport où on peut trier, choisir des recommandations. Il dit que toutes les recommandations devraient être appliquées ensemble comme une seule proposition, qu'elles ne devraient pas être séparées. Cela veut dire que les auteurs du rapport disent que le pétrole, la privatisation, et l'accès des multinationales étrangères au pétrole sont aussi importants que n'importe quelle recommandation qu'ils ont faite. Et le rapport dit aussi que le gouvernement US suspendra tout soutien militaire, économique, politique au gouvernement irakien, si ces recommandations ne sont pas suivies. C'est une déclaration plutôt crue. Le gouvernement US ne fournira aucun soutien au gouvernement d'al-Maliki, sauf s'il avance pour changer la constitution irakienne et fait les changements nécessaires à la loi irakienne pour privatiser le pétrole irakien. Il nous faut être très clair là-dessus dans le mouvement anti-guerre, que c'est leur objectif et que nous devons, comme je l'ai répété, pas simplement appeler à la fin du stationnement des troupes en Irak, mais faire savoir que l'invasion par les multinationales US ne peut pas non plus se développer ou continuer. AG : Antonia Juhasz, je veux vous remercier pour avoir été parmi nous. Antonia est l'auteur de « The Bush Agenda : Invading The World, One Economy at a Time » (L'Agenda de Bush: Envahir le Monde, une Economie à la fois.)” Source et Copyright : http://www.democracynow.org/article.pl?sid=06/12/07/1452236
Patrick Martin : Le Pentagone brosse un sombre tableau pour les Etats-Unis en Irak
Un rapport publié par le Pentagone lundi dernier confirme l’état désastreux du projet américain de la conquête de l’Irak et sa transformation du pays riche en pétrole en une semi-colonie des Etats-Unis. La résistance armée à l’occupation américaine continue à se développer, alors que les attaques insurrectionnelles contre les forces armées américaines et les victimes américaines croissant à un taux dans les deux chiffres. Selon le rapport trimestriel, mandaté par le Congrès, le nombre d’attaques menées par les insurgés a augmenté de 22 pour cent depuis trois mois, alors que le nombre de victimes a crû de 32 pour cent. Plus des deux tiers des attaques ont été dirigées contre les soldats américains et la police et l’armée irakiennes. Le tiers qui reste a ciblé des civils irakiens. Ainsi, malgré les tentatives de l’administration Bush et des médias de décrire la violence comme largement une lutte intestine sectaire entre les sunnites et les chiites, le gros des actions armées a été dirigé contre les forces d’occupation et ses hommes de main irakiens. Le nombre des attaques a doublé au cours de la dernière année, infirmant toutes les déclarations de l’administration Bush qu’il y a du progrès dans l’établissement d’un régime d’occupation stable. Le taux des attaques armées est passé de 463 par semaine durant les six mois de février à août 2005 à 959 par semaine durant les quatre mois allant d’août à novembre cette année. Les victimes américaines sont enregistrées au taux de 25 soldats par jour tués ou blessés, et le taux est encore plus élevé au sein des policiers et des soldats irakiens, 33 victimes par jour. Le lieutenant-général de la Marine et directeur des plans et politiques stratégiques du Comité des chefs d’États-majors interarmes, John F. Sattler, a présidé une session d’information aux médias. « La violence a augmenté à un taux incroyablement rapide », a-t-il dit. Des officiels du Pentagone ont dit à la presse que les insurgés ont obtenu « un succès stratégique partiel » en divisant le gouvernement établi par les Etats-Unis à Bagdad sur des lignes sectaires et ont miné sa viabilité. Alors que le rapport suggère que les forces américaines ont atteint leur objectif en terme du nombre des soldats et des policiers irakiens ayant reçu un entraînement militaire rudimentaire, atteignant un total de 325 000, environ 45 000 de ceux-ci ont déjà été tués, blessés ou portés disparus, alors qu’autant que la moitié déserterait si déployée hors de leur région d’habitation, selon les estimés américains. La crise du Pentagone L’occupation américaine, qui aura bientôt quatre ans, a été une catastrophe pour le peuple irakien qui subit des conditions sociales et économiques bien pire que celles qui ont prévalu sous Saddam Hussein ainsi qu’un niveau de meurtres de masse qui dépasse de loin les pires années du régime baasiste. La guerre a aussi eu un impact majeur sur l’armée américaine, comme l’ont souligné les témoignages des représentants du Pentagone la semaine dernière. Le lieutenant général Peter Schoomaker, le chef d’état-major, a affirmé devant un comité du Congrès le 14 décembre que les pressions du déploiement à long terme de forces en Irak et en Afghanistan, associées aux restrictions sur l’utilisation de troupes de la réserve et de la garde nationale, avaient un effet dévastateur sur la volonté de l’armée. « L’armée est incapable de générer et d’entretenir les forces nécessaires à une guerre mondiale au terrorisme, » a déclaré Schoomaker, « si ses parties constituantes — les soldats, la garde et la réserve — ne lancent pas l’assaut toutes ensembles. » Le nombre de soldats en service était insuffisant pour répondre aux besoins de déploiements continus, a-t-il dit, car les politiques actuelles du Pentagone interdisent de seconds déploiements pour les membres des réserves et de la garde nationale, sauf sur une base volontaire. « À ce rythme, sans un accès récurrent aux forces de réserve, par de secondes mobilisations, nous allons venir à bout des forces actives, » a affirmé le général, L’administration Bush a imposé cette interdiction informelle sur les seconds déploiements — qui va plus loin que la loi actuelle — à cause d’inquiétudes sur les retombées politiques d’une augmentation du nombre de morts et de blessés parmi les soldats de la garde et de la réserve, qui sont généralement plus âgés, mariés et qui