vendredi, décembre 22, 2006

N° 236 : Journal d'Irak Special dossier Baker : 22/12

Sommaire :
1 Les Brèves.
1-1 Organisation pour la liberté des femmes en Irak : Femmes dans la guerre civile.
1-2 Communiqué de l’Alliance Patriotique Iraquienne (IPA) : Violation flagrante des libertés individuelles..
2 Dossier & Point de vue
2-1 Point de vue de Antonia Juhasz : Rapport Baker sur l'Irak - Pétrole : Privatisation Exigée.
2-2 Point de vue de Barah Mikaïl : Irak : vers la fin de l’état nation ?
2-3 Point de vue de Uri Avnery : Le gâteau de Baker.
2-4 Point de vue de Bill Van Auken : L’administration Bush élabore des plans pour un bain de sang en Irak .
2-5 Point de vue de Abdel Bari Atwan : Irak : vers un sauvetage syro-iranien ?
2-6 Point de vue de Jeffrey B. Spurr :: Irak : "guerre civile" ou bien ... ?.
3 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net.
3-1 Agence France-Presse : Bush annonce des «choix difficiles» et plus de «sacrifices» pour 2007.
4 Annexes
4-1 Iraqi trade unions attack plans for foreign company control of oil.
Marc lemaire : Interview sur l'Irak :
http://ckutnews.wordpress.com/2006/12/14/le-«journal-de-liraq»-entrevue-avec-marc-lemaire/
1 Les brèves1 Les brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
Marc
1-1 Organisation pour la liberté des femmes en Irak : Femmes dans la guerre civile. A Bagdad, la guerre civile fait rage. Les femmes en sont les premières victimes.
L'Organisation pour la liberté des femmes en Irak, qui enquête dans les conditions les plus difficiles, nous a envoyé ces informations sur l'horreur quotidienne qu'elles vivent actuellement.
Les informations qui suivent nous ont été adressées par al-Moussawat (« L’égalité »), journal de l’Organisation pour la liberté des femmes en Irak (OLFI).
150 femmes exécutées en 10 jours à la morgue de Bagdad
12/11/06, Bagdad –
Prétendant être à la recherche d’une parente disparue, des militantes de l’Organisation pour la liberté des femmes ont pu rentrer dans la morgue de Bagdad. L’employé qui leur a montré les corps de 150 femmes, non réclamés par leurs familles. Bon nombre étaient décapitées, défigurées ou portaient des marques de torture. Ces corps étaient arrivés durant les deux derniers jours. Faute de place, il devenait impossible de les conserver dans la morgue, si bien qu’ils étaient installés dans des pièces à température ambiante ou sur les terrasses extérieures.
Les familles refusent de reconnaître que leurs filles ont été enlevées, car c’est mauvais pour « l’honneur » de la famille. Si elle est violée et tuée, personne ne vient chercher le corps.
Au rythme de 15 femmes par jour, c’est 5500 femmes qui seront ainsi tuées durant l’année à venir.

1-2 Communiqué de l’Alliance Patriotique Iraquienne (IPA) : Violation flagrante des libertés individuelles.Dans le cadre d’activités politiques iraquiennes, afin de faire avancer la cause de la libération de notre peuple contre le joug des envahisseurs et atteindre l’indépendance par la lutte et le soutien de la résistance nationale iraquienne de plusieurs manières et façons, incluant la libre parole, notre frère Awni al Kalemji, membre du secrétariat général du IPA, a quitté le Danemark, son pays de résidence, le 13 décembre 2006, par voie aérienne, en direction de la Grèce via Zürich pour participer au Rallyemondial contre la politique d’isolation du 15 au 18 décembre.A Zürich, ville suisse, avant d’embarquer dans son avion pour la Grèce, en transit, la police suisse lui a retiré son passeport et lui a signifié l’interdiction d’entrer en Suisse et d’y transiter. Après une mise en détention de 5 heures, les autorités suisses l’ont forcé à retourner au Danemark dans le premier avion.Le comportement suisse nous a surpris, d’autant que les droits de l’homme sont un domaine que les pays occidentaux et la suisse en particulier mettent en avant et prétendent en être les champions. Ils font des droits humains une épée au dessus des têtes de ceux, forces, partis et états, qui se battent contre le programme de globalisation américain, lequel vise à un contrôle total de mouvements des peuples en lutte pour la libération nationale, l’indépendance politique et les progrès techniques à tousniveaux.La détention de frère Awni al Kalemji et son retour forcé illustrent de belle manière les proportions de l’unité des régulations de sécurité hostiles à tous les patriotes iraquiens. C’est une violation flagrante des libertés individuelles. Cela montre à quel point l’union des oppresseurs est étendu et l’importance de la libre parole allié à la lutte nationale opposée à l’invasion, l’occupation et l’imposition de programmes politiques des US et de ses alliés.Ces dangereux développements politiques sont une menace pour tous les peuples libres du monde, en particulier le mouvement de libération national iraquien. Que tous les fidèles et supporteurs de la résistance nationale iraquienne fassent entendre leurs voix pour protester contre les actions brutales contre la lutte pour un Iraq indépendant et souverain. Nous persisterons jusqu’à la fin de l’occupation.Alliance Patriotique IraquienneIraqi Patriotic Alliance14 Décembre 2006Camp Anti-impérialistehttp://www.antiimperialista.org/
2 Dossier & Point de vue
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs
mais doit être vu comme information
Marc
2-1 Point de vue de Antonia Juhasz : Rapport Baker sur l'Irak - Pétrole : Privatisation Exigée.
Le rapport Baker fait couler beaucoup d'encre mais, comme par hasard, les médias de masse, ne parlent pas de l'un des éléments clé de ce rapport. En effet, il préconise la privatisation totale de l'industrie pétrolière irakienne, son accès libre et protégé par les forces armées US aux compagnies pétrolières privées des US.Parmi ses recommandations, le Groupe d'Etude sur l'Irak a conseillé que l'Irak privatise son industrie pétrolière pour l'ouvrir aux compagnies internationales.
