dimanche, janvier 21, 2007

N° 245 - Journal d'Irak Special dossier - 21/01

Sommaire : ..

3 Dossier & Point de vue

3-1 Point de vue de Robert Parry : Bush réduit au silence un témoin dangereux.

3-2 Point de vue de Dahr Jamail et de Ali al-Fadhily : La fureur provoquée par l’exécution de Saddam est toujours aussi grande

3-3 Point de vue de Frank Furet : Un humanitarisme élastique

3-4 Point de vue ce Noam Chomsky : l’Irak, hier, aujourd’hui, demain.

3-5 Point de vue de Patrick Martin : Bush et Cheney calomnient les opposants à la guerre américaine en Irak .

3-6 Point de vue de Danielle Bleitrach. : Bush est encore pire que ce que l’on peut imaginer.

3-7 Point de vue de James Cogan : Une offensive sur Bagdad lance l’intensification des meurtres et de la répression,

3-8 Point de vue de Frank Furet : Meurtres étranges (avec des suspicions sur le Mossad..).

3-9 Dossier : Marianna Biélenkaïa* : Huit pays arabes donnent en Irak carte blanche aux États-Unis .

4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net.

4-1 Robert Parry : Nous sommes en train de glisser rapidement vers un état fasciste en amérique du Nord.

4-2 Percy KEMP : Aphorismes : Empire ou emporium ?

4-3 Philippe Grangereau : L'impeachment américain bien rodé

4-4 Adriana Evangelizt : Le plan qui condamne le plan Bush ne passera malheureusement pas ...

4-5 Neil Clark : L'autre guerre illégale de Blair

5 Annexe

5-1Trita Parsi : Le plan de Bush pour l’Irak : pousser l’Iran à la guerre





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3 Dossier & Point de vue

Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

Marc

3-1 Point de vue de Robert Parry : Bush réduit au silence un témoin dangereux.

Telle la version ensanglantée d’une famille de gangsters à la main mise globale, les Bushes ont éliminé un témoin clé de plus des évènements historiques importants qui ont conduit l’armée américaine à une impasse sanguinaire en Irak et poussé le Moyen Orient au bord d’une calamité.

La pendaison de Saddam Hussein était supposée être - comme le New York Times l’a fait remarqué - « une fin de livre triomphale » de l’invasion par George Bush de l’Irak. Si tout avait été comme prévu, Bush aurait pu organiser une autre célébration comme il l’a fait à la fin de son « combat majeur » posant sous la bannière « Mission Accomplie » le 1er mai 2003.

Mais aujourd’hui, avec 3 000 soldats américains tués et le nombre d’Irakiens morts dépassant les 600 000 selon certaines estimations, Bush pourrait être obligé de savourer l’image d’Hussein se balançant au bout d’une corde de façon un peu plus privée.

Cependant, Bush a rendu un grand service à son héritage familial tout en protégeant aussi des secrets qui auraient pu embarrasser d’autres hauts responsables du gouvernement US.

Il a réduit au silence une témoin unique de chapitres cruciaux de l’histoire secrète s’étendant de la révolution islamique de 1979 au « feu vert » que les américains sont soupçonnés avoir donné à Hussein pour l’attaque contre l’Iran en 1980, comprenant aussi les 8 ans de guerre Iran Irak au cours de laquelle de hauts responsables intermédiaires américains tels que Donald Rumsfeld et Robert Gates sont soupçonnés avoir aider à approvisionner en armement Hussein.

Hussein ne sera désormais plus là pour faire des témoignages gênants sur comment il a obtenu les agents chimiques et biologiques que ses scientifiques utilisaient pour produire des armes non conventionnelles qui ont été utilisées contre les forces iraniennes et des civils irakiens. Il ne peut donner son point de vue sur qui a obtenu l’argent et qui a facilité les arrangements.

Il ne pourra pas non plus donner sa version des messages mixtes délivrés par l’ambassadeur de George H.W. Bush, April Gaspie, avant l’invasion par Hussein du Koweït en 1990. Est-ce qu’il y a eu un nouveau « feu vert » américain ou est - ce que Hussein a juste entendu ce qu’il voulait entendre ?

Telle la scène cruciale d’un film sur la Mafia « Casino » ou des chefs gangsters éliminent toute personne qui en connaît trop, George W. Bush a maintenant donné des garanties qu’il n’y aura pas de tribunal public où Hussein témoigne sur ces scandales historiques potentiellement dévastateurs, qui pourraient menacer la légalité de la Famille Bush. Cela aurait pu se produire si Hussein avait été remis à un tribunal international à la Haye comme cela s’est fait pour d’autres tyrans, tel l’ancien dictateur de Yougoslavie Slobodan Milosevic. Au lieu de cela Bush a insisté pour qu’Hussein soit jugé en Irak malgré le fait évident que le dictateur irakien ne pourrait y bénéficier d’un procès juste avant d’être mis à mort.

La pendaison de Hussein fait suite à son procès pour l’exécution de 148 hommes et garçons de la ville de Jujail en 1982 après une tentative échouée d’assassinat contre lui et son entourage. La mort d’Hussein annule les autres procès qui étaient supposés juger de l’utilisation d’armes chimiques pour tuer des civils irakiens et d’autres crimes qui auraient pu exposer le rôle joué par les US.

Frisson de Plaisir de Meurtre

Certains observateurs pensent que Bush voulait simplement tirer une satisfaction personnelle de voir Hussein pendu, ce qui ne serait pas arrivé si celui-ci avait été envoyé à la Haye. Alors qu’il était gouverneur du Texas, Bush parfois a pris, ce qui semble être un plaisir pervers, à appliquer son pouvoir d’exécuter des prisonniers.

En 1999, dans une interview avec l’écrivain conservateur Tucker Carlson du magazine « Talk » Bush a ridiculisé Karla Faye Tucker, condamnée pour meurtre et sa demande infructueuse auprès de Bush de lui épargner la vie.

Interrogé sur la demande de grâce de Karla Faye Tucker, Bush a imité par des mimiques ce qu’était pour lui le message de cette femme condamnée à mort. « Avec une moue désapprobatrice se moquant de son désespoir, Bush à dit : « S’il vous plaît ne me tuez pas. »

Mais un motif beaucoup plus puissant s’était la menace potentielle représentée par Hussein à la légalité de la Famille Bush s’il réussissait à avoir un forum où il aurait pu faire un témoignage détaillé des évènements historiques de ces dernières décennies.

Depuis qu’il est entré à la Maison Blanche le 20 janvier 2001, George W. Bush s’est fait une priorité de dissimuler l’histoire des 12 ans passés par son père comme vice-Président et Président et d’envelopper sa propre présidence d’une épaisse couverture de mystère.

L’un des premiers actes de Bush comme Président cela a été de signer un ordre exécutif pour bloquer la publication de documents historiques concernant les années de gouvernance de son père. Apres les attaques du 11 septembre, Bush a étendu son mandat secret et attribué à sa famille le droit de conserver à perpétuité hors de portée du public américain ces documents, en transmettant cette autorité de garder ces secrets aux futures générations Bush.

Ainsi donc après la mort de George H.W Bush et George W. Bush, ces historiennes que seront devenues Jenna et Barbara Bush contrôleront des documents clés du gouvernement couvrant une période de 20 ans de l’histoire des Etats-Unis.

Déjà, chaque document de la bibliothèque présidentielle de George W. Bush doit recevoir l’autorisation de publication par des spécialistes des Archives Nationales et - si classé secret - par les agences appropriées, mais aussi par les représentants personnels des deux Bush senior et junior.

Etant donné leur appartenance antérieure à des sociétés secrètes telle « Skull and Bones » - et avec le travail de H.W. Bush pour la CIA - les Bushes ont tout à fait conscience du pouvoir qu’on a à contrôler l’information. En cachant des faits cruciaux au peuple américain, les Bushes pensent qu’ils peuvent facilement infantiliser les électeurs américains.

Quand il y a un risque d’une éventuelle fuite d’information de valeur, les Bushes interviennent en appellent à des amis influents pour discréditer tel témoin ou s’appuie sur l’armée pour dissiper la menace. Les Bushes ont été infiniment aidés aussi par la crédulité et la lâcheté des medias américains modernes et du parti Démocrate.

Ce qui peut être fait

Néanmoins, malgré l’exécution d’Hussein, il y a des actions que le peuple américain peut mener pour finalement récupérer l’histoire perdue des années 80.

L’armée US est actuellement assise sur un trésor, toute une pile de documents saisis lors de l’invasion de l’Irak en 2003. L’Administration Bush a exploité ces documents pour discréditer l’ONU au sujet du scandale du programme « pétrole contre nourriture » des années 90, alors qu’ironiquement Hussein ne fabriquait pas d’ADM. Mais, l’Administration Bush n’a pas divulgué les données des années 80 quand Hussein produisait des armes chimiques et biologiques.

En 2004, par exemple, la CIA a publié le rapport dit Dueffer, qui stipulait que les estimations faites par l’Administration avant l’invasion concernant le fait qu’Hussein cachait des stocks d’ADM étaient « presque entièrement fausses ». Mais un trait curieux de ce rapport c’est qu’il incluait un long chapitre sur les abus par Hussein du programme « pétrole contre nourriture » bien que le rapport reconnaissait que ces fonds détournés n’avaient pas servis à acheter des armes prohibées.

Pendant ce temps, le rapport notait l’existence d’un programme important d’ADM dans les années 80, mais n’offrait aucun perspective documentée de comment cette opération s’était effectuée, et qui était responsable pour la fourniture d’équipement crucial et de produits chimiques de base. Autrement dit, le rapport de la CIA sur les ADM n’identifiait pas les non irakiens qui avaient rendu l’arsenal d’ADM irakien possible.

Une source qui a vu la preuve m’a dit qu’elle contenait des informations sur le rôle du trafiquant d’armes chilien Carlos Cardoen, qui avait été identifié comme un lien clé entre la CIA et l’Irak, dans la fourniture d’armes dangereuses dans les années 80. Mais cette preuve est restée inaccessible.

Avec les Démocrates prenant le contrôle du Congres le 4 janvier 2007, il pourrait finalement y avoir une opportunité pour que soit rendu public un peu plus d’éléments de toute cette histoire, en supposant que les Démocrates n’optent pas pour leur manière habituelle de placer en avant leur « gouvernance bipartite » au détriment de la critique et de la vérité.

Le peuple américain pourrait aussi demander que les survivants du régime de Saddam Hussein fassent un compte rendu complet de leurs connaissances historiques avant que leurs voix tombent dans le silence soit du à des causes naturelles, ou d’autres exécutions.

Mais le personnage singulier qui aurait pu mettre toute cette période en perspective - et fournir les preuves les plus irréfutables du rôle de la Famille Bush - a été réduit au silence pour toujours, jeté dans une trappe lors d’une pendaison et laissé suspendu au bout d’une corde.

La Maison Blanche a annoncé que George W. Bush n’a pas attendu l’heureuse nouvelle de la pendaison d’Hussein. Apres que l’armée US l’ait remis aux mains des exécuteurs irakiens, Bush s’est couché dans son lit dans son ranch à Crawford, Texas, et a dormi toute la nuit.

Robert Parry

Samedi 20 Janvier 2007

* Robert Parry a révélé beaucoup d’histoires concernant l’Iran -Contra dans les années 80 pour l’AP et dans Newsweek. Son dernier livre : « Secrecy & Priviliège : Rise of the Bush Dynasty from Watergate to Iraq » (« Secret et Privilège : l’Ascension de la Dynastie Bush du Watergate à l’Irak”) Il a aussi publié un livre en 1999 intitulé « Lost History : Contras, Cocaine, the Press & ’Project Truth. » (Histoire Perdue : Contras, Cocaine, la Presse et le Projet Verité »)

Source et Copyright
Traduction bénévole Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org
Publié sur : http://www.planetenonviolence.org/A...
Sources

Posté par Adriana Evangelizt



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3-2 Point de vue de Dahr Jamail et de Ali al-Fadhily : La fureur provoquée par l’exécution de Saddam est toujours aussi grande

Les manifestations d’indignation à propos de la conduite du procès

et de la façon chaotique dont l’exécution de Saddam Hussein a été expédiée

ne discontinuent pas, ici : avocats et associations des droits de l’homme

expriment leurs critiques, bien que certaines personnes demandent prudemment

aux médias de ne pas citer leurs noms.*

Les experts juridiques irakiens et internationaux semblent s’être mis

d’accord pour dire que le tribunal spécial qui a condamné l’ancien dirigeant

irakien à la pendaison avait été constitué illégalement et qu’il n’avait pas

respecté les normes internationalement reconnues. Ils ont rappelé que

l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avait déclaré le 16

septembre 2004 que l’invasion et l’occupation de l’Irak avaient eu lieu en

violation de la Charte des Nations unies. Ce qui rendait illégale

l’installation de la prétendue Haute Cour irakienne qui allait juger Saddam.

Deux autres condamnés à mort, Barzan Ibrahim al-Tikriti, demi-frère de

Saddam et ancien responsable des renseignements, et Awad Hamed al-Bandar,

l’ancien président du Tribunal révolutionnaire de l’Irak, ont été pendus à

l’aube, ce lundi. Barzan a même été décapité – accidentellement, s’il faut

en croire les autorités.

La façon d’appliquer les exécutions a encore ajouté au malaise provoqué par

l’exécution de Saddam et le procès qui l’a précédée. Tout au long du très

long procès de Saddam, bien des personnes ont exprimé des soupçons, disant

que ses conclusions étaient courues d’avance et qu’elles avaient déjà été

rédigées par Bagdad et Washington.

« Le verdict a été rendu d’avance par l’administration Bush et ses alliés

irakiens. Ce procès n’a été qu’une farce dégoûtante », a déclaré à IPS – en

voulant préserver son anonymat – un important membre de l’Union des juristes

irakiens.

« La démission de Rezgar Muhammad Amin, le premier juge principal du procès

de Saddam à Dujail, a suscité de graves questions parmi les juristes

irakiens et internationaux. Il est clair qu’il a démissionné suite aux

pressions du gouvernement irakien. Ce dernier voulait qu’il oriente

l’affaire sur une tout autre voie que celle qu’elle empruntait. »

Amin a invoqué des raisons personnelles à sa démission en tant que juge

principal de la Haute Cour irakienne, en janvier 2006, alors que le procès

de Dujail avait débuté trois mois plus tôt. Ce procès de Dujail se penchait

sur les mesures énergiques prises par le gouvernement irakien après une

tentative d’assassinat manquée contre Saddam, en 1982. L’action s’était

soldée par la mort de 148 chiites.

Un haut conseiller du ministère irakien de la Justice, prenant également la

parole sous la protection de l’anonymat, a déclaré à l’adresse IPS que le

remplaçant d’Amin, le juge Raouf, avait reçu des instructions très claires

de ses juges assistants afin de délivrer des sentences sévères contre Saddam

et les autres accusés.

Des critiques se sont aussi exprimées à propos du climat d’intimidation

mortelle qui a plané sur la totalité du procès, entamé en octobre 2005. Un

colonel chargé de la sécurité du ministère de l’Intérieur à Bagdad a lui

aussi demandé qu’on ne mentionnât pas son nom, déclare IPS.

« Nous avons écrit au ministère pour lui suggérer qu’en protégeant les

avocats et les témoins de la défense, nous installerions une certaine

intégrité au sein du tribunal, mais nos supérieurs ont ignoré nos

suggestions. Il en est résulté que trois avocats de la défense ont été

assassinés et que certains témoins de la défense ont été soumis à la

torture.

« Le procès aurait dû être suspendu tant qu’une protection appropriée

n’aurait pas été assurée à ces personnes. »

Et d’ajouter : « Nombre de mes collègues et moi-même estimons que Saddam

méritait la peine de mort, mais non une peine de mort prononcée par un

tribunal faible, ne servant pas la justice ni n’ayant la moindre once de

crédibilité. »

Les témoins à charge, très peu convaincants, ainsi que les drames et

scandales qui ont émaillé le procès ont également suscité nombre de

critiques ici.

« Certains témoins avaient dix ans ou moins encore à l’époque des faits », a

déclaré à l’adresse d’IPS Ahmed Saadoon, un avocat originaire de Diwaniya,

au sud de Bagdad. « Il y avait beaucoup de contradictions dans leurs

déclarations. »

La tactique agressive de l’accusation a jeté le discrédit sur toute la

procédure du tribunal, a-t-il ajouté. « Le procureur général était si

agressif. Cela a encore ajouté à l’aspect partial du procès. »

Les associations internationales des droits de l’homme ont-elles aussi

exprimé leurs critiques, qualifiant le procès devant un tribunal spécial

d’illégal et mené en violation de la législation internationale.

Le Groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires a

décidé que « la privation de liberté » de Saddam était « arbitraire ». Sa

décision a été transmise aux avocats chargés de la défense de Saddam peu

avant le verdict final et le prononcé de la sentence, le 5 novembre 2006. Le

Groupe de travail, composé d’experts juridiques indépendants venus d’Iran,

d’Algérie, d’Espagne et de Hongrie, a passé plus de deux ans à collecter des

informations avant d’annoncer ces conclusions. Il a fait reposer sa décision

sur son interprétation des traités internationaux, en particulier la Charte

internationale des Droits civils et politiques. Il estimait que l’article 14

de la Charte avait été enfreint de nombreuses manières.

Après les clameurs de protestations qui ont suivi la pendaison de Saddam,

Human Rights Watch a sorti une déclaration attaquant le Premier ministre

irakien, Nouri al-Maliki, qui s’était montré un ardent partisan de

l’exécution. Ceci prouvait le mépris du gouvernement irakien « pour les

droits de l’homme et le pouvoir de la loi », a déclaré Human Rights Watch.

L’association a insisté en vain auprès du gouvernement irakien pour

suspendre les exécutions de Barzan Ibrahim al-Tikriti et d’Awad Hamed

al-Bandar. Les deux hommes avaient été condamnés à mort en compagnie de

Saddam lors du procès de Dujail. Human Rights Watch a également critiqué le

procès de Dujail comme étant « fondamentalement inique » et la sentence

contre Saddam d’« indéfendable ».

Le gouvernement irakien est confronté aujourd’hui à la perspective d’être

traîné devant la Cour internationale de justice de La Haye à propos de la

façon dont Saddam a été exécuté et des affirmations prétendant que son corps

a été profané après qu’on l’a descendu de la potence.

Bushra al-Khalil, une avocate de l’équipe chargée de défendre Saddam

Hussein, a déclaré à des journalistes qu’elle avait l’intention de

poursuivre le gouvernement à propos des brimades infligées à l’ancien

dirigeant par ses bourreaux, une fois qu’il a été amené sur le lieu de

l’exécution. La scène a été prise en vidéo par un GSM et elle a déclenché

l’indignation générale lors de sa diffusion sur les chaînes de TV et sur

Internet du monde entier.

Khalil a même déclaré qu’elle allait lancer une seconde action à propos des

affirmations prétendant que les bourreaux de Saddam avaient violé son corps

après sa pendaison, du moins s’il faut en croire le quotidien saoudien

al-Watan.

Dahr Jamail et Ali al-Fadhily

(Inter Press Service)

Traduit de l’anglais par Jean Marie Flémal



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3-3 Point de vue de Frank Furet : Un humanitarisme élastique

Dans les années 1980, lorsque cela servait ses intérêts, Washington n'a jamais eu le moindre scrupule à soutenir Saddam Hussein, comme d’ailleurs d'autres dictateurs : Marcos aux Philippines, Suharto en Indonésie, le chah en Iran, Somoza au Nicaragua, Batista à Cuba, Trujillo à Saint-Domingue, Pinochet au Chili, Mobutu au Congo-Zaïre, etc. Certains des tyrans les plus sanguinaires restent soutenus par les Etats-Unis, comme le délirant Teodoro Obiang , de Guinée-Equatoriale, reçu avec tous les honneurs à la Maison Blanche en septembre 2002 par le président George W. Bush.

