mardi, février 20, 2007

N° 252 - Journal d'Irak Special dossier- 20-02

Sommaire :
1 Médias
Vidéo : Les mercenaires en Irak..
2 Les Brèves..
2-1 «Weekly Standard» veut privatiser la CIA.
3 Dossier & Point de vue.
3-1 Point de vue de Bernard Estrade : Les mercenaires à la rescousse de l'US Army.
3-2 Sandy English : les violences contre des étudiants et des enseignants ne cessent de croître.
3-3 Karim Mohsen : L’unilatéralisme US mis à l’index.
3-4 Point de vue de Feurat Alani : Bagdad, on ne vit plus, on survit».
4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net.
4-1 La Belgique accusée de retenir des informations sur les vols CIA.
4-2 La Belgique appelée à clarifier son rôle dans le transfert des détenus de la CIA.
1 Médias/Vidéo
1-1 Vidéo : Les mercenaires en Irak.
La privatisation de la guerre... excellent documentaire en français sur les mercenaires engagés en Irak, y compris français... ici ceux de la société Vinnell, Black Water, Dyncorp qui prend 40 millions de dollars pour entraîner les militaires irakiens. Il y a plus de 15 000 "militaires privés". N'oublions pas que toutes ces "sociétés" sont des amis aux amis de Bush... mafia et compagnie. Tout est bon pour faire du fric.
Posté par Adriana Evangelizt
http://usa-menace.over-blog.com/article-5626716.html

2 Les brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
Marc
2-1 «Weekly Standard» veut privatiser la CIA.
Le Weekly Standard propose, dans son édition à paraître le 5 février 2007, de privatiser la CIA. Selon le journaliste Michael Rubin, malgré les moyens considérables dont elle dispose, l’Agence de renseignement ne produit que des analyses médiocres, voire erronées. La privatisation partielle de la CIA et son ouverture à la concurrence permettrait de la dynamiser, sur le modèle de ce que la NSA a fait en privatisant une de ses branches sous le nom de SAIC.
Ce que l’hebdomadaire des néo-conservateurs ne dit pas, c’est que la NSA privatisa la SAIC la veille d’une inspection par une commission parlementaire de manière à échapper à tout contrôle. De même le Weekly Standard présente son journaliste Michael Rubin comme un ancien collaborateur du secrétariat à la Défense sans indiquer qu’il travaillait au sein d’une structure de renseignement opaque, le Bureau des plans spéciaux (Office of Special Plans), créée pour échapper au contrôle parlementaire.
En réalité, un vent de panique a saisi la CIA après l’élection surprise de John D. Rockefeller IV à la présidence de la Commission sénatoriale du renseignement. Cet élu démocrate, héritier de la dynastie Rockefeller, est le vilain petit canard de la famille. Aussi célèbre pour sons sens de l’auto-dérision que son grand-père et ses oncles le furent pour leur arrogance, il s’est distingué en défendant les intérêts des ouvriers des mines de charbon et en luttant contre l’OMC. Il aurait décidé de virer tous les fonctionnaires de la Commission du renseignement et de nommer à leur place des enquêteurs persévérants. Il disposerait de taupes au sein de l’Agence et voudrait empêcher que se reproduise à propos de l’Iran les intoxications que la CIA avait couverte au sujet de l’Irak.
3 Dossier & Point de vue
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
3-1 Point de vue de Bernard Estrade : Les mercenaires à la rescousse de l'US Army.
Voilà un article qui tombe à pic alors que nous avons posé précédemment une vidéo sur les mercenaires en Irak. Le chiffre est à la hausse, il serait 100 000 sur le terrain.
Et le général Petraeus vient carrément de déclarer qu'il ferait appel à eux pour le "nettoyage" en Irak. Car pour nous, c'est du "nettoyage". Inutile de se poser des questions sur leur manière de procéder. Il semble que l'armée a de plus en plus de mal à recruter des hommes et de surcroît, les mercenaires ne sont pas comptés bien évidemment dans les morts US.
