N° 243 - Journal d'Irak Special dossier - 11-07
Sommaire :
2 Les Brèves.
2-1 Marco Louvier : USA = La plus sanglante organisation terroriste de la planète.
3 Dossier & Point de vue
3-1 Point de vue de Salim Nazzal : Chronique de la mort annoncée de Saddam.
3-2 Point de vue de Mohamed Othman Benjelloun : Etats-Unis : (In)sensibilité orientale.
3-4 Point de vue de Ron Paul : Le régime irakien est tombé..
4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net.
4-1 Salah Almoukhtar : Les escadrons de la mort en Iraq : Qui les dirige et quels sont leurs objectifs ?
4-2 Philippe Grangereau : Le congrès américain, à majorité démocrate, entre en fonction aujourd'hui….
5 Annexes : Pétrole quand tu nous tient ...
5 -1 Michel Chossudovsky : La « diabolisation » des musulmans et la bataille pour le pétrole.
5-2 Danny Fortson, Andrew Murray-Watson et Tim Webb : Le butin de guerre.
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2 Les brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
Marc
2-1 Marco Louvier : USA = La plus sanglante organisation terroriste de la planète.
Depuis cinquante ans, c'est l'organisation terroriste la plus sanglante de la planète. Son réseau est mondial, ses moyens incommensurables, ses forfaits atroces. Bombes à fragmentations, armes nucléaires, agents chimiques, coups d'Etat, génocides,... le gouvernement américain ne recule devant rien pour imposer sa folie religieuse: celle du profit des multinationales.
Marco Louvier
Irak
«...Nous pensons que le prix en valait la peine.» (Madeleine Albright, secrétaire d'Etat US, à propos des 600.000 enfants irakiens morts à cause des sanctions américaines).
Lorsqu'elles accouchent, les femmes irakiennes ne demandent pas si c'est un garçon ou une fille mais si le bébé est normal: conséquence des armes US à l'uranium appauvri. Pourtant, Bush veut une nouvelle guerre contre l'Irak.
Vietnam
«Nous étions souvent envoyés en mission «search and destroy»... En langage militaire, cela signifie qu'il fallait tirer sur tout ce qui bouge et mettre le feu au village. Les résultats étaient presque toujours catastrophiques.» (Jim Linnen, chef de bataillon US au Vietnam, à propos du massacre de My Lai, 1968)
A My Lai (photo), la consigne était de tout massacrer: enfants, femmes, vieillards. La guerre du Vietnam a coûté au peuple 39 ans d'atrocités et 3 millions de morts.
Hiroshima
«Hiroshima et Nagasaki ont été choisis en raison de leur concentration d'activités et de population.» (Rapport officiel de l'U.S. Strategic Bombing Survey)
Cent mille morts à Hiroshima, cinquante mille à Nagasaki, des dizaines de milliers touchés par les radiations. La bombe atomique, comme l'avait dénoncé Albert Einstein, a servi à précipiter la fin de la guerre dans le Pacifique avant l'arrivée des Soviétiques.
Corée
«La guerre de Corée a été une bénédiction. Il fallait qu'il y eût une Corée, ici ou ailleurs dans le monde.» (Général Van Fleet, US Army).
En Corée, les Etats-Unis ont utilisé les armes les plus abominables, y compris des bombes bactériologiques causant choléra, peste, méningite, anthrax... Pyongyang (photo) a été presque entièrement rasé. La guerre a tué 4,6 millions de Coréens.
Afghanistan
«Le peuple opprimé d'Afghanistan va connaître la générosité de l'Amérique et de nos alliés. (...) Que Dieu continue à bénir l'Amérique.» Discours du président George W. Bush annonçant le début des frappes américaines sur l'Afghanistan.
Les enfants qui dormaient sur le toit ont été déchiquetés: le village de Karakak célébrait une noce et l'aviation américaine est passée par là... Au total, les «frappes chirurgicales» en Afghanistan ont tué plus de 3.000 civils. Plus que les victimes du WTC.
Nicaragua
«Ils s'introduisent dans les villages, font sortir les familles. Forçant les enfants à regarder, ils castrent le père. Lui écorchent le visage. Lui mettent en bouche une grenade dégoupillée. Forçant les enfants à regarder, ils violent collectivement la mère. Lui coupent les seins. Et parfois, pour changer, ils font tout ça aux enfants et obligent les parents à regarder.» (John Stockwell, ancien de la CIA et des Marines, à propos des contras nicaraguayens que le président Reagan nommait les «combattants de la liberté».)
«Un nombre (de morts),
ça ne m'intéresse pas terriblement»
(Général Colin Powell)
Assassinats
Parmi les dizaines de chefs d'Etat et de personnalités qui ont fait l'objet de plans d'assassinat - réussis ou ratés - de la part des services secrets américains, le dirigeant cubain Fidel Castro a certainement été le plus visé: 600 tentatives.
Armes chimiques et biologiques
Les Etats-Unis ont abondamment utilisé des armes chimiques et biologiques lors de la guerre de Corée. Ils ont couvert le Vietnam, le Laos et le Cambodge d'«agent orange». Et déverseraient un «agent vert» dans les zones où opère la guérilla colombienne. A l'époque de l'apartheid, ils ont encouragé le régime sud-africain à utiliser de telles armes contre la population noire. Aujourd'hui, Bush accuse Cuba de préparer des armes bactériologiques alors que les USA les ont employées de nombreuses fois contre l'île. Lors de la plus grave contamination, en 1981, des germes de la dengue hémorragique ont touché 344.203 Cubains et en ont tué 158, dont 101 enfants.
Arrestations anti-antiterroristes
Cinq Cubains ont été lourdement condamnés (jusqu'à deux fois la perpétuité) aux Etats-Unis, fin 2001, non pour avoir préparé des actions terroristes, mais parce qu'ils voulaient en empêcher, en infiltrant l'extrême droite anticastriste de Miami.
Bombes à fragmentations
Les bombes à fragmentations sont une des armes les plus sanguinaires de l'arsenal américain. Elles sont remplies de plusieurs centaines de petits morceaux de métal pointus qui déchirent la chair des victimes, leur arrachent une jambe, un bras ou la tête. L'armée US en a larguées des millions sur le Vietnam, le Laos et le Cambodge. Ils en ont aussi lâchées sur l'Irak, la Yougoslavie et l'Afghanistan. Dans ce dernier pays, elles avaient la même couleur jaune que les colis humanitaires jetés par l'aviation US.
Bombes nucléaires
Les Etats-Unis ont été la seule puissance à utiliser l'arme nucléaire dans l'histoire, à Hiroshima et Nagasaki. Et ils ont été prêts à la réutiliser plusieurs fois par la suite. Ainsi, en 1953, lors de la guerre de Corée, le Général Omar Bradley écrivait au président Eisenhower qu'il fallait «entreprendre des opérations aériennes, navales et terrestres, y compris un large usage des bombes atomiques stratégiques et tactiques, de manière à obtenir l'effet de surprise maximum et le plus grand impact militaire et psychologique possible sur l'ennemi.» Après le bouclier antimissile, dont Bush a accéléré le programme après le 11 septembre, les Etats-Unis mettront hors-jeu les bombes de dissuasion de pays comme la Chine, l'Inde ou la Russie. Ce qui signifie qu'ils auront moins de retenue à faire de nouveaux Hiroshima.
Coups d'Etat
On ne compte plus les coups d'Etat fomentés dans le monde par les USA. Parmi les plus récents, celui (manqué) contre le président vénézuélien Chavez - qui contrairement à Bush n'était pas «presque élu» - a fait 41 morts et des centaines de blessés. Parmi les plus emblématiques de la politique pro-dictateur des Etats-Unis, celui commis un 11 septembre, en 1973, contre le président chilien Allende.
Génocides
Si l'on ne compte que ceux ayant fait plus d'un million de victimes, la liste des génocides commis par ou à l'instigation des Etats-Unis sur à peine un demi-siècle est ahurissante: Corée, Vietnam-Laos-Cambodge, Indonésie, Irak, Congo. Dans ce dernier pays, l'agression ougando-rwandaise programmée depuis Washington a tué à ce jour - par les armes ou à cause des conséquences sociales - quatre millions de personnes. Et la guerre continue.
Uranium appauvri.
Les Etats-Unis ont utilisé des armes à l'uranium en Yougoslavie et en Irak. C'est dans ce pays qu'on a le plus de recul pour en constater les terribles effets, bien qu'on estime que le pire est encore à venir. Le nombre des malformations congénitales et de tumeurs a explosé. Des filles de quatorze ans font des cancers du sein.
Marco Louvier
Solidaire 11-09-2002
Pour en savoir plus sur le terrorisme des Etats-Unis: www.americanstateterrorism.com
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3 Dossier & Point de vue
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
Marc
3-1 Point de vue de Salim Nazzal : Chronique de la mort annoncée de Saddam.
Au début du procès de Saddam Hussein une (étrange !) explosion a été entendue à Bagdad.
Pour les journalistes étrangers qui n'étaient pas au courant de l'histoire de l'Irak, l'événement ne présentait aucune différence avec toutes les autres explosions qu'ils entendaient dans cette période post-occupation. La cible de l'explosion était une belle sculpture de Abou Jafar Al-Mansour ; le Calife Abbasside, qui construisit Bagdad en 762 et lui donna le nom de Dar Al-Salam, signifiant " La maison de la paix ". " L'exécution " de la sculpture de Abou Jafar Al-Mansour a été interprétée par quelques politiciens irakiens comme une tentative de " dés-arabiser " l'Irak.
Dhafer Al-Ani, un politicien irakien, jette la lumière sur une perspective plus large de cette destruction, en déclarant " Ils éliminent chaque site historique Musulman Arabe, mais les sites qui représentent l'occupation étrangère à travers l'histoire sont bien entretenus ", et il rajoute, " c'est comme le cas de Taw Kisra, le palais des empereurs persans qui ont régné sur l'Irak entre le troisième et le sixième siècle. "
Pour comprendre les conséquences de l'argument d'Al-Ani par rapport à la scène culturelle et politique irakienne actuelle, la première étape est de trouver un possible lien entre " l'exécution " de la sculpture de Abou Jafar Al-Mansour et la littérature politique de ceux qui ont envahi et ont aidé à l'invasion de l'Irak. L'administration US a dit qu'elle avait envahi l'Irak pour deux raisons : les capacités atomiques de l'Irak et son lien avec Al-Qaeda, ni l'une ni l'autre [de ces raisons] n'ayant été démontrée.
L'opposition irakienne antérieure, qui dirige actuellement le gouvernement irakien, se trouve être contre le régime pan-Arabe de Bagdad et elle s'est alliée politiquement avec les USA -- un pays qui a de longs antécédents de soutien aux régimes oppresseurs arabes et à l'occupation israélienne n'a pas besoin de plus d'explication. Et au point de vue idéologique, l'ancienne opposition irakienne qui dirige le gouvernement actuel s'est alliée avec le régime iranien, un état qui a un dossier honteux en ce qui concerne la démocratie.
Dès le début de cette invasion les USA ont vu l'Irak comme une nation composée de divers sectes et groupes ethniques : les Sunnite, les Chiites et les Kurdes. Ils ne voient pas l'Irak en tant que nation des irakiens. Cette politique était adoptée par les irakiens pro-US et pro-Iran avant même l'arrivée de la véritable invasion. Aux conférences de Londres et de Salahuddin, dans la période avant l'occupation, l'opposition irakienne cherchait à diviser l'Irak en trois parties. Les USA ont créé les conditions socio-politiques qui ont permis aux forces irakiennes pro-iraniennes de réaliser leur politique anti-arabe. Cela est révélé par la politique du gouvernement pro-Iran : son rejet à se référer à l'identité arabe de l'Irak dans la nouvelle Constitution, ses efforts pour changer le drapeau irakien, et l'adoption d'une loi proscrivant le Parti Baas, ce qui était la maximisation des efforts de dés-arabisation de l'Irak. Et, en dépit des différences iraniennes et étasuniennes sur un certain nombre de questions, les deux intérêts se sont rencontrés en Irak. Cette situation a soulevé de sérieuses questions au sujet de la politique de l'Iran au Moyen-Orient. Avant l'occupation US, l'Iran n'avait aucune influence en Irak, mais après l'occupation, l'Iran est manifestement le bénéficiaire principal de l'occupation. Le but ici n'est pas créer des théories de conspiration au sujet d'une alliance secrète entre les USA et l'Iran, parce que dans ma perspective c'est pure imagination, mais de voir plutôt que leurs intérêts sont servis à tous les deux en Irak. Peut-être est-ce une conséquence inattendue née de l'incapacité de l'administration Bush à prévoir les retombées de l'invasion.