Le nombre immense des morts provoquées par l'embargo imposé par l'Amérique (Il serait question d’un million et demi de morts) relativise aussi fortement l'argument utilisé par les américains pour diaboliser le régime irakien. En 1991, les Etats-Unis ont laissé faire avec un grand cynisme la répression de nouvelles révoltes kurdes et chiites car ils craignaient une déstabilisation de la région et une extension de la révolution islamique iranienne.

Les gentils occidentaux …

On l’a déjà vu, l'Irak n’a pas été gouverné par un Saint. Mais il se trouve que ce même était autrefois l’ami de l’Occident. Lors de guerre Iran - Irak (1 million de morts), Saddam . Hussein était vu par les dirigeants occidentaux comme un allié fiable contre la menace que représentait à leurs yeux le régime des ayatollahs iraniens. C'était aussi un très bon client, auquel on vendait massivement des armes. Lorsqu'il gazait les populations kurdes irakiennes (1988 Halabjah, 5.000 morts) la Russie, la France et les Etats-Unis y exportaient des armes, y compris des éléments chimiques. Entre 1974 et 1988, la France a signé une trentaine d'accords de coopération militaire avec l'Irak dirigé par Saddam Hussein

Lorsque Saddam Hussein employait des armes chimiques contre les forces iraniennes et les Kurdes irakiens à la fin des années 1980, il agissait avec la bénédiction tacite des Etats-Unis, comme le souligne un article récent du new York Times rappelant que «des agences américaines de renseignement savaient que les commandants irakiens utiliseraient des armes chimiques lors des batailles décisives de la guerre Iran-Irak» et n'ont rien fait pour les arrêter. Un officier haut placé des services de renseignement de défense à l'époque, le colonel Walter P. Lang, a dit au Times que les officiers américains du renseignement «étaient prêts à tout pour que l'Irak ne perde pas» contre l'Iran. «L'utilisation de gaz sur les champs de bataille par les Irakiens n'était pas une cause d'inquiétude au niveau stratégique», a commenté le colonel Lang.

Il y a aussi des indices que les États-Unis ont aidé Saddam Hussein à lancer un programme de production d'anthrax en tant qu'arme biologique. Le Figaro a rapporté en 1998 que les États-Unis et la France avaient fourni à l'Irak des souches du bacille d'anthrax au milieu des années 1980, après que le régime Hussein eût lancé un programme secret d'armes biologiques au début de 1985. Des chercheurs au centre biologique de Rockville, Maryland (American Type Culture Collection) ont confirmé le rapport.

De fait, “au début des années 1980, le plus gros souci des Etats-Unis au Moyen-Orient n’était pas l’Irak, mais le nouveau régime des Mollah en Iran”. La chute du shah, homme de l’administration américaine, privait les Américains de leur source privilégiée d’or noir. Les Etats-Unis optaient alors pour une nouvelle stratégie dans la région. En suivant la théorie des intérêts bien compris ­ “les ennemis de mes ennemis sont mes amis”­, l’Irak de Saddam Hussein devint le nouvel allié stratégique local de la puissance américaine.

“Outre des équipements militaires, Saddam Hussein reçut une aide économique importante et des livraisons clandestines de munitions.” A Washington, personne n’était dupe. “Les responsables américains savaient très bien que Saddam Hussein était un psychopathe. Les États-Unis ont soutenu Hussein et l'Irak dans sa guerre contre l'Iran parce que l'élite dirigeante américaine considérait le régime islamique radical en Iran comme la plus grande menace. Une fois la guerre finie et l'Iran affaibli, Washington a commencé à s'inquiéter face à la perspective de voir un régime nationaliste séculaire à Bagdad devenir une puissance dans la région riche en pétrole. Les dirigeants américains ont alors cherché à créer un prétexte pour une guerre contre l'Irak, et ils l'ont trouvé avec l'invasion du Koweït par le régime irakien le 2 août 1990. Il a été révélé par la suite que l'ambassadeur américain en Irak, April Glaspie avait, dans une conversation qu'elle a eue avec Hussein le 21 juillet 1990, quasiment donné le feu vert, en langage diplomatique, à l'action irakienne, en déclarant: «Nous n'avons aucune opinion en ce qui concerne les conflits entre Arabes». De plus, le général Norman Schwarzkopf avait, plusieurs mois avant l'invasion du Koweït et sur les ordres du général en chef de l'époque, Colin Powell, dressé les plans d'une intervention militaire massive des États-Unis dans le Golfe persique et dirigée contre l'Irak. En juin 1990, Schwarzkopf organisait déjà des batailles simulées mettant aux prises des centaines de milliers de soldats américains contre des divisions blindées irakiennes.

Je t’aime, je t’aime plus…

L’homme qui a rapproché le régime du “psychopathe” Saddam Hussein et l’administration américaine est Donald Rumsfeld. Le 20 décembre 1983, l’envoyé spécial de Ronald Reagan se rendait dans la capitale irakienne pour “affaires”. Sans états d’âme, le futur ministre de la Défense de George W. Bush, serrait chaleureusement la main du “boucher de Bagdad”. A l’époque, explique “Newsweek”, “Donald Rumsfeld savait pertinemment que Saddam Hussein finançait des terroristes et faisait tout pour acquérir la bombe nucléaire”. Cependant, il prépara sans scrupule les arrivages de produits chimiques, qui allaient servir quelques années plus tard au gazage des Kurdes dans le Nord irakien… De même, l’aide militaire qu’il promit à Saddam Hussein servit à envahir le Koweït en 1990.


Nord/Sud: maintenir l'échange inégal

Dominer ce n'est pas seulement être le plus fort, c'est aussi maintenir l'autre dans un état de faiblesse. N'est-ce pas l'organisation économique même de la planète qui fait que le Nord n'a pas intérêt à ce que le Sud s'en sorte? Plus concrètement, les bénéfices énormes des multinationales ne sont-ils pas basés en tout premier lieu sur le fait qu'elles sous-paient les matières premières? Ne sont-ils pas la cause du fossé insurmontable entre le monde industrialisé et le tiers monde?


C'est ce que pense Ludo Martens: "Depuis 1980, les pauvres sont devenus encore plus pauvres en termes absolus. Avec la crise du Golfe, Bush, Thatcher et Mitterrand disent: nous interdisons tout ajustement des prix des matières premières, parce que "notre survie" et "notre style de vie" en dépendent! En effet, c'est textuellement le message de Bush au monde arabe: "Nos emplois, notre style de vie, notre propre liberté (...) en souffriraient si toutes les plus grandes réserves pétrolières du monde tombaient entre les mains de ce seul homme: Saddam Hussein." (2)
En clair, poursuit Martens: "Si le pétrole, ou l'uranium, ou le cuivre, ou le cobalt... ou le canal de Panama tombent entre les mains des forces nationalistes du tiers monde, tout le bel édifice de la société capitaliste occidentale risque de s'effondrer."

Comme l'écrit l'économiste africain Samir Amin: "Nous avons assisté au cours de la seconde moitié des années 80, à une énorme offensive du capital international visant à "recompradoriser" le tiers monde, c'est-à-dire à l'asservir, soumettre ses systèmes politiques et économiques à la logique simple de l'expansion du capital, sans concessions. Les plans de réajustement du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale font partie de ce programme. L'intervention en cours dans le Golfe en constitue également une expression, la plus violente, mais non la première. Elle a été précédée par la guerre menée par les Contras au Nicaragua; il y a eu l'intervention à Grenade pour mettre en place un régime à la solde des Etats-Unis; l'intervention à Panama, certes confuse du fait de la nature du président de ce pays, mais qui avait néanmoins pour but précisément le maintien de la domination américaine sur la région "stratégique" pour eux; il y a eu de nombreuses interventions françaises, notamment en Afrique, pour maintenir en place des hommes d'Etat qui ne sont pas précisément des démocrates. (...) L'unification du monde par le marché ne suppose pas "la paix, mais au contraire l'intensification des interventions violentes contre les peuples qui en sont les victimes."

Pendant ce temps, les statistiques officielles confirment que le 1% le plus riche de la population a augmenté ses revenus de 87% en dix ans, gagnant pratiquement autant que la moitié des habitants. Tandis que le revenu des plus pauvres a baissé de 5%. (2)

A la question "que veut le président américain?" Béchir Ben Yahmed répond dans Jeune Afrique: "George Bush veut imposer sa loi d'une manière qui ne laisse à personne aucun doute sur qui est le maître du Monde." Et l'Algérien Kheiredine Ameyar précise: "La nature du combat, dans et contre le monde arabe, est le concentré à l'état presque pur des relations internationales qui nous attendent. L'Irak aurait été attaqué, qu'il ait ou non annexé le Koweït. Cette annexion a profité aux USA, car elle leur a donné des prétextes et des justifications, mais le fond du problème est ailleurs.

Une leçon destinée à l'ensemble des pays du Sud? Est-ce ainsi qu'il fallait comprendre l'acharnement américain à combattre le "tyran irakien" pour remettre sur son trône le tyran koweïtien? Pour d’aucuns, les USA sont sur ce plan l'intransigeance même. Ils n'examineront aucune autre solution que le rétablissement du statu quo ante intégral, y inclus : ils entendent démontrer à tous ceux qu'ils protègent que même lorsqu'ils ne leur évitent pas la chute, ils sont capables de les remettre en selle.

En Irak, les USA voulaient éviter une solution négociée et tenaient absolument à déclencher la guerre, y compris pour rétablir leur suprématie sur leurs alliés? Zbigniew Brzezinski, ex-conseiller pour la sécurité du président Carter: "Il n'y a qu'une seule superpuissance au monde, ce sont les Etats-Unis. Une superpuissance doit être globale. Politique, économique et militaire. Nous sommes la seule puissance sur tous les plans".

Henry Kissinger, ex-ministre des Affaires étrangères du président Nixon: "Tout retrait quelconque, opéré sans avoir atteint les objectifs poursuivis, serait déshonorant et mettrait fin au rôle stabilisateur des Etats-Unis au Moyen-Orient. De même serait gravement affaibli l'élément à lui seul le plus important qui subsiste dans les relations de l'Amérique avec l'Europe et le Japon, à savoir la contribution de l'Amérique à la défense de ses alliés".

Une Pomme pourrie…

Noam Chomsky (4) aime ironiser sur l’hypocrisie du discours des States. Le département d’état américain des années 50 qualifierait l’Irak de pomme pourrie.
Une pomme pourrie constitue pour le département d’état une menace à la stabilité. Pour Chomsky, par « stabilité » il faut entendre ici « sécurité pour la classe dominante et les grandes sociétés étrangères » ; « menace sur la sécurité désigne tout ce qui pourrait empiéter sur les droits des investisseurs américains ». William Casey, ancien directeur de la CIA, a avoué à Bob Woodward qu'un des objectifs de la campagne américaine contre le gouvernement sandiniste avait été de "ne pas permettre que le Nicaragua existe en tant que modèle d'Etat de gauche » (3)

Au Proche orient et au moyen orient on s’est souvent plu à assigner à la direction locale une façade Arabe ; on intègre les colonies sous le couvert de protectorat, sphère d'influence, état tampon ou autres. Il s’agit de constituer la façade de dictatures familiales qui s'en tiennent à ce qu'on leur dit de faire et garantissent que le flot des bénéfices aboutisse aux USA, à leur client Britannique et aux sociétés du secteur énergétique. Il faut les protéger au moyen de gendarmes régionaux, non arabes de préférence (Israël, Turquie, Iran du Shah d'Iran, Pakistan) avec en réserve la force Britannique et américaine. Le système on longtemps fonctionné avec efficacité.

Néo-colonialisme?

Dans cette perspective néo-colonisatrice, les régimes radicaux, indépendants ou nationalistes sont indésirables en eux mêmes: surtout s'ils s'avèrent une réussite. Dans ce cas ils deviennent un virus, une pomme pourrie qui pourrait gâcher tout le lot : ils sont considérés comme des dominos, qui pourraient en faire bascule d'autres (Oxfam, comme Chomsky (4), appelle ceci "la menace du bon exemple). Quand on découvre un virus, il faut le détruire et immuniser ceux qui risquent d'en être victimes . La menace primordiale contre le Nouvel Ordre dirigé par les USA est le nationalisme du Tiers monde, appelé « ultranationalisme ». Ce sont des régimes répondant aux exigences populaires en faveur d’une amélioration immédiate du niveau de vie des masses et d’une production axée sur les besoins domestiques. Les planificateurs voient à ce que ces régimes n’existent pas ou sinon, de les écarter et d’installer à leur place des gouvernements qui favoriseront les investissements privés étrangers, la production axée sur l’exportation et le droit de réinvestir les profits hors du pays. Les USA s’attendent à devoir compter sur la force, et nouent des alliances avec les militaires- « les moins antiaméricains de tous les groupes politiques en Amérique latine », de sorte qu’on peut leur faire confiance pour écraser tous les groupes populaires indigènes qui échapperaient à leur contrôle. Une étude du système interaméricain publiée par ( RIIA), Royal Institute of International affairs) à Londres concluait : « Alors que les USA ne s’intéressent à la démocratie que pour la forme, leur véritable engagement va à « l’entreprise privée et capitaliste ». Lorsque les droits des investisseurs sont menacés, la démocratie doit s’effacer. Des gouvernements parlementaires furent supprimés ou renversés, avec le soutien des américains et parfois même leur intervention directe : ce fut le cas en Iran en 1953, au Guatemala en 1954 (et en 1953), au Brésil en 1964, au Chili en 1973, etc…

On en revient à la théorie de la pomme pourrie (4), les USA ne tolèrent pas le bon exemple. Concernant le renversement de la démocratie guatémaltèque en 1954, on fit remarquer : « le Guatemala est devenu une menace grandissante pour la stabilité du Honduras et du Salvador. Sa réforme agraire est une puissante arme de propagande ; son vaste programme social d’aide aux ouvriers et aux paysans dans leur lutte victorieuse contre les classes supérieures et les grandes entreprises étrangères exerce un attrait puissant sur les populations de ses voisins d’Amérique centrale où prévalent des conditions similaires ».

Une œuvre civilisatrice…

Ce désir de contrôler l'économie mondiale afin de s'assurer un contrôle des ressources mondiales se traduit dans les faits par des interventions, directes ou non, dans des conflits armés ou coups d'Etat. Pour inclure de nouveaux pays du « Tiers Monde » dans la « Grande région 1 » dominée par les Etats-Unis, la violence a souvent été de mise. En Indonésie, par exemple, où plus d'un demi-million de personnes sont tuées en quatre mois lors d'un coup d'Etat appuyé (et probablement inspiré) par les EU en 1965, au Timor Oriental, où 200 000 personnes ont été tuées depuis 1975 au cours d'une invasion indonésienne, exécutée avec l'appui militaire et diplomatique des EU. En Amérique centrale, où près de 200 000 personnes ont été tuées, après avoir été torturées par des gouvernements « clients » des EU. Que dire encore de la guerre du Viêt-nam, de Corée, de l'invasion du Guatemala et de l'intervention de la CIA dans nombre de coups d'Etat sanglants.


Chomsky (4) montre que ces conflits sont pour la plupart dictés par la politique de la « pomme pourrie » visant à éliminer toute tentative alternative pouvant fonctionner (comme au Guatemala 2) pour éviter que la « pourriture 3 » ne se propage. Ces « mises au pas » étant le plus souvent justifiées par « la défense de la liberté » contre « l'ennemi intérieur » et autres discours pompeux officiels cachant mal leur principal but, l'annexion des richesses par les EU.

Le sang versé est la tasse de thé des géants de la foire… (6)

Beaucoup d’analystes affirment qu’une autre raison qui pourrait expliquer l'agression que préparent les Américains serait « les pressions du lobby industrialo-militaire. . C'est un lobby qui est très fort aux Etats-Unis et qui a des ramifications dans l'administration Bush notamment auprès de Dick Cheney, le vice-président, et de Donald Rumsfeld, le secrétaire américain à la Défense, rappelle-t-il. Sachant que ce groupe de pression est lié au lobby pétrolier, je crois que ce sont les deux fauteurs de guerre principaux ». Charles Saint-Prot s'élève donc contre les raisons officielles invoquées par les Etats-Unis pour justifier leur attaque sur Bagdad. On a beaucoup dénoncé "l'appareil militaro-industriel irakien". On n'a moins parlé du complexe militaro-industriel américain, qui est infiniment plus puissant.

Pendant des décennies, la production d'armes sophistiquées d'extermination massive a été justifiée par la "menace soviétique". Après l'effondrement de l'URSS, tombe du ciel une "menace" irakienne sur l'Occident. Pour maintenir le niveau élevé des dépenses d'armements, la démonisation de l'Irak, c'est providentiel. Est-ce là des obsessions de gauchistes ou de pacifistes dogmatiques? Mais le président de la société française d'armement GIAT ne dit rien d'autre: "Une chance après des années de marasmes, la conjoncture est bonne. Tout le monde a pensé, à tort, que la détente entre l'Est et l'Ouest allait nuire aux ventes d'armements, sauf les professionnels, qui ont estimé que la tension entre Etats-Unis et l'Union-soviétique n'assurant plus son rôle de grand policier du monde, cela allait libérer d'autres tensions et d'autres marchés.


Après la 1ere guerre du Golfe, par leurs achats de matériel militaire, le Koweït et l'Arabie Saoudite ont expédié au cours de la dernière décennie des dizaines de milliards de dollars dans les caisses des marchands d'armes des économies capitalistes (5). La valeur totale des armements amassés dans le Golfe équivalait au montant de toute la dette du tiers monde. Un seul jour de bombardement sur l'Irak, durant la première guerre du Golfe représentait le prix de dix hopitaux équipés et un seul raid d'avion Jaguar aurait permis de construire un collège de cinq cents places. Mi-septembre 90: George Bush annonce une vente d'armes à l'Arabie Saoudite: 20 milliards de dollars (que le Congrès réduira à 7,5 milliards). En février 91: Le Pentagone annonçait qu'en 1991, les ventes d'armes américaines battront leurs records: 33 milliards de dollars dont plus de la moitié au Moyen-Orient ;en 1991 Un discours de George Bush Senior appellait à "mettre fin à la prolifération des armes conventionnelles et non conventionnelles" dans cette région, mais Dick Cheney annonçait de nouvelles et importantes ventes d'armes à Israël et aux Emirats arabes unis. En un an de discours sur le désarmement, l'administration Bush Senior vendra alors au Moyen-Orient pour plus de 15 milliards d'armements.

Ooooh, le bel uniforme...

La guerre actuelle est notamment le résultat des pressions d'un lobby basé aux USA, le "Comittee for the Liberation of Iraq", créé très récemment, le 17 Novembre 2002. Ce comité est présidé par Bruce K. Jackson, Vice-Président depuis 1994 du groupe d'armement Lockheed Martin, la société qui fabrique l'avion de combat F16. Bruce K. Jackson est également l'organisateur de la campagne de George W. Bush, et l'un des dirigeants du lobby de l'élargissement de l'OTAN aux pays de l'Est.


En 21 mois, l'administration Bush a déjà réclamé plus de 150 milliards de dollars de nouvelles dépenses pour l'armement, alors que les dépenses pour la sécurité interne ont doublé : passant de 18 à 38 milliards.