Pour la première fois dans l’histoire de l’armée américaine, l’un de ses commandants en chef a publiquement déclaré compter sur des forces mercenaires pour mener à bien la mission dont il a été chargé par le Président des États-Unis. « C’est une conséquence de l’évolution moderne de la stratégie contre l’insurrection », a même estimé le général David Petraeus devant le Sénat américain lors de l’audition préalable à sa confirmation de commandant suprême des forces américaines en Irak.
Présenté par la Maison Blanche comme l’homme providentiel, mi-guerrier mi-intellectuel, seul capable de trouver la sortie du bourbier irakien ; le général David Petraeus a supervisé la première révision en vingt ans du manuel de contre insurrection de l’armée américaine.
Selon cette nouvelle doctrine, l’effectif nécessaire pour reprendre le contrôle d’une ville comme Bagdad ne peut être inférieur à un soldat pour 50 habitants.
Dans le cas de la capitale irakienne, où rétablir l’ordre et la sécurité constituera la mission première du général Petraeus, cela signifie 120.000 hommes. Beaucoup plus que les 40.000 à 85.000 qui seront, dans le meilleur des cas, à sa disposition.
« Ne vous inquiétez pas », a-t-il répondu aux sénateurs John McCain et Jack Reed qui soulignaient la contradiction, il y a en fait « des dizaines de milliers de personnels de sécurité supplémentaires, occidentaux et irakiens, sur lesquels je peux compter ».
Aux sénateurs lui faisant remarquer que les employés des compagnies privées n’étaient pas placés sous ses ordres et que les gardes irakiens armés étaient souvent en fait des miliciens, l’officier supérieur a répondu que les tâches qu’ils accomplissent « libèrent les soldats » (voir ici sur CBS News des extraits vidéos de l'audition du général Petraeus devant le Congrès)
Ces propos du général Petraeus jettent une lumière crue sur un aspect de la guerre que l’administration américaine, qui a de plus en plus de mal à aligner 140.000 soldats en Irak, préfère tenir dans l’ombre : la sous-traitance au secteur civil de missions relevant des armées.
Un rapport de l’organisme du Congrès chargé d'auditer l’administration (Government Accountability Office) a ainsi établi que les entreprises privées sous contrat avec le Pentagone ou le département d’État alignaient 100.000 employés civils en Irak, dont 48.000 pour des missions qui en font des « soldats privés ». Avec les dérives que l’on connaît – voir sur ce point les révélations de www.geopolitique.com relatives aux activités d’Halliburton en Irak.
Le plus souvent anciens militaires, ils assurent la garde rapprochée des personnalités et des officiels, pilotent des hélicoptères de combat ou des drones de reconnaissance et d’attaque, interrogent les prisonniers. Ils construisent aussi les bases américaines dont ils assurent le ravitaillement et l’intendance.
Leurs cadres sont en majorité américains, britanniques ou sud-africains mais les rangs subalternes comptent des ressortissants d’une myriade de nationalités, des Fidji à la Corée du sud en passant par l’Amérique Latine.
Deux des six hélicoptères de combat abattus en Irak depuis la mi-janvier appartenaient à Blackwater USA, une compagnie basée en Caroline du nord dont les contrats en Irak atteindraient 300 millions de dollars.
L’un des avantages du recours à ces personnels civils, qui, en d’autre temps étaient qualifiés de « mercenaires », est que leur mort n’alourdit pas les bilans des pertes du Pentagone. Entre 400 et 600 ont été tués en Irak depuis l’invasion américaine en 2003, mais ils sont comptabilisés à part –quand ils le sont.
Ils ne relèvent aussi d’aucune autorité autre que celle de leur employeur et, jusqu’à une modification récente du code militaire américain, ils se trouvaient de fait à l’abri de toute poursuite judiciaire.
Une inconnue subsiste pourtant et elle est de taille : comment ces personnels et leurs employeurs se conduiraient-ils en cas d’aggravation dramatique sur le terrain ? Fort-Alamo ou le sauve-qui-peut façon Saigon 1975 ?