Le nationalisme Arabe est l'ennemi des USA et par conséquent d'Israël et il contredit la doctrine sectaire de Téhéran qui cherche à se développer en exploitant les sentiments arabes des musulmans chiites. Par conséquent la réponse arabe naturelle aux USA et à l'Iran est d'édifier des régimes arabes démocratiques dans lesquels tous les citoyens sont égaux, indépendamment de la foi et de l'appartenance ethnique. L'absence de solidarité et de démocratie arabes seront toujours des brèches par lesquelles les USA et Israël s'engouffreront.
L'ironie (pour ne pas dire plus) de la politique de l'Iran peut être prouvée de manière claire en comparant la situation de l'Irak à celle du Liban. En Irak occupé, les forces pro-iraniennes sont les piliers de l'occupation US et des forces anti-arabes ; au Liban, qui n'est pas occupé, l'Iran soutient le Hezbollah, qui est structurellement un parti Musulman Chiite, mais qui a un discours Arabe pan-islamique. Cela ne signifie pas qu'il faille assimiler le Hezbollah aux forces sectaires irakiennes, mais cela soulève plutôt la question de la politique iranienne à double mesure au Moyen-Orient. Néanmoins, il est important de souligner que le vrai conflit n'est pas entre les Arabes et l'Iran, le véritable ennemi des Arabes est Israël et pas l'Iran, mais l'Iran doit savoir qu'enflammer les sentiments sectaires dans la région nuira à ses intérêts et causera des différends entre musulmans qui ne bénéficient à personne excepté à Israël.
L'exécution de Saddam Hussein éloigne la construction d'un Irak démocratique ; elle n'a pas été faite au motif de l'exécution d'un homme souverain caractérisant nombre de régimes arabes. Elle a été faite sur la base de la culture de la vengeance, qui est nettement apparue au cours de l'exécution. La culture de la vengeance a rassemblé tous ceux qui voulaient que l'Irak pan-Arabe meure : les USA, Israël, l'Iran, les forces sectaires irakiennes, les arabes étroits d'esprit et les régimes arabes moyenâgeux qui ont aidé les USA à envahir l'Irak. Dans cette situation, Hussein semble similaire à Santiago Nassar, le personnage du roman de Marquez, " Chronique d'une mort annoncée ", quand chaque corps savait que les meurtriers tueront Nassar. La seule différence est que Nassar ne savait pas qu'ils projetaient de le tuer, alors que Saddam savait. À mon avis, la décision d'exécuter Hussein reposait non pas sur la cour, mais sur les politiciens qui ont voulu dés-arabiser l'Irak. Les forces politiques qui ne pouvaient tolérer la sculpture de Abou Jafar Al-Mansour sont celles qui ont voulu que l'Irak Arabe disparaisse : même si des juges suisse ou norvégien avaient rendu le verdict, l'exécution avait déjà été décidée. Le paradoxe du tout ceci est que ceux qui ont exécuté Saddam Hussein gouvernent l'Irak à travers la milice connue pour avoir commis des assassinats dans les prisons irakiennes ; ils sont loin d'être qualifiés pour juger le régime baasiste.
Un fait peu connu est qu'en 2006, lors d'une visite à Hussein, Donald Rumsfeld lui a offert asile ainsi qu'à sa famille, s'il dénonçait publiquement la résistance irakienne, plus précisément la résistance baasiste. Les combattants de la résistance devaient aussi déposer leurs armes. Hussein a complètement rejeté ce marché, le rejet de cette offre lui a donné un statut légendaire qu'il n'aurait jamais pu atteindre dans sa vie.
Dans des périodes critiques, les nations ont besoin de héros tragiques dont la mort peut se jumeler à la fierté nationale.
Le général syrien Yousef Al-Adhama se tenait debout avec quelques soldats, et il est mort pour défendre Damas alors qu'il faisait face à l'avancée dans Maysaloon de l'armée française en 1920. Yasser Arafat se tenait debout avec quelques-uns de ses hommes quand son quartier général de Al Muqata'a a été attaqué par des centaines de tanks et d'avions israéliens. Saddam a refusé de mettre le capuchon sur sa tête avant sa pendaison, alors qu'en fait ses bourreaux ont choisi de dissimuler leur visage.
Il a connu ce Bagdad qui a engendré la moitié de l'histoire Arabe valant d'être défendue.
Nul doute que Saddam Hussein a fait de graves erreurs politiques, mais comme Gilgamesh dans l'antique tragédie de Babylone, il a fait face à son destin bravement. Cela a fourni la cire fraîche des cierges de l'histoire Arabe pour les années à venir. Le Saddam historique est passé et le Saddam légendaire est né.
Salim Nazzal
Aljazeera.net, le 8 janvier 2007.
Traduction de Pétrus Lombard
Sources Global Research
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3-2 Point de vue de Mohamed Othman Benjelloun : Etats-Unis : (In)sensibilité orientale.
Le monde arabe et l’islam en général posent problème aux Etats-Unis. Un problème d’intelligence d’abord et avant tout.
Edward Saïd, grand humaniste palestinien (1935-2003), faisait remarquer il y a plus de vingt cinq ans que “ les mésaventures japonaise, coréenne, indochinoise [auraient dû] donner aux Américains une sensibilité "orientale” plus raisonnable et plus réaliste. Bien plus, cette intelligence de l’Orient doit être à la mesure de l’influence politique et économique croissante exercée par les Etats-Unis dans cette région que l’on appelle le Proche- ou le Moyen-Orient ” (1). Pourtant, ce n’est pas faute de spécialistes plus ou moins confirmés, de départements au sein d’universités plus ou moins prestigieuses, de centres de recherches plus ou moins liés à l’administration américaine, dédiés à cette aire géographique et culturelle, désignée aux Etats-Unis sous l’acronyme "MENA” (2).
Le 11 septembre 2001 et l’invasion de l’Irak en mars 2003 ont installé le monde arabe et l’islam au cœur de la politique intérieure des Etats-Unis “ pour au moins une génération ” (3). Dans quelle mesure cette politique arabe par défaut, négative au sens photographique du terme, qui a été celle des administrations américaines successives depuis F.-D. Roosevelt, n’a-t-elle pas entretenu cette (in)sensibilité orientale de l’Amérique, précipité l’avènement du 11 septembre 2001 et approfondi davantage le fossé d’incompréhension et de malentendu caractérisant les rapports de l’Amérique au monde arabe et à l’islam en général ?
Toute politique extérieure est d’abord dictée par des impératifs internes, indépendamment du rang et du degré de puissance de l’Etat de référence. C’est vrai de Tuvalu et de la Micronésie comme des Etats-Unis d’Amérique. Pourquoi, de ce fait, la politique arabe du plus puissant pays du monde donne, depuis la deuxième guerre mondiale, des résultats contraires à ceux initialement escomptés par ses dirigeants ?
Pour les Arabes, la réponse est simple : à cause du cynisme affiché, de la myopie déconcertante et du manque de clairvoyance de cette politique. A cause de son incapacité même à épouser les causes justes. Echaudés par un chapelet de promesses non tenues par “ l’empire britannique et Churchill d’abord, puis par l’empire américain depuis Roosevelt et les administrations successives … qui donnaient des armes aux Israéliens et promettaient des milliards aux Arabes ”(4).
Répondre à cette même question côté américain, a nécessité, après le 11 septembre 2001, de mobiliser des " Think Tanks " et des " Task Forces " composés d’universitaires, chercheurs et anciens hauts responsables de l’administration (5). De " nouvelles " approches et de " nouveaux " remèdes sont proposés à l’administration Bush fils. Les conclusions du rapport du groupe bipartisan d’étude sur l’Irak Baker-Hamilton, ne font que reprendre les principales idées énoncées dans des études et rapports produits ces derniers mois par des centres de recherches indépendants pour certains, proches de l’administration pour d’autres. Ainsi, le Center for Strategic and International Studies (CSIS), qui a sponsorisé le rapport Baker-Hamilton, a produit une étude consacrée à la problématique des réformes dans le monde arabe. Nous y reviendrons plus loin.
Ces rapports s’accordent pour reconnaître l’échec des approches respectives déployées par les différentes administrations à Washington, échec que la déroute irakienne, niée avant les élections de mi-mandat puis admise par le Président Bush dans un entretien au Washington Post du 20 décembre 2006 (6) ne fait que confirmer. S’achemine-t-on pour autant vers une autre politique moins manichéenne, plus subtile, plus attentive à la complexité des situations au sein du monde arabe et de l’islam ? Il semble que non. Les arabes, dans leur écrasante majorité ne se font d’ailleurs guère d’illusion.
Ceci ne doit pas empêcher le monde arabe d’être attentif aux termes du débat américano-américain, qui de livres en études et de rapports en articles, dessine les contours d’un projet et d’une ambition, qu’il sait surdimensionnés. Ce débat dévoile les interrogations, voire les doutes, d’une nation et de ses dirigeants qui pensaient être installés durablement, au lendemain de la chute du mur de Berlin, aux commandes d’un monde unipolaire globalisé, d’un empire aux dimensions planétaires. La formule des promoteurs du Projet du Nouveau Siècle Américain : “ American leadership is good both for America and for the world ”, résume cet état d’esprit et cette ambition (7). Avec le rapport Baker-Hamilton sur l’Irak, l’Amérique découvre que “ la chute de l’empire romain est en marche ” (8).
Le discours de l’administration américaine tente, depuis l’effondrement des tours jumelles de Manhattan, de convaincre le monde, avec plus de rhétorique que de conviction, de la responsabilité d’Al Qâida, de Ben Laden et de l’islamisme radical quant à la nouvelle inclinaison qu’ont prises les relations internationales. Mais l’explication reste courte. Nombreux sont ceux qui pensent que ce discours et sa traduction matérielle dans les faits font trop d’honneurs à cette nébuleuse terroriste, d’une part, et dédouanent à bon compte l’Amérique de ses responsabilités, de l’autre.
Sans cautionner les attaques d’Al Qaïda sur le sol américain ni sa stratégie jihadiste, l’opinion majoritaire dans le monde arabo-musulman est convaincue, y compris dans les plus hautes sphères de décision même si elles n’osent l’afficher publiquement, qu’avec le 11 septembre l’Amérique a récolté les fruits amers de sa non politique arabe et musulmane déployée sur plus d’un demi siècle.
La politique arabe américaine est dictée par l’impératif de sauvegarde des intérêts américains dans la région, dont l’énoncé simple tient en deux mots : pétrole et Israël (9), mais dont la mise en œuvre est plus compliquée, pour preuve.
Beaucoup a été dit sur l’intervention américaine en Irak, ses motivations et ses objectifs à moyen et long termes. Aujourd’hui que le monde s’installe dans l’horreur et le chaos irakiens, le sentiment majoritaire au sein de l’opinion internationale est que la situation en Irak est encore plus dangereuse depuis le départ de Saddam Hussein (10). Pourtant, nous n’avons eu droit qu’à peu ou pas de commentaires de la part des gouvernements et des médias, quant à la responsabilité du leadership américain et de Georges W. Bush dans ce qu’il faut bien nommer le gâchis stratégique américain. Comme si le statut de superpuissance unipolaire pouvait dispenser les Etats-Unis de rendre compte et d’être comptables des erreurs qu’ils commettent dans leur gestion des affaires du monde. Le rapport sur l’Irak illustre d’une manière éloquente cet état d’esprit. Il présente des solutions de sortie de crise qui, selon ses rédacteurs, doivent sauvegarder “ la crédibilité, les intérêts et les valeurs de l’Amérique ” (11), sans trop s’attarder sur les causes premières et les responsabilités de l’administration Bush.