En 21 mois, l'administration Bush a déjà réclamé


La concentration dans l'industrie de l'armement s'est opérée à un rythme soutenu. On retrouve donc parmi les allocataires des rentes budgétaires un nombre restreint de sociétés : Lockheed Martin (constructeur du F-16, du F-22 Raptor, du AC-130 et du futur Joint Strike Fighter/F-35), General Dynamics(technologies de guidage pour divers types d'armes), Boeing et sa division McDonnell Douglas (transporteurs et bombes « intelligentes » : les Joint Direct Attack Munition), Raytheon (les missiles Tomahawk, Tow, Maverick, Javelin et les bombes anti-bunker GBU-28...), Northrop Grumman (le bombardier B-2, le F-14, le Global Hawk, avion sans pilote...), TRW(Thompson-Ramo-Wooldrige, spécialisé dans les systèmes de communication), Bechtel (constructeur de sites en tous genres dans le Nevada comme en Arabie saoudite ou au Qatar). A cela, il faut ajouter un grand nombre de laboratoires (Los Alamos, Livermore...) et des universités. Voilà de quoi subventionner, sans « distordre la libre concurrence », des secteurs entiers de l'industrie américaine, au grand dam des compétiteurs européens. La suprématie technologique est un facteur important de la stratégie impérialiste et la puissance militaire permet d'imposer des contrats de vente de systèmes d'armement américains, de la Corée du Sud à l'Australie (7). Les vedettes du lobby militaire dans l'administration Bush rivalisent avec celles du secteur pétrolier. Dick Cheney, le vice-président, était membre de la direction d'un organisme fort influent dans le domaine de l'armement : le Center for Security Policy. Sa femme, Lynne Cheney, siégeait au conseil d'administration de Lockheed Martin et recevait 120 000 dollars pour quatre réunions annuelles. Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense, a durant de longues années été associé au Center for Security Policy et membre de deux commissions ayant en charge l'étude sur le bouclier antimissile et la militarisation de l'espace. Stephen Hadley, membre actuel du Conseil national de sécurité, travaillait auprès de la firme d'avocats représentant Lockheed Martin. Pete Aldrige, sous-secrétaire à la Défense, chargé des achats, vient de chez McDonnel Douglas Electronics Systems (PdG de 1988 à 1992), puis d'Aerospace Corporation, qui est en 33e position parmi les fournisseurs du Pentagone. Robert Joseph, assistant spécial du président Bush, était déjà présent dans l'administration de Bush père et de Reagan et disposait d'une grande influence dans la National Defense University qui entretient des liens étroits avec l'industrie d'armement. Paul Wolfowitz, sous-secrétaire d'Etat à la Défense, a été ambassadeur américain en Indonésie de 1986 à 1989 (sous la dictature de Suharto), puis sous-secrétaire à la Défense, aux côtés de Dick Cheney sous Bush père. Il a aussi servi de consultant pour Northrop Grumman. Stephen Cambone, un des hommes de Rumsfeld pour traduire les choix militaires en postes budgétaires (il est directeur de Bureau de programmation), fut un des directeurs de recherche à la National Defense University. Richard Perle, président du Defense Policy Board, organisme de liaison entre l'administration présidentielle et le Pentagone, est réputé pour son ardeur en faveur d'une intervention militaire en Irak. Il a servi sous Reagan et enseigne toujours auprès de l'Institut des entreprises américaines : American Enterprise Institute. Peter B. Teets, sous-secrétaire responsable des forces aériennes, était président de Lockheed Martin de 1997 à 1999. Il commença sa carrière chez Martin Marietta (firme de Denver qui fusionna avec Lockheed en 1995). Gordon England, secrétaire aux forces navales, a été vice-président de General Dynamics de 1997 à 2001. Enfin, Le nouveau proconsul de l'Irak, le général en retraite Jay Garner, en charge du Bureau de reconstruction et d'aide humanitaire, n'est pas seulement le PDG en congé sans solde de la société «SY Coleman», qui a fourni une assistance technique au système américain de missiles antimissiles Patriot. Il serait aussi l'émanation d'un puissant groupe industriel, «L-3 Communications», coté sur le New York Stock Exchange, qui possède, outre «SY Coleman», le fleuron du mercenariat d'entreprise américain: la société MPRI («Military Professional Resources Inc.»). Selon le «Glasgow Sunday Herald», le vice-président du National Group, une branche de MPRI, le général Jerry Bates aurait d'ailleurs été chargé par Garner des opérations logistiques dans la nouvelle administration américaine de l'Irak. (8)

A suivre...

Sources Banc Public

Posté par Adriana Evangelizt



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3-4 Point de vue ce Noam Chomsky : l’Irak, hier, aujourd’hui, demain .

Noam Chomsky interviewé par Michael Albert.

Pourquoi les Etats-Unis ont-ils envahi l’Irak ? Et pourquoi d’importants secteurs de l’élite politique, comme Scowcroft, s’y opposent-ils ? Quelles sont les raisons du maintien de la présence états-unienne ?

La raison officielle c’est ce que Bush, Powell, et d’autres, ont appelé « la seule question » qui importe : Est-ce que Saddam mettra un terme au développement des armes de destruction massive ? La directive officielle de la présidence signale comme premier objectif : « libérer l’Irak de façon à éliminer les armes de destruction massive irakiennes, les moyens d’y parvenir et les programmes qui y sont associés, afin d’empêcher l’Irak de briser l’équilibre et de devenir ainsi une menace encore plus dangereuse dans la région et au-delà ». C’est sur cette base que le soutien du Congrès a été obtenu pour l’invasion. La Directive indique plus loin comme objectif : couper « les liens entre l’Irak et le terrorisme international », etc. Quelques phrases sont ajoutées provenant des plats réchauffés qui accompagnent toute action et qui constituent un discours universel obligé, donc considérées comme sans intérêt par les personnes raisonnables, mais qui sont brandies par les système doctrinal lorsque c’est nécessaire.

Lorsque la « seule question » a été répondue de la mauvaise façon, et lorsque les affirmations concernant le terrorisme international sont devenues par trop embarrassantes à répéter (certes pas pour Cheney et quelques autres), l’objectif est devenu la « promotion de la démocratie ». Les medias et les journaux et presque tout le monde universitaire, ont rapidement bondi sur la tribune, ont vite découvert qu’il s’agissait de la guerre la plus noble de l’histoire, poursuivant la mission messianique de Bush d’apporter la liberté et la démocratie au monde. Quelques Irakiens en sont d’accord : 1% (un pour cent) selon un sondage à Bagdad au moment de l’annonce du lancement de la mission à Washington. Par contre, en Occident, peu importe qu’il existe une montagne de preuves qui réfutent l’affirmation, et même sans prendre en compte le timing -qui devrait les plonger dans le ridicule- la preuve que la mission est bien celle-ci c’est que notre Cher Leader l’a déclaré. J’ai fait l’inventaire des tristes écrits sur ce sujet. Cela se poursuit sans guère de changement jusqu’à aujourd’hui, avec une telle persistance que j’ai cessé de collecter les absurdes répétitions du dogme.

La véritable raison pour l’invasion, sans aucun doute, c’est que l’Irak est la deuxième réserve de pétrole dans le monde, très facile à exploiter, et le pays se trouve en plein cœur de la plus grande réserve d’hydrocarbure du monde, ce que le Département d’Etat considérait déjà il y a 60 ans « comme une fabuleuse source de pouvoir stratégique ». L’objectif ce n’est pas d’accéder mais de contrôler (pour les entreprises pétrolières l’objectif est le profit). Le contrôle sur ses ressources donne aux Etats-Unis « un appréciable avantage » par rapport aux pays industrialisés rivaux, pour emprunter l’expression de Zbigniew Brezinski, qui répétait ce qu’avait dit George Kennan, un des responsables de la planification politique, qui avait reconnu que ce contrôle donnerait aux Etats-Unis « un pouvoir de veto » par rapport aux autres. Dick Cheney a observé que le contrôle des ressources énergétiques offre des « instruments d’intimidation et de chantage » -lorsqu’elles se trouvent entre les mains des autres, selon lui. Nous sommes trop purs et nobles pour nous appliquer ces considérations à nous-mêmes ; et les vrais croyants déclarent -ou plus exactement présupposent simplement- que ce point est trop évident pour nécessiter davantage d’explication.

Il y a au sein des élites une condamnation sans précédent de l’invasion de l’Irak, y compris des articles dans les plus grands périodiques spécialisés la politique étrangère -dans la publication de l’American Academy of Arts and Sciences, par exemple. Les analystes les plus rationnels pouvaient percevoir que l’entreprise impliquait de gros risques pour les intérêts états-uniens, quoi que l’on entende par ce terme. L’opposition internationale était très forte, et le coût probable pour les Etats-Unis était perceptible, bien que la catastrophe créée par l’invasion est allée bien au-delà des pires scénarios imaginés. Il est amusant de voir les mensonges des plus grands supporters de la guerre qui essaient de nier avoir dit ce qu’ils ont dit tout à fait clairement. Il y a une bonne récapitulation de la malhonnêteté des intellectuels néoconservateurs (Ledenn, Krauthammer, et d’autres) dans The American Conservative du janvier 2007 ; mais ce ne sont pas les seuls.

En ce qui concerne les raisons de rester, je ne peux que répéter ce que je dis depuis des années. Un Irak souverain, relativement démocratique, pourrait bien être un vrai désastre pour les architectes de la géopolitique états-unienne. Avec une majorité chiite, il est probable que les relations avec l’Iran s’améliorent. Il y a des chiites en Arabie saoudite juste à la frontière, fortement opprimés par la tyrannie soutenue par Washington. Toute avancée vers la souveraineté en Irak encourage la lutte pour les droits humains et pour l’autonomie dans cette région - et il se trouve que c’est l’endroit où se trouve la plus grande partie du pétrole saoudien. La souveraineté en Irak pourrait bien engendrer une alliance chiite, indépendante des Etats-Unis, contrôlant la plus grande réserve d’hydrocarbure du monde et menaçant la pérennité de l’un des principaux objectifs des Etats-Unis depuis la Deuxième guerre mondiale - quand ils sont devenus le principal pouvoir mondial. Encore plus grave, si les Etats-Unis peuvent intimider l’Europe ils ne peuvent pas intimider la Chine ; cette dernière suit gaillardement sa propre voie, y compris en Arabie saoudite, le joyau de la couronne - raison principale qui fait que la Chine est considérée comme une grande. Un bloc énergétique indépendant dans la région du Golfe entrera probablement en relation avec le Réseau de sécurité énergétique d’Asie [Asian Energy Security Grid], basé en Chine, avec le Conseil de Coopération de Shanghai, avec la Russie (qui dispose d’énormes ressources propres), ainsi qu’avec les Etats d’Asie centrale, et peut-être avec l’Inde. L’Iran est déjà associé avec eux, et un bloc chiite au sein des Etats arabes pourrait bien suivre la même tendance. Cela serait le cauchemar des architectes de la stratégie des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux.

Il y a donc de fortes raisons qui font que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne tenteront par tous les moyens de conserver le contrôle de l’Irak. Les Etats-Unis ne construisent pas une énorme ambassade de type palais -de loin la plus grande du monde, un peu comme une ville séparée à l’intérieur de Bagdad- et n’envoient pas des fonds pour des bases militaires pour finalement laisser l’Irak aux Irakiens. Cela ne permettrait pas aux entreprises états-uniennes de prendre le contrôle des immenses richesses de l’Irak.

Ces sujets, bien que certainement considérés comme de première importance par les architectes de la stratégie états-unienne, n’entrent pas dans l’éventail de la discussion - comme on peut le voir. C’est le genre de choses auxquelles on doit s’attendre. Ces considérations sont en opposition avec la doctrine qui établit les nobles intentions du pouvoir. Les gens au pouvoir, s’ils peuvent bien commettre de terribles gaffes, ne peuvent pas être animés de basses motivations. La forte concentration du pouvoir privé dans le pays n’as pas non plus la moindre influence. Tout questionnement à propos de ces Hautes Vérités est soit ignoré soit rejeté avec virulence - également pour de bonnes raisons : permettre la discussion de ces idées pourrait affaiblir le pouvoir et menacer les privilèges. Je ne pense pas, soit dit en passant, que les commentateurs soient conscients de cela. Dans notre société, les élites intellectuelles sont profondément endoctrinées, ce qu’Orwell avait noté dans son introduction (non publiée) à La « Ferme aux animaux », où il parlait de l’efficacité de l’auto-censure dans les société libres. Orwell concluait que cela s’explique dans une bonne mesure par une bonne éducation qui inculque le principe selon lequel il y a des sujets « qu’il ne sert à rien d’aborder » - ou plus exactement, y compris d’y penser.



Du point de vue de l’élite, qu’est-ce qui représenterait une grande victoire en Irak ? Qu’est-ce qui serait un succès limité mais suffisant ? Et qu’est-ce qui serait considéré comme une défaite ? Pour être complet, comment la démocratie en Irak, la démocratie aux Etats-Unis, le bien-être du peuple irakien, ou le bien-être du peuple états-unien -ou y compris de nos soldats- entrent en ligne de compte dans les choix politiques des Etats-Unis ?

Une grande victoire ce serait d’établir un Etat client obéissant. Une modeste réussite serait d’empêcher un niveau de souveraineté permettant à l’Irak de suivre la voie naturelle dont je viens de parler. En ce qui concerne la démocratie, y compris les plus engagés dans l’université en défense de la « promotion de la démocratie » reconnaissent qu’il existe une « forte continuité » dans la volonté des Etats-Unis de promouvoir la démocratie en remontant aussi loin que voulez et jusqu’à nos jours : la démocratie est soutenue si et seulement si cela convient à nos objectifs stratégiques et économiques, de telle sorte que tous les présidents sont « schizophrènes », un mystère étonnant (Thomas Carothers). Cela est tellement évident qu’il faut vraiment une discipline impressionnante pour ne pas le remarquer. C’est un trait remarquable de la culture états-unienne (en fait de la culture occidentale) que tout esprit parfaitement endoctriné peut à la fois émettre des éloges exaltés à propos de notre stupéfiante défense de la démocratie et dans le même temps faire montre de la plus grande haine envers la démocratie. Par exemple, en soutenant un châtiment brutal pour les personnes qui ont commis le crime de voter de la « mauvaise façon » lors d’une élection libre, comme c’est le cas de la Palestine aujourd’hui, avec des prétextes qui ne seraient pas pris au sérieux dans une société libre. En ce qui concerne la démocratie aux Etats-Unis, l’élite l’a toujours considérée comme une terrible menace, à laquelle il faut résister. Le bien-être des soldats est un sujet d’inquiétude, mais non prioritaire. Le bien-être de la population ici, il suffit de regarder les politiques à l’intérieur du pays. Bien entendu, tout cela ne peut être complètement ignoré, y compris dans des dictatures totalitaires, et encore moins dans des sociétés où le combat populaire a remporté un haut niveau de liberté.



Pourquoi l’occupation a-t-elle été un tel désastre, du point de vue de l’élite ? Est-ce que davantage de troupes auraient pu aider à la manœuvre au départ ? Etait-ce une mauvaise idée de démanteler l’armée et d’ordonner la débaassification ? Si ces politiques étaient des erreurs, pourquoi ont-ils commis ces erreurs ? Pourquoi les appels au retrait ne parviennent-ils pas seulement de l’opposition anti-guerre sincère, mais également de certaines élites qui ont des objectifs particuliers ? Est-ce que cela relève juste de la rhétorique ? Est-ce que ce sont des signes de différences réelles ?

Il y a beaucoup de commentaires émanant de l’élite concernant les raisons du désastre, ce qui ne s’est pas souvent vu dans l’histoire. Souvenons-nous que les nazis ont eu beaucoup moins de problèmes à gérer l’Europe occupée -et le plus souvent ce sont des civils qui étaient en charge de la sécurité et de l’administration- que les Etats-Unis n’en ont pour contrôler l’Irak. Et l’Allemagne était en guerre. La même chose est vraie pour ce qui concerne les Russes en Europe de l’est, et il y a beaucoup d’autres exemples, y compris dans l’histoire états-unienne. La première raison de la catastrophe, cela fait maintenant à peu près consensus, c’est ce dont m’a parlé (et j’ai écrit à ce sujet), quelques mois après l’invasion, un membre de l’une des organisations de secours les plus importantes - une personne de grande expérience dans les endroits les plus chaotiques du monde. Il revenait juste d’Irak, après avoir tenté de participer à la reconstruction de Bagdad, et il m’a dit qu’il n’avait jamais vu un tel déploiement « d’arrogance, d’incompétence et d’ignorance ». Les nombreuses erreurs sont le sujet d’une vaste littérature. Je n’ai rien de particulier à ajouter, et franchement, le sujet ne m’intéresse pas outre mesure, pas plus que les erreurs tactiques des Russes en Afghanistan, l’erreur commise par Hitler quand il a ouvert la guerre sur deux fronts, etc.



Quel a été l’impact du mouvement anti-guerre sur les décideurs politiques ? Est-ce que les choix faits par l’élite auraient été différents s’il n’y avait un mouvement anti-guerre ? Si on fait une comparaison avec la période vietnamienne, cette guerre semble être beaucoup plus contestée, si bien que le soutien de l’élite faiblit plus vite et plus fort que lors de la guerre du Vietnam. L’opposition est moins militante et moins passionnée aujourd’hui, mais certainement plus ample et de plus grande portée. Qu’en pensez-vous ?

Il est difficile de se faire une idée de l’impact qu’on peut avoir sur la politique. Dans le cas de l’Indochine, il existe les archives internes ; dans le cas de l’Irak non, il s’agit donc d’une appréciation beaucoup plus subjective.

Pour le reste je crois que nous devons être prudents pour faire une comparaison des deux guerres. Elles sont de natures différentes, et les conditions ont beaucoup changé. La guerre d’Indochine a commencé peu après la Deuxième guerre mondiale, lorsque le gouvernement Truman a pris la décision de soutenir la reconquête menée par la France dans son ancienne colonie. Les Etats-Unis ont alors empêché une solution diplomatique et ont installé un Etat brutal et corrompu dans le Sud-Vietnam, ce qui a déclenché une résistance qu’ils n’ont pas pu contrôler, y compris après avoir tué des dizaines de milliers de personnes. En 1961, le gouvernement Kennedy a décidé de passer à l’attaque directe. En quelques années le Sud-Vietnam a été dévasté, et en 1965, le gouvernement Johnson a étendu la guerre au Nord-Vietnam dans l’espoir de voir Hanoi faire pression sur la résistance du Sud-Vietnam pour qu’elle renonce, envoyant dans le même temps des centaines de milliers de soldats pour occuper le Sud-Vietnam. Pendant toute cette période, il n’y a quasiment pas eu de contestation, ou en tout cas si faible qu’il y a peu de personnes qui savent que Kennedy a brutalement attaqué le Sud-Vietnam en 1962. La guerre était impopulaire, si bien que les stratèges qui entouraient Kennedy avaient tenté de trouver comment réduire le rôle de Etats-Unis, mais seulement -et Kennedy insiste jusqu’à la fin- une fois la victoire obtenue. Aussi tard qu’en octobre 1965, la première manifestation publique d’opposition à la guerre, à Boston la libérale, a été brisée par une contre-manifestation pleinement soutenue par les medias libéraux. A cette époque-là la guerre contre le Vietnam avait déjà atteint, en termes de violence, une dimension supérieure à celle de l’actuelle invasion de l’Irak. L’Irak est en proie à la violence aujourd’hui, mais c’est radicalement différent de la situation indochinoise, où les Etats-Unis menaient une guerre meurtrière contre la population en général, laquelle soutenait la résistance sud-vietnamienne, comme les experts états-uniens le savaient parfaitement bien, et le signalaient parfois même publiquement. Beaucoup plus tard, un mouvement anti-guerre s’est développé, vers 1967-1968, incluant une résistance directe à la guerre, mais il faut se souvenir combien cela a tardé, et combien plus horribles étaient les actions des Etats-Unis au Vietnam qu’en Irak. Et même au pire moment de la guerre, le mouvement anti-guerre se concentrait principalement sur les bombardements du Nord, et l’opposition de l’élite se limitait à cela en gros, en raison de la menace que l’extension de la guerre au Nord signifiait pour le pouvoir et les intérêts des Etats-Unis - là où il y avait des ambassades étrangères, des navires russes dans le port de Haiphong, une voie ferrée chinoise qui passait à l’intérieur du Nord-Vietnam, un système de défense anti-aérien puissant, etc. La destruction du Sud-Vietnam, la cible principale tout au long de la guerre, a provoqué beaucoup moins de contestation, et était perçue comme peu coûteuse. Le gouvernement reconnaissait tout cela. Pour prendre un exemple, les archives internes révèlent que les bombardements du Nord-Vietnam étaient méticuleusement planifiés, on évaluait les conséquences. Par contre, on ne prêtait guère d’attention aux bombardements du Sud-Vietnam qui étaient beaucoup plus intenses. En 1965 les bombardements du Sud-Vietnam -qui avaient déjà produit des effets désastreux- ont été augmentés en intensité. En 1967 Bernard Fall, spécialiste le plus respecté du Vietman, un expert militaire qui n’était pas spécialement une colombe, se demandait si la société vietnamienne allait tout simplement continuer d’exister en tant qu’entité culturelle à la suite des attaques états-uniennes.