Les mercenaires, que l’on aurait pu croire relégués dans les coulisses de l’Histoire par l’émergence des armées nationales au XIXe réinvestissent les champs de bataille de ce nouveau siècle.
La conséquence d’une réalité incontournable. Elle a été très clairement exposée par Erik Prince, le fondateur de Blackwater USA maintenant milliardaire : « Le Pentagone est consterné : ils estiment que pour augmenter les effectifs de 30.000 hommes, ils ont besoin d’ entre 3.6 et 4 milliards de dollars. J’ai fait le calcul, c’est 135.000 dollars par soldat : nous sommes en mesure de le faire pour beaucoup moins ».
Sources : Geopolitique com
Posté par Adriana Evangelizt
3-2 Sandy English : les violences contre des étudiants et des enseignants ne cessent de croître.
Le kidnapping de trois professeurs de droit et d’un étudiant lundi dernier ainsi que la mort ce dimanche de cinq élèves d'un collège de filles, sont révélateurs de l’effondrement du système d’éducation irakien qu’a entraîné l’invasion américaine.
Extraits Selon le New York Times, de nombreux collèges et écoles primaires ont ainsi été pris pour cible le mois dernier. Au collège de Gharbiya, à Bagdad, ce sont dix élèves qui ont été tués. Début décembre, un lycée pour filles d’un quartier à majorité chrétienne de Bagdad a dû être fermé après que des affiches ont été apposées, menaçant de mort les élèves qui s'y rendaient. La plus grave de ces exactions a été commise le 17 janvier, lorsque des bombes ont explosé dans la prestigieuse université de Mustansiriya à Bagdad, tuant plus de 70 étudiants, des jeunes filles pour la plupart, et laissant un grand nombre de blessés. Les bombes ont explosé au moment où les étudiants s’alignaient devant des camionnettes qui devaient les ramener chez eux. On s'attendait d'ailleurs à de telles attaques. Le journaliste Nir Rosen écrivait en décembre dernier sur le site Internet IraqSlogger, que le groupe fondamentaliste sunnite Ansar Al Sunna avait placardé des affiches et des banderoles dans des quartiers à majorité sunnite, appelant au boycott des universités par des étudiants sunnites. L’Université Mustansiriya avait été particulièrement ciblée. En réponse, une banderole avait été fixée à l’Université Mustansiriya où l’on pouvait lire « Nous ne cèderons pas au terrorisme, voilà notre réponse. » Les étudiants de cette Université sont chiites, sunnites, kurdes, chrétiens, etc. Il s’agit d’une guerre contre tout ce qui se rapporte à l’Irak. » Le 23 janvier, un professeur d’économie de l’Université Mustansiriya, Diya al-Meqoter, a été abattu d’une balle dans la tête et d’une dans la poitrine. Meqoter avait animé une émission télévisée très populaire qui accordait à des gens pauvres des aides afin qu’ils puissent démarrer de petits commerces.
Meqoter était aussi le directeur d’une Association de Consommateurs qui luttait contre les politiques inflationnistes des milieux d’affaires. Depuis l’invasion U.S. de 2003, ce sont plus de 300 professeurs d’université qui ont ainsi été assassinés. Près de 40% des professionnels de ce secteur ont fui à l'étranger, au nombre desquels plus de 3 000 enseignants. Des centaines d’autres se sont réfugiés au Kurdistan irakien, où ils sont à peu près en sécurité. Selon un rapport des Nations Unies paru en 2005, 84 % des installations d’enseignement supérieur d’Irak ont été « détruites, saccagées ou pillées », depuis l’invasion U.S. de 2003. En 1982, l’UNESCO avait attribué à l’Irak le prix d’éradication de l’analphabétisme. A l’époque, la population irakienne montrait l'une des plus fortes proportions de femmes sachant lire et écrire.
En 2004 – un an après le début de l’occupation américaine et après 12 ans d’embargo sponsorisé par les Nations Unies – l’UNESCO évaluait le taux d’alphabétisme chez les adultes à près de 74%.