Du soutien aux régimes despotiques dans la région on passe à la promotion des réformes démocratiques, non pas du fait que les idéaux démocratiques sont moralement supérieurs à ceux de tout autre type de gouvernement, mais parce que les intérêts de l’Amérique y trouveraient un intérêt en terme de pérennité. C’est ce qu’énonce l’Initiative de Partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI) (12). C’est sous ce chapitre que l’Irak a été envahi et Saddam déposé, puisque les arguments sur les armes de destructions massives et sur le soutien du régime baasiste aux organisations terroristes avaient tourné court.
Cette versatilité fait peser sur la nouvelle politique américaine dans la région une suspicion, légitime, qu’au moindre changement des enjeux internes ou internationaux, l’Amérique abandonnera sa rhétorique démocratique pour d’autres rhétoriques, d’autres tactiques toutes aussi imprévisibles qu’inavouables, avec comme objectif d’assurer le cap stratégique : le pétrole et Israël. Des voix s’élèvent au sein des cénacles universitaires contre l’hypothétique causalité entre mise en place de systèmes démocratiques dans la région et un reflux de l’islamisme. F. Gregory Gause III, professeur associé à l’Université du Vermont, est dubitatif à ce sujet et avance l’idée qu’à court terme la démocratie électorale ne servira pas les intérêts des Etats-Unis dans la région, bien au contraire (13).
Dans quelle mesure, donc, cette imprévisibilité ne sert-elle pas à maintenir la pression sur les dirigeants et les peuples de la région arabe, avec des conséquences encore plus néfastes pour les pays dont les élites politiques n’auront pas rapidement tiré les leçons de cette volatilité ?
La promotion de la démocratie et des libertés dans les pays arabes constitue beaucoup plus un " dommage collatéral " des attaques du 11 septembre 2001, qu’une conséquence logique des politiques passées dans la région. L’Amérique va découvrir alors sur le tard que “ le cancer de l’extrémisme ” avait pour origine les “ privations, l’oppression et la dictature ” (14). La Secrétaire d’Etat, Condoleeza Rice, dans une sorte de mea culpa, avait reconnu, devant un parterre d’universitaires au Caire en juin 2005, que tout au long des 60 dernières années, les Etats-Unis ont privilégié « la recherche de la stabilité » à tout prix « au détriment de la démocratie dans la région ” (15). Seulement voilà, les peuples de la région rejettent, pas tant le principe d’une démocratisation des systèmes politiques en place, oppresseurs, corrompus et responsables du développement du sous-développement, mais des conditionnalités de la démocratisation à l’américaine, exactement comme ils ont toujours rejeté les conditionnalités de la Pax Americana. Tirant les premières leçons des échecs de la guerre militaire et idéologique contre le " terrorisme " en Irak et en Afghanistan, l’ex Secrétaire d’Etat de Bill Clinton, Madeleine Albright, avait reconnu dans un rapport publié en 2005 intitulé En soutien à la démocratie arabe : pourquoi et comment, que “ la démocratie ne peut être imposée de l’extérieur et le changement brutal n’est ni nécessaire ni souhaitable ” (16).
Ainsi, l’administration américaine peine-t-elle à convaincre, y compris chez elle, que son objectif vise la réussite d’une greffe démocratique, d’inoculer le virus du libéralisme politique à un corps arabe que l’on se plait à présenter comme réfractaire au système et à ses règles (17). Le fait est d’autant plus notable que la " diplomatie publique " américaine a essayé, sans succès, d’influencer les opinions publiques arabes pour changer l’image très négative des Etats-Unis dans la région. Pour ce faire, trois programmes de communication institutionnelle, de " propagande " diront les moins pudiques, ont été mis en place depuis 2002, par le Sous-Secrétariat d’Etat à la Diplomatie publique et aux Affaires publiques :
- Lancement en 2002 de Radio Sawa, (“Ensemble" en arabe dialectal égyptien), une station radio sur le modèle de Voice of America et Radio Free Europe. Un budget de 22 millions de $US est alloué annuellement à cette station (18).
- Lancement en juillet 2003 d’un magazine en arabe Hi (19) doté d’un budget de 4,5 millions $US. Au terme des trois premières livraisons, soit en septembre 2003, certains observateurs aux Etats-Unis même doutaient de la pertinence de la démarche et lui prédisaient une fin prochaine (20). La parution de Hi a été "suspendue" en décembre 2005.
- Lancement en début 2004 d’une chaîne satellitaire Al-Hurra (21), (“Libre” en arabe). Basée à Springfield près de Washington et dotée d’un budget de 62 millions $US, elle a pour objectif de contrer l’influence et l’audience des chaînes Al-Jazeera et Al-Arabiya.
Malgré ces efforts et les moyens substantiels mobilisés, les résultats ne sont pas au rendez-vous, bien au contraire. L’image des Etats-Unis n’a cessé de se dégrader sur la période 2002-2006, comme le montre un récent sondage de l’institut Zogby (22), publié le 14 décembre 2006, mené dans cinq pays arabes réputés alliés traditionnels de Washington. On peut aisément extrapoler sur les tendances de l’opinion dans les autres pays arabes, notamment en Irak, en Syrie et en Palestine.
2002 2005 2006
Fav. Déf. Fav. Déf. Fav. Déf.
Arabie Saoudite 12 87 9 89 12 82
Egypte 15 76 14 85 14 83
Maroc 38 61 34 64 7 87
Jordanie 34 61 33 62 5 90
Liban 26 70 32 60 28 68
C’est tout le système de valeurs américain et ses symboles phares, publics (démocratie, liberté, peuple américains) comme privés (produits de grandes consommation, télévision), qui sont atteints par ce qu’il faut appeler une attitude collective de défiance vis-à-vis de l’Amérique. Comme le montre le tableau suivant, seul le système éducatif américain tire son épingle du jeu, si l’on peut dire, avec beaucoup plus d’opinions favorables dans les cinq pays cibles que d’opinions négatives.
Liberté et démocratie Peuple US Produits US TV US Education US
américaines
Fav. Déf Fav. Déf Fav. Déf Fav. Déf. Fav. Déf.
Arabie Sa. 41 31 18 34 50 24 22 43 40 28
Egypte 21 41 23 28 28 31 34 35 36 21
Maroc 23 46 28 29 36 34 27 40 39 23
Jordanie 27 43 31 33 30 41 23 51 47 32
Liban 42 32 44 18 34 25 28 37 43 19
De même, la politique américaine de promotion de la démocratie dans la région est très majoritairement mal perçue : Egypte (42 %), Liban (55 %), Jordanie (72 %), Arabie Saoudite (79 %), Maroc (80 %).
Comme le commentait un éditorialiste d’Al Hayat, quotidien Saoudien paraissant à Londres, peu suspect d’anti-américanisme primaire, dans le monde arabe, la “ musique américaine est appréciée et le mode de vie américain envié, [mais] la politique américaine au Moyen-Orient reste l’ennemi ou support de l’ennemi ” (23).
Ceci éclaire pourquoi, comme le rappelle ironiquement l’arabiste espagnole Gema Martin Muñoz, les sociétés arabes “ déclinent les bénéfices de la démocratie libérale offerte généreusement par l’Occident et, à l’opposé, défendent et revendiquent une identité que, pour faire vite, nous appelons " arabo-musulmane ”” (24).
Au moment où la politique proche et moyenne orientale de l’administration Bush fils est à la croisée des chemins, suite au revers sur le terrain irakien et à la déroute électorale républicaine de mi-mandat du 07 novembre 2006, et alors que le conflit israélo-palestinien s’enlise, les récents sondages et études américaines sur le monde arabe viennent rappeler à l’Administration Bush, la complexe et non causale relation entre aides, pressions extérieures, voire interventionnisme militaire, d’une part, et réformes des systèmes politiques dans la région arabe, de l’autre. Même le cas marocain, considéré comme un cas d’école dans la région pour ce qui concerne l’adoption de réformes dans les domaines économiques et politiques, semble indiquer que lorsque l’idée de réformer le système est d’abord une décision interne, les aides extérieures se présentent beaucoup plus comme des mesures d’accompagnement que comme des outils de pression (25).
A méditer, sachant que l’(in)sensibilité orientale des Etats-Unis, à l’infléchissement de laquelle Edward Saïd avait œuvré sa vie durant, a encore, malheureusement, de beaux jours devant elle.
Mohamed Othman Benjelloun,
Faculté de Droit de Rabat-Souissi, Rabat-Maroc
Rabat, le 23 décembre 2006
m.o.benjelloun@gmail.com
une analyse diffusée par la "Lettre de léosthène" à l'initiative de Hélène Nouaille.
Post Scriptum
Le méprisable scénario de l’exécution, le 30 décembre 2006, de Saddam Husseïn vient assombrir encore plus ma conclusion passablement pessimiste. Un tour d’horizon de la presse internationale pour s’en convaincre :
“ Justice duale, l’une far-west, tribale, bonne pour les Arabes, l’autre plus civilisée réservée au reste du monde ” (L’Economiste, Maroc) (26) ; “ Comment taire l’assassinat de trois des avocats du condamné, ou l’éviction d’un président de la Cour, jugé trop peu pugnace ? (..) Les errements d’un tribunal téléguidé par l’occupant américain discréditent le concept même d’Etat de droit ou de justice équitable ” (L’Express, France) (27). Comme quoi, « cela tient du génie de créer un martyr à partir de Saddam ” (The Independent , Grande-Bretagne) (28). « En un seul instant, Saddam Husseïn est devenu une victime – comme toutes les autres » (Aujourd’hui le Maroc, Maroc) (29).
Alors que l’un des slogans du gouvernement de Baghdad est " la réconciliation nationale ", la pendaison de Saddam Hussaïn à l’aube du jour de l’Aïd Al Adha [Fête du sacrifice], l’une des plus importantes du monde musulman, “ ouvre la plaie du sectarisme en Irak, qui ne cicatrisera pas de sitôt ” (Asharq Alawsat, journal saoudien, Londres) (30) alimentant ainsi les arguments en faveur de la théorie du complot. “ Si Saddam a été pendu si vite, murmure déjà la "rue arabe", c’est dans le souci d’escamoter les preuves de la complicité passée entre l’Occident et l’ex-pouvoir baassiste, amplement choyé au temps de la boucherie Irak-Iran par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou la France. Complicité que les audiences ultérieures n’auraient pas manqué, vous assure-t-on, de dévoiler... ” (L’Express, France) (31).
“ L’histoire de l’Irak de ces dernières années n’est pas seulement celle de la diabolisation de Saddam Husseïn, mais bien celle de la condamnation des Arabes comme Oumma, ainsi que de leur idéal national et de leur héritage (…). A travers l’exécution de Saddam, les Américains veulent faire parvenir aux dirigeants arabes, adversaires comme ennemis, le message que le destin de l’ex Président irakien peut être le leur. L’unique moyen d’éviter un tel sort reste l’allégeance totale à l’Amérique et à ses politiques. (…) La pendaison de Saddam Hussein symbolise ainsi l’une des principales mutations dans l’histoire de la région et du monde, dont les signes avant coureurs se sont manifestés quelques semaines à peine après l’invasion de l’Irak ” (Alquds alarabi, quotidien arabophone indépendant, Londres) (32).