Antonia Juhasz écrit : « pour le dire simplement, les compagnies pétrolières essaient d'obtenir ce qu'on leur refusait avant la guerre où à un quelconque moment de l'histoire moderne irakienne : l'accès au pétrole irakien en sous sol. »Amy Goodman (Democraty Now) : Le Groupe d'Etude sur l'Irak a aussi recommandé pour l'Irak une privatisation de son industrie pétrolière et l'ouverture aux compagnies
Invading The World, One Economy at a Time » (L'Agenda de Bush: Envahir le Monde, une Economie à la fois.”Antonia Juhasz, merci de nous rejoindre dans notre studio de la radio de San Francisco. Votre réponse au rapport porte sur un point qui n'a pratiquement pas été débattu, celui qui concerne la privatisation ?Antonia Juhasz : Ouai, tout à fait. Et bonjour Amy. C'est une proposition totalement radicale faite directement dans le rapport du Groupe d'Etude sur l'Irak que l'industrie pétrolière irakienne devrait être réorganisée comme entreprise commerciale. La proposition dit aussi, comme vous l'avez dit, que le pétrole irakien devrait s'ouvrir aux compagnies étrangères privées énergétiques. De même, une autre proposition radicale c'est que tous les revenus du pétrole soient centralisés au sein du gouvernement central. Et le rapport appelle à ce qu'un conseiller US s'assure qu'une nouvelle loi nationale soit votée en Irak pour rendre tout cela possible et que la constitution irakienne soit amendée pour être sûr que le gouvernement central ait le contrôle des revenus pétroliers.En résumé, le rapport appelle à la privatisation du pétrole irakien, pour qu'il tombe aux mains de multinationales étrangères privées, mettant tout le pétrole dans les mains du gouvernement central, et essentiellement, vais-je affirmer, étendre la guerre en Irak pour s'assurer que les compagnies pétrolières US aient, ce pourquoi l'Administration Bush est allée là bas : le contrôle et un plus grand accès au pétrole irakien.AG : Antonia Juhasz, parlons des membres du Groupe d'Etude sur l'Irak. Cela pourra expliquer ce qu'a été leur approche, particulièrement James Baker, l'ancien secrétaire d'état, et aussi Lawrence Eaglerburger. Parlez nous de ces deux là.AJ : Tous les deux, Baker et Eagleburger ont fait carrière en faisant une ou deux choses : travailler pour le gouvernement fédéral ou travailler pour une entreprise privée, se servant du travail qu'il faisait au sein du gouvernement fédéral. Ainsi, en particulier, les deux, Baker et Eagleburger ont été des participants clés dans les années 80 et début des années 90 à l'expansion radicale des engagements économiques des US avec Saddam Hussein, avec un objectif très clair d'obtenir pour les compagnies US, particulièrement les compagnies pétrolières, un accès plus grand au pétrole irakien et faire tout ce qu'ils pouvaient pour accroître cet accès.Baker a son propre intérêt privé. Sa famille est lourdement impliquée dans l'industrie pétrolière, de même que son cabinet juridique Baker Botts est lui l'un des cabinets clé représentant les compagnies pétrolières dans tous les US et dans leurs activités au Moyen Orient. Et, Lauwrence Eagleburger a été président de Kissinger Associates, l'une des sociétés multinationales de conseil les plus importantes en matière de conseil aux sociétés américaines qui essayaient d'obtenir de Saddam Hussein des contrats pour travailler en Irak.Et puis, à ces 2 membres du Groupe d'Etude sur l'Irak se sont joints 2 membres qui sont des représentants de la Fondation Héritage, et cette Fondation est l'une des quelques organisations US qui a catégoriquement appelé à la privatisation totale du secteur du pétrole irakien avant l'invasion de l'Irak, comme but déclaré de cette invasion. Et pour demander catégoriquement une totale privatisation, comme je l'ai dit, c'est vraiment radical. En fait, c'est un changement pour l'administration Bush, qui a travaillé ces deux dernières années à un agenda d'une sorte de privatisation, mettant en avant ce qu'on appelle des accords de production partagée en Irak avec les mêmes résultats qu'une privatisation, mais sans l'appeler privatisation.Pour le Groupe d'Etude sur l'Irak, qui est supposé être, vous savez, la rencontre des pragmatiques, une sorte de groupe de milieu de terrain, qui va aider à résoudre le problème de la guerre en Irak, pour avancer cette proposition incroyablement radicale et d'avoir personne qui en parle, pour moi c'est passablement choquant et cela montre que les démocrates, les républicains, les médias, ont peur de parler du pétrole, mais ce pétrole selon ma réflexion, reste quand même le mobile de l'Administration, et de tous ceux dans le secteur du pétrole aux US, en comptant Baker et Eaglerburger parmi eux, pour lequel les troupes US y sont engagées (Irak ndlt), et engagées à rester. Et le rapport dit que les troupes resteront jusqu'au moins 2008 – je pense que c'est un minimum – pour garantir l'accès du pétrole aux compagnies pétrolières US.AG : L'ancien secrétaire d'état James Baker est allé à Rome, Moscou, Londres, en 2003, premier voyage officiel depuis qu'il a rejoint l'Administration Bush comme référant sur des questions concernant l'Irak en 2003, mais il est resté un partenaire de haut niveau dans le cabinet juridique, Baker Botts, qui, représente, parmi d'autres, Halliburton, de même que le gouvernement Saoudien, dans la plainte déposée par les membres de familles qui ont perdu l'un des leur lors du 11 septembre. Ainsi, c'est les membres de ces familles qui ont perdu des êtres chers, contre le gouvernement saoudien, et il représentait le gouvernement saoudien.A J : Ouais, son allégeance s'est étendue et cela a pratiquement toujours à voir avec le pétrole. Et le public a été très clair en disant de Baker – excusez moi, je veux plutôt dire les médias – que Baker est un pragmatique. C'est un pragmatique, le rapport du Groupe d'étude sur l'Irak, dit, page 1, chapitre 1, que la raison pour laquelle l'Irak est un pays clé au Moyen Orient, dans le monde et pour les US, c'est parce qu'il a les deuxièmes plus grandes réserves de pétrole dans le monde. Le rapport est très clair.Le rapport est aussi très clair, cependant, sur le fait que ce n'est pas un rapport où on peut trier, choisir des recommandations. Il dit que toutes les recommandations devraient être appliquées ensemble comme une seule proposition, qu'elles ne devraient pas être séparées. Cela veut dire que les auteurs du rapport disent que le pétrole, la privatisation, et l'accès des multinationales étrangères au pétrole sont aussi importants que n'importe quelle recommandation qu'ils ont faite.Et le rapport dit aussi que le gouvernement US suspendra tout soutien militaire, économique, politique au gouvernement irakien, si ces recommandations ne sont pas suivies. C'est une déclaration plutôt crue. Le gouvernement US ne fournira aucun soutien au gouvernement d'al-Maliki, sauf s'il avance pour changer la constitution irakienne et fait les changements nécessaires à la loi irakienne pour privatiser le pétrole irakien.Il nous faut être très clair là-dessus dans le mouvement anti-guerre, que c'est leur objectif et que nous devons, comme je l'ai répété, pas simplement appeler à la fin du stationnement des troupes en Irak, mais faire savoir que l'invasion par les multinationales US ne peut pas non plus se développer ou continuer.AG : Antonia Juhasz, je veux vous remercier pour avoir été parmi nous.L'auteur et activiste Antonia Juhasz s'est penchée de près sur cet aspect du processus de reconstruction de l'Irak. Elle est l'auteur de « The Bush Agenda
Antonia est l'auteur de « The Bush Agenda : Invading The World, One Economy at a Time » (L'Agenda de Bush: Envahir le Monde, une Economie à la fois.”)6 décembre 2006,Source et Copyright : http://www.democracynow.org/article.pl?sid=06/12/07/1452236Introduction et traduction bénévole pour information à caractère non commercial, Mireille Delamarre, pour Planète Non Violence
18-12-2006
2-2 Point de vue de Barah Mikaïl : Irak : vers la fin de l’état nation ?
Extraits
Deux contre-rapports, qui viendraient contrebalancer les conclusions du plan Baker, ont été commandés au Pentagone et à la Maison-Blanche. Les néo-conservateurs ne sont apparemment pas prêts à céder du terrain sur la politique étrangère…
Les néoconservateurs n'ont pas entièrement disparu de la scène mais il est indéniable qu'ils sont en retrait depuis la fin du premier mandat de George W. Bush. Malgré tout, le président américain reste le principal détenteur des clés de la diplomatie. Il est prêt à reconnaître des erreurs mais pas un échec global ; il essaye d'écrire un scénario de sortie alternatif au plan Baker. Sa stratégie concerne certes le positionnement américain en Irak, mais sert surtout à préparer les élections présidentielles de 2008.
Le rapport Baker n'évoque aucunement la participation européenne ou onusienne. Ces instances sont-elles définitivement exclues de toute résolution du conflit ?
Les Etats-Unis ont un avantage dans cette région, et dans le reste du monde, ils n'ont pas de concurrents directs. Il y a des Européens, des Russes, des Chinois ou l'Onu mais aucun de ces acteurs ne dispose d'un potentiel militaire sur place. Personne ne peut prétendre combler le vide que laisserait un éventuel échec américain dans la région. C'est ce qui permet à Washington de ne pas envisager de scénario alternatif autre que celui qu'ils esquisseraient par eux-mêmes. Nous ne sommes pas dans la situation de la Palestine à l'époque où les Britanniques l'occupaient et où les contradictions internes les avaient poussé à déléguer le dossier palestinien à l'Onu.
A quelles conditions, la Syrie et l'Iran accepteraient de s'asseoir à la table des négociations avec les Etats-Unis et Israël ?