En janvier 2007 le même organisme estimait que la proportion de femmes éduquées en milieu rural était tombée à 37 %. Cette même enquête démontrait qu'à peine 42% des garçons et 30% des filles d’âge scolaire, étaient effectivement scolarisés. Dans de nombreuses grandes villes du pays, si les Universités restent ouvertes elles sont littéralement désertes. À Basra, Mosul, et Divala de nombreuses écoles sont vides, les parents craignant trop de laisser leurs enfants se rendre dans les écoles primaires ou au collège. La destruction méthodique de l’infrastructure culturelle de l’Irak a commencé avec le pillage du Musée National en avril 2003, désastre qui n'a pu être perpétré que grâce à la présence des forces d’occupation U.S. Depuis, la destruction et l’occupation des écoles (30% des écoles de Ramadi sont occupées par les troupes U.S), et les efforts de l’Administration Bush pour attiser les haines sectaires ont entraîné le quasi-total effondrement du système d’éducation irakien. Cela ne peut pas ne pas être délibéré. Plus une population se trouve privée d’instruction et d’accès à la connaissance, plus il est facile de la soumettre à une domination semi-coloniale.
De fait la scolarisation de millions de jeunes irakiens est devenue impossible, des universitaires et des enseignants sont froidement abattus, les bibliothèques ferment et les sièges des journaux sont la cible d’attentats à la bombe
http://www.wsws.org/articles/2007/jan2007/stud-j31.shtml
Traduction : Sheza Moledina
31 janvier 2007
3-3 Karim Mohsen : L’unilatéralisme US mis à l’index.
Extraits : La «Davos de la sécurité» s’est ouverte hier, en présence, notamment du président russe Vladimir Poutine.
Invité de marque à la 43e conférence internationale sur la sécurité de Munich, estimée comme étant au militaire et à la sécurité ce qu’est Davos aux finances et à l’économie, le président russe Vladimir Poutine en a été, incontestablement, la vedette à l’ouverture des travaux de la réunion qui s’achève aujourd’hui. 270 participants militaires et politiques représentant une quarantaine de pays prennent part à un rendez-vous très attendu dans le contexte des situations prévalant en Irak et dans les territoires palestiniens occupés, des crises du nucléaire iranien et nord-coréen, entre autres. De fait, l’édition de 2007 de Munich qui arrive quelques jours après la réunion informelle à Séville (Espagne) des ministres de la Défense de l’OTAN, est centrée sur le thème de «Crises globales, responsabilité globale».

Une quarantaine de pays, dont les Etats-Unis et l’Iran, notamment, en sus de l’Allemagne et de la Russie, y ont délégué des représentants dont le nouveau secrétaire à la Défense américain, Robert Gates, et le chef du Conseil national de la sécurité iranien et principal négociateur sur le nucléaire, Ali Larijani.

Mais, hier, c’est l’intervention du président russe Vladimir Poutine qui a été le clou de la réunion faisant de l’effet sur l’assistance. Le chef du Kremlin a, particulièrement, mis à l’index l’unilatéralisme des Etats-Unis, indiquant que ces derniers «débordaient de leurs frontières nationales dans tous les domaines» et que cela était un facteur d’instabilité dans le monde. «Les Etats-Unis sortent de leurs frontières nationales dans tous les domaines et cela est très dangereux, personne ne se sent plus en sécurité parce que personne ne peut plus trouver refuge derrière le droit international», a déclaré le chef de l’Etat russe. «Un monde unipolaire ne signifie en pratique qu’une chose, un centre de pouvoir, un centre de force, un centre de décision agissant comme un maître unique, un souverain unique. C’est fatal pour le souverain lui-même qui se détruira de l’intérieur. Cela n’a rien de commun avec la démocratie», a souligné le président russe. Et Vladimir Poutine de signaler à l’assistance, que quatre pays dits «émergents» le Brésil, la Chine, l’Inde et la Russie ont, à eux quatre, un PNB supérieur à celui des 27 pays de l’Union européenne réunis, insistant «nous devons vraiment penser à l’architecture mondiale» estimant que «ce fossé va s’élargir et le potentiel économique de nouveaux centres dans le monde va consolider la multipolarité».