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NB en second post scriptum, l'auteur Mohamed Othman Benjelloun cite ce point de vue d'un journal de Londres:
A travers l’exécution de Saddam, les Américains veulent faire parvenir aux dirigeants arabes, adversaires comme ennemis, le message que le destin de l’ex Président irakien peut être le leur. L’unique moyen d’éviter un tel sort reste l’allégeance totale à l’Amérique et à ses politiques. (…) La pendaison de Saddam Hussein symbolise ainsi l’une des principales mutations dans l’histoire de la région et du monde, dont les signes avant coureurs se sont manifestés quelques semaines à peine après l’invasion de l’Irak ” (Alquds alarabi, quotidien arabophone indépendant, Londres) (32).
Cette pratique des dirigeants américains n'est pas nouvelle. A la fin de la deuxième guerre mondiale, leur utilisation de deux bombes atomiques sur le Japon déjà potentiellement vaincu, est apparue comme le début de leur chantage - nucléaire - sur l'URSS, mais aussi sur les autres peuples du monde.
Claude Beaulieu.
Bad, very bad.
La lettre de léosthène, le 10 janvier 2007, n° 269/2007
Deuxième année. Bihebdomadaire. Abonnement 300 euros
Site : http://www.leosthene.com/
Cartes :
Cinquante ans de guerres au Moyen-Orient : http://www.monde-diplomatique.fr/2003/03/NASSIB/IMG/jpg/demisiecle.jpg
Le monde musulman : http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/mondearabe
Notes :
(1) Edward W. Saïd, L’orientalisme : L’Orient créé par l’Occident, traduit de l’américain par Catherine Malamoud, Paris, Le Seuil, 1980, p. 14.
(2) MENA pour “ Middle East and North Africa ”. Cette région dans l’acception américaine comprend en plus du monde arabe, Israël, la Turquie et l’Iran.
(3) Madeleine K. Albright & Vin Weber, In Support of Arab Democracy: Why and How, Council on Foreign Relations, Task Force Report N° 54, New York, 2005, p. 3.
(4) Robert Fisk, “ The Roman Empire is falling – so it turns to Iran and Syria ”, The Independant, 07 décembre 2006,
http://news.independent.co.uk/world/fisk/article2054595.ece
(5) P. C. Wilcox, Jr., “ U.S. policy and Palestine : Reform and peace are interdependent ”, The Carnegie Endowment for International Peace, Volume 4, Issue 9, November 2006 :
http://www.carnegieendowment.org/files/wilcox_nov06.pdf
- S. A. Cook, “ The right way to promote arab reform ” Foreign Affairs, March/April 2005 :
http://www.foreignaffairs.org/20050301faessay84209/steven-a-cook/the-right-way-to-promote-arab-reform.html
Une version non payante est disponible à l’adresse :
http://www.cfr.org/publication/8115/right_way_to_promote_arab_reform.html
(6) Peter Baker, “U.S. Not Winning War in Iraq, Bush Says for 1st Time”, Washington Post, 20 décembre 2006,
http://letters.washingtonpost.com/WBRH0264274BFF04B12643309C1FE0
(7) http://www.newamericancentury.org
(8) Robert Fisk, ibid.
(9) Le pétrole “ chance ou malédiction du monde arabe ” s’interrogeait la chaîne Al Jazeera à travers une série d’émissions programmée au cours du mois de décembre 2006.
(10) Cf. The Pew Global Attitudes Project, “ America’s Image and U.S. Foreign Policy ”, June 12, 2006, p. 13 :
http://www.pewglobal.org/reports/pdf/252.pdf
(11) Voir p. 6, http://www.csis.org/iraqstudygroup
(12) http://mepi.state.gov/outreach/index.htm
(13) Cf. F. Gregory Gause III “Can Democracy Stop Terrorism?” Foreign Affairs, September/October 2005 :
http://www.foreignaffairs.org/20050901faessay84506/f-gregory-gause-iii/can-democracy-stop-terrorism.html
(14) Haim Malka et Jon B. Alterman, Arab reform and foreign aid, Lessons from Morocco, Washington, The CSIS Press, Significant Issues Series, v. 28, no. 4,, 2006, page 9. Consultable sur le site de CSIS :
http://www.csis.org/media/csis/pubs/malkamoroccobook4webuse.pdf
(15) “ For 60 years, my country, the United States, pursued stability at the expense of democracy in this region here in the Middle east - and we achieved neither. Now we are taking a different course. We are supporting the democratic aspirations of all people ” Condoleeza Rice, “ Remarks at the American University in Cairo ”.
http://www.state.gov/secretary/rm/2005/48328.htm
(16) Madeleine K. Albright & Vin Weber, op.cité, p.4.
(17) H. Hawthorne, “ Do we want democracy in the Middle East ? ” :
http://www.afsa.org/fsj/feb01/hawthorne01.cfm
(18) Le choix du nom de la station “Sawa” est tout un programme. Il peut donner lieu à réflexion sur les motivations et les priorités de Washington dans la région. Radio Sawa émet sur les ondes moyennes. Sur la bande FM la station est captée dans certaines ville de neuf pays arabes : Bahreïn, Djibouti, Emirats Arabes Unis, Irak, Jordanie, Koweit, Liban, Maroc, Palestine :
http://www.radiosawa.com/
(19) Hi tirait à 55.000 exemplaires, dont seuls 2500 étaient vendus, et distribué dans 18 pays dont certains d’Afrique occidentale avec comme objectif déclaré de “ développer un dialogue avec les jeunes locuteurs arabes ”.
(20) Elliott Colla and Chris Toensing, “ Never Too Soon to Say Goodbye to Hi ” :
http://www.merip.org/mero/interventions/colla_interv.html
(21) A-Hurra émet sur Nilesat et Arabsat :
http://www.alhurra.com/
(22) Cf. http://www.zogbycom/NEWS/ReadNews.dbm?ID=1220
(23) Jihad Al Khazem, “ The Real Arab Image is Bad ”, Al Hayat, December 23, 2003 :
http://english.daralhayat.com/column/12-2003/Article-20031223-a30eb888-c0a8-01ed-0015-c5ecf11266f8/story.html
(24) Gema Martin Muñoz, “Árabes Buenos, árabes malos”, El Pais, Madrid, 10 décembre 2006, p. 17.
(25) “ Morocco has become an exemplar of Arab reform to many Western observers not because western efforts have reformed Morocco but because the country appears to have embarked on a reform agenda on its own ”, Haim Malka et Jon B. Alterman, Arab reform and foreign aid, Lessons from Morocco, op.cité, p.45.
(26) M. Benabid, "Far west", Editorial, L’Economiste, Casablanca, 3 janvier 2007, p. 1. :
http://www.leconomiste.com/
(27) V. Hugeux, " Irak : L'exécution de Saddam Hussein: un rituel vain et hâtif ", L’Express.fr¸ Paris, 2 janvier 2007.
(28) P. Cockburn, " Saddam : From monster to martyr ? ", The Independent, Londres, 04 janvier 2007 :
http://news.independent.co.uk/uk/health_medical/article2124260.ece
(29) T. Alhomayed, “ The Execution of Saddam Hussein…A Crime of Timing ”, Asharq Alawsat, édition anglaise du quotidien saoudien paraissant à Londres, 01 janvier 2007 :
http://www.aawsat.com/english/news.asp?section=2&id=7511
(30) K. Hachimi Idrissi, Aujourd’hui le Maroc, Editorial, Casablanca, 03 janvier 2007 :
http://www.aujourdhui.ma/bonjour-details51343.html
(31) V. Hugeux, op.cité.
(32) B. Musa Nafe’, " Une politique vengeresse qui ne changera rien aux réalités des choses", Alquds alarabi, Londres, 4 janvier 2007, en arabe :
http://www.alquds.co.uk/
Léosthène, Siret 453 066 961 00013 FRANCE APE 221E ISSN 1768-3289.
Directeur de la publication : Gérald Loreau (gerald.loreau@wanadoo.fr)
Rédactrice en chef : Hélène Nouaille (helene.nouaille@free.fr)
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3-3 Point de vue de Immanuel Wallerstein : Irak - quelle nouvelle stratégie ?
Depuis un mois, le président George W. Bush ne cesse de s’affirmer en quête d’une « nouvelle stratégie » en vue d’arracher « la victoire » en Irak et il consulte, loin de ses bases et en ratissant largement, afin de déterminer la nature de cette fameuse [et fumeuse, ndt] stratégie. En raison de multiples indications et fuites, rares sont les gens à attendre, le souffle coupé, le discours présidentiel durant lequel Bush « révèlera » ses décisions. La nouvelle stratégie promet de ressembler comme deux gouttes d’eau à l’ancienne, avec – tout au plus – une petite escouade de soldats états-uniens envoyée en renfort à Bagdad.
Mais le président a bel et bien admis – pour la toute première fois – que les Etats-Unis n’étaient pas en train de remporter la guerre en Irak – pas encore – même s’ils ne sont pas en train de la perdre, a-t-il dit. Le nombre de ceux, aux Etats-Unis (et ailleurs) qui en sont convaincus se réduit comme peau de chagrin : un sondage d’opinion effectué début décembre dans six pays occidentaux montre que 66 % des Américains sont favorables à un retrait des forces coalisées, tandis qu’en Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en France, les chiffres varient entre un « plus bas » de 73 %, atteignant un pic à 90 %. Comme l’a écrit le Financial Times dans un de ses éditoriaux, « les Etats-Unis ont rarement eu autant besoin d’amis et d’alliés ».
Et voici que, le 7 décembre – jour anniversaire de Pearl Harbor – un sénateur républicain, Gordon Smith, qui avait été un chaud partisan de la guerre depuis le début, a annoncé qu’il avait révisé sa position. « Pour commencer, je me retrouve comme un pendu au bout de sa corde quand il s’agit de soutenir une politique qui voit nos soldats patrouiller les mêmes rues, toujours de la même manière, et se faire déchiqueter par les mêmes bombes, jour après jour. C’est absurde ! C’est même vraisemblablement criminel. Je ne saurais soutenir cela plus longtemps. »
Ceci étant, qu’est-ce qui peut bien amener Bush à faire son cinéma à propos d’une nouvelle stratégie, dès lors qu’il a manifestement la ferme intention de poursuivre l’ancienne ?
A cela, deux raisons : les élections de novembre, et le rapport Baker – Hamilton.
Les élections ont démontré à Bush que sa politique irakienne a provoqué de sérieuses voies d’eau dans la puissance électorale des Républicains. Il faudra manifestement plus que le limogeage de Donald Rumsfeld pour renverser la chute en vrille imminente des candidats républicains, en particulier au cas où l’année 2007 verrait augmenter le nombre des pertes en vies humaines en Irak, une aggravation de l’épuration ethnique dans ce pays, le déclin du dollar qui s’ensuivrait et, donc, la poursuite de la dégringolade du niveau de vise des 80 % les moins aisés de la population américaine.
Quant au rapport Baker – Hamilton, il s’ouvre sur cette affirmation : « La situation, en Irak, déjà grave, continue à se détériorer ».
Le plus gros des débats autour de ce rapport a porté sur la question de savoir si le Groupe d’Etude de l’Irak pourrait finir par convaincre Bush de suivre ses suggestions nombreuses (mais pas particulièrement audacieuses), histoire de changer un peu ?
Or, cela n’a jamais été, en réalité, l’objet du document.
Baker n’est pas un demeuré, et Hamilton non plus ; tous deux sont des vieux briscards de la vie politique américaine. La finalité de leur rapport, c’était la légitimation des critiques émanant du centre de l’establishment traditionnel de la vie politique états-unienne, et c’est très précisément ce à quoi ils ont laissé libre cours. J’en veux pour témoin la déclaration du sénateur Smith ; j’en vois une preuve supplémentaire dans l’audace croissante des officiers américains, qui expriment de plus en plus nombreux, publiquement, leur profond scepticisme.
Alors, allez-vous demander : que va-t-il se passer, désormais ?
Bush va avancer dans son projet d’envoyer des troupes supplémentaires...