A la différence du cas vietnamien, il y a eu de protestations massives contre la guerre d’Irak, y compris avant qu’elle ne commence officiellement, et l’opposition est restée importante, beaucoup plus importante que pour les étapes équivalentes de l’invasion états-unienne du Sud-Vietnam.

Pour en revenir à ce qui était en jeu, le prétexte concocté pour les guerres d’Indochine : empêcher que la conspiration sino-soviétique ne s’empare du monde. L’irréalisme des planificateurs états-uniens -des « wise men » (« messieurs avisés ») du gouvernement Truman jusqu’aux années Eisenhower avec le « best and the brighest » (« le meilleur et le plus brillant »)- était assez extraordinaire, particulièrement en ce qui concerne l’image qu’ils peignaient de la Chine, laquelle changeait selon les circonstances. Bien qu’on sache déjà beaucoup, la première grande étude sur le sujet de la Sécurité Nationale pendant ces années-là est parue tout récemment : « La Chine de Washington » de James Peck. La presse n’en absolument pas rendu compte, ce qui est très révélateur.

Il y avait bien sûr des éléments plus sains parmi les planificateurs. Ils reconnaissaient que les intérêts véritables étaient menacés, non pas sous la forme d’une « Manchourie slave » (Dean Rusk) et non pas en incluant la « Chine révolutionnaire » comme faisant partie de la « conspiration impitoyable et monolithique » qui veut prendre le contrôle du monde (Kennedy), etc. Les archives internes révèlent les préoccupations habituelles de la version réaliste de la théorie des dominos - assez distincte de la fiévreuse version servie au public, mais tellement rationnelle qu’elle est continûment évoquée dans les archives internes. La crainte dans ce cas-là -crûment évoquée dans les archives internes- c’était qu’un Vietnam indépendant poursuive une voie de développement qui pût inspirer les autres dans la région. Il pourrait bien s’agir d’un cas de « virus devenant contagieux », selon la rhétorique de Kissinger (ainsi parlait-il d’Allende), peut-être jusqu’à l’Indonésie qui dispose de nombreuses richesses. Cela pourrait amener le Japon à s’accommoder d’une Asie du sud et d’une Asie du sud-est indépendantes et devenant des pôles de développement technologiques, refondant ainsi le Nouvel ordre japonais hors du contrôle des Etats-Unis (Kennan ainsi que d’autres planificateurs considéraient que c’était quelque chose de très bien si et seulement s’il demeurait sous contrôle états-unien). Cela aurait signifié que les Etats-Unis avaient perdu la Deuxième Guerre mondiale dans le Pacifique. La réaction naturelle a été de détruire le virus et d’instaurer de féroces dictatures afin d’immuniser ceux qui auraient pu succomber. L’objectif a été atteint, une grande réussite. C’est pourquoi le conseiller en sécurité nationale McGeorge Bundy signalait plus tard que les Etats-Unis auraient peut-être bien dû arrêter leur effort de guerre en 1965, après le coup d’Etat de Suharto en Indonésie, lequel avait déclenché une grande euphorie après le massacre de centaines de milliers de personnes, la destruction de la seule organisation politique de masse et l’ouverture du pays aux pilleurs occidentaux.

Les vrais enjeux existaient, et la victoire des Etats-Unis n’est pas négligeable. Les prétextes concoctés, apparemment avec sincérité, étaient colossaux. Les enjeux en Irak sont également énormes, mais il n’est pas évident qu’ils dépassent ce qui était estimé dans le cas de l’Indochine. De plus, le pays a pas mal changé à la suite de la période militante des années 1960. Le mouvement contre la guerre au Vietnam lorsqu’il s’est finalement développé n’a pas été affaibli par des questions plus larges comme c’est le cas de la vie militante aujourd’hui. Je pourrais facilement développer y compris en m’en tenant à mon expérience personnelle. Considérez simplement les conférences : A la fin des années 1960 à peu près toutes les demandes concernaient la guerre du Vietnam. Aujourd’hui seulement une partie de ces conférences concernent la guerre en Irak, non pas parce que la guerre n’est pas un sujet d’inquiétude, mais parce qu’il y beaucoup d’autres sujets d’inquiétude.

Par ailleurs le déluge d’invitations est beaucoup plus grand en nombre, sur un tas de sujets qui étaient à peine discutés il y a 40 ans, et les audiences sont beaucoup plus nombreuses et beaucoup plus engagées. Il existe beaucoup d’autres facteurs qui détournent de la vie militante, par exemple la grande quantité d’énergie dépensée par le Mouvement pour la Vérité sur le 11 Septembre [« 9/11 Truth Movement »]. Il peut y avoir une impression de militantisme anti-guerre plus faible aujourd’hui par rapport au Vietnam, mais je crois que c’est une erreur - même si les protestations contre la guerre en Irak sont loin de parvenir au niveau qu’elles devraient atteindre.



Quels sont les politiques dont disposent les planificateurs bellicistes aujourd’hui ? Quelles options satisfaisantes leur reste-t-il ? Est-ce que le retrait est possible ? Est-ce que le retrait conduirait à une guerre civile encore pire ? Est-ce que le retrait conduirait à la victoire des baasistes ou des fondamentalistes islamiques ? Quel serait l’effet respectif de chacune de ces options ? S’il n’y a pas de retrait maintenant, sous la contrainte de l’opposition ou souhaité par certaines élites, ou les deux, quelle politique sera-t-elle suivie ?

L’une des politiques disponibles pour les planificateurs états-uniens c’est d’accepter les responsabilités des agresseurs : payer des réparations massives pour leurs crimes -non pas une aide, mais des réparations- et de répondre aux attentes des victimes. Mais cela est hors de question, cela ne peut pas faire partie des commentaires possibles, dans des sociétés où la mentalité impériale est fortement enracinée et la classe intellectuelle est fortement endoctrinée.

Le gouvernement et les commentateurs savent bien -grâce à des sondages réalisés par des entreprises occidentales ou états-uniennes- ce que souhaitent les victimes. Les résultats sont assez stables. A l’heure actuelle, les deux tiers des bagdadi souhaitent le retrait des Etats-Unis, et environ 70% des Irakiens souhaitent que soit fixé un chronogramme précis du retrait, généralement dans un délai d’un an, voire moins. Cela signifie un pourcentage beaucoup plus élevé dans l’Irak arabe, là où les troupes sont déployées. 80%, en comptant les zones kurdes, croient que la présence des Etats-Unis fait augmenter la violence, et à peu près la même proportion croit que les Etats-Unis ont l’intention d’installer des bases militaires permanentes. Ces chiffres augmentent continûment.

Comme d’habitude, l’opinion irakienne est complètement ignorée. Les plans actuels prévoient l’augmentation de la présence des forces militaires états-uniennes à Bagdad, là où une grande majorité de la population veut qu’elles partent. Le rapport Beker-Hamilton ne faisait même pas mention de l’opinion irakienne sur la question du retrait. Ce n’est pas qu’ils n’aient pas disposé de l’information ; ils citaient les mêmes sondages, mais sur les questions qui sont importantes pour Washington, la question du soutien aux attaques contre les soldats états-uniens (considérées comme légitimes par 60% des Irakiens) ; c’est pour cela que le rapport conclut en recommandant des changements de tactiques. De la même façon l’opinion états-unienne n’est guère prise en compte, non seulement sur la question de l’Irak, mais également sur la question de la crise qui s’approche, l’Iran. 75% des Etats-uniens, y compris 56% des républicains, sont favorables à l’amélioration des relations avec l’Iran et défavorables à une politique de menaces. Ce fait entre à peine en ligne de compte dans les évaluations politiques, ou dans les commentaires, de la même façon que les décisions politiques ne sont en rien influencées par les grandes majorités favorables à des relations diplomatiques avec Cuba. L’élite est profondément anti-démocratique, bien que noyée dans une rhétorique sur l’amour de la démocratie et sur les missions messianiques pour la promotion de la démocratie. Il n’y rien de nouveau ou de surprenant dans tout cela, et bien entendu cela ne se limite pas aux Etats-Unis.

Pour ce qui est des conséquences d’un retrait des Etats-Unis, chacun peut avoir son propre avis, incertain parce que privé de données précises, comme les avis de l’intelligence états-unienne. Mais nos avis n’ont guère d’importance, ce qui importe c’est ce que pensent les Irakiens, ou plutôt c’est ce qui devrait importer, et le fait que le point de vue des victimes entre à peine en ligne de compte nous dit beaucoup sur le caractère et le niveau moral de la culture intellectuelle dominante.



Quelles conséquences percevez-vous pour les différentes propositions politiques qui ont été avancées : a) les recommandations du comité Baker-Hamilton ; b) la proposition de Peter Galbraith-Biden-Gelb de diviser l’Irak en trois pays distincts ?

Les recommandations de Baker-Hamilton ne sont dans une certaine mesure qu’une liste de désirs : ne serait-ce pas mieux si l’Iran et la Syrie voulaient bien nous aider ? Toutes les recommandations sont tellement vagues qu’elles n’ont quasiment aucun sens. Ainsi, les troupes devraient être réduites, sauf si elles sont nécessaires pour protéger les soldats états-uniens - par exemple, ceux qui se trouvent intégrés dans des unités irakiennes, considérés par beaucoup comme des cibles légitimes. Le rapport contient quelques recommandations discrètes, mais parfaitement attendues, pour permettre aux grandes entreprises (principalement états-uniennes et britanniques) de prendre le contrôle des ressources énergétiques. Tout cela se trouve hors de tout débat - considérant probablement qu’il est inapproprié que l’opinion publique soit tenue au courant. Il y a quelques mots pour recommander au président d’annoncer que nous n’envisageons une présence militaire permanente, mais sans le moindre appel pour mettre un terme aux constructions. Et le reste est à l’avenant. Le rapport rejette toute proposition de partition, y compris les plus modestes propositions préconisant une structure fédérale. Bien que cela ne nous regarde pas, bien que nous n’ayons pas le droit de décider, leur scepticisme est probablement un gage. Les pays voisins seraient très hostiles à un Kurdistan indépendant -pays divisé territorialement. Cela pourrait amener la Turquie à envahir le pays et cela fragiliserait la vieille alliance Etats-Unis-Turquie-Israël. Les Kurdes sont nettement favorables à l’indépendance, mais ils considèrent que cela n’est pas réalisable -pour le moment, en tout cas. Les Etats sunnites pourraient réaliser une invasion pour protéger les zones sunnites -lesquelles sont dépourvues de ressources. Les régions chiites renforceraient leurs liens avec l’Iran. Cela pourrait mener à une guerre régionale. A mon avis une solution fédérale serait préférable, et pas seulement en Irak. Mais cela ne semble pas réaliste à court terme.



Quelles devraient être les décisions politiques selon vous ? Si on suppose que l’inquiétude sincère pour la démocratie, que l’inquiétude sincère pour le bien-être de la population et que l’inquiétude sincère pour la loi et la justice finissaient par déterminer la décision politique, ou si on suppose que l’opposition anti-guerre puissent décider les termes de la politique, quelle devrait être la politique des Etats-Unis ?

La réponse pour moi est assez claire. La politique devrait être celle qui est réservée à tous les agresseurs : 1) payer des réparations ; 2) écouter les souhaits des victimes ; 3) les coupables devraient assumer et rendre des comptes, selon les principes de Nuremberg, la Charte des Nations Unies, parmi d’autres instruments internationaux, y compris la Loi états-unienne des crimes de guerre [War Crimes Act] avant qu’elle ne fût dénaturée par la Loi des Commissions Militaires [Military Commissions Act] -l’un des dispositifs juridiques les plus honteux de l’histoire des Etats-Unis. Il n’y a rien de mécanique dans les affaires humaines, mais ce sont là des linéaments assez fiables. Une proposition plus pratique : œuvrer au changement de notre société et de notre culture, au moins un minimum, afin que ce qui devrait être fait puisse devenir un sujet de discussion. C’est un travail de longue haleine, non seulement sur cette question, bien que je pense que l’opposition de l’élite soit beaucoup plus déterminée que celle de la société en général.

Interview réalisée par Michael Albert.

Znet, le 27 décembre 2006 .

Source en anglais : Znet www.zmag.org

Traduction : Numancia Martínez Poggi




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3-5 Point de vue de Patrick Martin : Bush et Cheney calomnient les opposants à la guerre américaine en Irak .

Dans des remarques télédiffusées dimanche dernier, le président Bush et le vice-président Cheney ont rejeté l’opposition de masse à leur politique de guerre du revers de la main. Ils ont déclaré que le gouvernement américain ferait « tout ce qui est nécessaire » pour obtenir la victoire militaire en Irak et ont suggéré que l’Iran pourrait bien être la prochaine cible de l’agression militaire américaine.

Comme ils réitéraient leurs plans pour l’élargissement de la guerre, Bush et Cheney exprimaient le point de vue — un trait associé à la dictature, pas à la démocratie — que le gouvernement avait le droit de défier la volonté du peuple sur les questions politiques les plus fondamentales, une guerre dans laquelle des milliers d’Américains et des centaines de milliers d’Irakiens ont déjà perdu la vie.

Dans une offensive coordonnée de relations publiques de la Maison-Blanche, Cheney était l’invité de l’émission d’entrevue matinale « Fox News Sunday », alors que Bush était interviewé sur l’émission de CBS « 60 Minutes » diffusée le même jour.

Les deux ont cherché, mais de façon légèrement différente, à intimider la majorité des Américains qui s’opposent à la continuation de l’occupation américaine en Irak et veulent le retrait rapide de toutes les troupes américaines.

Bush a expliqué l’impact dévastateur de l’échec américain en Irak, disant qu’il « donnerait du courage à l’ennemi », qu’il a défini comme étant « al-Qaïda et les extrémistes » ainsi que l’Iran. Il a continué en disant qu’un tel échec signifierait la souffrance et le meurtre de masse au Moyen-Orient, malgré que ce soit là précisément le résultat catastrophique de l’invasion américaine actuelle.

Laissant entendre que d’immenses intérêts économiques et stratégiques étaient en jeu dans la question du contrôle de la région riche en pétrole — qu’il a opposé aux enjeux de la défaite américaine au Vietnam —, Bush a dit que « Ce qui est arrivé au Moyen-Orient est important pour notre pays. Et cela est différent de certains de nos engagements passés. »

Cheney, comme il sied à ce personnage dont le rôle est celui de la brute de l’administration, a donné l’avertissement que ceux qui prônaient le retrait de l’Irak « valideraient de nouveau la stratégie qu’Oussama ben Laden a adoptée depuis le premier jour : si vous tuez assez d’Américains, vous pouvez les forcer à abandonner, ils n’auront pas le courage de se battre. »

Alors que Cheney suggérait que ceux qui s’opposent aux politiques bellicistes de l’administration Bush capitulaient devant le terrorisme, Bush a déclaré qu’il y avait un large consensus aux Etats-Unis sur la nécessité de réussir en Irak et a maintenu que les critiques de ses plans d’intensifier la guerre étaient obligé d’offrir un scénario de rechange pour une victoire américaine.

Tout en évitant de remettre en question le cadre essentiel de l’intervention américaine en Irak, et s’adressant à Bush et Cheney avec un respect servile, les journalistes de Fox et de CBS ont néanmoins demandé quelques questions acérées au président et au vice-président, qui ont donné des réponses qui méritent d’être rapportées.

Scott Pelley de l’émission « 60 Minutes » a interrogé Bush sur les mensonges utilisés comme prétexte pour la guerre en 2003. « Plusieurs Américains croient que votre administration n’a pas été franche avec le pays, qu’elle n’a pas été honnête », a-t-il dit, citant les affirmations sur les armes de destruction massive et les liens entre l’Irak et les attaques du 11-Septembre tout comme la grande sous-estimation par l’administration du coût de la guerre.

Bush a tout d’abord semblé pris de court, crachant un « Je comprends. Je comprends. Je comprends. » Il a ensuite eu recours aux dernières lignes de défense des mensonges d’avant la guerre, l’argument que les démocrates et l’administration Clinton avaient la même vue sur l’Irak de Saddam Hussein. « Il y avait beaucoup de gens, tant républicains que démocrates, a-t-il dit, qui croyaient qu’il y avait des armes de destruction massive. Plusieurs dirigeants du Congrès ont dit clairement que Saddam Hussein avait des armes avant mon arrivée à Washington, D.C. »

L’intervieweur de Fox, Chris Wallace, a demandé à Cheney de parler de l’importante baisse d’appui du public et du Congrès pour la guerre en Irak, comme elle s’est spécialement exprimée dans les élections de novembre 2006. Citant des sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote qui montraient que pour le vote de 67 pour cent des gens la guerre était une question très importante et que seulement 17 pour appuyaient l’envoi de plus de troupes, il a demandé à Cheney : « Par votre politique n’avez-vous pas, M. le vice-président, ignoré la volonté du peuple américain aux élections de novembre ? »

Cheney a répondu : « Je crois que pas un président qui se respecte ne peut se permettre de prendre des décisions de cette importance selon les sondages. Les sondages changent chaque jour... »

Insistant, Wallace a ajouté : « C’était une élection monsieur. » Cheney a ignoré cette remarque, répétant : « Les sondages changent de jour en jour, de semaine en semaine... on ne peut pas simplement se fier à l’opinion publique et se retirer, car elle s’oppose. »

Le vice-président a ensuite développé une perspective basée sur le rejet de toute responsabilité démocratique du gouvernement des États-Unis vis-à-vis du peuple américain. Au contraire, a-t-il soutenu, la tâche du gouvernement était d’être plus fort que le peuple, afin d’assurer que la volonté du chef exécutif (le « décideur ») prédomine sur la volonté du peuple.

« Cela fait partie intégrante de la stratégie fondamentale de nos ennemis qui croient que c’est là la faiblesse des États-Unis », a déclaré Cheney. « Ils sont convaincus que l’actuel débat au Congrès, la campagne électorale en automne dernier, que tout ceci est la preuve qu’ils ont raison quand ils affirment que les États-Unis ne sont pas faits pour cette longue guerre contre le terrorisme.