Côté syrien, n'importe quelle solution pourrait faire l'affaire. Ils sont très clairement isolés aujourd'hui et attendent impatiemment le feu vert des Etats-Unis pour négocier, quitte à voir ce qui pourrait être discuté dans un second temps. Les Iraniens savent qu'ils sont dans une posture favorable. L'échec militaire des américains en Irak a fait le jeu de Téhéran qui s'estime prémuni à court et moyen termes d'une invasion militaire. Ils peuvent ainsi poser des conditions avant toute négociation telle que la non-exclusion par les Etats-Unis d'un programme nucléaire civil iranien. Les Américains en sont conscients mais ne veulent pas donner l'impression, après des années de froid diplomatique, d'être en position de faiblesse.
Ont-ils le choix ?
Ils l'ont toujours car ils font la différence sur le plan militaire, ce qui est fondamental. Sans compter que sur la scène politique moyen-orientale, ils n'ont pratiquement que des alliés. Cela constitue un gage de maintien de leur propre pouvoir. Ils ont le choix de poursuivre dans l'arrogance ou de s'assouplir. Le ton verbal assez menaçant devrait prévaloir tant que George W. Bush se maintiendra à la tête de l'administration américaine. Tout assouplissement serait par ailleurs significatif de leur affaiblissement sur la scène moyen-orientale aux yeux des dirigeants locaux qui en profiteraient pour se glisser dans cette brèche.
Le rapport Baker appelle également les dirigeants irakiens à agir dans le sens de la réconciliation nationale. La partition confessionnelle est-elle d'ores et déjà actée ?
Les principaux leaders irakiens critiquent le rapport Baker et estiment qu'il représente un recul par rapport à la fédéralisation annoncée de l'Irak. La loi sur une fédéralisation de l'Irak est passée au Parlement en octobre dernier. Elle est susceptible d'être amendée mais si l'on suit la logique constitutionnelle, elle devrait entrer en vigueur en avril 2008. Cela signifierait que, dans le meilleur des cas, l'Irak serait une République fédérale avec un gouvernement central affaibli. Ce que les Etats-Unis soutiennent. Je pense que beaucoup de leaders irakiens ont pris conscience que les richesses présentes dans le sous-sol, et en particulier le pétrole, peuvent permettre aux Chiites et aux Kurdes d'établir une forme d'autonomie politique. La communauté sunnite est, pour sa part, totalement privée, de par son implantation géographique, de ces richesses même si elle a un peu d'eau. Les Sunnites ont d'ailleurs menacé les Chiites de les couper de ce potentiel en eau dans le cas où ils seraient écartés du pouvoir. L'Irak s'est donc engagé dans une configuration post-nationale. Le gouvernement central, qui n'a pas la capacité d'assurer la sécurité, délègue la gestion des affaires à des milices locales et à des représentants politico-confessionnels.
C'est la fin de l'Etat-nation irakien en tant que tel au profit de communautés locales à colorations confessionnelles. Reste à savoir quel pays prendra le relais dans cette configuration parce que toute confessionnalisation de l'Irak ne s'arrêtera pas aux seules frontières irakiennes.
Barah Mikaïl
Barah Mikaïl par Lina Sankari / La Terre / 19 décembre 2006
Barah Mikaïl est chercheur à l'IRIS, spécialisé sur le Moyen-Orient.
Source : IRIS http://www.iris-france.org/Interviews-2006-12-19.php3

2-3 Point de vue de Uri Avnery : Le gâteau de Baker.
(partie irakienne) Dans son style sec et incisif, Baker dit que les Etats-Unis ne peuvent pas gagner en Irak. De façon explicite, il a dit aux Américains : sortons de là avant que le dernier soldat américain grimpe dans le dernier hélicoptère du toit d’une ambassade américaine, comme au Vietnam. PERSONNE n’aime admettre son erreur. Moi non plus. Mais honnêtement je n’ai pas le choix. Quelques jours après l’effondrement des Tours jumelles le 11 septembre 2001, il se trouve que j’ai fait une tournée de conférences aux USA. Mon message était optimiste. J’espérais que quelque chose de bon sortirait de la tragédie.
Mon raisonnement était que l’atrocité de l’attentat avait montré l’intensité de la haine contre les USA qui était en train de se répandre dans le monde, particulièrement dans le monde musulman. Il aurait été logique non seulement de combattre les moustiques mais aussi d’asséchez le marais. Puisque le conflit israélo-palestinien était un des terreaux de cette haine - sinon le principal - les Etats-Unis s’efforceraient de parvenir à la paix entre les deux peuples. C’était ce à quoi la froide logique pouvait conduire. Mais ce n’est pas ce qui est arrivé. Ce qui est arrivé a été exactement le contraire. La politique américaine n’a pas été guidée par la froide logique. Au lieu d’assécher un marais, les Etats-Unis en ont créé un second. Au lieu de pousser les Israéliens et les Palestiniens vers la paix, ils ont envahi l’Irak. Non seulement la haine contre les Etats-Unis n’a pas chuté, mais elle s’est encore intensifiée. J’espérais que ce danger l’emporterait sur les intérêts pétroliers et sur le désir d’installer une garnison américaine au centre du Moyen-Orient Ainsi j’ai commis moi-même l’erreur contre laquelle j’avais maintes fois mis en garde les autres : supposer que ce qui est logique arrivera effectivement. Une personne rationnelle ne devrait pas ignorer l’irrationnel en politique. En d’autres termes, il est irrationnel d’exclure l’irrationnel. George W. Bush est une personne irrationnelle, peut-être la personnification même de l’irrationnalité. Au lieu de tirer la conclusion logique de ce qui était arrivé et d’agir en conséquence, il a pris l’orientation exactement opposée. Ainsi donc il n’a fait qu’insister sur « garder le cap ». Et voilà qu’arrive James Baker. PUISQUE je suis déjà dans les confessions, je dois reconnaître que j’aime bien James Baker. Je sais que cela choquera certains de mes amis. « Baker ?! » s’exclameront-ils, « Le conseiller de la famille Bush ? L’homme qui a aidé George W. à voler les élections en 2000 ? L’homme de droite ? » Oui, oui, ce Baker là. Je l’aime bien pour sa froide logique, sa franchise et son style sobre, son habitude de dire ce qu’il pense sans fioritures, son courage. Je préfère ce style à l’hypocrisie moralisatrice des autres leaders, qui essaient de cacher leurs véritables intentions. Je serais heureux un jour d’échanger Olmert contre Baker, et de rendre sa liberté à Amir Peretz. Mais c’est une question de goût. Le plus important, c’ est qu’au cours des 40 dernières années, James Baker a été le seul leader américain qui a eu le cran de s’opposer et d’agir contre la maladie maligne d’Israël : les colonies. Quand il était secrétaire d’Etat, il a tout simplement informé le gouvernement israélien qu’il déduirait les sommes dépensées pour les colonies de l’argent qu’Israël recevait des Etats-Unis. Il a menacé et bien mis sa menace à exécution. Baker a ensuite affronté le lobby « pro-israélien » aux Etats-Unis, à la fois juif et chrétien. Un tel courage est rare aux Etats-Unis, comme il est rare en Israël. CETTE SEMAINE le groupe d’étude sur l’Irak, dirigé par Baker, a publié son rapport. Celui-ci confirme toutes les sombres prévisions annoncées par beaucoup à travers le monde - y compris moi-même - quand Bush & Co ont lancé la sanglante aventure irakienne. Dans son style sec et incisif, Baker dit que les Etats-Unis ne peuvent pas gagner là-bas. De façon explicite, il a dit aux Américains : sortons de là avant que le dernier soldat américain grimpe dans le dernier hélicoptère du toit d’une ambassade américaine, comme au Vietnam. Baker prône la fin de l’approche de Bush et propose une stratégie nouvelle et personnelle. En fait, c’est une façon élégante de sortir l’Amérique d’Irak, sans donner l’impression d’une déroute complète. Principales propositions : un dialogue américain avec l’Iran et la Syrie, une conférence internationale, le retrait des brigades de combat américaines, en ne