mercredi, décembre 27, 2006

N° 238 - Journal d'Irak Special dossier - 27-12

Sommaire :
1 Médias.
1-1 Mohammed El Oifi : Voyage au cœur des quotidiens panarabes.
3 Dossier & Point de vue.
3-1 Dossier : Saddam Hussein va être exécuté.
a) Opinion de Adriana Evangelizt.
b) Compte-rendu de l'Afp : Saddam Hussein exécuté dans les trente jours.
c) Compte-rendu de l'Ats : Saddam Hussein sera pendu d'ici trente jours.
3-2 Point de vue de Bill Van Auken : Bush met la table pour une escalade militaire en Irak.
3-3 Analyse de Antonia Juhasz : Rapport Baker sur l'Irak
1 Médias
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
Marc
1-1 Mohammed El Oifi : Voyage au cœur des quotidiens panarabes.
Un aspect méconnu de l’alliance entre Riyad et Washington
Depuis 1991, les médias inféodés à l’Arabie saoudite ont dominé le champ panarabe.
Deux grands quotidiens, « Al-Hayat » et « Al-Chark Al-Awsat », se sont faits les relais d’un point de vue « libéral proaméricain ».
Mais cette vision est de plus en plus contestée, et l’affirmation de la chaîne Al-Jazira comme les projets de nouveaux quotidiens mettent désormais en cause cette hégémonie.C’est dans l’International Herald Tribune que Mona Eltahawy, éditorialiste égyptienne vivant à New York, a choisi de dénoncer la décision du journal Al-Chark Al-Awsat de se passer de ses services (1). Ce quotidien panarabe – il s’adresse au public de tous les pays arabes, et non à celui d’un Etat particulier –, qui se présente comme le « journal international des Arabes », est la propriété du prince saoudien Salman Ben Abdelaziz, gouverneur de Riyad, l’homme qu’Eltahawy soupçonne d’être derrière la décision de la licencier. Cette révolte assez exceptionnelle (2) d’une éditorialiste arabe a été jugée suffisamment grave pour pousser de nombreux journalistes, notamment Jihad al-Khazen (3) et Samir Attallah (4), deux des principaux piliers du réseau journalistique saoudo-libanais, à réagir et à défendre le journal.Après la guerre du Golfe de 1990-1991, la diplomatie saoudienne a pu, grâce au monopole que des princes exerçaient sur le champ médiatique panarabe depuis l’effacement de Bagdad, imposer sa propre grille de lecture des événements dans la région. A présent, les données ont changé, cette emprise saoudienne s’est affaiblie. D’une part, la transformation du champ médiatique arabe, notamment avec le lancement de la chaîne de télévision Al-Jazira, basée à Doha (Qatar), en novembre 1996, a mis fin au monopole saoudo-libanais sur les circuits de l’information panarabe. D’autre part, la fragilisation des positions diplomatiques de Riyad après le 11-Septembre et l’encadrement imposé par les Etats-Unis à la politique arabe et islamique du royaume l’ont contraint à un repli sur l’espace de l’Etat-nation et sur le mot d’ordre « l’Arabie saoudite d’abord », qui entre en conflit avec la vocation panarabe de ces médias.Le discours néolibéral de ces derniers s’est en effet radicalisé après le 11-Septembre autour d’un groupe de journalistes et d’intellectuels, que leurs détracteurs surnomment « Kouttab Al-Marines » (« les plumitifs des marines »). Ceux-ci défendent la stratégie américaine au Proche-Orient, plaident en faveur de la réforme religieuse et sociale dans le monde arabe, mais s’abstiennent de prôner un changement politique. L’Arabie saoudite tire un double avantage de cette radicalisation. Au niveau interne, cela sert à contrer la contestation islamiste et à renforcer les rangs clairsemés du courant néolibéral saoudien proche du pouvoir. Au niveau externe, cela permet de s’attirer la bienveillance américaine en présentant les princes saoudiens comme les producteurs d’un discours favorable à la politique de Washington au Proche-Orient.La stratégie d’instauration d’un ordre médiatique saoudien dans le monde arabe remonte au début des années 1970. Il s’agissait alors de contrer la propagande nassérienne véhiculée sur les ondes de la radio La voix des Arabes. Le prince Salman a été l’un des premiers à en avoir saisi l’enjeu. Sa principale acquisition reste Al-Chark Al-Awsat. Ce journal a été lancé à Londres, le 4 juillet 1978, par les deux frères saoudiens Hicham et Mohammed Ali Hafez, « avec la participation de Kamal Adham et de Turki Al-Faysal », longtemps responsables des services de renseignement saoudiens (5).Sa ligne éditoriale reflète assez fidèlement les orientations de la diplomatie de Riyad : ainsi, le militantisme d’Al-Chark Al-Awsat en faveur de la guerre américaine contre l’Irak en 2003 tranchait avec la position réservée du gouvernement saoudien sur ce sujet. Les révélations du journaliste américain Bob Woodward (6) sur les arrangements entre Riyad et Washington pour préparer la guerre, par l’intermédiaire du prince Bandar Ben Sultan, alors ambassadeur du royaume aux Etats-Unis, montrent que la véritable politique étrangère saoudienne doit plus