« Ils y croient. Ils repensent aux événements qui vont dans ce sens : au Liban en 83, en Somalie en 93 et au Viêt-Nam avant cela. Ils sont convaincus que les États-Unis vont en réalité se retirer s’ils tuent assez d’entre nous. Ils ne peuvent nous battre en combattant, mais ils pensent qu’ils peuvent briser notre moral. Et si nous avons un président qui regarde les sondages et qui constate que ceux-ci ne sont pas d’accord avec lui et qui conclut : “Oh mon dieu, nous devons nous retirer”, cela ne va que confirmer la vision du monde d’Al-Qaïda.

« C’est exactement la chose à ne pas faire. Ce président ne développe pas une politique selon les sondages publics, et il ne devrait pas le faire. Il est absolument nécessaire de s’y prendre de la bonne façon. »

Les deux entrevues tracent un portrait extraordinaire de la vie politique américaine, dans laquelle l’administration Bush-Cheney va de l’avant avec sa politique d’intensification de l’agression militaire au Moyen-Orient, peu importe le profond dégoût ressenti par la population face à la guerre.

La Maison-Blanche sent qu’elle peut ignorer sans crainte les sentiments populaires, car elle a évalué depuis longtemps ses critiques au Congrès et sait que le leadership démocrate ne tentera pas sérieusement de mettre un terme à la guerre.

Cheney et Bush ont parlé ouvertement de la possibilité qu’il y ait des manœuvres au Congrès pour bloquer le financement de la guerre. Bush a semblé reconnaître que le Congrès possédait l’autorité constitutionnelle pour empêcher le financement de la guerre, mais il a déclaré : « Je vais me battre contre ça, bien sûr... Je ne laisserai pas faire ça. Cela voudrait dire qu’ils ne seraient pas prêts à appuyer un plan que je crois qui réussira et qui résoudra la situation. Il y a des gens qui critiquent ce plan avant même qu’on ne lui ait donné la chance de fonctionner. »

Cheney a été encore une fois plus agressif, qualifiant une « recommandation du Congrès » proposée par le leadership démocrate comme étant un exercice de rhétorique inutile, et déclarant que Bush avait le pouvoir d’envoyer des troupes supplémentaires en Irak, peu importe l’opinion du Congrès. « Le président est le commandant en chef », a affirmé Cheney. « C’est lui qui doit prendre ces décisions difficiles. C’est lui qui doit décider comment utiliser la force et où la déployer. »

Admettant avec réticence que le Congrès avait autorité sur les dépenses militaires, Cheney s’est dit en accord avec une suggestion faite par son interlocuteur qu’un vote contre le financement de la guerre équivaudrait à couper l’aide aux troupes.

Dans un commentaire diffusé dans le cadre d’une autre émission télévisée d’actualité, « Face the Nation » sur CBS, le sénateur républicain John McCain qualifiait de bluff la résolution démocrate, rejetant cette résolution non contraignante et insignifiante et les défiant de couper les fonds s’ils voulaient vraiment mettre fin à la guerre.

La nouvelle présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le dirigeant de la majorité au Sénat, Harry Reid, ont tout deux désavoué toute tentative en ce sens, acceptant et même accueillant la prétention de l’administration Bush qu’un tel vote représenterait une attaque contre les soldats actuellement déployés en Irak. Ce n’est qu’un effort cynique et égoïste visant à enlever toute légitimité au sentiment anti-guerre de masse et à le supprimer, il vise aussi à s’immuniser contre une future campagne démagogique des républicains sous le thème de « Qui a perdu l’Irak ? »

La Maison-Blanche et les démocrates ne daignent expliquer comment envoyer des soldats se faire tuer par des IED et des snipers pourrait être qualifier de « soutien aux troupes », alors que ce serait un coup dans le dos que d’utiliser le pouvoir de contrôle sur les dépenses qui revient au Congrès pour forcer l’administration Bush à ramener ces soldats en sécurité à la maison avec leur famille.

Bien sûr, aucune section de l’élite dirigeante des Etats-Unis, ne considère les intérêts des Irakiens innocents dont les vies seront sacrifiées avec la poursuite et l’intensification de la guerre qui ont causé la mort d’un nombre estimé de 655 000 personnes.

L’escalade qu’entreprend l’administration Bush est une menace non seulement pour le peuple opprimé de l’Irak, mais aussi pour les masses du Moyen-Orient et pour les droits démocratiques du peuple américain.

Dans son entrevue télévisée, Cheney a considéré des dizaines d’années de guerre, déclarant, « C’est un conflit existentiel. C’est le genre de conflit qui va orienter notre politique et notre gouvernement pour les 20 ou 30 ou 40 prochains ans. Nous devons prévaloir, et nous devons, sans flancher, entreprendre la lutte à long terme. »

Ce genre de langage apocalyptique est plus qu’une simple réédition de la prétention depuis longtemps discrédité que l’invasion et l’occupation de l’Irak est une réponse aux attaques terroristes du 11 septembre. La perspective démente exprimée par Cheney est une justification pour une escalade sans limite de la violence en Irak et en Afghanistan et pour de nouvelles guerres en Iran, d’autres pays et au Moyen-Orient, et au-delà.

C’est la base de l’assaut qui a été menée contre les droits démocratiques du peuple américain – quelque chose que Cheney a défini dans la même entrevue alors qu’il répondait aux révélations de la fin de semaine concernant l’espionnage de citoyens américains par le Pentagone défendant ce dernier exemple d’Etat policier utilisé au pays.

Si la Maison-Blanche peut aller de l’avant avec son programme de guerre et de répression seulement, ce n’est que parce qu’elle bénéficie de la collaboration du Congrès démocrate. Les démocrates vont utiliser leur statut de majorité au Congrès – une conséquence du vote massif contre la guerre en novembre dernier – pour aider l’administration Bush. La lutte contre la guerre en Irak et la menace d’une agression militaire américaine plus large peut-être menée seulement à travers la construction d’un mouvement anti guerre de masse indépendant basé sur la classe ouvrière et opposé aux deux partis politiques de l’élite corporative américaine.

Par Patrick Martin

(Article original anglais paru le 16 janvier 2007)

Lire aussi :

L’administration Bush menace le premier ministre irakien tout en préparant un bain de sang à Bagdad [17 janvier 2007]

Réactions négatives dans la presse européenne face aux projets de Bush en Irak [16 janvier 2007]

Dans son discours à la nation, Bush promet plus de sang et l'élargissement de la guerre en Irak [12 janvier 2007]






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3-6 Point de vue de Danielle Bleitrach. : Bush est encore pire que ce que l’on peut imaginer.

Vendredi 12 janvier 2007.

Bush est peut-être fou, et les militaires étasuniens le disent de plus en plus ouvertement, mais les intérêts qu’il a derrière lui ne le sont pas. Nous avons une politique qui mêle de l’irrationnel et des intérêts prêts à aller jusqu’au bout.

Son dernier discours peut apparaître comme le summum de l’impuissance, une simple redite du bourbier Vietnamien où les Etats-Unis soutenaient un gouvernement fantoche en insufflant vainement toujours plus de soldats, c’est mal mesurer la course en avant dans laquelle se sont engouffrés Bush et sa poignée de conseillers. Dans un contexte d’impopularité grandissante aux Etats-Unis où 60 % de la population est hostile à sa politique en Irak et où le Congrès vient de changer de majorité.



Le rendez-vous de l’Apocalypse :

Il y a une manière de décrire la politique de G.W.Bush, ce moment crépusculaire où un Président perd tout sens commun et s’enfonce dans la paranoïa, c’est ici d’imaginer un colloque singulier avec Dieu. La description des derniers moments de Nixon invitant Kissinger à prier avec lui laisse loin derrière la relation de l’actuel Président avec les évangélistes type Pat Robertson, les Chrétiens sionistes qui sont convaincus que le temps de l’antéchrist est là. Ce dernier prendrait la tête des mouvements pacifistes pour empêcher la grande bataille finale qui verra la descente du Christ-roi sur la terre et ce du côté l’Armageddon en Israël. [1] Cette vision est si folle que nous avons du mal à y croire et pourtant l’autre scénario dont il a plusieurs fois été fait état, celui d’une intervention d’Israël contre l’Iran est tout aussi démente tout en étant parfaitement crédible.

Notons tout de suite que dans son discours du 11 janvier 2007, Bush ne fait même pas allusion au conflit israélo-palestinien, alors que chacun s’accorde à reconnaître que c’est là le problème prioritaire sans lequel on ne peut pas imaginer une solution pacifique au Moyen orient.

Qu’il ne soit pas fait allusion dans ce discours à Israël ne doit pas nous masquer que ce pays joue dans la doctrine Bush un rôle central qui n’a rien de pacifique justement. Avec la capture cet été de trois soldats Israéliens par le Hezbollah au Liban Bush avait imaginé envoyer Israël contre la Syrie, mais on sait à quel point le projet a temporairement avorté par suite de la résistance du Hezbollah, de la condamnation de l’opinion publique et des incapacités d’Israël. [2]

De même Bush et Olmert, tous deux affaiblis politiquement dans leur propre pays, cherchent à profiter de l’absence d’alternative politique réelle, qu’il s’agisse des démocrates au Etats-Unis, ou des travaillistes en israêl pour pratiquer une fuite en avant vers les mêmes objectifs, diviser le Moyen orient, créer le chaos et en profiter pour régler leur compte à leurs ennemis, l’Iran, la Syrie, le Hezzbolah, les Palestiniens, avec la complicité des « sunnites » que l’on aura apeuré et réussi à regrouper derrière les saoudiens. L’idée d’une attaque préventive de l’Iran par Israël qui avait été déjà agitée juste avant la maladie de Sharon et la désastreuse expédition du Liban, est en train de ressurgir [3]. Intox, fuites organisées pour peser sur le gouvernement iranien, tout est possible y compris le pire.



- Cette politique du chaos pour continuer à régner seuls malgré la défaite a sa « logique », celle d’un déclin. Le vrai problème est que si les Etats-Unis sont une hyperpuissance militaire qui dépensent à eux seuls plus que le reste de la planète, s’ils tiennent toute la communication mondiale qui monte en épingle leur force, ils sont entrés en lutte contre leur déclin et ils sont devenus complètement dépendants de leurs bailleurs de fond, le japon comme déjà au temps du Viet-Nam mais désormais la Chine [4] . Le caractère « irrationnel » de la politique nord-américaine est donc de refuser d’atterrir en douceur dans un monde multipolaire. Bush imagine qu’il va pouvoir prolonger la situation post-seconde guerre mondiale où les Etats-Unis avaient acquis leur hégémonie dans la lutte contre l’Union Soviétique en inventant un ennemi représentant « le mal », comme le communisme dans un autre temps : l’islamisme. Irrationnelle cette vision du monde et pourtant s’appuyant sur la réalité du complexe militaro-industriel étasunien qui est devenu une des bases fondamentales de l’économie nord-américaine, son vecteur de développement, son facteur de régulation.

Le terrain de cette guerre mondiale du bien contre le mal c’est l’Iran aujourd’hui mais le discours de Bush nous annonce un élargissement .. Voici le discours :

« Ce soir en Irak, les forces armées des Etats-Unis sont engagées dans un combat qui déterminera la direction de la guerre globale contre le terrorisme et notre sécurité ici à la maison. La nouvelles stratégie que je développe ce soir changera notre orientation en Irak et nous aidera à gagner dans le combat contre le terrorisme. » (...)

« Après voir analysé les succès et surtout les échecs de la stratégie américaine, le président Bush affirme : "Les conséquences d’un échec sont claires : le radicalisme islamique extrémiste grandirait, grandirait en force et gagnerait de nouvelles recrues. Ils seraient en meilleure position de renverser des gouvernements modérés, créer le chaos dans la région, et d’utiliser les revenus pétroliers pour financer leurs ambitions. L’Iran serait encouragée à poursuivre sa recherche d’armes nucléaires. Nos ennemis auraient des bases sûres d’où ils pourraient planifier et lancer des attaques contre le peuple américain. Le 11 septembre 2001, nous avons vu qu’un refuge pour les extrémistes de l’autre côté du monde pouvait apporter dans les rues de nos villes. Pour la sécurité de notre peuple, nous avons besoin que l’Amérique réussisse en Irak. »

- Il y a dans cet extrait déjà un élément « rationnel » si l’on peut considérer le capitalisme comme rationnel au stade où il est parvenu, Bush dit en effet la stratégie adoptée par les Etats-Unis eux-mêmes pour maintenir malgré la défaite l’exploitation de cette région et ce jusqu’à épuisement des ressources pétrolières : « créer le chaos dans la région, et d’utiliser les revenus pétroliers pour financer leurs ambitions ».

La défaite est là, la seule manière de continuer à régner est de le faire par la division et par le meurtre de masse. L’élément « rationnel » tourne autour des pétro-dollars qui unissent par des liens sacrés les saoudiens wanabistes et les Etats-Unis.

- Parce que nous sommes et c’est ainsi que j’ai analysé depuis le début la mascarade de l’assassinat de Saddam Hussein, à la veille d’un retournement d’alliance contre l’Iran et les Chiites. Les jours du gouvernement irakien sont comptés. On insuffle une aide à dose homéopathique mais dans le même temps par des feintes confidences on laisse entendre qu’il s’agit de la dernière chance et on manifeste que l’allié privilégié reste le Saoudien devenu le défenseur des pauvres sunnites : « j’ai fait clairement comprendre au premier ministre et aux autres dirigeants irakiens que l’engagement américain n’était pas indéfini dans le temps. Si le gouvernement irakien ne remplit pas ses promesses, il perdra le soutien du peuple américain - et aussi du peuple irakien ».

On peut même penser qu’il s’agit déjà moins de soutenir le gouvernement irakien, que d’accroître le contrôle sur Bagdad et sur la zone verte en cas d’attaque de l’iran. Pour cela il va falloir « nettoyer » la résistance sunnite mais tout autant celle de Moqtad el Sadr, les troupes chiites qui à Bagdad comme à Bassorah échappent de plus à plus à tout contrôle. Il faut les tenir en vue d’une attaque de l’Iran.

-Parce que l’objectif clairement indiqué et que préfigure l’opération en Somalie est bien d’étendre le conflit, d’en faire une guerre globale, en s’appuyant ouvertement sur le conflit Chiite et sunnite : « Réussir en Irak demande aussi de défendre son intégrité territoriale et de stabiliser la région face au défi extrémiste. Cela nécessite d’abord de regarder (adressing) l’Iran et la Syrie. Ces deux régimes permettent aux terroristes et aux insurgés d’utiliser leur territoire pour entre et sortir d’Irak. L’Iran donne un appui matériel aux attaques contre les troupes américaines. (...) Nous allons chercher et détruire les réseaux qui fournissent des armes sophistiquées à nos ennemis en Irak. »

« Nous devons prendre aussi des mesures pour renforcer la sécurité de l’Irak et protéger nos intérêts au Proche-Orient. J’ai récemment ordonné le déploiement d’un nouveau porte-avions dans la région. Nous étendrons le partage des informations et nous allons déployer des systèmes de défense aérien Patriot pour rassurer nos amis et nos alliés. Nous allons travailler avec les gouvernements turc et irakien pour résoudre les problèmes le long de leur frontière. Et nous allons travailler avec d’autres pour empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires et de dominer la région. »

« Nous allons utiliser toutes les ressources diplomatiques des Etats-Unis pour rassembler des soutiens à l’Irak à travers la région. Des pays comme l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Jordanie et les Etats du Golfe doivent comprendre qu’une défait américaine en Irak créerait un nouveau sanctuaire pour les extrémistes et poserait une menace stratégique pour leur sécurité. » (...)



Si ce discours a donc un sens, ce que ne doit pas nous masquer la « folie » de son auteur, il signifie que les petites « mesures » annoncée par G.W.Bush préfigurent un choix qui devrait se réaliser dans le courant de l’année 2007, l’attaque de l’Iran, voire de la Syrie.

Mais ce scénario risque de déboucher sur des conséquences si incalculables que personne n’ose réellement l’aborder alors même que l’état du pouvoir étasunien le rend pourtant vraisemblable.

Le pouvoir aux Etats-Unis est dans les mains d’un malade, puéril et effrayant qui limoge peu à peu tous les conseillers qui tentent de s’opposer à son grand rêve, et par exemple lui démonter que la menace nucléaire iranienne n’en est pas plus une que ne l’étaient les armes de destruction massives de Saddam Hussein. Là encore s’agit-il de vérité ou d’intox, mais le déplacement de John Negroponte [5] comme « adjoint à la Secrétaire d’État Condoleezza Rice » et la nomination à sa place de John McConnell, vice amiral retraité de la Navy, est le signe d’un resserrement ministériel autour de gens prêts à soutenir Bush dans ses attaques directes ou par le biais d’Israël sur les installations nucléaires iraniennes. Comme le 4 janvier, George Bush a limogé les deux principaux commandants militaires au Moyen-Orient, les généraux John Abizaid et George Casey, qui s’étaient opposés à l’escalade militaire en Irak pour les remplacer par l’amiral William Fallon nouveau chef du Centre de Commandement au Moyen-Orient. Fallon appartient au cercle des néo-conservateurs.



La plupart des observateurs militaires voient là encore dans ces nominations une confirmation de la fuite en avant de Bush et de son équipe qui ne tient compte ni de la défaite, ni de l’opinion publique nord-américaine et encore moins de l’opinion du monde musulman. Le pas « réaliste » de G.W.Bush a probablement consisté dans le renoncement à envisager un « avenir démocratique » pour le Moyen- orient, les élections risquant de déboucher sur un renforcement des « ennemis » des Etats-Unis, et donc un retour à l’appui de gouvernements dictatoriaux. Et même à ce prix là, les Etats-Unis ne peuvent pas espérer contenir longtemps la poussée, le conflit risque de s’étendre très rapidement avec des conséquences encore incalculables en raison de l’anti-américanisme qui se propage et se développe encore plus depuis la pendaison de Saddam Hussein le 30 décembre 2006, le jour même de l’Aïd, sacré pour les musulmans.. Quel est l’avenir du Pakistan, puissance nucléaire, avec ou sans le général Pervez Musharraf ?

Si nous étions des citoyens des Etats-Unis nous pourrions tenter de soulager le monde en proposant une procédure de destitution de ce président fou, qui osera la proposer ? Peut-être selon la logique étasunienne doit-on le surprendre en flagrant délit de mensonge ou d’adultère pour envisager une mesure d’urgence ?



Que pouvons-nous faire ?

Nous sommes Français, quelle est notre marge d’action ? Elle est faible, englués comme nous le sommes dans l’Union Européenne, mais il serait urgent de développer un grand mouvement de la paix, parce que nous allons vers une catastrophe planétaire.

Bush, le maître du monde ne parlant plus qu’à quelques cinglés de son espèce et à Dieu bien sûr, nous mène à un élargissement du conflit à la Syrie, l’Iran, pourquoi pas demain le docteur Fol amour nous conduira à l’assaut de l’immense Chine... Le tout sans le moindre état d’âme à utiliser le nucléaire.

Nous sommes à la veille d’un important scrutin où le citoyen français pourrait espérer peser sur cette situation apocalyptique mais il est évident que les conditions ne sont pas réunies. Nous ne pouvons pas par notre bulletin de vote influer sur ce problème essentiel, non seulement des milliards dépensés, des massacres sans nom, le recours possible à l’arme nucléaire, mais la survie de la planète, nous sommes impuissants face ce véritable enjeu planétaire parce qu’il n’y a aucun candidat que cela intéresse. Le seul qui paraît avoir quelque conscience de la situation réelle est jacques Chirac, c’est dire où nous en sommes.