laissant que les instructeurs. Le comité qu’il a dirigé était composé à parts égales de républicains et de démocrates. EST-CE QUE cela se passera encore cette fois-ci ? Baker a présenté son plan à un moment où les Etats-Unis font face au désastre en Irak. Le Président Bush est en pleine faillite, son parti a perdu le contrôle du Congrès et peut bientôt perdre la Maison Blanche. Les néo-conservateurs - pour la plupart juifs et tous supporters de l’extrême droite israélienne - qui contrôlaient la politique étrangère américaine, sont remplacés l’un après l’autre, l’ambassadeur américain aux Nations unies a été mis dehors. Donc, il est possible que cette fois-ci le Président suive cet avis compétent. Mais on peut en douter. Le Parti démocrate n’est pas moins soumis au lobby « pro-israélien » que le parti républicain, et peut-être même l’est-il davantage. Le nouveau Congrès a vraiment été élu sous la bannière de l’opposition à la poursuite de la guerre en Irak, mais ses membres ne sont pas des candidats djihadistes au suicide. Ils dépendent du lobby « pro-israélien ». Pour paraphraser Shamir : « le plan est le plan, et la poubelle est la poubelle. » A Jérusalem, la première réaction au rapport a été le rejet total, exprimant ainsi la confiance absolue dans la capacité du lobby de le tuer dans l’œuf. « Rien n’a changé », a déclaré Olmert. « Il n’y a rien à dire là dessus », a répondu immédiatement l’écho des brigades de journalistes de la presse écrite et audiovisuelle. « Nous ne pouvons pas parler avec eux tant que le terrorisme continuera », a déclaré un célèbre expert à la télévision. Cela semble vouloir dire : « On ne peut pas discuter de la fin de la guerre tant que l’ennemi tire sur nos troupes. » Sur les thèses Mearsheimer-Walt j’ai écrit que « le chien remue la queue et la queue remue le chien. » Il sera intéressant de voir qui remuera qui cette fois-ci : le chien sa queue, ou la queue son chien. Uri AvneryArticle publié le 10 décembre, en hébreu et en anglais, sur le site de Gush Shalom - Traduit de l’anglais « The Baker’s Cake » : SW AFPS
Sources Global Research
2-4 Point de vue de Bill Van Auken : L’administration Bush élabore des plans pour un bain de sang en Irak . Les reportages sur les discussions au sein de l’administration Bush sur le changement de cap en Irak indique que Washington prépare un autre bain de sang important comme moyen désespéré de sauver son aventure qui se prolonge depuis bientôt quatre ans pour conquérir le pays riche en pétrole. Le New York Times dimanche avait un article intitulé The Capital Awaits a Masterstroke on Iraq (La capitale attend un coup de maître en Irak), qui indiquait que les options en discussion comprennent ce qui revient à un appui à un génocide contre la population sunnite irakienne autant que le déchaînement délibéré d’un conflit sectaire embrasant toute la région entre les pays à prédominance sunnite et l’Iran et l’Irak, à prédominance chiite. Cette proposition (largement connue à Washington sous le nom de « la solution des 80 pour cent », c’est-à-dire le pourcentage de la population irakienne que forme les Kurdes et les chiites), écrit le New York Times, « dit essentiellement que Washington devrait arrêter de tenter de réconcilier les chiites et les sunnites et plutôt simplement appuyer les chiites, puisqu’ils sont de toute façon plus nombreux et qu’ils gagneraient probablement dans une lutte à mort. Après tout, est-il expliqué dans la proposition, l’Irak est chiite à 65 pour cent et sunnite à seulement 20 pour cent. » Le plan a prétendument été défendu par le vice-président Dick Cheney, un des principaux architectes de la guerre en Irak dès son origine. Une considération clé, ajoute l’article, est le contrôle du pétrole irakien. « Le plus longtemps les Etats-Unis tentent de courtiser les sunnites, le plus ils risquent d’aliéner les chiites et les Kurdes et ce sont eux qui ont le pétrole », déclare le New York Times. « Une poignée d’officiels de l’administration ont défendu l’idée que l’Irak ne va pas rester unifié et va se séparer sur des lignes sectaires. Si tel était le cas, disent-ils, les intérêts américains dictent qu’il faut appuyer les groupes qui contrôlent les régions riches en pétrole. » Un des embranchements du plan, que le New York Times décrit cyniquement comme une idée « que quelques faucons ont brassé dans les réunions », est une suggestion que les Etats-Unis pourraient bénéficier d’une conflagration sectaire dans toute la région. « Les Etats-Unis pourraient dans les faits porter un coup à l’Iran en appuyant les chiites de l’Irak, car cela approfondirait la cassure entre les chiites et les sunnites et éventuellement, mènerait à une guerre régionale entre les deux confessions », écrit le New York Times. « Et si cela était, alors les chiites — et l’Iran — perdraient parce que s’il y a plus de chiites que de sunnites en Irak et en Iran, il y a plus de sunnites que de chiites presque partout ailleurs. » Au même moment, il y a de plus en plus d’indications qu’un « déferlement » d’une dizaines de milliers de soldats américains supplémentaires en Irak aura comme principal objectif d’attaquer la milice loyale à l’imam radical Moqtada al-Sadr, ce qui signifie un assaut brutal sur les masses chiites appauvries de Bagdad. L’élaboration de telles politiques contradictoires semble moins le produit de calculs diplomatiques et militaires que de folie politique. Sous-tendant ce qui semble du délire, on trouve le désespoir et la désorientation à tous les niveaux de l’Etat américain face à la profonde crise que sa politique a générée. Ce qui prédomine est la conception qu’avec suffisamment de morts, que ce soit dans un génocide des sunnites, un assaut sanglant contre les chiites ou une combinaison des deux, l’impérialisme américain peut d’une façon ou l’autre éviter une défaite humiliante en Irak. Les fuites sur les stratégies maintenant sous considération ne font que souligner la criminalité abjecte de la guerre comme de la crise désespérée qui tient l’establishment politique américain, toujours profondément divisé sur la façon de faire face à la débâcle politique et militaire de l’occupation américaine. Moins de deux semaines après la publication du rapport du Groupe d’étude sur l’Irak, l’administration Bush a rejeté les recommandations du comité visant à réduire le rôle de l’armée américaine en Irak et à entreprendre des procédures diplomatiques afin d’obtenir la coopération des pays voisins, soit l’Iran et la Syrie. La Maison-Blanche, soutenue par la droite républicaine et les sections les plus impitoyables de l’élite dirigeante américaine, prépare plutôt l’équivalent d’une autre invasion du pays ravagé et une guerre régionale plus importante, avec pour objectifs ultimes de renverser les régimes iraniens et syriens. Les médias ont rapporté la semaine dernière que le Pentagone avait déjà fait appel aux 3500 soldats de la deuxième brigade de la 82e division aéroportée, actuellement basée à Fort Bragg en Caroline du Nord, pour la préparation d’un déploiement au Koweït le mois prochain. Cela serait le premier contingent d’un « déferlement » prévu qui compterait de 30 000 à 50 000 soldats supplémentaires. Non seulement l’establishment politique est-il extrêmement divisé sur la façon d’aller de l’avant en Irak, mais le commandement militaire américain l’est tout autant. Certains, comme le général Peter J. Schoomaker, chef d’état-major de l’armée, le général George Casey, commandant en chef en Irak, et le général John Abizaid, commandant des forces américaines au Moyen-Orient, ont mis en doute la valeur d’un « déferlement » de soldats américains en Irak, faisant remarquer qu’une telle augmentation du déploiement ne pourrait être maintenue et que cela pourrait retarder encore plus la prise de direction des opérations de sécurité par les forces irakiennes. D’un autre côté, plusieurs commandants, à