Comme tous les observateurs sérieux l’ont relevé, cela ne fera strictement aucune différence, du point de vue militaire. Bien sûr, si les Etats-Unis envoyaient 300 000 hommes supplémentaires, cela pourrait stopper tant l’insurrection que la guerre civile. Mais le fait d’envoyer déjà seulement 30 000 hommes, soit dix fois moins, cela représentera un fardeau incroyablement lourd pour la fiabilité et le moral de l’armée américaine. Vers le mois de juin 2007 – dernier carat – il sera évident, même pour des aveugles volontaires des plus entêtés, comme George W. Bush et les rescapés néocons, que les Etats-Unis sont dans une impasse, et qu’ils saignent salement.
Pourquoi, ceci étant, Bush ne cherche-t-il pas à réduire ses pertes ?
Il en est incapable : toute sa présidence tourne autour de la guerre en Irak ; s’il essayait de limiter les dégâts, cela serait reconnaître qu’il est responsable d’une catastrophe nationale. Aussi n’a-t-il pas d’autre choix que de tenter de passer en force jusqu’en 2009 et de faire retomber le désastre sur les épaules de quelqu’un d’autre. Autant dire qu’il ne dispose d’aucune option honorable. Mais Bush va sans doute apprendre quelque chose, au cours des dix-neuf mois à venir : la situation est hors de tout contrôle, et y compris lui, tout président des Etats-Unis qu’il soit, peut se voir contraint à faire des choses qui le révulsent.
En tout premier lieu, il y a la pression de l’électorat états-unien, et donc celle des hommes politiques. Le nombre de républicains relativement plombés et de démocrates (mêmes timides) qui veulent se retirer du conflit ne cesse d’enfler, jour après jour. Nous le constatons d’ores et déjà dans la déclaration faite par le sénateur Joseph Biden – un des sénateurs démocrates les plus conservateurs, et futur président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères – selon laquelle il procèdera à des auditions [à l’évidence, à des auditions hostiles] au sujet du projet d’envoyer des troupes supplémentaires en Irak. A mon avis, dans le contexte de la lutte acharnée à laquelle se livre le parti démocrate en vue de la désignation de son candidat [sa candidate ?] à l’élection présidentielle, on va assister à un glissement – lent, au début, mais déferlant, par la suite – vers des positions ouvertement anti-guerre. Nous le constatons d’ores et déjà dans les positions adoptées par les soupirants à la présidentielle Barack Obama et John Edwards. Hillary Clinton ne restera pas très longtemps en arrière. Et quand elle se sera prononcée, soit les espoirs républicains feront comme elle, soit ils se condamneront à perdre les élections.
Ensuite, il y a les généraux. Il semble bien que le nouveau secrétaire à la Défense, Robert Gates, se soit vu confier la tâche de ramener les militaires rétifs dans le rang. Le général John Abizaid se met « en congés » pour quelques mois, et le général George Casey a ravalé son opposition ouverte. Gates a sans doute pris sur lui pour pouvoir continuer à la fermer. Mais combien de temps cela va-t-il tenir ? Six mois, au maximum.
Pour un commandant en chef qui perd une guerre, la vie est difficile. C’est vrai en tous temps et partout. Il n’en ira pas différemment aux Etats-Unis d’Amérique.
Immanuel Wallerstein
in Commentary, n° 200, 1er janvier 2007
[© Immanuel Wallerstein, distribué par Agence Global. Pour tous droits et autorisations, notamment de traduction, d’affichage sur des sites ouèbes à finalité non-lucrative, et pour tout contact, écrire à : rights@agenceglobal.com
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Pour contacter l’auteur, écrire à : immanuel.wallerstein@yale.edu
Ces commentaires, publiés bi-hebdomadairement, entendent être des réflexions sur la scène mondiale contemporaine, vue sous l’angle non pas des gros titres de la presse du jour, mais à plus long terme.]
Becky Dunlop, Secretary
Fernand Braudel Center
http://fbc.binghamton.edu/
Traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier et révisé par Fausto Giudice, membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de toute reproduction, à condition de respecter son intégrité et de mentionner auteurs et sources.
Source : Silvia Cattori
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3-4 Point de vue de Ron Paul : Le régime irakien est tombé.
Le régime irakien est tombé. Pourtant la victoire ne sera pas proclamée : non seulement la guerre se poursuit, mais elle est sur le point de s'intensifier. Évidemment, la confusion en Irak est pire que jamais, et la plupart des Étasuniens ne sont plus disposés à accepter les coûts, humains et économiques, associés à cette guerre.
Nous sommes en Irak depuis 45 mois. Beaucoup plus d'Étasuniens ont été tués en Irak que durant les 45 premiers mois de notre guerre au Viêt-nam. J'étais dans l'armée de l'air US en 1965, et je me rappelle bien quand le Président Johnson a annoncé une augmentation des troupes au Viêt-nam pour précipiter la victoire. Cette guerre s'est poursuivie pendant une autre décennie, et avant que nous en soyons finalement sortis, 60.000 Étasuniens étaient morts. Dieu sait que nous aurions dû en sortir dix ans plus tôt. " L'augmentation des troupes " signifiait une escalade importante.
Les élections sont terminées et les Étasuniens ont parlé. Assez, c'est assez ! Ils veulent la fin de la guerre et ramener nos troupes à la maison. Mais c'est plutôt le contraire qui risque de se produire, et avec un soutien biparti. Jusqu'à 50.000 soldats supplémentaires seront envoyés en Irak. Le but n'est plus de gagner, mais juste de sécuriser Bagdad ! Tant a été dépensé avec si peu de résultats.
À qui profite sans doute l'escalade du chaos en Irak ? Sans se laisser décontenancer, les néoconservateurs ont montré en quoi ce chaos pouvait favoriser leurs buts. Oussama Ben Laden a certainement tiré bénéfice de l'agitation en Irak, tout comme les chiites iraniens qui sont maintenant en meilleure position pour prendre le contrôle du sud de l'Irak.
Oui, Saddam Hussein est mort, et seuls les sunnites pleurent. Tous les ennemis de Saddam Hussein, à savoir les chiites et les Kurdes, de même que les Iraniens et -surtout- Ben Laden, célèbrent sa mort. Nous avons rendu un énorme service à Ben Laden et à Ahmadinejad, et il nous en aura coûté d'abondance. La violente réaction à notre complicité dans l'exécution de Saddam Hussein reste à venir.
Nous avons dépensé 400 milliards de dollars jusqu'ici, sans même apercevoir notre objectif final.
C'est de l'argent que nous n'avons pas. Tout est emprunté à des pays comme la Chine, qui réussissent de mieux en mieux dans l'économie mondiale, tandis qu'une lourde imposition et une inflation insidieuse drainent la richesse de nos concitoyens. Notre base industrielle a maintenant quasiment disparu.
Tout le monde fait des conjectures sur la provenance des renforts US en Irak. Mais ils ne seront sûrement pas redéployés à partir du Japon, de la Corée, ou de l'Europe. Nous devons au moins faire semblant que notre empire en faillite est intact. Et rappelons-nous par ailleurs que l'empire soviétique semblait intact en 1988.
Quelques membres du Congrès, qui souhaitent répartir équitablement la souffrance sur l'ensemble de la population des États-Unis, veulent rétablir la conscription. Les responsables de l'administration nient avec véhémence établir des plans concrets de conscription. Mais pourquoi devrions-nous les croire ? Regardez ce qui est arrivé quand tant de gens ont cru les raisons invoquées pour notre invasion préventive en Irak.
Les fonctionnaires du service de sélection admettent travailler à la vérification de leurs listes de jeunes hommes disponibles. Si la conscription est rétablie, nous inclurons sans doute des jeunes femmes pour ainsi bien servir le dieu de " l'égalité ". La conscription s'apparente purement et simplement à l'esclavage et elle a été rendue illicite par le 13ème amendement, qui interdit la servitude involontaire. Une recrue militaire peut très bien être tuée, ce qui fait de la conscription une sorte d'asservissement très dangereux.
Au lieu de tester l'efficacité du système de service sélectif et d'envoyer plus de troupes au loin dans une guerre que nous sommes en train de perdre, nous devrions faire renaître notre amour de la liberté. Nous devrions abroger la loi du service sélectif. Une société libre ne devrait jamais dépendre de la conscription obligatoire pour se défendre.
Nous nous attirons des ennuis en ne suivant pas les préceptes de liberté ou en n'obéissant pas à l'autorité de la loi. Les guerres préventives non déclarées et déclenchées sous de faux prétextes mènent tout droit au désastre. Si une déclaration de guerre remplie par le Congrès avait été exigée comme la Constitution le stipule, cette guerre n'aurait jamais eu lieu. Si nous ne créions pas de crédit à partir du vent, comme la Constitution l'interdit, nous n'aurions jamais convaincu certains contribuables de soutenir cette guerre directement avec leurs économies. Combien de temps cette mascarade financière pourra-t-elle continuer ? Difficile à dire. Mais quand la fin viendra, elle ne passera pas inaperçue des Étasuniens.
Ron Paul
Ron Paul est un élu républicain du Texas au Congrès.
Original : http://www.informationclearinghouse.info/article16098.htm
Traduction de Pétrus Lombard
Sources Global Research
Posté par Adriana Evangelizt
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4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
4-1 Salah Almoukhtar : Les escadrons de la mort en Iraq : Qui les dirige et quels sont leurs objectifs ?
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
Marc
Israel et les juifs kurdes Talabani et Barzani sont derrieres les GIAs iraquiens.
(Extraits)
L’opération terroriste criminelle qui a visé des Iraquiens à la Cité de la révolution (actuellement Cité Sadr) et qui a coûté la vie à plus de deux cents personnes (le 23 novembre 2006, NdT) a aggravé dangereusement la situation en Iraq, d’autant qu’elle a été exploitée par les escadrons de la mort Safavides, dépendant de l’Iran, pour commettre des crimes égalant en horreur celui de la Cité de la révolution.
Actuellement, chaque Iraquien qui souffre du terrorisme sanguinaire, connaît l’identité des terroristes et sait que ce sont les Usaméricains et l’Iran qui ont constitué les escadrons de la mort. Les Safavides en Iraq disent par contre que ce sont les Usaméricains, les Takfiris et les Saddamistes qui sont derrière les meurtres des chiites parce qu’ils sont chiites !
Il est temps de faire la lumière sur la réalité des escadrons de la mort en même temps que la position de l’Iran vis-à-vis de l’Iraq et de la nation arabe.
Les débuts
Des années avant l’occupation de l’Iraq, les partis politiques safavides (1) dépendant des services secrets iraniens, ont publié sur un site Internet, des listes comportant des centaines de noms de personnalités iraquiennes, de scientifiques et de militaires, les menaçant d’élimination dès la chute du régime national.
Ces listes sont toujours en ligne et peuvent être retrouvées par le moteur de recherche Google.
Les personnalités visées
Il s’agit de l’élite scientifique, des meilleurs officiers de l’armée, des politiciens patriotes, des écrivains, des hommes de lettres et des artistes distingués. Le motif invoqué publiquement pour leur élimination physique et explicité en introduction de ces listes, est qu’il étaient des partisans du pouvoir national.
Bien avant l’occupation, des escadrons de la mort infiltrés de l’étranger, avaient liquidé des dizaines des personnalités iraquiennes figurant dans ces listes. Les auteurs en étaient des membres de la Brigade Badr, installée en Iran, où ils retournaient une fois leur forfait accompli.
Après l’occupation, les choses se sont précipitées dangereusement, puisque cette brigade et les escadrons de la mort qui en dépendent étaient rentrés en Iraq sur les pas des troupes usaméricaines et sous leur protection, suite à un accord entre les Anglo- usaméricains d’une part et le haut commandement safavide en Iran, ce dernier s’engageant à soutenir l’occupation de l’Iraq. La chasse à l’homme a commencé aussitôt. Ce sont les hommes de la brigade Badr qui se sont illustrés en premier dans la liquidation physique de milliers de spécialistes et d’experts scientifiques et aussi de personnalités politiques nationalistes arabes. Plus tard, l’armée Sadr suivit le pas et dépassa les autres en sauvagerie, surtout contre les chiites arabes iraquiens, accusés d’être les chiites de Saddam et parfois des chiites de Muawiya [2].