Nous sommes devant une bande de clowns, pas un pour sauver l’autre. Ceux que j’ai toujours considérés comme les miens, les communistes et assimilés sont déshonorants à force d’ignorance internationale depuis qu’ils ont perdu la boussole de l’Union Soviétique. Quant aux nains qui gravitent dans leur sillage, à coup de pétitions et d’ambitions minables, ils sont d’autant plus ridicules que leurs contorsions, leurs rivalités ne déboucheront au meilleur des cas que sur un poste de conseiller municipal à Becon Les bruyères. Entrer en politique pour un tel destin ou à défaut pour savonner la planche à son ex-allié, voilà qui décrit le niveau exaltant de ce combat, selon le mot de Borges, « de chauves en train de se disputer un peigne ». Et ce n’est pas la Blanche-neige de la rue Solférino se faisant photographier sur la muraille de Chine qui relèvera le niveau.

A droite, la démagogie, l’odeur du pouvoir que l’on flaire partout où Sarkozy lève la patte n’est certes pas propice aux vastes perspectives. Le Béarnais ramasse les fonds de tiroirs du communisme un peu moisis et le borgne Le Pen les lui dispute, c’est fou ce que le conseiller ancien membre du PCF est sollicité par ces deux aspirant à une présence au second tour. Parce que l’enjeu est le peuple souverain à qui ce type de campagne dénie justement toute souveraineté.

La bande de crétins qui dirigent les partis politiques français voire europées, qui à propos de l’exécution de Saddam Hussein se sont contentés de jouer les belles âmes contre la peine de mort, ont à cette occasion montré ce qu’ils valaient et ce que l’on pouvait attendre d’eux dans un monde dans lequel s’accumulent les périls.

Au secours ! ! ! !

Danielle Bleitrach, sociologue

http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=4601



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3-7 Point de vue de James Cogan : Une offensive sur Bagdad lance l’intensification des meurtres et de la répression,

[Un assaut contre les sadristes sera inévitablement un des épisodes les plus sanglants de la guerre en Irak, qui coûtera la vie d’un grand nombre d’Américains et causera la mort de milliers d’Irakiens supplémentaire. Combattre l’armée du Mahdi, notait le Washington Post hier, pourrait mener à des « mois de combats de rue ». Craignant de voir des unités de l’armée composées de chiites refuser d’attaquer Sadr City et même de les voir retourner leurs armes contre les forces américaines, les États-unis ont insisté pour que deux unités des brigades armées irakiennes composées de miliciens kurdes, soient déployées dans la capitale pour prendre part aux opérations dans les zones chiites. Ce qui soulève la perspective d’un conflit entre Kurdes et chiites en plus de la violence sunnite contre chiite qui a déjà coûté la vie à des milliers de personnes chaque mois.]

WSWS, 13 janvier 2007.



L’intensification de la guerre esquissée par le président américain George W. Bush mercredi soir est déjà bien enclenchée. Depuis samedi dernier, le gouvernement irakien et les forces américaines ont entrepris une opération pour déloger les combattants de la résistance anti-occupation de la rue Haifa, une des grandes artères au cœur de Bagdad qui longe la rive ouest du fleuve Tigre et amène à la « zone verte », la région où on trouve l’ambassade américaine et les bureaux du gouvernement irakien.

Une offensive violente a eu lieu mardi sur cette rue. Ce qui a suivi a rendu clair que l’augmentation du nombre des soldats américains et irakiens dans Bagdad est une préparation pour des meurtres et une répression de masse.

Haifa est un quartier qui est surtout habité par des Arabes sunnites et la rue elle-même est bordée de tours à bureaux et des appartements et des maisons des anciens fonctionnaires et officiers de l’armée du régime baasiste de Saddam Hussein, privés de leurs emplois et de leur position sociale depuis l’invasion américaine. Les rues adjacentes, plus pauvres et habitées en grande partie par la classe ouvrière ont été décrites par les soldats américains comme un « labyrinthe » de ruelles tortueuses et de maisons s’écroulant et comme « l’endroit parfait pour les insurgés devant se cacher ».

Depuis que la résistance à l’occupation américaine a crû en 2003, ce quartier est réputé être un des plus dangereux de Bagdad. Alors que des raids fréquents ont eu lieu et que des centaines de résidants ont été tués ou détenus, l’armée américaine n’a pas réussi à ce jour à soumettre la population par la terreur. Aussitôt que les forces américaines se sont retirées du quartier, des cellules de guérillas se sont formées de nouveau et ont repris l’insurrection.

L’opération actuelle de la rue Haifa, en ligne avec le but plus large de l’augmentation du nombre des soldats de Bush, vise à utiliser une force disproportionnée pour finalement arriver à supprimer l’opposition. Après trois jours de recherches par des forces irakiennes mal équipées - et qui semblent avoir été utilisées comme chair à canon pour déterminer la position des insurgés - les soldats américains dans des véhicules blindés Stryker, appuyés par des avions militaires F-18 et des hélicoptères armés Apache, ont pris la tête de l’offensive tôt le matin.

Quelque mille soldats ont été mobilisés pour sécuriser moins de deux kilomètres de l’artère. La résistance a commencé immédiatement après que les forces gouvernementales se sont emparées du square Tala’a à l’extrémité nord de la rue Haifa et de là se sont dirigées vers le sud, entrant de force dans les maisons et les bureaux des deux côtés de la rue, soi-disant à la recherche d’insurgés. Dès 6h30 le matin, des combattants irakiens équipés seulement d’armes légères, de grenades-fusées et de mortiers.

Les tactiques utilisées par les commandants américains contre la résistance irakienne offrent un aperçu de ce qui aura lieu à une vaste échelle lorsque les forces américaines mettront en œuvre le plan de Bush. Les soldats américains n’ont fait aucune tentative de prendre les bâtiments desquels on leur tirait dessus. Plutôt - et ce, dans une zone urbaine où les civils n’ont reçu aucun avertissement qu’un assaut se préparait - des hélicoptères armés et des Strykers ont tiré sur les maisons et les bureaux avec de l’artillerie lourde alors que les positions alléguées des insurgés étaient réduites en cendre par des missiles Hellcat tirés des airs ou par des missiles antitank et des grenades lancés du sol.

Les toits des immeubles où l’on croyait que des tireurs étaient embusqués ont été mitraillés par des avions de combat F-15 et F-18, volant au-dessus de la capitale jusqu’au début de l’après-midi, alors que les troupes américaines et irakiennes allaient de maison en maison sur 1,6 kilomètre de la rue Haifa. Les avions américains ont directement fait feu sur une mosquée et sur un ancien cimetière, alléguant que des insurgés s’y cachaient.

Il n’y a pas eu de morts ou de blessés graves du côté des forces des États-Unis et du gouvernement irakien. Au moins 50 insurgés auraient été tués et 21 autres capturés. Selon les officiels, aucun civil irakien n’aurait été tué par le barrage de balles et d’explosions. Aucune confirmation indépendante n’est venue corroborer cette affirmation. S’adressant à l’agence Reuters, un homme irakien a déclaré qu’un grand nombre de corps apportés à la mosquée étaient des « civils innocents ». La majorité des guérilléros se sont probablement fondus dans la population ou réfugiés à d’autres endroits de la ville.

À la suite de l’attaque, des positions militaires ont été établies dans le quartier Haïfa, provoquant ainsi les guérillas afin qu’elles attaquent les forces d’occupation et révèlent ainsi leur position. Les soldats du gouvernement irakien servent dans ce cas d’appât. Ils sont envoyés en patrouilles et en missions de recherche, alors que les forces américaines attendent pour réagir à la moindre attaque avec une puissance de feu massive.

À Ramadi, la capitale de la province irakienne occidentale d’Anbar, des commandants de la marine avaient adopté cette stratégie l’an dernier. Cela avait fait des marines et de leurs collaborateurs irakiens des cibles perpétuelles. Plus du tiers des pertes américaines se sont produites dans cette province. Les combats font maintenant partie d’une violente guerre d’attrition urbaine, et les soldats américains répliquent de manière brutale. Un grand nombre de bâtiments entourant les positions des marines à travers la ville sont en ruines.

Toutefois, de telles tactiques sont en accord avec le manuel de contre-insurrection du général Davis Petraeus, l’officier nommé par Bush ce mois-ci pour être les nouveau chef des forces américaines en Irak qui dirigera le « déferlement ». Petraeus soutient qu’il faut installer des troupes américaines dans des bases situées directement dans les forteresses de l’insurrection et convertir ces zones en ce qu’ont déjà baptisé les tacticiens des États-Unis de « ghettos ».

Un représentant de l’armée a déclaré mercredi au Los Angeles Times : « On pourrait créer des ghettos parce que la population les veut, parce que la population veut se sentir en sécurité. On pourrait aussi les créer pour contrôler la population et ses déplacements et rendre les opérations des insurgés plus difficiles. C’est la théorie derrière tout cela. » En Irak, où la très grande majorité de la population souhaite voir sortir les forces américaines du pays, le véritable objectif en est un de contrôle.

En élaborant le plan des « ghettos », Petraeus et son personnel se sont inspirés de tactiques qui ont été utilisées durant d’autres brutales guerres coloniales, comme la contre-insurrection française en Algérie, l’occupation britannique de l’Irlande du Nord et la politique américaine de « hameaux stratégiques » au Viêt-Nam.

En fait, des zones entières de Bagdad et d’autres villes irakiennes seront transformées en camps de concentration. La communauté locale devra endurer une répression militaire constante. Tous les points d’entrées de la zone seront bloqués par des barricades ou des postes de contrôle, on assignera des cartes d’identité aux résidents, leurs déplacements seront limités et leurs résidences soumises à des fouilles régulières pour empêcher les guérilleros de s’établir à nouveau dans la zone.

Il ne fait aucun doute que durant les prochains mois, la politique de la mission de Petraeus sera étendue aux zones chiites à majorité ouvrière de la banlieue de Sadr City, qui a une population de plus de deux millions de personnes. Dans un effort désespéré et insouciant pour subjuguer l’Irak, l’administration Bush a clairement indiqué qu’elle souhaitait anéantir le mouvement politique dirigé par l’imam Moqtada al-Sadr et son importante milice qu’est l’Armée du Mahdi.

L’administration Bush et l’armée américaine accusent l’Armée du Mahdi d’être le principal protagoniste chiite dans la meurtrière violence sectaire qui se déroule entre les extrémistes sunnites et chiites et rivaux. Toutefois, la principale préoccupation de Washington est que le mouvement sadriste, la plus grande faction chiite du parlement irakien, se bâtisse un appui massif en s’opposant à la perspective américaine de contrôle néocolonial à long terme sur l’Irak. Bien qu’il n’a pas appelé à la résistance armée contre l’occupation américaine depuis deux soulèvements chiites qu’il avait dirigés en 2004, le mouvement sadriste s’est maintenant retiré du gouvernement pour protester contre la rencontre du premier ministre Nouri al-Maliki avec Bush en novembre dernier en Jordanie.

Sadr insiste pour un échéancier pour le retrait des troupes américaines, s’oppose à toute ouverture de l’industrie pétrolière aux compagnies étrangères et appelle pour l’adoption de mesures améliorant les conditions de vie horribles du peuple irakien. Il est prévu que les sadristes gagneraient un vote substantiel si des élections étaient tenues dans les régions chiites du pays. Alors que l’administration Bush intensifie ses provocations contre le régime chiite de l’Iran, l’armée du Mahdi est également considérée comme une menace considérable et grandissante dans les cercles militaires américains. La milice est constituée de 60 000 combattants et contrôle effectivement des unités entières des forces de sécurité irakienne. Sadr s’est engagé à lutter pour défendre l’Iran si elle était attaquée par Israël ou les Etats-unis.

La prétention que l’actuel plan militaire est le résultat du travail du gouvernement irakien est démentie par le fait que Maliki, préoccupé par la réaction de sa base politique chiite, a, de façon répétée, rejeté la demande de Washington qu’il sanctionne une attaque contre l’armée du Mahdi dans Sadr City. En fait, en novembre dernier il a proposé un retrait complet des troupes américaines de Bagdad pour laisser la sécurité entre les mains de l’armée et de la police dominée par les chiites.

Maintenant, face au boycott sadriste et la menace ouverte des Etats-Unis que son gouvernement est « sous surveillance », Maliki a apparemment accepté les demandes américaines. Bush a déclaré mercredi soir que le premier ministre de l’Irak a promis que l’armée américaine aura « le feu vert » pour entrer dans les quartiers qui abritent « ceux qui entretiennent la violence sectaire ».

En réponse aux questions du Washington Post à savoir si Maliki avait explicitement sanctionné les opérations contre Sadr, un administrateur officiel senior déclarait lors d’un briefing aux journalistes : « Sans entrer dans les détails des conversations présidentielles, tout le monde comprend qu’il faut régler le cas de l’armée du Mahdi et de Sadr. » « Maliki, a continué cet officiel, a dit que le commandant sera libre de poursuivre ceux qui agissent hors la loi où qu’ils se trouvent dans Bagdad... Ce qui inclurait Sadr City. »

Un assaut contre les sadristes sera inévitablement un des épisodes les plus sanglants de la guerre en Irak, qui coûtera la vie d’un grand nombre d’Américains et causera la mort de milliers d’Irakiens supplémentaire. Combattre l’armée du Mahdi, notait le Washington Post hier, pourrait mener à des « mois de combats de rue ». Craignant de voir des unités de l’armée composées de chiites refuser d’attaquer Sadr City et même de les voir retourner leurs armes contre les forces américaines, les États-unis ont insisté pour que deux unités des brigades armées irakiennes composées de miliciens kurdes, soient déployées dans la capitale pour prendre part aux opérations dans les zones chiites. Ce qui soulève la perspective d’un conflit entre Kurdes et chiites en plus de la violence sectaire sunnite contre chiite qui a déjà coûté la vie à des milliers de personnes chaque mois.

De plus, il y a peu d’indication que l’administration Bush a sérieusement considéré la possibilité qu’une attaque contre Moqtada al-Sadr pourrait déclencher une insurrection anti-américaine à travers tout le sud de l’Irak. Les préparations en vue du conflit se poursuivent cependant. Des troupes américaines ont pris d’assaut une résidence dans Sadr City dans la nuit et aurait commencé plus tôt cette semaine à ériger des barrages routiers et des points de surveillance routiers à des points d’entrées stratégiques du quartier. Les scènes sanglantes de cette semaine dans les rues d’Haifa et le bombardement aérien d’un quartier urbain densément peuplé sont maintenant voués à se perpétuer à travers la capitale.

James Cogan

Article original anglais paru le 12 janvier 2007.

Source : WSWS www.wsws.org
Objectif Iran : la vérité sur les projets de la Maison Blanche en vue d’un changement de régime - interview de Scott Ritter par Amy Goodmann.

L’administration Bush élabore des plans pour un bain de sang en Irak, par Bill Van Auken.

Bush est encore pire que ce que l’on peut imaginer, par Danielle Bleitrach.

Noam Chomsky : l’Irak, hier, aujourd’hui, demain.




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3-8 Point de vue de Frank Furet : Meurtres étranges (avec des suspicions sur le Mossad..).

Les organisations de défense des droits de l'homme irakiennes ont découvert des informations de la police qui prouvent que plus de mille universitaires et scientifiques irakiens ont été assassinés depuis le début de l'invasion américaine. Selon l'Université des Nations Unies, 84% des institutions irakiennes de l'enseignement supérieur ont été incendiées, pillées ou détruites. Le système éducatif irakien était pourtant parmi les meilleurs de la région; l'instruction de sa population était une des ressources les plus importantes du pays. Cette situation est le miroir de l'occupation dans son ensemble: une catastrophe aux proportions impressionnantes qui se déroule dans un climat de négligence criminelle. Le gouvernement américain a lui-même admis l'assassinat de «plusieurs centaines» de professeurs universitaires. Mais la destruction systématique des universités en Irak est un aspect fort bizarrement ignoré par la presse occidentale .

La vague d'assassinats aurait débuté peu de temps après que les forces d'occupation américaines aient licencié près de 15500 chercheurs, scientifiques, professeurs et enseignants en raison d'un prétendu lien avec le parti Baath. Le personnel universitaire craint qu'une campagne pour priver l'Irak de ses enseignants universitaires ne soit en cours, campagne qui complèterait la destruction culturelle du pays, qui a commencé quand l'armée américaine est entrée à Bagdad.

Les tentatives d’assassinat continuent. Des menaces répétées sur la vie sont faites pour forcer des personnes à quitter l’Irak. La dernière semaine d’avril 2006, les médecins de Mossoul ont fait l'objet d une campagne de menaces pour les pousser à quitter l’Irak. Les assassinats, les enlèvements et les menaces sur la vie, pour contraindre les universitaires et les médecins à quitter l’Irak, ne semblent suivre aucune logique religieuse ou ethnique.


Les meurtres impliquent les universités aussi bien que d’autres instituts académiques, des professeurs de tous âges, spécialisations et convictions politiques ou religieuses. Les assassins sont des professionnels, et personne n'a jusqu’à présent jamais entendu qu’un assassin ait été arrêté. Les meurtres ont lieu partout : sur la route, au travail, et aussi au domicile. Personne ne les a revendiqués et les raisons n’en ont pas été éclaircies. Les meurtres sont accomplis par tir, certains sont tués avec 3, d’autres avec 30 balles. Le nombre de ces tués, dans la seule université de Bagdad, a dépassé 80 selon les rapports officiels. Les gens craignent de demander des détails sur ces crimes. Beaucoup de professeurs et docteurs célèbres ont quitté l’Irak pour sauver leurs vies, les messages de menace de mort étant devenus quelque chose de très habituel...


Soupçons

Pour certains, une part des tueries seraient apparemment menées par la police irakienne, d’autres par les Brigades Badr. Mais les assassinats ont aussi lieu dans le nord du pays, qui est contrôlé par les milices kurdes Peshmerga. Or ces milices ont été financées et entraînées par les forces d’occupation. Le Pentagone a dépensé 3 milliards de dollars, des 87 milliards du Budget 2004, pour créer des milices et des escadrons de mort. Et d’aucuns de rappeler que John Negroponte a appris son travail au Salvador avant d’être nommé ambassadeur en Irak où il aurait transféré ses méthodes de liquidations systématiques, employées dans les sales guerres en Amériques centrale et latine au cours des années 70 et 80, à l’Irak. De nombreux mercenaires d’Amérique latine ayant appartenus aux escadrons de mort au Chili, Nicaragua, Salvador etc. auraient été recrutés par des compagnies privées et opèreraient maintenant à l’intérieur de l’Irak.

Des organisations comme les Brigades Badr, la brigade « Wolf », Peshmerga et mercenaires étrangers ont remplacé l’armée régulière irakienne démantelée et peuvent être tenues pour responsables de beaucoup des tueries extralégales qui ont lieu. Ils ont fait leur apparition sur la scène irakienne derrière les tanks US. Ces milices opèrent aussi auprès des forces US contre la résistance irakienne. Mais elles ne seraient pas les seules impliquées dans les tueries d’universitaires d’Irak.