la retraite depuis peu, ont soutenu l’intensification du conflit, et le plan serait appuyé par le lieutenant général Raymond Odierno, qui a assumé la semaine dernière le commandement des troupes de combat en Irak. Odierno a commandé la 4e division d’infanterie dans la province d’Anbar en 2003 et 2004, et s’est forgé la réputation d’avoir mené de dures opérations de contre-insurrection et de répression qui auraient, selon l’avis de plusieurs, alimenté l’appui populaire à la résistance irakienne. « Nous allons pourchasser tout, et je dis bien tout individu qui attaquera le gouvernement, qui attaquera les forces de sécurité et qui attaquera les forces de la coalition, peu importe qui il est ou à qui il est associé », a-t-il déclaré lors d’une cérémonie à Bagdad jeudi dernier. Cette remarque a semblé être un avertissement que la prochaine cible de la nouvelle offensive maintenant en préparation serait l’Armée du Mahdi, la milice chiite loyale à Moqtada al-Sadr. Selon les reportages, le commandement en uniforme du Pentagone a insisté à l’unanimité pour que toute intensification du déploiement de troupes à Bagdad soit accompagnée de règles d’engagement sans restrictions pour les forces américaines qui attaqueraient les partisans de Sadr. Une telle offensive déclencherait non seulement un coup d’État fomenté par les États-Unis contre l’actuel gouvernement irakien, dans lequel le mouvement de Sadr a un pouvoir considérable, mais entraînerait de nombreuses morts de civils, étant donné qu’une guerre totale serait menée dans les bidonvilles chiites populeux de Sadr City à Bagdad. À peine six semaines après que l’opposition populaire croissante à la guerre en Irak ait infligé une étonnante défaite aux urnes à l’administration Bush, il y a tout lieu de croire que la Maison-Blanche ne prévoit pas seulement poursuivre la guerre, mais en plus l’intensifier considérablement. Pendant ce temps, la direction du Parti démocrate ne démontre aucune conviction ou détermination de la sorte alors qu’elle s’apprête à prendre le contrôle le mois prochain des deux chambres du Congrès américain. Dimanche, le nouveau dirigeant de la majorité au Sénat, Harry Reid, a déclaré dans une entrevue télévisée qu’il serait prêt à appuyer un « déferlement » des soldats déployés en Irak si cela aidait à atteindre les objectifs plus larges de la stratégie proposée par la commission Baker-Hamilton de réduire le nombre des troupes en Irak au début de l’année 2008. « Si les commandants sur le terrain disent que ce n’est que pour une courte période, nous allons suivre », a dit Reid, ajoutant qu’une augmentation sur deux ou trois mois serait acceptable, pas une qui traînerait pour 18 ou 24 mois. Les scrupules du dirigeant démocrate au Sénat ont rapidement été rejetés par un défenseur en vue du « déferlement », l’ancien vice-chef du personnel de l’armée, le général Jack Keane, qui soulignait qu’« il faudrait plusieurs mois simplement pour amener des forces sur le terrain ». Keane a dit que cela prendrait au moins un an et demi pour que les forces élargies puissent supprimer la résistance irakienne. Pendant ce temps, le sénateur Edward Kennedy du Massachusetts, considéré comme le plus libéral des démocrates au Sénat américain, a exprimé son opposition à toute augmentation du nombre de soldats sur Fox News, mais rejetait toute réduction dans le financement de la guerre – le seul moyen, à part la procédure de destitution du président, qu’ont les démocrates pour ralentir l’escalade militaire de l’administration Bush. « S’il y a une chose à propos des démocrates, c’est que nous allons appuyer nos troupes », a déclaré Kennedy, ajoutant, « nous n’allons pas couper les vivres, en terme de troupes. » Presser par l’interviewer Chris Wallace d’expliquer pourquoi il n’était pas prêt à voter pour couper le financement de la guerre en Irak, rappelant que c’était la politique des démocrates pendant la guerre du Vietnam, Kennedy a fait remarqué que « C’est une situation bien différente de celle du Vietnam » et « Nous n’en sommes pas à ce point à ce moment-ci. » La différence réside dans le fait qu’en Irak, des sections décisives de l’élite dirigeante américaine demeurent déterminer à poursuivre l’objectif d’établir la domination des Etats-Unis sur une des plus grandes réserves de pétrole au monde au moyen de la force militaire et d’une domination coloniale. Bien qu’il y ait de profondes divisions sur la manière d’atteindre cet objectif, la défense des intérêts géostratégiques du capitalisme américain est soutenue par toutes les factions de l’establishment politique. C’est pour cette raison que les démocrates ont été les complices de l’administration Bush dans la guerre depuis qu’ils ont voté pour autoriser l’Invasion non provoquée de l’Irak il y a plus de 4 ans. La menace croissante d’une escalade militaire contre le peuple irakien qui pourrait potentiellement provoquer une conflagration à travers le Moyen-Orient et mondialement, démontre que l’opposition populaire à la guerre ne peut pas trouver d’expression à travers le système des deux partis établi en Amérique. Même avant que ne débute la nouvelle session du Sénat, il est clair que la lutte pour mettre fin à la guerre et tenir responsable politique et criminellement ceux qui l’ont lancé, ne peut se faire que par l’émergence d’un nouveau mouvement politique indépendant de la classe ouvrière en opposition à l’oligarchie financière et à ses deux partis.
Bill Van AukenSources WSWS
publié par Adriana Evangelizt dans: Massacres crapuleux Irak
2-5 Point de vue de Abdel Bari Atwan : Irak : vers un sauvetage syro-iranien ?Les journées noires, en Irak, abondent, depuis l'invasion américaine. Il estdevenu impossible de les compter. Mais la journée d'hier [14 novembre 2006]restera sans doute comme une des plus sombres et des plus sanglantes ; lesforces américaines ont en effet tué trente Irakiens sunnites dans la régiond'Ar-Ramâdî, et six chiites, au cours d'un raid contre la Ville d'Al-Sadr[un immense bidonville chiite de Bagdad, peuplé de plus d'un million d'habitants,
ndt].
Le phénomène sans doute le plus grave, qui résume la situation actuelle enIrak, est ce qui s'est produit au Département des missions à l'étranger duministère irakien de l'Enseignement supérieur, lequel département est tombéaux mains de milices dépendant du mouvement « Irak Nouveau » [Al-'Iraqu-l-Jadîd] et dont une centaine d'employés, de professeurs d'universitéet d'étudiants qui s'y trouvaient ont été enlevés et emmenés on ne sait oùsous les yeux des forces de sécurité et de la gendarmerie nationale ; letout, aux heures ouvrables !Ils ont tué tous les scientifiques, plus de trois cents universitaires parmiles plus chevronnés, des membres du cops enseignant ; de même qu'ils ontassassiné les officiers supérieurs de l'armée irakienne et la plupart despilotes d'avions de chasse et les personnels les plus qualifiés. Aujourd'hui, ils veulent faire fermer les universités, ils veulent abêtir lesgénérations montantes d'Irakiens, les réduire à l'analphabétisme, pour lesdécennies à venir.Tout ça se passe en Irak, cependant que l'Iran, pays voisin de l'Irak,développe un ambitieux programme nucléaire, importe des centrifugeusesmodernes susceptibles de transformer ce pays en puissance nucléaire en l'espace d'une année seulement, comme l'a promis (sans exagération) leprésident Mahmoud Ahmadinejad. Par ailleurs, l'Iran expérimente des missilesà courte et à longue portée, de différents calibres.Le président américain George Deubeuliou Bush a échoué, en Irak : il a perdusa guerre. Mais sa défaite, c'est le peuple irakien qui en paie le prixexorbitant, de son sang et des âmes de ses générations, actuelle et à venir; de sa stabilité, enfin. Et nous ne serons nullement surpris si Bush décidela débandade et le retrait de toutes ses troupes afin de limiter la casse etde se préparer à une nouvelle guerre, contre