ont des enfants. Ces forces ont été fortement utilisées durant les trois premières années de la guerre, jusqu’au point où seulement 90 000 des 522 000 soldats de la garde nationale et de la réserve peuvent maintenant être mobilisés en zone de guerre. Selon un résumé de l’armée distribué à la presse, les forces de réserve doivent maintenant être rassemblées à partir d’un grand nombre d’unités différentes. En moyenne, 62 pour cent de ces forces proviennent d’un tel recrutement, comparativement à seulement 6 pour cent en 2002. Dans une compagnie de transport, seulement 7 des 170 soldats pouvaient être déployés et les autres provenaient des 65 autres unités situées à 49 endroits différents. « Il est nécessaire dans l’armée de déployer des unités organisées, entraînées, équipées et cohésives, et l’on ne fait pas ça en rassemblant des équipes au hasard, » a affirmé Schoomaker. De telles considérations sont à la base de la résistance de l’état-major du Pentagone face à l’initiative choisie par la Maison-Blanche : un « déferlement » de 20 000 à 30 000 combattants supplémentaires qui seraient déployés à Bagdad et dans la province d’Anbar, le centre de la résistance, pour mener une attaque éclair contre les populations locales. Selon un article paru jeudi dans le Washington Post, les chefs d’état-major ont exprimé à l’unanimité une opposition à la proposition de « déferlement », sur la base que ses conséquences à long terme n’avaient pas été suffisamment évaluées et, en particulier, à cause de l’impact que cela aura en attisant la résistance irakienne dans les zones sunnites et chiites. Les hauts officiers sont aussi très inquiets de l’impact que cela pourrait avoir sur le moral des troupes, car les propositions les plus ambitieuses de « déferlement », qui seraient favorisées par le vice-président Dick Cheney, entraîneraient le redéploiement au combat des soldats qui prévoyaient retourner chez eux. Ces perspectives ont été exprimées le plus clairement par l’ancien secrétaire d’État de Bush, Colin Powell, qui était aussi l’ancien président des chefs d’état-major dans l’administration de Bush père, une position où il a supervisé les opérations militaires de la première guerre américaine contre l’Irak. Invité dimanche à l’émission Face the Nation sur CBS, Powell s’est opposé à toute augmentation à court terme des forces militaires américaines en Irak. « Avant que je n’ajoute des troupes additionnelles ou que je le recommande au commandant en chef, je veux être certain que nous ayons une compréhension claire de ce qu’elles vont faire, combien de temps elles y vont», a-t-il dit. La poussée pour une augmentation des troupes Bush, Cheney et leurs collaborateurs les plus proches refusent de reconnaître l’ampleur de la débâcle en Irak et se déclarent irrévocablement engagés envers une victoire américaine. Le nouveau secrétaire à la Défense désigné par Bush, l’ancien directeur de la CIA, Robert Gates, a réitéré cette position lors de ses commentaires lundi, lorsqu’il a pris le contrôle du Pentagone en remplacement de Donald Rumsfeld. « Un échec en Irak à ce point-ci serait une calamité qui hanterait notre nation, minerait notre crédibilité, mettrait en danger les Américains pour les décennies à venir », a-t-il déclaré alors qu’il était assermenté par le vice-président Dick Cheney, en présence du prochain président du Comité sénatorial des forces armées, le démocrate Carl Levin du Michigan. Levin, avec le reste des démocrates au Sénat, a voté en faveur de la nomination de Gates comme nouveau chef du Pentagone. Il a dit au Washington Post que Gates « va être beaucoup plus ouvert à la surveillance » par le Congrès que Rumsfeld l’était. Il n’y a aucun dirigeant démocrate au Congrès qui serait en désaccord avec la déclaration de Gates qu’une défaite en Irak serait désastreuse pour l’impérialisme américain avec des répercussions globales. C’est pourquoi, malgré le large sentiment anti-guerre exprimé par une majorité d’électeurs le 7 novembre dernier lors des élections, la nouvelle majorité démocrate au Congrès se voue à la poursuite de la guerre. Le conflit au sein de l’élite dirigeante porte sur la façon d’en perdre le moins possible dans la débâcle en Irak, mais toutes les sections endossent les buts fondamentaux de la politique de l’administration Bush, qui consistent à se saisir du contrôle des ressources pétrolières et à utiliser le territoire comme base stratégique pour la projection de la puissance américaine au Moyen-Orient. Cet accord bipartisan était souligné dans un commentaire publié dans le Wall Street Journal lundi, corédigé par la sénatrice Hillary Clinton, en tête dans la course pour la candidature présidentielle des démocrates aux élections de 2008 et par le sénateur républicain John Ensign du Nevada. Les deux sénateurs appelaient pour une action rapide du gouvernement irakien pour créer un « trust pétrolier irakien » qui émettrait des actions pour chaque citoyen irakien. Ce plan ouvrirait la porte à la privatisation de l’industrie du pétrole. Un tel scénario a déjà été employé dans d’autres pays comme transition vers la vente des industries étatiques aux investisseurs corporatifs qui achètent les parts individuelles, comptant sur la misère économique de la population largement sans emploi et faisant face à la catastrophe. Clinton a également introduit une loi appelée la Loi pour le soulagement de l’armée des Etats-Unis qui appelle pour une augmentation de la taille de l’armée par 80 000 soldats dans les quatre prochaines années. Elle est secondée entre autres par les sénateurs démocrates Jack Reed, Joseph Lieberman et Bill Nelson. Sous Rumsfeld, le Pentagone a régulièrement rejeté ce type de proposition des démocrates, mais Bush a dit mardi qu’il est maintenant disposé à appuyer l’augmentation du nombre autorisé de soldats tant de l’armée que du corps des marines. Patrick Martin Sources WSWS
Posté par Adriana Evangelizt