Info ? Intox?
Osama Abed Al-Majeed, le président du Département Recherche et Développement du ministère de l'enseignement supérieur, accuse le Mossad, les services secrets israéliens, d'être coupable de cette violence sélective. Un rapport du Centre d'informations palestinien publié en juin 2005 déclarait également le Mossad responsable. Un rapport compilé par le département d’Etat américain et destiné au président américain, signalerait que les agents israéliens et étrangers envoyés par le Mossad, en coopération avec les Etats-Unis, en Irak, ont tué au moins 350 scientifiques irakiens et plus de 200 personnalités académiques et de professeurs d’université.
Les agents de Mossad auraient, selon ce rapport, opéré en Irak dans le but de liquider les scientifiques irakiens (spécialistes du nucléaire et de la biologie) et d éminents professeurs d’université après que les États-Unis aient échoué à les persuader de travailler pour eux.
Les services de sécurité américains auraient fourni à Israël des biographies complètes des scientifiques et des universitaires irakiens pour faciliter leur élimination. Le rapport indique aussi que la campagne du Mossad, visant les scientifiques irakiens, est toujours en cours.


Opinions

Toutes les organisations et individus qui sont impliqués dans la planification et l’exécution de ces meurtres, ne semblent pas connus, mais il semble y avoir un modèle de liquidation systématique de la classe moyenne irakienne qui refuse de coopérer avec l’occupation. Le tir sur de pacifiques universitaires irakiens est le fait de plusieurs forces différentes qui partagent un même intérêt, celui de démanteler davantage l’état irakien. Tout irakien qui s’oppose à l’occupation et à son gouvernement semble une cible possible.

Pour certains, le gouvernement US est responsable de cet état de fait. Le Pentagone a dépensé 3 milliards de dollars pour créer des milices et escadrons de mort. Ce seraient ces gangsters qui exécuteraient une part des tueries extralégales. Personne n’a été arrêté pour ces crimes. Or, c’est à l’intérieur de la Zone verte que se trouve l’ ambassade US, incluant de nombreux officiers des Renseignements. Ils auraient dû être capables d’enquêter et de résoudre un minimum de ces crimes et d’arrêter des meurtriers. Pour qui assemble toutes les pièces déjà disponibles du puzzle, il semble logique de conclure que l’occupation US porte une lourde responsabilité, en tant que puissance occupante, de cette situation.

Le professeur Dr. Mohammed Munim al-Izmerly, un professeur irakien de chimie, aurait d’ailleurs été torturé et tué par l’équipe d’interrogation Américaine, et serait mort sous garde américaine d’un coup à l’arrière du crâne. La famille du Dr. Al-Izmeri à Londres a officiellement accusé le Pentagone de l’avoir tué au cours d’un interrogatoire basé sur de fausses allégations. L' accusation l’associant aux armes biologiques, était selon sa famille, pure propagande d’occupation ; il avait d’ailleurs été relâché après 3 ans de détention.


Protestations et réactions
Le problème des assassinats d’universitaires irakiens devient très urgent. Les tueries semblent être systématiques et très bien préparées. Le personnel universitaire irakien est désespéré. Ce sont les irakiens qui ont poussé le BRussells Tribunal à entamer une campagne à ce sujet. Le comité irakien pour les sciences et les intellectuels en Scandinavie a publié la déclaration suivante :"Le meurtre de masse, la tuerie de tous les scientifiques et intellectuels irakiens a son propre but : Il s’agit d’annihiler la richesse intellectuelle de l’Irak..

Le 18 janvier 2006 , une pétition rassemblait déjà les signatures de plus de 4 000 personnes. Parmi elles: Noam Chomsky (USA), Tony Benn (UK), l'écrivain et prix Nobel de littérature John M. Coetzee (Afrique du Sud), l'écrivain Eduardo Galeano (Uruguay), Michael Parenti (USA), Naomi Klein (Canada), Dario Fo (Italie), Jean Bricmont (Belgique)
Les pétitionnaires exigent que l’UNESCO assure la défense des intellectuels et des professionnels en Irak et que l’Office du haut commissaire pour des droits de l’homme accomplisse son devoir pour protéger les vies et les droits de l’homme des médecins et des universitaires irakiens et de tous les civils irakiens. Ils demandent aussi de diffuser la problématique de cette campagne à la fédération internationale des universités ; ils invitent les médias du monde à comprendre que le massacre des universitaires et des professionnels de santé irakiens est un résultat de l’occupation. Ils veulent établir une campagne internationale de solidarité liant des universitaires irakiens en exil et en Irak aux universités dans le monde entier. Ils souhaitent également pousser les parlements nationaux et régionaux à débattre le problème de la destruction de la classe intellectuelle et professionnelle de l’Irak.

Frank Furet
Mardi 16 Janvier 2007

Sources Banc Public

Posté par Adriana Evangelizt

janvier 2007



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3-9 Dossier : Marianna Biélenkaïa* : Huit pays arabes donnent en Irak carte blanche aux États-Unis

Au cours de sa tournée proche-orientale, Condoleezza Rice a obtenu le soutien de huit États arabes à la politique états-unienne en Irak.

En réalité, ce que ces États approuvent, c’est que Washington ne mise plus sur l’Iran en Irak, cela ne signifie pas pour autant qu’ils approuveraient une agression contre l’Iran. Bien loin de là…

Tandis que l’élite états-unienne se demande à Washington s’il convient ou non de soutenir la nouvelle stratégie du président George Bush en Irak, les leaders arabes ont fait part de leur accord avec cette stratégie.

Mardi, la secrétaire d’État Condoleezza Rice, qui assistait au Koweït à une réunion des chefs des diplomaties des pays arabes du golfe Persique, de la Jordanie et de l’Égypte, consacrée à la discussion de la nouvelle stratégie de Washington en Irak, a entendu des propos approbateurs.

Les représentants de la direction saoudienne ont, au fond, bien exprimé la position commune : la nouvelle stratégie du président Bush mérite d’être soutenue si elle garantit l’unité de l’Irak et l’égalité de tous les groupes au sein de la société.

Les dirigeants des huit pays arabes ne sont bien sûr pas naïfs. Ils sont bien conscients que la situation en Irak est des plus complexes, et que la violence continuera pendant longtemps encore à déchirer ce pays. Mais ils sont bien conscients aussi que la nouvelle stratégie états-unienne, qui inclut de nombreuses mesures dont ils évoquaient la nécessité depuis des années, est ce que Washington pouvait proposer de mieux au moment présent.

Nous en voulons pour exemple les propositions de modifications de la Constitution visant à élargir la participation des représentants de tous les groupes ethniques et religieux au processus politique irakien, ou la politique d’extension des droits des Irakiens et de non-ingérence dans leur politique intérieure, ou bien encore la confirmation que ce pays demeurera indivisible.

Le fait que la nouvelle stratégie note que pour restaurer la sécurité en Irak, il faudra lutter contre toutes les « sources de violence », indépendamment de leur origine ethnique ou religieuse, apparaît également comme important. Ces remarques sont, à n’en pas douter, adressées aux chiites et à l’Iran. On sait, en effet, que, pour l’essentiel, les forces de sécurité irakiennes et états-uniennes en Irak se sont employées jusqu’à présent à lutter contre les formations armées sunnites, alors qu’elles fermaient les yeux sur l’activité des groupes chiites, qui sont eux aussi responsables du chaos que connaît le pays. Ce qui a également réjoui les dirigeants de ces pays arabes, compte tenu de leurs relations avec Téhéran, c’est que Washington ait finalement décidé de ne pas miser sur l’Iran pour parvenir à la stabilité en Irak, bien qu’il n’ait pas été fait ouvertement état de cette question lors de la récente réunion au Koweït.

Une autre raison qui fait que ces pays arabes ont dit « oui » aux États-Unis tient au fait qu’approuver le plan états-unien ne les engage à rien. Avant même cette rencontre des chefs des diplomaties, Condoleezza Rice s’était rendue à Ryad, où il avait notamment été question que l’Arabie Saoudite puisse soutenir le processus de stabilisation et d’unification de l’Irak. La réponse donnée par les autorités saoudiennes n’a pas été rendue publique, bien qu’elles aient déclaré plus d’une fois, précédemment, que la responsabilité du destin de l’Irak reposait avant tout sur les épaules des Irakiens eux-mêmes.

Il convient de rappeler, à ce propos, l’interview donnée par le prince héritier du Royaume saoudien Sultan ben Abdel Aziz au journal Ach-Chark al-Aussat, interview qui avait été publiée quelques jours avant que Bush ne révèle sa nouvelle stratégie. Le prince notait que son Royaume s’inquiétait de l’ingérence étrangère dans les affaires de l’Irak, que la direction saoudienne considérait comme inadmissible ce comportement et laissait le droit aux Irakiens eux-mêmes de rechercher le moyen de sortir de la crise dans laquelle ils se trouvent. Il notait également que l’Arabie Saoudite a offert à maintes reprises son territoire pour que s’y tiennent des rencontres entre les représentants des différents groupes politiques irakiens afin qu’ils puissent parvenir à un compromis entre eux. Les représentants saoudiens ont organisé aussi des discussions avec des hommes politiques irakiens, pour tenter de les convaincre d’engager le dialogue entre eux.

L’explication de ces propos, c’est que la direction saoudienne, tout comme celle des sept autres pays, dont les ministres des Affaires étrangères ont rencontré Condoleezza Rice, sont prêtes à apporter un soutien politique aux Irakiens, à jouer le rôle d’intermédiaires entre les différents groupes irakiens si on le leur demande. Mais ils ne s’apprêtent pour l’instant à octroyer aucune aide à l’Irak, qu’elle soit financière ou militaire, de même qu’ils ne sont pas prêts à endosser la responsabilité de ce qui se passe dans ce pays. Cela, ont-ils souligné, c’est le problème des Irakiens eux-mêmes – on pouvait lire entre les lignes que c’était aussi celui de Washington. Si les États-uniens et les Irakiens parviennent à sortir de la crise, ils en seront ravis, s’ils n’y parviennent pas, ils s’en lavent les mains.

Pourtant, dans la situation actuelle, ce soutien est très important pour les États-uniens. Il est tout aussi précieux pour eux que les huit pays arabes s’abstiennent, tout au moins dans leurs propos, de brouiller les cartes en Irak et de prendre parti ouvertement pour telle ou telle force politique locale. Ils parlent, au contraire, de consolidation de l’unité des Irakiens. Et c’est essentiel.

Les États-Unis ne doivent cependant pas se bercer d’illusions. S’ils ont obtenu carte blanche de la part de huit États arabes pour mettre en œuvre leur nouvelle stratégie en Irak, c’est à la condition que cela ne favorise pas l’aggravation de la situation, dans la région. C’est ainsi que le chef de la diplomatie du Koweït, Muhammed as-Sabah, notait récemment : « nous sommes les alliés de l’Amérique, mais pas ses valets ». Cette phrase a été reprise par le président du Parlement koweïtien, Djassem al-Harafi, alors que des journalistes lui demandaient comment le Koweït réagirait si les États-Unis venaient à insister pour que des frappes soient portées contre l’Iran.

Il ne faut du reste pas lier ces propos uniquement à la possibilité que débutent des opérations militaires de Washington contre Téhéran : ils peuvent s’appliquer à n’importe quelle initiative états-uniennes concernant la région du Grand Moyen Orient.

Les huit pays arabes soutiendront Washington dans l’exacte mesure où cela correspondra à leurs intérêts. Mais leur soutien ne sera pas illimité


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4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net

4-1 Robert Parry : Nous sommes en train de glisser rapidement vers un état fasciste en amérique du Nord.

Le procureur général des États-Unis, Alberto Gonzales, remet en question l'Habeas Corpus - un article de Robert Parry - Le 19 janvier 2007
Dans l'une de ses déclarations publiques les plus surprenantes, le procureur général des États-Unis a remis en question le fait que la Constitution des États-Unis accorde le droit à l'«habeas corpus», qui permet à chaque citoyen/enne des États-Unis le droit à un procès juste.


Antonio Artuso.

Traduction (imprafaite) de Google :

Gonzales interroge le corpus de Habeas Par Robert Parry 19 janvier 2007 Dans un des rapports publics de refroidissement jamais faits par un Attorney General des États-Unis, Alberto Gonzales a douté que la constitution des États-Unis accorde des juste de corpus de habeas d'une épreuve juste à chaque Américain. Répondre aux questions de la sonde. Spectre d'Arlen à un ordre judiciaire de sénat L'audition du Comité le 18 jan., Gonzales a argué du fait que la constitution n'accorde pas explicitement des droites de corpus de habeas ; elle indique simplement quand le prétendu grand mandat peut être suspendu. « Il n'y a aucune concession exprimée des habeas dans la constitution ; il y a d'a la prohibition contre l'enlever, « Gonzales a indiqué. La remarque de Gonzales a laissé le spectre, républicain du rang du comité, bégayant. « Attendre une minute, » spectre exclamé. « La constitution indique que vous ne pouvez pas l'enlever excepté en cas de la rébellion ou l'invasion. Pas ce moyen que vous avez le droit du corpus de habeas à moins qu'il y ait une rébellion ou une invasion ? » Gonzales continué, « la constitution ne dit pas que chaque individu aux Etats-Unis ou au citoyen est par ceci accordé ou a assuré la droite du corpus de habeas. Il n'indique pas cela. Il indique simplement que la droite ne sera pas suspendu " excepté dans des cas de rébellion ou d'invasion. « Vous pouvez marcher sur votre interdiction de violer le bon sens, » Spectre dit. Tandis que le rapport de Gonzales a une mesure de précision chicaneuse à lui, sa logique préoccupe parce qu'elle suggérerait que beaucoup d'autres droites de principe fondamental que la prise d'Américains chère également n'existent pas parce que la constitution définit souvent ces droites dans le négatif. Par exemple, le premier amendement déclare que le « congrès ne fera aucune loi respectant un établissement de religion, ou interdisant l'exercice libre en ; ou abrégeant la liberté de la parole, ou de la pression, ou de la droite du peuple pacifiquement de se réunir, et de pétitionner le gouvernement pour une réparation des réclamations. » Appliquant le raisonnement de Gonzales, on pourrait arguer du fait que le premier amendement n'indique pas explicitement que les Américains ont le droit d'adorer pendant qu'ils choisissent, parlent pendant qu'ils souhaitent ou se réunissent paisiblement. L'amendement empêche simplement le gouvernement, c.-à-d. le congrès, de passer les lois qui empiéteraient sur ces droites. De même, l'article I, la section 9, de la constitution déclare cela « le privilège du mandat du corpus de Habeas ne sera pas suspendu, à moins que quand dans les cas de la rébellion ou de l'invasion la sûreté publique peut l'exiger. « La signification claire de la clause, comme interprétée pour plus de deux les siècles, est que les fondateurs ont identifié le principe anglais établi depuis longtemps de loi du corpus de habeas, qui garantit des personnes la droite du dû processus, tel que des frais formels et une épreuve juste. Qu'Attorney General Gonzales exprimerait une opinion si extraordinaire, doutant de la protection constitutionnelle du corpus de habeas, suggère un esprit sophomoric ou une réticence de respecter cette droite bien établie, une que les fondateurs ont considérée si importante qu'ils l'ont enfoncée dans le texte original de la constitution. D'autres droites aimées - comprenant la liberté religieuse et la parole - ont été ajoutées plus tard dans les 10 premiers amendements, connus sous le nom de déclaration des droits. Ironiquement, Gonzales peut avoir tort d'une autre manière au sujet du manque de la spécificité dans l'octroi de la constitution du corpus de habeas redresse. Plusieurs des dispositifs légaux attribués au corpus de habeas sont tracés d'une manière positive dans le sixième amendement, qui lit : « Dans toutes les poursuites criminelles, accusé appréciera la droite à a épreuve prompte et publique, par un jury impartial de l'état et de la zone où le crime aura été S commis et être informé de la nature et de la cause de l'accusation ; être confronté avec les témoins contre lui ; [et] pour avoir le procédé forcé pour obtenir des témoins. « Les puissances de Bush Le rapport du 18 jan. de Gonzales suggère qu'il cherche toujours des raisons de rendre le corpus de habeas facultatif, subordonnent au Président George W. Bush les puissances exécutives que les conseillers juridiques neoconservative de Bush réclament sont pratiquement illimité pendant « un moment de la guerre, » même une aussi vaguement définie que la « guerre sur la terreur » qui peut durer pour toujours. En semaines finales du congrès Républicain-commandé, Bush l'administration a poussé par l'acte militaire des Commissions de 2006 qui a efficacement éliminé le corpus de habeas pour des non-citoyens, y compris légal étrangers résidents. En vertu de la nouvelle loi, Bush peut déclarer n'importe quel non-citoyen « un ennemi illégal combattant " et mis la personne dans un système des tribunaux militaires qui donnent des droits limités de défendeurs seulement. Les critiques ont appelé les tribunaux « kangourou va au devant » parce que les règles sont fortement pesées en faveur de la poursuite. Une certaine langue dans la nouvelle loi suggère également que « toute personne, » vraisemblablement comprenant les citoyens américains, pourrait être balayée vers le haut dans la détention indéfinie s'ils sont suspectés de avoir facilité et du terroriste encouragé. « Toute personne est punissable car un principal sous ce chapitre qui commet une offense punissable par ce chapitre, ou aides, encourage, des avocats-conseils, commandes, ou obtient sa commission, » selon la loi, passée par le congrès Républicain-commandé en septembre et signé par Bush le 17 oct. 2006. Une autre disposition dans la loi semble viser les citoyens américains en déclarant cela « toute personne sujet à ce chapitre que, dans l'infraction d'une allégeance ou d'un devoir vers les Etats-Unis, aide sciemment et intentionnellement un ennemi des Etats-Unis… sera puni en tant que commission militaire que S peut diriger. » Qui a « une allégeance ou un devoir vers les Etats-Unis » sinon un citoyen américain ? Que la disposition ne s'appliquerait pas vraisemblablement à Oussama Ben Laden ou à Al-Qaeda, ni elle s'appliquerait généralement aux citoyens étrangers. Cette section de la loi semble choisir les citoyens américains. Sans compter que permettre « à toute personne » d'être engloutie par le système de Bush, la loi interdit des détenus une fois à l'intérieur de faire appel aux cours américaines traditionnelles jusqu'à après la poursuite et de condamner, qui pourrait traduire en emprisonnement indéfini puisqu'il n'y a aucun horaire pour Bush processus de tribunal au jeu dehors. La loi déclare qu'une fois qu'une personne est détenue, « aucun cour, juge, ou juge n'auront la juridiction pour entendre ou considérer n'importe quelle réclamation ou cause d'action n'importe quel S concernant la poursuite, l'épreuve, ou le jugement d'une commission militaire sous ce chapitre, y compris des défis à la légalité des procédures des commissions militaires. » Cette disposition cour-dépouillante - excepté « toute réclamation ou cause d'action quelque " - sembleraient refuser aux citoyens américains des droites de corpus de habeas juste comme ils font pour des non-citoyens. Si une personne ne peut pas introduire un mouvement avec une cour, il ne peut affirmer aucune droites constitutionnelles, y compris le corpus de habeas. D'autres protections constitutionnelles dans la déclaration des droits - tel qu'une épreuve prompte, la droite au presseur raisonnable et l'interdiction de « cruel et de peu commun la punition " - semblerait être au delà de l'extension d'un détenu aussi bien. Règles spéciales En vertu la nouvelle loi, le juge militaire « pouvoir près tous du public ou d'une partie des démarches » s'il considère que l'évidence doit être gardée secret pour des raisons de sécurité nationale. Ces soucis peuvent être donnés au juge par le parte ex - ou recto - des communications du procureur ou d'un représentant de gouvernement. Le juge peut également exclure accusé de l'épreuve s'il y a des soucis de sûreté ou si le défendeur est disruptif. Le plus, le juge peut admettre l'évidence obtenue par la coercition s'il la détermine « possède la valeur probante suffisante " et « les intérêts de la justice mieux seraient servis par l'admission du rapport dans l'évidence. » La loi permet, aussi, l'introduction de l'évidence secrète « tout en protégeant contre la révélation les sources, des méthodes, ou des activités par lesquelles les Etats-Unis ont acquis l'évidence si le juge militaire trouve cela… l'évidence est fiable. « Pendant l'épreuve, le procureur aurait le droit additionnel d'affirmer « un privilège de sécurité nationale » qui en pourrait arrêter « l'examen de témoin, « vraisemblablement par la défense si l'interrogation en touchait sur matière sensible. En effet, ce que la nouvelle loi semble faire est de créer un système parallèle « tiennent le premier rôle chambre » pour la poursuite, l'emprisonnement et l'exécution possible des ennemis de l'état, si ces ennemis sont étrangers ou domestiques. Sous le manteau des tribunaux militaires d'établissement pour juger des suspects d'Al-Qaeda et d'autres prétendus « combattants ennemis illégaux, » Bush et le congrès Républicain-commandé a efficacement créé un système légal parallèle pour « toute personne » - le citoyen américain ou autrement - qui en croise ligne mal définie. Il y a une multitude de raisons de penser que Bush et les conseillers interpréter chaque ambiguïté légale dans la nouvelle loi en leur faveur, ainsi accordant à Bush les plus larges possibles puissances au-dessus des personnes qu'il identifie comme ennemis. En tant que plus loin évidence de cela, les américains savent maintenant qu'Attorney General Gonzales ne croit pas même que la constitution leur accorde des juste de corpus de habeas à une épreuve juste. La parade de Robert a cassé beaucoup de Iran-Contre des histoires dans les années 80 pour Associated Press et Newsweek