Enfonçant le clou, M.Poutine ajoute, «de toute manière, le monde unipolaire ne fonctionnerait pas car il ne serait pas à même de défendre les principes sur lesquels le monde repose» et de soutenir «l’usage de la force n’est légitime que sur la base d’un mandat des Nations unies, pas de l’Otan ou de l’Union européenne». En allusion à l’interventionnisme tous azimuts des Etats-Unis et singulièrement leur invasion de l’Irak, sous des prétextes qui se sont révélés, par la suite, sans fondements et à tout le moins fumeux, il dira: «Des actions unilatérales, illégitimes, n’ont pas réussi à régler les problèmes mais ont, au contraire, aggravé les tragédies humaines.» Il aura ces mots sévères à l’adresse des nouveaux seigneurs de la guerre: «Des pays, qui ont aboli la peine de mort, participent allègrement à des opérations militaires illégitimes, qui provoquent la mort de centaines de personnes». C’est ce qui se passe, aujourd’hui, tant en Irak qu’en Afghanistan où les nouvelles coalitions «pour la paix» font de plus en plus de dégâts dans les pays qu’ils sont censés protéger.
Karim MOHSEN 31 janvier 2007
3-4 Point de vue de Feurat Alani : Bagdad, on ne vit plus, on survit»
Le nouveau plan de sécurité «Ordre et loi» ne convainc pas les Bagdadis, blasés et habitués au pire.
Rana, jeune mère d'une fille et d'un garçon, en rêve. Moderne, musulmane pratiquante mais ne portant pas le voile, Rana s'est mariée en plein embargo, il y a dix ans, et elle a connu trois guerres consécutives. Elle habitait dans un quartier mixte souvent cible d'attentats en plein centre de Bagdad, près de la zone verte ultraprotégée - le quartier des institutions et des ambassades. Après des menaces à l'encontre de sa famille, elle et son mari, Laith, décident de déménager à l'ouest de la capitale dans l'arrière-boutique d'un proche. A l'abri des regards. Assise sur un canapé, sous la lumière tamisée de quelques bougies, faute d'électricité, elle remarque que le quatrième anniversaire de l'entrée des troupes américaines en Irak approche. Ce qui a réellement changé dans les rues irakiennes? «Rien», lance-t-elle. Ce qu'elle attend du nouveau plan de sécurité mis en place à Bagdad? Même réponse. Les jeunes comme les plus vieux sont fatigués de vivre au rythme des coupures de courant et «comme des machines», déplore la jeune mère à la silhouette fine. «Pourquoi nos conditions de vie ne progressent-elles pas alors qu'il suffit de creuser un trou pour trouver du pétrole en abondance?» interroge-t-elle avec ironie. Une manière de poser la question, rarement évoquée: «Mais où va donc notre pétrole?» En attendant une éventuelle réponse, Rana doit élever ses enfants au milieu des bombes, des enlèvements et des violences interconfessionnelles. Confinés à la maison, ses enfants connaissent par cœur les gestes de survie en cas d'attaque. «Si ça explose, il faut s'éloigner des fenêtres et des portes. Et surtout s'allonger à plat ventre au pied du mur. Si possible, derrière le canapé», récite Saadallah, du haut de ses 6 ans. A plusieurs reprises, les vitres de la maison ont volé en éclats. Avec sa sœur, Sarah, ils prennent le chemin de l'école à pied et souvent seuls. «Dans la classe, raconte-t-il, il y a souvent des chaises vides, et les fenêtres n'ont plus de vitres.» Ses camarades de classe se font de plus en plus rares. Comme les instituteurs. En Irak, les écoles publiques ferment... et les cours privés font florès. Pour des raisons de sécurité, les enseignants se reconvertissent dans les cours particuliers à domicile. Ainsi, dans l'enseignement public, «la bataille est perdue d'avance», confie une institutrice, elle-même démissionnaire. Les enseignants et les bus