l'Iran, cette fois-ci, afin decomplaire à son pote le Premier ministre israélien Ehud Olmert.C'est le lobby juif qui a poussé l'Amérique à la guerre contre l'Irak, et c'est encore lui qui, aujourd'hui, excite l'Amérique afin de l'inciter àdéclencher une énième guerre, contre l'Iran, au motif de détruire sesprogrammes nucléaires et sous prétexte de menaces formulées par le présidentiranien, d'effacer Israël de la carte du monde.De son côté, le Premier ministre britannique Tony Blair est désireux d'améliorer son look, dans l'espoir de jouir d'une retraite plus confortableque celle de son ami américain Donald Rumsfeld, c'est-à-dire sans êtrepoursuivi en justice en tant que criminel de guerre. C'est pourquoi Tony serépand, depuis quelques jours, à propos de l'impérieuse nécessité d'associerla Syrie et l'Iran au rétablissement de la stabilité en Irak.Comment pourrait-on associer ces deux pays à un quelconque projet, dès lorsque l'un des deux a un programme qui lui est propre, différent peu ou proude celui de l'autre, cependant que ce qui les réunit, c'est précisément leurdésir d'utiliser le dossier irakien soit afin de marquer des points dans larégion et d'acquérir leur statut régional - c'est notamment le cas de l'ran - soit afin de noyer l'Amérique dans le marais ensanglanté qu'estaujourd'hui l'Irak, afin qu'elle ne puisse pas ouvrer à plein-temps à fairechuter le régime en place, comme elle tente aujourd'hui de le faire, enSyrie.La question demeurée pendante est celle de savoir si l'Iran et la Syrieferont vraiment plus que ce qu'ont réussi à faire jusqu'ici les troupesaméricaines et celles de leurs alliés étrangers et irakien. L'envoi deforces supplémentaires par la Syrie et l'Iran ramènerait-il la stabilité enIrak, mettant un terme à la guerre civile confessionnelle qui fait rage dansce pays ?Autre question : la Syrie et l'Iran rendront-ils ce service, dangereux etcoûteux et, ce, pour « les beaux yeux » [bleus] des Américains, et sanscontrepartie conséquente ?Nous ne pensons pas les Syriens et les Iraniens naïfs à ce point. D'ailleurs, on n'a jamais vu qu'ils aient rendu un quelconque service,gratuitement, à qui que ce soit, par le passé, même pas à leurs amis lesplus proches. Et ils viendraient, ainsi, au secours des Américains et deleur président, alors que celui-ci voit dans ces deux pays les principauxépigones de son « Axe du mal » ? La Syrie exige un retrait total d'Israël duGolan et de la quasi totalité des territoires arabes occupés, ainsi qu'unrôle régional indéniable, la récupération de son influence et peut-être mêmele retour de son armée au Liban. Quant à l'Iran, il veut que l'Amériquereconnaisse son statut de grande puissance nucléaire régionale, la levée detoutes les formes d'embargo commercial et de boycott à son encontre et lamise du « Nouvel Irak » sous son aile protectrice.L'administration américaine acceptera-t-elle ces exigences syriennes etiraniennes ? Et le caniche Tony Blair, qui se veut le « parrain » de l'idéed'associer la Syrie et l'Iran à la recherche d'une issue honorable dubourbier irakien, dispose-t-il de la force et de l'influence suffisantespour convaincre son maître George Deubeuliou Bush de ses géniales idées ?La réponse est : évidemment, non ! Car toute ces exigences irano-syriennesne peuvent être satisfaites qu'à la condition qu'Israël les admette, de sonplein gré, ou forcé et contraint. Or nous ne pensons pas qu'Israël s'offrirade se retirer des territoires occupés conformément aux conditions arabes, etnous n'imaginons pas qu'il y ait la moindre chance (même à un contre unmillion) que la Maison Blanche presse l'initiative de contraindre par laforce Israël à se plier aux dites conditions.En effet, le président Bush semble être, ces jours-ci, plus faible quejamais, et il a devant lui des défis très ardus dont il est incapable d'enaffronter aucun dès lors qu'il a perdu le contrôle des deux chambres duCongrès lors des récentes élections législatives de mi-mandature. Il y a ledéfi nucléaire nord-coréen, il y a l'hémorragie - en hommes et en dollars -en Irak et en Afghanistan et, enfin, il y a le programme nucléaire iranien,qui avance à grands pas, et qui brûle, même, les étapes, sur la voieconduisant à la production de l'arme nucléaire. Et puis, surtout - ceriseamère sur le gâteau - il y a la chute de sa popularité auprès desAméricains, qui atteint des abîmes historiques.Israël est sur les nerfs, en raison des invitations à dialoguer lancées endirection de Téhéran et de Damas par Tony Blair, et que reprend - pour lapréconiser - le rapport de la commission présidée par James Baker, anciensecrétaire d'Etat [= ministre des Affaires étrangères des Etats-Unis, ndt] -rapport mis au point par son équipe, portant sur les scénarios possibles desortie d'Irak, car tout règlement se fera nécessairement à son détriment. C'est la raison pour laquelle Olmert a ouvré - avec succès - à convaincre Bushde tourner le dos à ces invites, lors de leur rencontre en tête-à-tête à laMaison Blanche, voici trois jours de cela. si Bush se voit dans l'obligationde choisir entre Olmert et. Bush, il choisira nécessairement le premiercité, sans la moindre hésitation.L'Irak est devenu un piège mortel pour l'actuelle administration américaine,et tel peut-être il restera, également, pour la prochaine. En effet, ladéfaite américaine dans ce pays s'avère bien pire que sa précédente défaiteau Vietnam, car le président Bush ne trouve aucune issue honorable de l'impasse irakienne, et parce que même s'il se retirait d'Irak, la malédictionirakienne ne manquerait pas de le poursuivre - lui personnellement, maisaussi son peuple. Au Vietnam, les Américains ont trouvé un interlocuteuravec lequel négocier et finir par signer un accord de paix donnant le signald'un retrait [relativement] en bon ordre. Mais jusqu'ici, en Irak, lesAméricains ne savent toujours pas avec qui négocier ? Il n'y a aucuneinstance susceptible, en Irak, de réunir un consensus constitué de tous lesIrakiens ou d'une majorité d'entre eux, sauf, peut-être, à ce que lesAméricains rétablissent tant que faire se pourra la situation prévalantantérieurement à leur invasion et à leur occupation de ce malheureux pays.Or c'est là quelque chose d'impensable. Tout au moins, pour le moment.Le scénario extrêmement dangereux qui est en train de se cristalliser, deplus en plus rapidement, est celui qui verrait le président Bush fuir sadéfaite en Irak pour se consacrer à sa guerre contre l'Iran, avec un lobbyjuif lui faisant miroiter les avantages d'une telle guerre, de la mêmemanière qu'il lui avait fait l'article, précisément, de la guerre contre l'Irak.Si tel est le cas, nous connaîtrons une Troisième guerre mondiale sans aucunprécédent, et nous assisterons à la fin de l'Amérique en tant que grandepuissance, à l'instar de la manière dont la Seconde guerre mondiale mit unterme au Troisième Reich, dans les conditions humiliantes et infamantes quenous connaissons. Ce sera peut-être également la fin d'Israël [Inshâ'Allah !ndt]. Si le Hezbollah, cette petite milice, a pu tirer quatre millemissiles, en trente jours, sur Haïfa, Tibériade et Saint-Jean d'Acre['Akkah], et s'il reste dans son carquois encore quelque vingt mille de cesmissiles et autres roquettes, combien l'armée syrienne, et l'arméeiranienne, n'en possèdent-elles pas ?Et où ces missiles se dirigeront-ils, au cas où les dirigeants de ces deuxpays comprendraient qu'ils sont engagés dans l'ultime confrontation de toutel'histoire de leurs régimes respectifs ?[Je pense que vous avez deviné ! !]
Abdel Bari Atwanin Al-Quds al-Arabiyy, 15 novembre 2006Traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier, membre de Tlaxcala, le réseau detraducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleftpour tout usage non-commercial : elle est libre de toute reproduction, àcondition de respecter son intégrité et de mentionner auteurs et sources.