NB :

Le dernier livre, le secret et le privilège : L'élévation de la dynastie de Bush de Watergate vers l'Irak, peut être commandée à secrecyandprivilege.com. Elle est également disponible chez Amazon.com, de même que son livre 1999, histoire perdue : Contras, cocaïne, la pression et « vérité de projet. » Si Jésus avait été tué il y a 20 ans, les écoliers catholiques porteraient de petites chaises électriques autour de leurs cous au lieu des croix. (Lenny Bruce) Je peux encore sentir sur le votre le souffle des autres les règles personnes que vous avez avalé sain et sauf tellement il y a bien longtemps. (Lee Lozano) Vraie d'était de de Darwin de théorie de La de silicium, il y les d'un que de longtemps disparu auraient de créationnistes. (Yvon Corbeil) La menace la plus sérieuse pour la démocratie est la notion qu'elle a déjà réalisé. (inconnu) Un criminel est une personne avec des instincts prédateurs sans suffisamment capital pour former une société. (Clarence Darrow) Je n'ai jamais vu une situation si morne qu'un policier ne pourrait pas la rendre plus mauvaise. (Brendan Behan) Dans la théorie, il n'y a aucune différence entre la théorie et la pratique. Dans la pratique, il y a. (Mandrin Reid) Si les riches pourraient louer quelqu'un d'autre pour mourir pour eux, les pauvres feraient une vie merveilleuse. (Proverbe juif) Vous ne devez pas être si aveugle avec le patriotisme que vous ne pouvez pas faire face à la réalité. Le mal est erroné, n'importe qui le fait ou le dit. (Malcolm X) Les choses les plus importantes ne sont pas des choses. (inconnu) VENI, VIDI, VELCRO --Je suis venu, je scie, j'ai collé autour.

Marc



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4-2 Percy KEMP : Aphorismes : Empire ou emporium ?
Il ne faudrait surtout pas croire que parce que la guerre d'Irak est mal née et qu'elle a en plus mal tourné, les centaines de milliards de dollars qui y sont dépensés s'en vont en fumée. En réalité, ce que le contribuable américain débourse d'un côté, quelqu'un, aux États-Unis, l'empoche de l'autre. C'est en effet à un vaste mouvement de redistribution des
richesses que l'on assiste aujourd'hui en Amérique, les impôts des classes moyennes et les subsides revenant aux plus démunis passant subrepticement, sous couvert du financement de la guerre, entre les mains d'un petit nombre de gens qui profitent royalement du conflit : qui en fourguant à l'administration les mercenaires, les armes et les munitions pour détruire l'Irak, qui en lui fournissant les matériaux, l'ingénierie et les idées pour le façonner à son image.
Qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas uniquement du pillage de l'Irak qu'il s'agit là, mais aussi de celuides États-Unis.

À croire que, tout comme la Voie lactée avait jadis servi à voiler l'enrichissement éhonté qui avait accompagné la Guerre des étoiles, le nuage soulevé aujourd'hui par la guerre en Mésopotamie ne serait qu'un gigantesque écran de fumée servant à masquer la plus belle escroquerie que l'on ait connue depuis la mainmise des oligarques russes sur les
immenses ressources minières et énergétiques de l'ancienne Union soviétique. Au nom de la démocratie et de la civilisation, les profiteurs de guerre américains siphonnent allègrement l'argent de leurs concitoyens et s'en mettent plein les poches.
De ces hommes sans foi ni loi, on dira ce que disait, au sujet des va-t-en-guerre romains, Calgacus, un noble calédonien du premier siècle de notre ère : «Brigands à l'échelle planétaire, ils ont épuisé la terre entière par leurs pillages indiscriminés etc'est le fond des océans qu'ils raclent à présent. Pasplus l'Orient que l'Occident n'ont suffi à remplir
leur panse. Si la richesse d'un ennemi attise leur cupidité, sa misère, elle, ne fait qu'exacerber leur
soif de pouvoir et ils s'attaquent aussi férocement aux pauvres qu'aux riches. Menteurs invétérés, ils donnent à leurs vols qualifiés, à leurs boucheries, à leurs rapines de faux noms qui sonnent bien et ils appellent cela Empire. Partout où ils vont, ils créent le désert autour d'eux et ils appellent cela la Paix.»
Paix, dites-vous ? Oui, si tant est que l'on accepte d'acheter la paix au prix de sa liberté.

Empire,dites-vous ? Dites plutôt emporium : vaste entrepôt, où tout ce qui est sacré est à vendre et où la valeur d'un homme se confond avec son pouvoir d'achat.
Percy KEMP

Article paru dans l'Orient-le-Jour - le jeudi 11 janvier 2007





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4-3 Philippe Grangereau : L'impeachment américain bien rodé

Deux présidents ont fait l'objet de cette procédure en plus de deux cents ans.

Nouveauté française, mais tradition américaine depuis 1789, date d'entrée en vigueur de la constitution.

Aux Etats-Unis, la procédure de destitution du président porte un nom : impeachment. La Chambre des représentants accuse et le Sénat juge l'accusé : tel est le fonctionnement de l'impeachment, équivalent d'une accusation devant un tribunal pour trahison, corruption, crime ou forfaiture. La procédure peut déboucher sur un acquittement, ou une condamnation ­ qui se traduit alors par le limogeage du chef de l'Etat.


Deux présidents américains ont jusqu'alors fait l'objet d'une procédure d'impeachment : Bill Clinton et Andrew Johnson (1808-1875).

Aujourd'hui, George W. Bush n'est pas à l'abri d'un impeachment. Bien que la majorité démocrate du Congrès s'y oppose pour l'instant, de nombreuses associations font campagne pour qu'une procédure soit entamée contre le Président. Elles mettent en avant trois arguments : ses «mensonges» sur la présence d'armes de destruction massive en Irak, le fait qu'il aurait «cautionné la torture» à l'encontre des prisonniers de la «guerre contre la terreur», et l' «illégalité» des écoutes téléphoniques qu'il ordonne sans le mandat d'un juge. Hormis le président, l'impeachment peut viser nombre d'officiels de l'exécutif et du judiciaire au niveau de l'Etat comme au niveau fédéral. Depuis 1789, un total de 17 officiels ont été «empêchés», dont 13 juges fédéraux (7 ont été limogés, 4 ont démissionné, 2 ont été acquittés) et un sénateur.

Philippe GRANGEREAU

Sources Libération

Posté par Adriana Evangelizt



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4-4 Adriana Evangelizt : Le plan qui condamne le plan Bush ne passera malheureusement pas ...
Car l'Elu de Dieu fera comme Hitler, il suivra son idée, ou plutôt l'idée de Cheney et consort.

Le déploiement en Irak ne vise qu'à entériner l'attaque de l'Iran.

Le comportement agressif de Cheney prouve qu'il tient la barre et que Bush est obligé de suivre. N'ayons crainte qu'ils ont déjà fixé le jour de l'attaque. Pour nous, cela va se situer entre le 1er et le 11 février... ceci entraînera une riposte immédiate de l'Iran et de Poutine dans la foulée.

Le Haut-Sinistan veut la guerre, il va l'avoir. Mais entre ce qui se fait sur le papier et ce qu'il en est réellement, il existe un océan qu'ils continuent délibérément d'ignorer. Il n'y a qu'à lire les recommandations de l'Ambassade de France en Israël pour savoir de quoi il retourne.

Au nom du terrorisme, il est fortement indiqué de ne pas se rendre tant en Palestine qu'en Israël... il faut savoir décoder l'information...

Adriana Evangelizt

Jeudi 18 Janvier 2007



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4-5 Neil Clark : L'autre guerre illégale de Blair.

«Sortez le champagne et les cigares! Finalement Tony Blair sera jugé pour crimes de guerre ... pas au tribunal, mais il le sera à la chaîne de télévision Channel 4 en tout cas.

Mais s'il est agréable de voir Blair, ou son portrait brossé par Robert Lindsay, sur le banc des accusés, pourquoi le premier ministre britanniqe est-il accusé seulement d'avoir commencé une guerre illégale?

Quatre année avant le déclenchement de l'opération «Chock and Awe» («Choc et effroi», campagne de bombardements US contre l’Irak - Bagdad - 2003), Blair avait joué un rôle crucial dans un autre acte d'agression internationale, qui, comme la guerre en Irak, était également basée sur de faux prétextes.

L'agression de 1999 contre la Yougoslavie violait de façon flagrante le droit international.

Seul le Conseil de sécurité de l'ONU a le droit d'autoriser une action militaire contre un pays souverain, et le Conseil de sécurité de l'ONU n'avait pas été consulté.

L'attaque violait également la Charte de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord), qui ne permettait l'utilisation de la force que si un État membre était attaqué.

Le «casus belli» en question était, selon les allégations de Blair, que la Yougoslavie avait "perpétré un génocide de type hitlérien équivalent à l'extermination des juifs au cours de la Seconde guerre mondiale'' contre la population d'origine albanaise dans la province de Kosovo.

Il n'y avait pas de preuve alors pour appuyer ces allégations, et il n'y en a certainement pas aujourd'hui.

Plus de 100 témoins de l'accusation ont témoigné au procès de Milosevic à La Haie, et pas un seul a prouvé que l'ancien président de la Yougoslavie avait donné l'ordre de perpétrer un génocide, ou, en fait, n'avait donné l'ordre de commettre quelque crime ou acte de violence que ce soit contre la population civile du Kosovo. [...]

Neil Clark

(Un article de Neil Clark, le 18 janvier 2007, The Guardian)

(Traduction par le «Collectif de traduction de Montréal» du début du texte)

L'AUTRE GUERRE ILLÉGALE DE TONY BLAIR (Un article de Neil Clark, le 18 janvier 2007, The Guardian)

Subject: GUARDIAN: Blair's other illegal war by Neil Clark

http://commentisfree.guardian.co.uk/neil_clark/2007/01/blairs_earlier_illegal_war.html.printer.friendly


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5 Annexes

5 -1 Trita Parsi : Le plan de Bush pour l’Irak : pousser l’Iran à la guerre.

Le discours du Président George W. Bush sur l’Irak concernait moins l’Irak que son voisin oriental, l’Iran. Il n’y avait pas grand-chose de nouveau dans la stratégie appliquée par les États-Unis en Irak, mais sur l’Iran, le président a défini un plan qui semble avoir pour but d’amener l’Iran dans une guerre avec les Etats-Unis.

Alors que Washington spéculait sur le fait que le président accepte ou non les recommandations du groupe d’étude sur l’Irak, peu de gens avaient prévu qu’il ferait exactement l’opposé de ce que James Baker et Lee Hamilton avaient conseillé. Plutôt que de se retirer d’Irak, Bush a décidé une augmentation du nombre de troupes. Plutôt que de discuter avec l’Iran et la Syrie, Bush a pratiquement déclaré la guerre à ces états. Et plutôt que de faire pression sur lsraël pour trouver une solution au conflit israélo-palestinien, l’administration Bush fournit du combustible dans le conflit interne à Gaza en armant et entraînant le Fatah contre le Hamas.

Plusieurs développements et rapports récents indiquent que l’administration Bush n’a jamais considéré de façon plus sérieuse la guerre contre l’Iran. Mercredi, Bush a proféré les accusations les plus dures jusqu’à aujourd’hui contre les dirigeants à Téhéran, affirmant que les religieux « fournissaient l’appui matériel pour des attaques contre les troupes américaines. »

Tout en promettant « de faire cesser les attaques sur nos forces » et de « chercher et détruire les réseaux qui fournissent les armements modernes et l’entraînement à nos ennemis en Irak, » il n’a fait aucune mention du flot continu d’hommes et d’argent allant aux insurgés et à l’Al Qaeda à partir de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite.

Il a au contraire révélé le projet de déployer de nouvelles forces de frappe dans le golfe Persique et un système de défense antimissile composé de missiles Patriots dans les états du Conseil de Coopération de Golfe (CCG) pour protéger les alliés des États-Unis. L’utilité de ce projet pour mettre fin à la violence en Irak demeure un mystère. Ni les insurgés ni les milices chiites ne possèdent de missiles ballistiques. Et s’ils en avaient, rien n’indique qu’ils viseraient les états du CCG — Le Bahrain, le Kowéit, l’Oman, le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis.

Le déploiement de missiles Patriots peut être cependant expliqué à la lumière d’un plan des États-Unis pour attaquer l’Iran. L’année dernière, l’Iran a fait savoir aux états du Golfe, dans un langage exceptionnellement émoussé, qu’il exercerait des représailles contre les royaumes des « sheikhs Arabes » si jamais les États-Unis attaquaient l’Iran en utilisant des bases à partir de ces pays. Conscient de la faiblesse de l’Armée de l’Air iranienne, les armes les plus susceptibles d’être employées par Téhéran sont les missiles ballistiques - tout à fait le type d’arme pour lequel même les Patriots] ont été conçus afin de fournir le bouclier nécessaire. Une première étape pour s’acheminer vers la guerre contre l’Iran serait de fournir aux états du CCG une protection contre des représailles iranienne potentielles.

Peut-être l’indication la plus flagrante d’une guerre imminente avec l’Iran est la récente arrestation par Washington de diplomates iraniens en Irak. Dans la période où Bush tenait son discours, des forces spéciales des États-Unis — en violation flagrante avec les règles diplomatiques et en rappelant la prise d’otage des diplomates américains dans Téhéran par les étudiants iraniens en 1979 — ont donné l’assaut au consulat iranien dans Erbil au nord de l’Irak, arrêtant cinq diplomates. Plus tard le jour, des forces des États-Unis se sont presque opposées avec les forces de peshmergas kurdes en cherchant à arrêter d’autres ressortissants iraniens à l’aéroport d’Arbil.

Ces opérations ont exaspéré le gouvernement irakien, y compris les Kurdes qui sont pourtant de fidèles alliés de Washington. « Ce qui s’est produit... est très ennuyeux car il y avait là une représentation iranienne depuis des années et elle fournissait des services aux citoyens, » a déclaré le ministre irakien des affaires étrangères Hoshiyar Zebari à la télévision Al-Arabiya.

L’administration de Bush a justifié ces agressions — y compris les arrestations de plusieurs fonctionnaires iraniens en décembre l’année dernière - en disant détenir des preuves sur la participation iranienne à la déstabilisation de l’Irak. Mais si le but est de collecter des informations, il y aurait plus de sens à lancer une opération de grande ampleur et simultanée en direction de tous les bureaux iraniens plutôt que de procéder par touches successives qui alertent les Iraniens et leur laissent tout loisir de détruire les preuves qu’ils ont (ou n’ont pas ?) en leur possession.

Une escalade dans les incursions et les arrestations peut à l’opposé être considérée comme devant provoquer les Iraniens pour les inciter à répondre, ce qui alors augmenterait la tension et fournirait à l’administration Bush le casus belli nécessaire pour emporter le soutien du congrès américain pour le projet de guerre avec l’Iran. Plutôt que de viser une guerre préventive contre l’Iran en la justifiant par l’existence d’armes de destruction massive — une stratégie adoptée par les Etats-Unis avec l’Irak mais peut susceptible de réussir avec l’Iran — la succession des évènements dans une stratégie de provocation et d’escalade est supposée faire croire que les Etats-Unis sont forcés à la guerre.

D’importants sénateurs républicains et démocrates semblent avoir compris ce qu’il en était de la stratégie guerrière du président. Durant l’audition de jeudi au sénat devant le Comité pour les Affaires Externes, le sénateur Chuck Hagel du Nébraska a établi des parallèles avec la stratégie basée sur le mensonge de l’administration de Richard Nixon pour justifier une escalade de la guerre du Vietnam vers le Cambodge. « Quand vous mettez en marche le genre de politique dont le président parle ici, » a-t-il averti la secrétaire d’état Condoleezza Rice, « cela devient très, très dangereux. »

Le sénateur Joseph Biden du Delaware a ajouté que la guerre avec l’Iran exigerait l’accord du Congrès. Le congrès pose un réel défi au plan de guerre de Bush, au-delà des échanges verbaux entre des sénateurs frustrés et des hauts fonctionnaires sur la défensive.

La prochaine initiative peut venir de l’Iran. Téhéran a probablement reniflé le piège et restera immobile dès à présent afin de priver l’administration de Bush d’un prétexte à l’escalade. Mais les provocations permanentes des États-Unis par d’autres attaques de consulats iraniens et de représentations iraniennes finiront probablement par entraîner une réponse intentionnelle ou involontaire, après quoi l’escalade et la guerre peuvent se transformer en réalité. L’Iran a parfois manqué de la discipline nécessaire pour s’abstenir de répondre aux agressions.

Tandis que le calcul de l’administration parait être qu’une extrême pression sur l’Iran forcera Téhéran à commettre une erreur, la croyance en Iran que des concessions inciteraient à un changement dans la politique des Etats-Unis est proche de zéro. Les États-Unis ont en effet successivement rejeté toutes les offres iraniennes.

Mais Téhéran peut pouvoir changer le climat qui règne et échapper au piège de la guerre de Bush en relançant des discussions avec l’Union Européenne pour discuter les sujets régionaux aussi bien que l’impasse sur le dossier nucléaire. La patience et la confiance de l’Europe envers l’Iran ont en grande partie été dilapidées suite à l’incapacité de Téhéran d’apprécier pleinement les efforts faits l’automne dernier par Javier Solana, le haut représentant européen pour les questions de sécurité et les affaires externes, afin de négocier un accord sur la suspension des opérations d’enrichissement nucléaire.

De plus, l’Union Européenne comprend bien que les effets de marée d’une guerre régionale dans le Moyen-Orient atteindront l’Europe beaucoup plus tôt qu’ils n’atteindront les rivages des États-Unis. Mais que l’Europe se dresse pour ses propres valeurs et pour sa sécurité et contre les plans de guerre de Bush reste cependant à voir.

Dr. Trita Parsi est l’auteur de « Treacherous Triangle — The Secret Dealings of Israel, Iran and the United States » (Yale University Press, 2007).

15 janvier 2007 - Electronic Irak - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electroniciraq.net/news/2820...
Traduction : Claude Zurbach

Sources Info Palestine

Posté par Adriana Evangelizt