En plus de ces deux courants, pourvoyeurs en « escadrons de la mort », il y a deux autres formations plus petites, le Hizballah (Iraquien) et Hizb Addawa, qui sont toutes des formations constituées, entraînées et armées par l’Iran depuis de nombreuses années. Ces escadrons de la mort s’étaient spécialisés dans la liquidation des pilotes et officiers qui avaient défait l’armée iranienne au cours de la guerre des 8 ans entre les deux pays, mais aussi des personnalités politiques de sensibilité nationaliste arabe et défendant l’arabité de l’Iraq et pas seulement des Baathistes. Il y avait aussi dans cette catégorie des écrivains, des artistes et des journalistes. Les « escadrons de la mort » ont réussi ainsi à éliminer des milliers d’Iraquiens.
Les « escadrons de la mort » safavides dépendant de l’Iran avaient aussi un autre objectif qui était de piller tous les équipements militaires et industriels iraquiens et de les transférer en Iran. C’est ainsi qu’il ne reste plus une seule usine debout en Iraq et que des centaines de moteurs modernes, d’avions militaires et de blindés ont pris la route de l’Iran.
Dans le premier gouvernement constitué sous l’occupation, les formations politiques supplétives de l’Iran, avaient tenu à obtenir les deux portefeuilles de l’Intérieur et de la Défense, ce que leur avaient consenti les Usaméricains, en accordant le premier à Bayane Jabr, un Iranien avant l’occupation et rebaptisé Soulagh après, et dont le nom est synonyme de « perceuse électrique » en Iraq et ailleurs, tant il généralisa l’usage de cet appareil pour martyriser les arabes iraquiens, chiites et sunnites sans distinction, jusqu’à ce que mort s’en suive. Au ministère de l’Intérieur, où les services de sécurité iraniens disposent d’une forte présence pour superviser le massacre des patriotes iraquiens, les agents de Soulagh s’ingéniaient à défigurer les milliers de victimes iraquiennes au point que leurs familles ne les reconnaissent pas et sont enterrées sous l’étiquette d’anonymes ! Jamais, on n’a connu dans l’histoire de l’Iraq autant de sauvagerie et de barbarie que celles pratiquées par « les escadrons de la mort » safavides iraniens.
Après Soulagh…Negroponte
Quand la résistance iraquienne a mis en échec les projets usaméricains et ceux de leurs alliés iraniens, l’administration usaméricaine envoya l’ambassadeur Negroponte, son meilleur expert en matière de massacres collectifs et dont le nom évoque « le choix salvadorien » qu’il avait mis en pratique lors de son passage au Salvador, en tant qu’ambassadeur de son pays. Le « choix salvadorien » est ce plan mis au point par les services secrets usaméricains, pour l’élimination physique de milliers de gens, jugés partisans de la lutte armée en Amérique Latine. Il s’agissait aussi de terroriser la population afin qu’elle arrête ou s’abstienne de soutenir la résistance. Negroponte a ainsi fait assassiner des dizaines de milliers de gens au Salvador, passant ainsi comme étant le pire des tortionnaires et des assassins que l’histoire de ce pays ait connus, tout comme l’est devenu l’iranien Soulagh pour les huit mille ans d’histoire de l’Iraq.
Negroponte a été nommé ambassadeur des USA pour une période courte mais d’une extrême gravité et quitta par la suite l’Iraq pour recevoir en cadeau le département de la Sécurité nationale. Au cours de cette courte période, il a organisé l’action des « escadrons de la mort » et défini leurs objectifs avec beaucoup de précision, ce qui leur donna rapidement une plus grande efficacité et une grande extension. Il coordonna aussi l’action des « escadrons » usaméricains et celle de leurs collègues israéliens, rentrés en Iraq après l’occupation, en les engageant dans la réalisation des mêmes objectifs.
Les « escadrons de la mort » usaméricains, dont certains étaient dirigés par Ahmed Chalabi, Mouwaffak Rebei et aussi par les Peshmergas kurdes et qui comptent des milliers de mercenaires iraquiens et étrangers, avaient un objectif principal, à savoir semer la terreur dans les rangs des Iraquiens. C’était le message transmis par les images des têtes coupées, retransmises à la télévision et attribuées à certains groupes de la résistance nationale. C’était aussi les viols des femmes et la sodomisation des hommes, les massacres collectifs perpétrés contre les innocents, avec pour message de convaincre les Iraquiens que les occupants ne connaissent aucune limite à leurs capacités de massacrer. C’est aussi l’assassinat de personnalités politiques et de chercheurs pour détruire la richesse scientifique du pays, mais aussi et surtout pour provoquer une guerre interconfessionnelle et en finir ainsi avec l’unité de l’Iraq.
L’organisation des « escadrons de la mort » ne relève pas d’une seule et unique autorité mais en fait de plusieurs. Une première relève du Mossad israélien, une seconde de l’Iran, une troisième de Barzani et de Talabani et la quatrième des services secrets usaméricains. Toutes agissent par contre pour l’élimination physique des scientifiques, des officiers et des patriotes avec un objectif stratégique qui consiste à préparer les conditions d’une partition du pays en trois États indépendants : un État kurde au nord, un deuxième sunnite au centre et un troisième chiite au sud. C’est le projet israélien connu depuis longtemps.
L’unité d’action des différentes organisations des escadrons de la mort, iraniennes ou usaméricaines, a connu certains problèmes dès lors que les Usaméricains se sont aperçus que l’occupation de l’Iraq n’a pas réalisé leur propre objectif, qui est de coloniser le pays, mais ceux de l’Iran et d’Israël. Certes l’occupation a réussi à détruire l’État iraquien et à ramener le pays, au plan de son développement économique et industriel, à l’âge de la pierre, comme James Baker en avait menacé Tarek Aziz avant l’agression des 30 pays coalisés en 1991, mais ce succès sert surtout Israël qui considérait l’Iraq et à sa tête Saddam Hussein comme la plus grave menace pour sa sécurité.
La destruction de l’Iraq sert aussi directement l’Iran que l’Iraq avait empêché, par sa victoire de 1988, d’exporter sa révolution safavide dans le monde musulman. Pour lui, la voie est désormais libre pour réaliser son projet.
Les Usaméricains qui ont dévasté l’Iraq avec l’aide de l’Iran, ont échoué aussi à redresser ses ruines et à le reconstruire par le biais de ses entreprises, moyennant des bénéfices extravagants, ni non plus à faire du nouveau Iraq, l’instrument souhaité pour construire son « grand Moyen-Orient » ou son « Moyen-Orient nouveau ».
Les Usaméricains ont certes occupé l’Iraq mais lamentablement échoué à le maîtriser et à l’exploiter et c’est pour cette raison qu’ils sont le principal perdant dans cette guerre.
Quels choix leur restent-il ?
Le choix du pire
Quand les Iraniens se sont rendus compte que les Usaméricains s’apprêtaient à leur couper les griffes et à en finir avec leurs services secrets en Iraq, ils ont fait bouger leur « colonne iraquienne » afin d’occuper le sud et réaliser une partition confessionnelle en regroupant tous les chiites dans une même région. La réalisation de cet objectif safavide clair, rejoint certes les intérêts des Israéliens et des Usaméricains dans le démantèlement de l’Iraq, mais il a l’inconvénient de priver ces derniers des opportunités de pillage d’une région très riche en pétrole, puisque le sud serait entièrement sous domination iranienne.
La réaction usaméricaine est venue sous deux formes : une première qui encourage l’Iran à la partition du pays avec la scission d’une zone sud et sa constitution en Émirat confédéral, et une seconde consistant à lui couper les griffes dans le pays.
Ainsi, si la confrontation irano-usaméricaine en Iraq converge sur l’objectif de partition du pays, elle diverge par contre au niveau de leurs démarches réciproques. C’est alors qu’arrive l’explosion du mausolée de l’Imam Ali Hédi à Samarra pour constituer un point de rupture dangereuse, puisqu’il se révéla clairement que c’étaient les services secrets iraniens qui en étaient les auteurs, en accord total avec les Usaméricains, pour provoquer une vague de massacres sur base confessionnelle.
A ce propos on a constaté les faits suivants :
1) Depuis l’explosion du mausolée, c’est l’armée Sadr qui a pris les devants dans les actions de purification confessionnelle, alors que le rôle de la brigade Badr et des autres formations safavides s’est réduit à commettre des assassinats.
2) Les procédés utilisés par l’armée Sadr sont éminemment plus barbares que ceux des autres formations.
Ainsi, si Soulagh procède à l’élimination de milliers de gens dans le secret des geôles du ministère de l’intérieur, l’armée Sadr assassine publiquement, fait des procès publics, accroche et brûle les cadavres de ses victimes en public et publie des communiqués reconnaissant tuer des sunnites pour venger les morts chiites !
3) Les opérations de l’armée Sadr se font le plus souvent sous la protection des troupes usaméricaines et celles du ministère de l’Intérieur et, dans les rares cas où elle entreprend seule ses actions, les troupes usaméricaines n’interviennent pas et la laissent finir ses crimes contre les Iraquiens.
4) Les troupes usaméricaines ont essayé parfois de s’attirer les bonnes grâces des victimes, rescapées des exactions de l’armée Sadr et arrivées au bord de la mort, en montant des actions ciblées contre certains éléments de l’armée Sadr mais jamais contre tous. Leur but est d’enrôler ces rescapés dans la nouvelle armée iraquienne et de les utiliser par la suite dans des actions d’envergure contre les chiites, avec pour mot d’ordre d’écraser les agents de l’Iran.
Ainsi les Usaméricains visent à mettre tout l’Iraq sur une montagne de crânes d’Iraquiens, œuvre d’autres Iraquiens mais avec les ordres des Usaméricains ou des Iraniens, avec pour conséquence naturelle, des haines inexpugnables et des vengeances jamais assouvies, mettant le pays dans une tourmente qui conduit inexorablement à sa partition, selon les visées israélo-irano-usaméricaines.
Une lueur d’espoir
À la lumière de ce qui précède, il apparaît clairement que l’escalade des opérations des escadrons de la mort traduit deux réalités :
1) La violence de la concurrence entre les Usaméricains et les Iraniens pour dominer l’Iraq, les conduit à mettre ce pays au bord du gouffre pour, d’un point de vue iranien, se le partager et, d’un point de vue usaméricain, le préparer à la partition mais après en avoir chassé l’Iran.
2) La deuxième réalité est celle créée par la résistance iraquienne, représentative de tous les Iraquiens, arabes, kurdes et turcomans, chrétiens et musulmans, sunnites et chiites, et qui est en passe de dominer l’ensemble de l’Iraq et de mettre en échec le projet irano-usaméricain. Cette nouvelle réalité est en train de surmonter la discorde et d’accélérer la victoire inéluctable sur les deux alliés objectifs, ce qui va sûrement les pousser à une confrontation très complexe ayant pour première victime le peuple iraquien.
N.B : cet article a été publié par le journal « 26 septembre », organe des forces armées yéménites le 7 décembre 2006. Pour des raisons diplomatiques, l’auteur n’y avait pas cité nommément l’Iran et le fait aujourd’hui dès lors que l’article est publié hors du Yémen.