2-6 Point de vue de Jeffrey B. Spurr :: Irak : "guerre civile" ou bien ... ?(26. 11. 2006) Chers amis et collègues, Je reçois à l'instant ces nouvelles graves et profondément navrantes du Dr Saad Eskander, annonçant sa décision jeudi dernier de fermer la Bibliothèque et des Archives Nationales d'Irak. Le 15 novembre dernier, il m'avait informé que son institution avait été bombardée trois fois en trois semaines et était devenue la cible de snipers, dont certains tirs visaient directement son propre bureau. Un autre jeune bibliothécaire a été assassiné récemment et le bâtiment a reçu plusieurs obus dans les jours qui ont précédé sa fermeture (je suppose qu'il s'agit de tirs de mortiers). Les initiatives du Dr. Eskander avaient été absolument exemplaires, il avait considérablement renforcé son équipe et avait remué ciel et terre pour la former à agir sur plusieurs fronts, mais aussi pour relancer le fonctionnement d'une institution deux fois incendiée depuis le début de l'occupation américaine. Comme je lui demandais comment il arrivait encore à faire venir au travail une si grosse équipe dans des circonstances aussi périlleuses, il m'avait expliqué l'été dernier qu'il consacrait 30% de son budget à aller chercher son personnel et à le ramener chaque jour en bus, bien que trois de ses chauffeurs aient été tués en faisant ce travail. Bien qu'il n'y ait en fait littéralement pas d'autre alternative, ce moyen de faire face à la situation actuelle était évidemment intenable à long terme. Nous savons tous que la situation s'est considérablement dégradée depuis, et du fait des attaques répétées dont son institution a été la cible, il ne lui était plus possible de demander à son personnel de continuer à s'y rendre. Les forces de l'intolérance sont à l’œuvre et toute institution ou personne susceptible de représenter un avenir d'espoir ou de progrès pour l'Irak est dans la ligne de mire et contrainte au repli. Très sincèrement à vous, Jeff.
Sur le site Iraqcrisis (université de Chicago) tombait en fin de semaine dernière ce message de Jeffrey B. Spurr Après la Première Guerre du Golfe, l'Irak (pays profondément laïc, multiethnique et multiconfessionnel, où les femmes ne portaient plus le voile mais enseignaient à l'université) a été maintenu sous embargo, contre l'avis des Nations Unies pendant plus de dix ans. Chaque fois que le régime irakien parvenait à répondre aux conditions de levée de l'embargo, les USA rajoutaient des conditions toujours plus impossibles à atteindre. Cet embargo a fait plus d'un million de victimes, en majorité des enfants, provoqué l'effondrement de toute la structure économique du pays, empêché la reconstruction des infrastructures sanitaires détruites par la guerre de 1991 et profondément affecté les conditions de vie de l'ensemble de la population irakienne. En 2003 sur la base d'allégations réputées fausses (et démontrées telles par la suite) les USA et le Royaume Uni ont militairement envahi et occupé l'Irak. Cette invasion/occupation violait le droit International, les Conventions de Genève et jusqu'à la Charte des Nations Unies, mais aucune grande nation ne l'a officiellement condamnée comme criminelle, ni n'a demandé la moindre sanction à l'encontre de ses auteurs. Les crimes de guerre commis en Irak depuis cette invasion ont déjà fait en à peine trois ans plus d'un demi million de morts (http://www.brusselstribunal.org/pdf/lancet111006.pdf), dont plus de 80% victimes des bombardements et des tirs des troupes d'occupation ou leurs sont indirectement imputables : mines, sous munitions, snipers, etc. (Cf. http://www.globalresearch.ca/articles/LAN410A.html et http://www.medialens.org/ : Media Alert: Paved With Good Intentions - Iraq Body Count - Part 1 & 2.) On ne cherche même plus à évaluer le nombre des victimes indirectes décédées depuis l'invasion par manque de soins, de médicaments, d'eau potable, de produits de première nécessité ou indirectement du fait de l'usage par les troupes d'occupations d'armes prohibées ou à uranium appauvri.(Cf. No Great Way To Die” – But the Generals Love Napalm March 30, 2005 http://www.medialens.org/) Médias et diplomates occidentaux attribuent officiellement la majorité des victimes aux rivalités inter-ethniques et au terrorisme qui en découlerait, en occultant littéralement tout ce qui pourrait alimenter une autre lecture des faits (proportions respectives des victimes des actions “terroristes” et de celles des troupes d'occupations, ou plus simplement de victimes imputables respectivement au régime irakien ou à ses adversaires, avant et depuis le début de la Première Guerre du Golfe, etc.) Or, force est de constater que si aucun conflit au monde n'a jamais compté une proportion aussi effarante de snipers, la majorité d'entre eux sont des occidentaux salariés d'entreprises privées “de sécurité” agissant hors de tout contrôle des Nations Unies. Quant aux attentats (dont la très grande majorité des victimes ne sont ni occidentales ni influentes), et aux pratiques d'enlèvements, de cadavres torturés jetés dans la rue et d'escadrons de la mort, elles sont l'exacte réplique de ce qu'elles étaient déjà sous les dictatures d'Amérique Latine soutenues par les USA dans les années 70-80 (http://www.brusselstribunal.org/SecurityCompanies.htm#press). Il en va de même du prétexte identiquement avancé de “guerre civile de plus en plus incontrôlable.”(E.Herman, N.Chomsky, Manufacturing Consent, NY, Pantheon Books, 2002). Nous sommes seulement priés de croire qu'à l'instar des Sud-Américains, les Arabes sont simplement trop stupides pour lutter contre des troupes d'occupation autrement qu'en s'entre-tuant mutuellement, quoi de plus naturel au fond ? Dans les premières semaines de l'invasion, la majorité des Musées, Bibliothèques et centres d'archives administratives, informatiques, diplomatiques, historiques ou autres (nationaux et municipaux) ont été pillés et délibérément incendiés (http://www.sub.uni-goettingen.de/ebene_1/orient/Bibliotheques_irakiennes.htm), assez souvent (comme à Bagdad) sous protection des troupes d'occupation en violation des conventions de Genève. De même de la plupart des sites archéologiques en cours de fouilles, ravagés au bulldozer sous protection U.S. ou de sociétés privées, et d'une part substantielle des sites historiques les plus connus (http://www.paxhumana.info/article.php3?id_article=244). Là encore, on nous prie de croire que les arabes sont incapables de célébrer le renversement d'un dictateur par les puissances même qui l'avaient placé et maintenu au pouvoir, autrement qu'en détruisant leur propre patrimoine historique et archéologique, quoi de plus naturel au fond ? On imagine tout à fait les Italiens incendiant leurs musées, bibliothèques et archives ou détruisant le Colisée et tous les vestiges romains d'Italie pour fêter le renversement de Mussolini parce que l'antiquité était sa principale référence et qu'eux sont catholiques... Ces musées et archives ne contenaient d'ailleurs pas seulement les trésors des civilisations antérieures à l'Islam (plusieurs bibliothèques complètes – notamment administratives – intégralement ou partiellement retranscrites vieilles de quatre à cinq mille ans et dont les textes contredisaient souvent diamétralement ceux de la Bible), mais aussi et surtout la majorité des archives postérieures à l'Hégire, que de pieux musulmans avaient finalement peu de raisons de vouloir détruire. A qui profite le crime ? Quel est le mobile ? Qu'est-ce qu'on cherche réellement à détruire ? A chacun de s'interroger et de chercher les réponses ! Il y a à peine cent ans – et depuis des siècles (avant Alexandre) – le Proche-Orient n'était qu'un seul et même pays fait de provinces plus ou moins autonomes, multiculturel, multiethnique et multiconfessionnel (outre les nombreuses branches de l'Islam, on y a toujours trouvé des coptes, des maronites, des assyriens, des orthodoxes, des catholiques chaldéens, des zoroastriens, des bahais, des sabbéens, des parsis, des juifs, etc.) ; un pays qui avait ses ressources, ses règles et ses structures propres et où tout le monde pouvait se comprendre dans la même langue ; un pays au patrimoine historique commun immense et qui n'a jamais demandé à être occupé ou divisé. Traduction: Dominique Arias
Islamic and Middle East Specialist, Aga Khan Program for Islamic Architecture, Fine Arts Library, Harvard UniversityEn Anglais: “Iraq National Library and Archive closed”: http://hnn.us/roundup/entries/32348.html (26, 11, 2006)
3 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
3-1 Agence France-Presse : Bush annonce des «choix difficiles» et plus de «sacrifices» pour 2007.