scolaires sont la cible d'attentats. Aujourd'hui, le taux de scolarisation est au plus bas à cause de l'insécurité. En témoignent les parents inquiets qui attendent leurs enfants à la sortie de l'école. Un jour d'été, un missile avait touché la cour de l'établissement. Bilan: trois victimes. Toutes étaient des enfants. Il y a aussi la peur de l'enlèvement qui se lit sur leurs visages. Rana, elle, attend seule. Il est loin le temps où elle vivait dans sa belle maison au centre de Bagdad, lorsqu'un chauffeur de taxi allait chercher ses enfants et les accompagnait jusque devant la porte du jardin. Mais, depuis les points de contrôle incessants et les embouteillages monstres à Bagdad, il a renoncé à venir dans ce quartier de l'ouest réputé dangereux. Parce qu'elle doit bien vivre, Rana va faire les courses parfois au péril de sa vie. Lorsqu'elle se rend au marché, une bombe peut exploser à tout moment. La jeune femme en est consciente. «J'y vais bon gré mal gré. De toute façon, je n'ai pas le choix», concède-t-elle. Quasi quotidiennement, les grands marchés de Bagdad, comme le très fréquenté «Chorja» au centre-ville, sont la cible d'attentats meurtriers. Son mari, Laith, travaille dans les commerces en gros de «Jamila», à l'est de Bagdad. Ce dernier ne parle plus beaucoup. La plupart de ses amis ont quitté le pays. Ils font partie de ces deux millions d'Irakiens qui ont choisi la Jordanie et la Syrie pour exil. C'est sur les bancs de l'université que Rana et Laith s'étaient rencontrés. Contrairement à d'autres couples parfois issus de mariages arrangés, ils sont tous les deux tombés amoureux l'un de l'autre. Dans une société à mi-chemin entre tradition et valeurs occidentales, il est difficile pour les deux sexes de se parler hors du cadre familial. «L'université est le seul lieu de rencontre officieusement autorisé», confie Rana. «Notre priorité aujourd'hui, c'est la survie de notre famille, de nos enfants. Qu'ils aillent à l'école, qu'ils mangent à leur faim.» Il y a également ce sentiment de confiance qui a été remplacé par la paranoïa. «Même entre voisins de palier, l'inquiétude règne. On ne dit jamais où l'on va. On essaie de se faire discret. Souvent, les enlèvements sont commis par des voisins», affirme-t-elle. Elle regrette le temps où elle pouvait sortir avec ses amies au volant de sa voiture sans risquer d'être prise pour cible par un attentat ou d'être prise entre deux feux lors d'un accrochage armé. A Bagdad, l'histoire de cette famille ressemble à beaucoup d'autres. Les jours défilent avec les mêmes problèmes récurrents. Amer constat ou réel pessimisme de leur part, les Irakiens ne vivent plus. Ils survivent. Et ne rêvent que d'une chose: fuir le pays.
par Feurat Alani
4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
4-1 La Belgique accusée de retenir des informations sur les vols CIA.
Le Parlement européen (PE) a appelé plusieurs pays de l'UE à dévoiler leurs informations relatives aux pratiques illégales de la CIA en Europe, dans un rapport adopté mercredi. Il "invite" notamment la Belgique "à rendre publics les résultats de toutes les enquêtes qui ont eu lieu sur l'utilisation (par la CIA) d'aéroports belges et de l'espace aérien belge par des aéronefs".
EnquêtesLes eurodéputés ont toutefois clairement amendé le texte initial, issu de la commission ad hoc, qui "déplorait", à l'initiative de Frida Brepoels (N-VA, la seule Belge membre de la commission CIA) "que la Belgique n'ait pas procédé à une enquête approfondie". Ils ont aussi adopté un amendement notant "que les autorités belges ont transmis à la commission temporaire les résultats de toutes les enquêtes qui ont eu lieu depuis novembre 2005".