Notes
1 - La dynastie des Séfévides ou Safavides (en persan : صفویان, Safaviān) régna sur l'Iran de 1501 à 1732. Ils sont la première dynastie iranienne indépendante à régner sur l'Iran depuis près de 1000 ans. Les Safavides sont à l'origine membres d'un ordre religieux soufi militant, les Qizilbash. C'est sous l'impulsion d'Ismaïl Ier, premier souverain safavide, qu'est décidée la conversion de l'Iran au chiisme duodécimain. Cette conversion résulte d'une volonté de s'affirmer face à la domination des Ottomans sunnites. La conversion permet de constituer les bases d'un État fort à partir d'une identité spécifique. Les safavides ont aussi utilisé leurs ressources afin de convertir un grand nombre d'Iraniens au chiisme. Sous les règnes des premiers safavides, l'Iran est devenu une théocratie : en effet, les partisans d'Ismail Ier le reconnaissent comme le murshid kamil, « le guide parfait » mais aussi comme une émanation de Dieu. (source : wikipedia.org)
2 - Muawiya Ier ou Mu`âwiya ibn Abî Sufyân (معاوية بن أبي سفيان ) est né en 603. Il est le fils de l'un des plus farouches adversaires du prophète Mohammed : Abû Sufyân ibn Harb. Il est le premier ommeyyade à porter le titre de calife en 661. Il prend ce titre à `Alî à la suite d'une médiation entre `Alî et lui après la bataille de Siffin. Il meurt en 680, son fils Yazid Ier lui succéde. Mu`âwiya est mort à Damas en 680 après avoir fait proclamer son fils Yazîd ben Mu`âwîya comme successeur transformant par là le califat électif en califat héréditaire.
http://alrafdean.org/modules.php?name=News&file=article&sid=7306/
Traduit par Ahmed Manaï et révisé par Fausto Giudice
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4-2 Philippe Grangereau : Le congrès américain, à majorité démocrate, entre en fonction aujourd'hui….
Bush n'a qu'à bien se tenir
Le bras de fer peut commencer. Le nouveau congrès américain, issu des élections du 7 novembre, entre aujourd'hui en fonction. Le camp démocrate, majoritaire tant au sénat (51 sièges sur 100) qu'à la chambre des représentants (233 sièges sur 435), paraît déterminé à faire pression sur la Maison Blanche pour clore le chapitre de la guerre en Irak. Dans le même temps, le président George W. Bush s'apprêterait à annoncer la semaine prochaine, selon la chaîne de télévision NBC, l'envoi «temporaire» d'importants renforts militaires pour tenter une ultime fois de «stabiliser» le pays. L'affrontement entre ces deux stratégies opposées, celle d'une escalade et celle de l'amorce d'un retrait, dominera sans doute la scène politique américaine jusqu'au terme du mandat de George Bush, en 2008.
«Une folie !». De nombreux républicains partagent le point de vue des démocrates sur le dossier irakien. C'est d'ailleurs le sénateur républicain Chuck Hagel qui a donné le ton cette semaine, après que des proches du président eurent fait état de l'intention du «commandant en chef» d'envoyer plusieurs dizaines de milliers d'hommes supplémentaires sur le théâtre irakien, prenant ainsi le contre-pied des recommandations livrées en décembre par le Groupe d'Etudes sur l'Irak. «C'est une folie !», s'est exclamé Hagel. Douze élus républicains au moins, seraient fermement opposés au déploiement de nouveaux soldats en Irak, ou 3 000 d'entre eux ont été tués.
«Notre défaite». Dans une lettre au nouveau Congrès publiée hier par le Wall Street Journal, Bush réaffirme que sa «priorité» est de «vaincre les terroristes qui ont tué des milliers d'Américains innocents le 11 septembre 2001 et qui travaillent dur pour nous attaquer à nouveau. Si la démocratie échoue et les extrémistes l'emportent en Irak, les ennemis de l'Amérique seront plus forts, plus dangereux et se montreront plus audacieux en raison de notre défaite.»
Il appelle les dirigeants des partis républicain et démocrate à travailler main dans la main afin de «construire un consensus pour mener la guerre et la gagner». Le Congrès pourrait se voir soumettre une proposition visant à accroître le nombre de rotations des troupes de réserve et de la garde nationale, afin de permettre le déploiement d'unités supplémentaires.
Veto. «Si le Président propose une escalade en Irak, je m'y opposerai, et de nombreux collègues au Congrès feront de même», a prévenu le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, le démocrate Joseph Biden, tout en admettant que le Congrès n'a guère les moyens d'exercer plus qu'un pouvoir d' «influence». Alors que le Pentagone réclame un «budget supplémentaire» record de 99,7 milliards de dollars, le camp démocrate envisage de mettre des conditions au financement de la guerre en Irak, sans s'y opposer directement, par crainte de se voir accusé de mettre en danger la vie des soldats. En toutes circonstances, Bush dispose d'un veto présidentiel, que le Congrès ne peut outrepasser.
La démocrate Nancy Pelosi, qui devient aujourd'hui la première femme à occuper la présidence de la Chambre des représentants, a juré de soumettre au vote, dans les «cent premières heures», une série de textes dont le relèvement du salaire minimum de 5,15 dollars (3,9 euros) à 7,25 dollars (5,5 euros) de l'heure. Les démocrates ambitionnent de lever les restrictions sur le financement fédéral de la recherche sur les cellules souche, un texte auquel Bush pourrait à nouveau opposer un veto, comme il l'avait fait en juillet dernier. Ils souhaitent aussi lever l'interdiction faite au gouvernement fédéral de négocier des prix plus bas pour les médicaments dont bénéficient les assurés sociaux.
Les démocrates ne se sont toutefois pas mis d'accord pour tenter de modifier certaines pratiques de la guerre contre le terrorisme, en particulier le Patriot Act et la loi, toute récente, qui dépouille les «terroristes présumés» de tout recours devant des tribunaux normaux. Cette prudence des démocrates, qui souhaitent mettre toutes les chances de leur côté pour les présidentielles de 2008, est vivement réprimandée par le Centre des droits constitutionnels et de nombreux démocrates libéraux, qui ont prévu de manifester aujourd'hui devant les marches du Capitole.
Philippe GRANGEREAU
QUOTIDIEN : jeudi 4 janvier 2007
George Bush. REUTERS
Jour après jour
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5 Annexes
Pétrole quand tu nous tient ...
5 -1 Michel Chossudovsky : La « diabolisation » des musulmans et la bataille pour le pétrole.
http://usa-menace.over-blog.com/article-5196657.html
À travers l'histoire, les « guerres de religions » ont servi à cacher les intérêts économiques et stratégiques derrière la conquête et l'invasion des terres étrangères. Les « guerres de religions » ont été constamment livrées en vue de garder le contrôle des routes marchandes et des ressources naturelles.
Les croisades s'étendant du 11ème au 14ème siècle sont souvent présentées par les historiens comme une « succession ininterrompue d'expéditions militaro-religieuses faites par des chrétiens européens dans l'espoir de reprendre la Terre Sainte aux Turcs infidèles. » Cependant, l'objectif des croisades avait peu à voir avec la religion. Les croisades consistaient en grande partie à des actions militaires provoquant l’autorité des sociétés marchandes musulmanes qui dominaient les routes commerciales de l’Orient.
La doctrine de la « Guerre Juste » soutenait les croisades. La guerre se faisait avec l'appui de l'Église catholique, agissant comme un instrument de propagande et d'endoctrinement religieux, servant dans l'ensemble de l'Europe au recrutement de milliers de paysans, de serfs et de vagabonds citadins.
La croisade US en Asie Centrale et au Moyen-Orient
Aux yeux de l'opinion publique, avoir une « cause juste » est crucial pour faire la guerre. Une guerre sera juste si elle est faite pour des raisons morales, religieuses ou éthiques.
La croisade US en Asie centrale et au Moyen-Orient n'est pas une exception. La « guerre contre le terrorisme » prétend défendre la patrie US et protéger le « monde civilisé ». Elle est soutenue comme une « guerre de religions », un « clash de civilisations », alors qu’en fait l'objectif principal de cette guerre est de sécuriser la domination et la propriété corporative sur les vastes richesses pétrolières de la région, tout en imposant aussi sous la direction du FMI et de la Banque mondiale (dirigée maintenant par Paul Wolfowitz), la privatisation des entreprises publiques et le transfert des capitaux économiques des pays dans les mains du capital étranger.
La théorie de la guerre juste défend la guerre comme une « opération humanitaire ». Elle sert à camoufler les vrais objectifs de l'opération militaire, tout en fournissant une image morale et des principes aux envahisseurs. Dans sa version contemporaine, elle appelle l'intervention militaire pour des raisons éthiques et morales contre des « États voyous » et des « terroristes islamiques », qui menacent la patrie.
La possession d’une « cause juste » pour faire la guerre est essentielle pour justifier l’invasion et l’occupations de l'Afghanistan et de l'Irak par l'administration Bush.
Enseignée dans les académies militaires étatsuniennes, une version contemporaine de la théorie de la « guerre juste » a été intégrée dans la doctrine militaire des États-Unis. La « guerre contre le terrorisme » et la notion de « préemption » se basent sur le droit à « l’autodéfense. » Ils définissent « quand il est permis de faire la guerre » : jus ad bellum [c’est-à-dire, par le droit international du maintien de la paix, NDT].
[Ce principe] Jus ad bellum sert à bâtir un consensus dans la structure de commandement des forces armées. Il sert aussi à persuader les troupes que l'ennemi est « mauvais » et qu'elles se battent pour une « cause juste ». Plus généralement, la version contemporaine de la théorie de la guerre juste est partie intégrante de la propagande de guerre et de la désinformation médiatique, appliquée pour gagner l’appui du public à l’ordre du jour guerrier.
La bataille pour le pétrole. La diabolisation de l'ennemi
La guerre édifie un ordre du jour humanitaire. À travers l'histoire, le dénigrement de l'ennemi a été appliqué maintes et maintes fois. Les croisades consistaient à diaboliser les Turcs en tant qu’infidèles et hérétiques, en vue de justifier l'action militaire.
La diabolisation sert des objectifs géopolitiques et économiques. De même, la campagne contre le « terrorisme islamique » (qui est appuyée secrètement par le Renseignement étatsunien) supporte la conquête des richesses pétrolières. L’expression « islamo-fascisme, » sert à avilir les politiques, les institutions, les valeurs et le tissu social des pays musulmans, tout en défendant en même temps les principes de la « démocratie occidentale » et du « marché libre » comme seule alternative pour ces pays.
La guerre menée par les USA dans la région étendue du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale consiste à prendre le contrôle de plus de soixante pour cent des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel. Les géants pétroliers anglo-étatsuniens cherchent aussi à prendre le contrôle de l’itinéraire des pipelines pétroliers et gaziers sortant de la région. (Voir le tableau et les cartes ci-dessous).
Les pays musulmans, incluant l'Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, le Koweït, les Émirats Arabes Unis, le Qatar, le Yémen, la Libye, le Nigéria, l’Algérie, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, la Malaisie, l’Indonésie et le Brunei, possèdent entre 66,2 et 75,9 pour cent du total des réserves pétrolières, en fonction de la source et de la méthodologie d'évaluation. (Voir le tableau ci-dessous).
Par contraste, les USA ont à peine deux pour cent du total des réserves pétrolières. Les pays occidentaux avec ses principaux producteurs pétroliers (Canada, USA, Norvège, Royaume-Uni, Danemark et Australie) contrôlent à peu près quatre pour cent du total des réserves pétrolières. (Dans une autre évaluation de Oil and Gas Journal qui comporte les sables pétrolifères du Canada, ce pourcentage serait de l'ordre de 16,5 pour cent. Voir le tableau ci-dessous).
La plus grande part des réserves pétrolières mondiales se trouve dans une région s’étendant (du sud au nord) de l’extrémité du Yémen au bassin de la mer Caspienne et (d’ouest en est) du littoral méditerranéen oriental au golfe Persique. Cette vaste région, du Moyen-Orient à l’Asie Centrale, théâtre de la « guerre contre le terrorisme » menée par les USA, englobe, d’après les évaluations de World Oil, plus de soixante pour cent des réserves pétrolières mondiales. (Voir le tableau ci-dessous).
L'Irak a cinq fois plus de pétrole que les USA.
Les pays Musulmans possèdent au moins 16 fois plus de pétrole que les pays occidentaux.
Les principaux pays non musulmans ayant des réserves pétrolières sont le Venezuela, la Russie, le Mexique, la Chine et le Brésil. (Voir le tableau)
La diabolisation est employée contre un ennemi qui possède les trois quarts des réserves pétrolières mondiales. « L’axe du mal », les « États voyous », les « nations ratées », les « terroristes islamiques » : la diabolisation et le dénigrement sont les piliers idéologiques de la « guerre contre le terrorisme » étatsunienne. Ils servent de casus belli pour guerroyer dans la bataille pour le pétrole.