Le président George W. Bush a reconnu mercredi que les Américains n'avaient pas la victoire en main en Irak et leur a dit de se préparer à de nouveaux «sacrifices» en 2007. M. Bush a dressé ce qui pourrait être le tableau le plus sombre des réalités irakiennes de sa part à ce jour. Il a cependant refusé un désengagement, malgré la pression exercée par l'opinion au moment où il prépare une nouvelle stratégie pour un pays au bord de la guerre civile. «Je ne vais pas faire de prédictions pour 2007 en Irak - si ce n'est qu'il va falloir faire des choix difficiles et des sacrifices supplémentaires, parce que l'ennemi est violent et sans pitié», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Dans un entretien accordé au Washington Post, il s'est gardé d'assurer que les Américains étaient en train de l'emporter en Irak, et a au contraire repris pour la première fois à son compte les mots d'un de ses généraux: «Nous ne gagnons pas, nous ne perdons pas». «Nous ne réussissons pas tout à fait aussi vite que je le souhaitais», a-t-il expliqué en conférence de presse. Il a admis que «2006 (avait été) une année difficile pour nos soldats et pour le peuple irakien». Se voulant «lucide», il a même reconnu le «succès» des ennemis dans leurs tentatives de déstabilisation. «Mon cœur se brise (...) régulièrement» à l'annonce des morts américaines (plus de 2.900), a-t-il dit. Il a toutefois affirmé sa confiance dans la victoire: «Je crois que nous allons gagner (...) Voilà ce que vous devez savoir. Nous allons réussir». Le jour où le numéro deux d'Al-Qaeda, Ayman Al-Zawahiri, resurgissait dans une vidéo pour prédire que les Américains seraient forcés de négocier avec les extrémistes islamistes, M. Bush a refusé de «battre en retraite» dans le combat contre le terrorisme, dont l'Irak serait le premier «front». «Ils pensent que ce n'est qu'une question de temps pour que l'Amérique se lasse et s'en aille, qu'elle abandonne les Irakiens par exemple. Cela n'arrivera pas», a-t-il dit. M. Bush a dû se résigner à un changement de cap en Irak après la défaite électorale des siens, à laquelle la guerre a fortement contribué. Il a sacrifié son secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, et son successeur, Robert Gates, était en Irak mercredi, deux jours seulement après avoir prêté serment, pour préparer une nouvelle stratégie. Au côté de M. Gates, le général John Abizaid, plus haut commandant pour le Proche-Orient, a annoncé son prochain départ à la retraite, confortant la suspicion que de nouveaux hommes pourraient être chargés d'une nouvelle politique. M. Bush devrait annoncer celle-ci en janvier. «Laissez-moi vous dire que nous considérons toutes les options», a-t-il dit. MM. Bush et Gates ont confirmé que l'une d'elles consistait dans l'envoi de troupes supplémentaires, malgré la réprobation qu'elle risque de rencontrer dans l'opinion américaine et la nouvelle majorité démocrate. M. Bush a cependant assuré ne pas avoir encore pris de décision sur la question cruciale des effectifs. Mais il a confirmé son intention d'augmenter la taille de l'armée de terre et du corps des Marines. Il a de nouveau opposé une fin de non-recevoir à l'une des idées qui lui est soumise avec le plus d'insistance: l'ouverture de discussions, sans autre préalable, avec les deux bêtes noires des États-Unis dans la région, l'Iran et la Syrie, pour les associer à la stabilisation de leur voisin irakien. La majorité démocrate qui s'installera au parlement en janvier a signifié qu'elle préparait une cohabitation difficile à M. Bush. Son futur chef au Sénat, Harry Reid, a réclamé un début de retrait des troupes. «Il est troublant de voir que (M. Bush) ne comprend toujours pas la nécessité d'un changement urgent en Irak».
Agence France-Presse
Washington
4 Annexes
4-1 Iraqi trade unions attack plans for foreign company control of oil.
traduction literale :
Les syndicats irakiens attaquent des plans pour la commande de compagnie étrangère d'huile.
Les chefs du mouvement de travail de l'Irak ont aujourd'hui critiqué des plans de gouvernement « pour remettre le contrôle » de la production de pétrole du pays aux compagnies multinationales. Lors d'une réunion à Amman, la Jordanie, chefs de cinq fédérations du syndicat de l'Irak - entre elles représentant des centaines de milliers d'ouvriers - réclamées un principe fondamental repense de la prochaine loi d'huile, qui est conçue pour permettre l'investissement étranger dans le secteur pétrolier. On s'attend à ce que la loi a été préparée par un comité irakien de coffret, et soit présentée au parlement irakien pour la ratification en prochaines semaines. L'opposition par les syndicats puissants de l'Irak consternera le gouvernement des USA, qui est vif pour voir la loi en place vers la fin de l'année. Depuis l'été, les fonctionnaires des USA avaient réclamé une loi d'huile pour encourager l'investissement étranger en pétrole de l'Irak - un appel réitéré par le groupe d'étude de Boulanger-Hamilton Irak dans son rapport la semaine dernière. [1] Les dirigeants syndicaux ont critiqué le rôle principal pour les compagnies étrangères dans le projet de loi, qui indique que jusqu'à deux-tiers des réservations connues de l'Irak serait développé par des multinationales, dans le cadre des contrats durant pendant 15 à 20 années. [2] Cette politique serait un changement radical pour l'industrie pétrolière de l'Irak, qui a été dans le secteur public pendant plus de trois décennies - et se casserait de la pratique normale dans le Moyen-Orient parmi les voisins de l'Irak. Dans un rapport commun, les syndicats ont rejeté « remettre du contrôle de l'huile aux compagnies étrangères, dont le but est de faire de grands bénéfices aux dépens des irakiens, et pour voler la richesse nationale, selon le terme, les contrats injustes, qui minent la souveraineté de l'état et la dignité des irakiens ». Le rapport a ajouté que c'était « une ligne rouge » qu'ils ne laisseraient pas être croisés. Ils étaient également fâchés contre leur exclusion du processus de rédaction, et réclamé un retarder à la loi, pour permettre la consultation appropriée. « Les irakiens refusent d'accorder le futur d'huile être décidés derrière les portes fermées », ils ont énoncé. Hasan Jum' a, président de la fédération des syndicats d'huile, a commenté, « cette loi a beaucoup de problèmes. Il a été préparé sans consulter les experts irakiens, la société civile irakienne ou les syndicats. Nous rejetons cette ébauche et exigeons plus d'heure de discuter la loi. » ' Adnan Saffar, membre du comité de direction de la fédération générale des ouvriers irakiens, supplémentaire, « l'intérêt national irakien est rendu dans cette loi qui permet aux compagnies étrangères les limites d'investissement qui exploitent la richesse du pétrole de l'Irak. Elles bénéficient les investisseurs étrangers davantage qu'elles bénéficient les ouvriers irakiens, par les contrats à long terme d'huile qui effectuent négativement la souveraineté et l'indépendance nationale de l'Irak ».

Notes 1 : Par exemple, en octobre, ambassadeur des USA vers l'Irak Zalmay Khalilzad et Général George Casey, la tête des opérations des USA en Irak, a énuméré le dépassement d'une telle loi qu'une des « étapes importantes » elles pressurisaient le gouvernement irakien pour fournir. Des appels semblables ont été faits par le secrétaire d'état Condoleezza Rice (voir par exemple www.state.gov/secretary/rm/2006/75418.htm) et le SAM Bodman de secrétaire d'énergie (par exemple AFP, 18 jui. 06, le `USA veut la nouvelle loi de pétrole de l'Irak ainsi les sociétés étrangères peuvent participer'). Secion II.B.5 du rapport de groupe d'étude de l'Irak (pp.83-85) recommande que le gouvernement tous les deux des USA donnent un avis sur écrire une loi d'huile, et encourage les compagnies pétrolières internationales à investir. de nouveau au dessus 2 : Voir par exemple le dow jones Newswires le 6 déc. 06, la loi d'hydrocarbure de l'ébauche de l'Irak de `recommande PSAs' de nouveau au dessus Nouvelles Nouvelles
http://www.carbonweb.org/showitem.asp?article=223&parent=39