Après le vote, Mme Brepoels s'est pourtant félicitée que le Parlement ne "se soit pas incliné devant la pression de la diplomatie belge". Selon elle, "au cours des deux dernières semaines, le gouvernement a exercé, via ses représentants diplomatiques, une pression sur le Parlement".
VoteDe manière générale, le rapport sur la CIA, approuvé mercredi par 382 voix pour, 256 contre et 74 abstentions, critique plusieurs Etats membres pour avoir fermé les yeux sur les transferts secrets de prisonniers par la CIA. Il demande au Conseil qui représente les 27, d'engager une "enquête indépendante".
Le texte est nuancé au sujet de la Belgique, qui est en même temps "invitée à rendre publics les résultats des enquêtes" et louée pour avoir "transmis à la commission temporaire les résultats de toutes les enquêtes qui ont eu lieu depuis novembre 2005". [faux : cf article suivant] Le rapport pointe aussi les déclarations de la présidente du Sénat, Anne-Marie Lizin, selon laquelle la transparence des services de renseignements a été insuffisante dans ce dossier.
14 févrierhttp://www.7sur7.be/hlns/cache/fr/det/art_379025.html?wt.bron=homeHVDN
4-2 La Belgique appelée à clarifier son rôle dans le transfert des détenus de la CIA.
Le rapport détaille, pays par pays, le niveau d'implication des autorités dans les arrestations arbitraires effectuées par la CIA sur le continent européen dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
L'amendement signé par Véronique De Keyser assure "que les autorités belges ont transmis à la commission temporaire les résultats de toutes les enquêtes qui ont eu lieu depuis novembre 2005".Le vote du Parlement européen sur les pratiques illégales de la CIA a donné lieu mercredi et jeudi à une grande confusion auprès des eurodéputés belges, qui se sont longuement opposés sur l'interprétation d'un rapport adopté en séance plénière.
Ce rapport détaille, pays par pays, le niveau d'implication des autorités dans les arrestations arbitraires effectuées par la CIA sur le continent européen dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
A propos de la Belgique, le texte final:- "invite le gouvernement belge à rendre public les résultats de toutes les enquêtes qui ont eu lieu sur l'utilisation d'aéroports belges et de l'espace aérien belge par des aéronefs utilisés dans le cadre du programme de restitutions extraordinaires ou pour le transport de détenus" (paragraphe 132).
- "prend acte des déclarations d'Anne-Marie Lizin, présidente du Sénat belge, qui déplore le manque de coopération des services de renseignement belges et des autorités belges au début de l'enquête; renvoie, toutefois, aux conclusions finales du rapport du Sénat belge qui témoignent de la volonté de la Belgique de dépasser les problèmes rencontrés (paragraphe 133).
Cette formulation est le résultat d'un vote complexe, impliquant des amendements oraux et écrits, qui a mis aux prises les députés de la majorité violette et ceux de l'opposition sur le rôle du gouvernement. Il a plus particulièrement opposé Véronique De Keyser (PS) et Frida Brepoels (N-VA, la seule Belge ayant siégé dans la commission CIA), qui ont diffusé des communiqués contradictoires après le vote.
La dernière a accusé le gouvernement d'avoir exercé, au cours des dernières semaines, une pression sur le Parlement européen via ses représentants diplomatiques. La députée s'est félicitée que le Parlement ne "se soit pas incliné devant la pression de la diplomatie belge".
A la faveur de la confusion régnant sur le vote, Mme De Keyser a quant à elle envoyé une mise au point à l'agence Belga, dans laquelle elle assurait qu'un amendement signé de sa plume, plus clément pour la Belgique, avait été adopté. Le dit amendement assure "que les autorités belges ont transmis à la commission temporaire les résultats de toutes les enquêtes qui ont eu lieu depuis novembre 2005" et "constate que les investigations nécessaires se sont avérées négatives".
En réalité, cette formulation n'a pas recueilli la majorité des suffrages mercredi. Reconnaissant une "erreur", le service de presse de Mme De Keyser a présenté des excuses jeudi.
15 févrierhttp://www.7sur7.be/hlns/cache/fr/det/art_380046.html?wt.bron=hlnMatrix