La bataille pour le pétrole exige la diabolisation de ceux qui le possèdent. L'ennemi est présenté comme mauvais, dans le but de justifier l'action militaire qui inclut le massacre de masse des civils. La région de l’Asie Centrale au Moyen-Orient est fortement militarisée. (Voir la carte). Les gisements pétroliers sont encerclés : Navires de guerre de l'OTAN placés dans l’est méditerranéen (en tant qu'éléments de l’opération de « maintien de la paix » de l'ONU), porte-avions des Groupes d’Attaques US, et Escadres de Destroyers dans le Golfe Persique-Arabique, déployés en tant qu'éléments de la « guerre contre le terrorisme ».
Le Groupe d’Attaque de l’USS Enterprise
L'objectif ultime, de l'action militaire combinée aux opérations secrètes du Renseignement et à la propagande guerrière, est de briser le tissu national pour transformer les pays souverains en territoires économiques ouverts, dans lesquels les ressources naturelles peuvent être pillées et confisquées sous la surveillance du « marché libre ». Ce contrôle s’étend aussi aux couloirs stratégiques des pipelines pétroliers et gaziers (par exemple en Afghanistan).
La diabolisation est une opération psychologique, servant à faire pencher l'opinion publique pour construire un consensus en faveur de la guerre. La guerre psychologique est commanditée directement par le Pentagone et l'appareillage du Renseignement étatsunien. Elle ne se limite pas à assassiner ou à exécuter les dirigeants des pays musulmans, elle s’étend aux populations entières. Elle vise aussi les musulmans en Europe de l'ouest et en Amérique du Nord. Elle prétend casser la conscience nationale et la capacité de résistance à l'envahisseur. Elle dénigre l'Islam. Elle crée des divisions sociales. Elle a l’intention de diviser les sociétés nationales pour en définitive déclencher la « guerre civile ». Tout en créant un environnement qui facilite carrément l'appropriation des ressources des pays, en même temps, potentiellement en contrecoup, elle crée une nouvelle conscience nationale, développe la solidarité entre les communautés ethniques et rassemble les peuples dans la confrontation contre les envahisseurs.
Il vaut la peine de noter que le déclenchement des divisions sectaires et des « guerres civiles » sont envisagés dans le processus de refonte de la carte du Moyen-Orient, dans lequel il est prévu que les pays seront morcelés et transformés en territoires. La carte du Nouveau Moyen-Orient, bien que non officielle, a été utilisée par l'Académie Nationale de Guerre étatsunien. Elle a été publiée récemment dans le Journal des Forces Armées (en juin 2006). Dans cette carte, les états nation sont morcelés, les frontières internationales sont redéfinis le long des lignes des clans ethniques, le plus souvent en fonction de l’intérêt des géants pétroliers anglo-étatsuniens (voir la carte ci-dessous). La carte a aussi servi dans un programme de formation à l'Université de la Défense de l'OTAN pour les officiers supérieurs militaires.
Le pétrole se trouve dans les terres musulmanes
Le pétrole est situé dans les terres musulmanes. Le dénigrement de l'ennemi est un constituant essentiel de la géopolitique énergétique eurasiatique. C'est une fonction directe de la distribution géographique des réserves pétrolières et gazières mondiales. Si le pétrole était dans des pays à prédominance bouddhiste ou hindou, on s’attendrait à ce que la politique étrangère US se dirige contre les Bouddhistes et les Hindous, qui deviendraient aussi l’objet du dénigrement.
Dans le théâtre de guerre du Moyen-Orient, l'Iran et la Syrie, qui font partie de « l’axe du mal », sont les prochaines cibles selon des déclarations officielles des USA.
Les « guerres civiles » parrainées par les USA ont été aussi conduites dans plusieurs autres régions pétrolières et gazières stratégiques, comme au Nigeria, au Soudan, en Colombie, en Somalie, au Yémen, en Angola, pour ne pas citer la Tchétchénie et plusieurs républiques de l'ancienne Union Soviétique. Coutumiers du fait, les USA ont sponsorisé les « guerres civiles », comportant souvent l’acheminement de groupes paramilitaires d'appui secret, qui ont été déclenchées dans la région du Darfour au Soudan ainsi qu'en Somalie, le Darfour possédant de vastes réserves pétrolières. En Somalie, des concessions lucratives sont déjà accordées à quatre géants pétroliers anglo-étatsuniens.
« Selon des documents obtenus par The Times, pratiquement les deux-tiers de la Somalie ont été attribués aux géants pétrolier étatsunien Conoco, Amoco (maintenant partie de BP), Chevron et Phillips, dans les dernières années avant que Mohamed Siad Barre, le Président somalien pro-étatsunien, soit renversé et que la nation plonge dans le chaos en janvier 1991. Des sources industrielles ont dit que les compagnies ayant des droits sur les concessions les plus prometteuses sont dans l’attente d’une décision de l'administration Bush pour envoyer des troupes US afin de protéger l’envoi d’assistance qui aidera aussi à protéger leurs investissements de multiples millions de dollars en Somalie. » (Intérêts US en Somalie, Global Research, 2002)
Mondialisation et conquête des ressources énergétiques mondiales
La diabolisation collective des musulmans, avec le dénigrement de l'Islam, exercée dans le monde entier, représente au niveau idéologique un instrument de la conquête des ressources énergétiques mondiales. Elle fait partie des mécanismes économiques et politiques plus généraux qui sous-tendent le Nouvel Ordre Mondial.
Michel Chossudovsky
Michel Chossudovsky est l'auteur du best-seller international The Globalization of Poverty (titre français: "La mondialisation de la pauvreté», éd. Écosociété) qui a été publié en 11 langues. Il est professeur d'économie à l'Université d'Ottawa, Canada, et directeur du Center for Research on Globalization Global Research. Il collabore également à l'Encyclopaedia Britannica. Son dernier ouvrage est intitulé ``America`s War on terrorism``, Global Research, 2005. Il est l'auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre.
Article original en anglais, Global Research , publié le 4 janvier 2007. © Copyright Michel Chossudovsky, Global Research, 2007
Traduction de Pétrus Lombard
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5-2 Danny Fortson, Andrew Murray-Watson et Tim Webb : Le butin de guerre.
Comment l'Ouest ramassera un joli paquet avec les richesses pétrolières irakiennes
Les réserves pétrolières massives de l'Irak, les troisièmes du monde, sont sur le point d'être grandes ouvertes à l'exploitation à grande échelle par les compagnies pétrolières occidentales, en vertu d'une loi controversée qui doit passer ces jours-ci devant le parlement irakien. (NDLR : cette loi est passée)
Le gouvernement étasunien a été impliqué dans l'élaboration de cette loi, dont l'Independent on Sunday a pu voir l'avant-projet. Elle donnerait aux grosses compagnies, telles que BP, Shell et Exxon, des contrats de 30 ans pour extraire le brut irakien et autoriser la première opération à grande échelle dans ce pays, sur les intérêts pétroliers, depuis la nationalisation de l'industrie (pétrolière) en 1972.
Les immenses prises de guerre potentielles pour les firmes occidentales alimenteront en arguments les détracteurs qui disent que la guerre d'Irak a été menée pour le pétrole. Sont dans leur ligne de mire, des déclarations comme celle du vice-Président Dick Cheney, qui a déclaré en 1999, alors qu'il était le PDG d'Halliburton (société de services pour l'industrie pétrolière), que le monde aurait besoin d'un supplément de 50 millions de barils de pétrole par jour d'ici 2010. "Alors, d'où ce pétrole proviendra-t-il ? ... Du Moyen-Orient, qui détient les deux-tiers du pétrole de la planète et dont le coût [d'extraction] est le plus faible, c'est là, en fin de compte, que se trouve le trésor", avait-il dit.
Patrons de l'industrie pétrolière et analystes disent que cette loi, qui permettra aux sociétés occidentales d'empocher les trois-quarts des profits les premières années, est le seul moyen de remettre l'industrie pétrolière irakienne sur ses pieds après des années de sanctions, de guerre et de perte d'expertise. Mais la loi opèrera au moyen "d'accords de partage de la production" [production-sharing agreements ou PSAs], très inhabituels au Moyen-Orient, où l'industrie pétrolière des deux plus grands producteurs du monde, l'Arabie Saoudite et l'Iran, est contrôlée par l'Etat.
Les opposants disent que l'Irak, où le pétrole compte pour 95% de l'économie, a été obligé de renoncer à un degré inacceptable de souveraineté.
Lorsqu'il a proposé la motion parlementaire pour la guerre en 2003, Tony Blair a réfuté la "fausse accusation" selon laquelle "nous voulons mettre la main" sur les revenus pétroliers de l'Irak. Il a dit que cet argent devrait être placé dans un fonds d'investissement, géré par l'ONU, pour les Irakiens, mais cette idée n'est allée nulle part. La même année, Colin Powell, alors Secrétaire d'Etat, avait déclaré : "Cela coûte un gros paquet d'argent pour livrer cette guerre. Mais le pétrole du peuple irakien appartient au peuple irakien ; c'est leur richesse et elle sera utilisée à leur profit. Donc, nous ne l'avons pas faite pour le pétrole".
Ceux qui soutiennent cette idée disent que la provision qui accorde aux compagnies pétrolières de prendre jusqu'à 75% des profits durera jusqu'à ce qu'elles aient recoupé les coûts initiaux de forage. Après cela, elles collecteront environ 20% des profits, selon des sources de l'industrie en Irak. Mais, dans cette industrie, c'est le double de la moyenne pour de tels accords.
Greg Muttit, un chercheur de Platform, une association de droits de l'homme et d'environnement, qui surveille l'industrie pétrolière, a déclaré qu'il est demandé à l'Irak de payer un énorme prix pendant les 30 prochaines années à cause de son instabilité présente. "Ils seront massivement perdants", a-t-il déclaré, "parce qu'ils n'ont pas, pour le moment, la capacité d'obtenir un bon accord".
Le vice-Premier ministre irakien, Barham Salih, qui préside la commission du pétrole du pays, doit dévoiler le contenu de cette loi dès aujourd'hui. "L'ensemble de l'industrie pétrolière irakienne est redessiné selon des normes modernes", a déclaré Khaled Salih, le porte-parole du Gouvernement Régional Kurde, partie dans ces négociations. Le gouvernement irakien espère que la loi entrera en vigueur d'ici mars.
On dit que plusieurs compagnies pétrolières majeures ont envoyé, ces derniers mois, des équipes dans le pays pour faire pression en vue d'obtenir des accords préalables à cette loi, bien que l'on considère qu'il est peu probable que les grosses pointures investissent tant que la violence en Irak ne baissera pas.
James Paul, le directeur général du Global Policy Forum, le groupe de surveillance international des gouvernements, a déclaré : "Il n'est pas exagéré de dire que l'écrasante majorité de la population serait opposée à cela. Le faire quand même, avec un débat minimal au sein du parlement [irakien] revient juste à verser plus d'huile le feu".
Vince Cable, le porte-parole démocrate-libéral du Trésor [US] et ancien chef économiste à la Shell, a déclaré qu'il était crucial que tout accord garantisse des fonds pour reconstruire l'Irak. "Il est absolument vital que le revenu de l'industrie pétrolière aille au développement irakien et c'est ainsi que l'on voit les choses", a-t-il déclaré. "Bien que cela ait un sens de collaborer avec des investisseurs étrangers, il est très important que les termes soient vus comme étant équitables".
Danny Fortson, Andrew Murray-Watson et Tim Webb
The Independent janvier 2007
article original : "Future of Iraq: The spoils of war"
Traduit de l'anglais par Jean-François Goulon
Webmaster de QuestionsCritiques
Posté par Adriana Evangelizt
09 Janvier 2007
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