se lire dans les pages d’Al-Chark Al-Awsat que dans les déclarations officielles.Al-Hayat est un quotidien d’origine libanaise, créé en 1946 par le journaliste de cette nationalité Kamel Mroué. Journal conservateur, proche des monarchies saoudienne et jordanienne, favorable à l’alliance avec l’Occident, il s’est opposé à la politique nassérienne et à la naissance de la République arabe unie (union de l’Egypte et de la Syrie) en 1958. En 1966, son fondateur est assassiné sur les ordres, semble-t-il, des services secrets nassériens. Le journal est fermé en 1976 après le déclenchement de la guerre civile libanaise.M. Jamil Mroué, fils de Kamel, relance le journal le 30 octobre 1988 à partir de Londres grâce au soutien financier du prince saoudien Khaled Ben Sultan, le fils du ministre de la défense, qui en devient par la suite le propriétaire. Al-Hayat a joué un rôle décisif durant la guerre du Golfe (1990-1991) pour « diaboliser » le régime de M. Saddam Hussein et légitimer l’intervention américaine. Il ouvrira ses pages à l’opposition irakienne, notamment kurde et chiite. Cette spécificité, doublée par le fait que sa direction est d’origine chrétienne libanaise, pousse les détracteurs d’Al-Hayat à le stigmatiser comme le « journal des minorités au service d’un prince ».Néanmoins, Al-Hayat reste une publication pluraliste dans laquelle cohabitent des journalistes se partageant globalement entre deux camps : les « arabophiles » et les « occidentalistes ». Mais, si le quotidien affiche une lecture apparemment panarabe de l’actualité, les tendances libanistes restent dominantes ; l’exaltation de l’Etat-nation s’accompagne le plus souvent d’un dénigrement appuyé des sentiments de solidarité arabe.Stratégie de communicationLes Américains ont confié à ce courant « occidentaliste » la direction de leur stratégie médiatique en direction du monde arabe et notamment de l’Irak. Ainsi, la direction de la radio Sawa et celle de la télévision Al-Hurra sont confiées à l’ancien directeur du bureau d’Al-Hayat à Washington, le Libanais Mouaffaq Harb. Déjà, en 1998, quand les Américains avaient lancé – à Prague – Radio Free Bagdad, ils avaient confié sa direction à un autre journaliste d’Al-Hayat, Kamaran Qura Dhari, un Irakien et militant kurde. En outre, en mai 2004, peu avant son départ, l’administrateur américain Paul Bremer a nommé à la tête de la radio et de la télévision irakiennes deux journalistes d’Al-Hayat, Jalal Al-Mashta et Qura Dhari.La place de choix qu’occupe Al-Hayat dans le champ médiatique arabe suscite des jalousies mais également des critiques informées. La plus aboutie reste celle du journaliste palestinien Bilal Al-Hassan, ancien rédacteur en chef adjoint de ce journal. Al-Hassan met en relief le véritable paradoxe du quotidien : un journal panarabe dont la ligne éditoriale est dominée, en partie, par des journalistes libanais connus pour leur « antiarabisme radical » et « une exaltation excessive des vertus de l’Etat-nation au détriment de toute idée ou sentiment de solidarité arabe et encore moins islamique ».La principale cible de ses critiques est Hazem Saghié, libanais et chef de file de l’école néolibérale arabe « qui considère que le colonialisme est une bénédiction (7) ». Al-Hassan évoque néanmoins les « cris d’indignation » à l’égard de ce courant néolibéral qui proviennent de la publication elle-même, notamment ceux d’Abdel Wahab Badrakhan – mais celui-ci a été contraint à quitter le journal et se prépare à participer au lancement d’un nouveau quotidien financé, comme Al-Jazira, par le Qatar – et Daoud Al-Shiryan. Ce dernier vient d’être nommé directeur adjoint de la chaîne panarabe Al-Arabiya (financée par l’Arabie saoudite), pour « équilibrer » les tendances néolibérales du directeur actuel, Abderahman Al-Rashed (8), un ancien rédacteur en chef d’Al-Chark Al-Awsat – ce qui illustre la complexité du système médiatique saoudien.Cependant, l’analyse d’al-Hassan reste incomplète, car il n’évoque pas l’influence que le prince Khaled (neveu du roi Fahd, décédé le 1er août 2005) exerce sur la ligne éditoriale du journal (9). Car, si l’opposition virulente de Saghié à l’égard du nationalisme arabe exprime sûrement son point de vue personnel, elle s’inscrit parfaitement dans le cadre de la lutte du royaume saoudien contre cette idéologie. De même, le parallélisme que Saghié établit entre l’islamisme et le nazisme (10) contribue à l’effort du royaume pour la délégitimation et la répression de la contestation islamiste interne. La fonction d’Al-Hassan comme éditorialiste du Al-Chark Al-Awsat, propriété du prince Salman, n’est pas étrangère à cet oubli.La radicalisation du discours néo-libéral dans les médias saoudiens est d’autant plus précieuse pour la politique américaine au Proche-Orient que sa propre stratégie de communication vers le monde arabe a échoué (11). C’est cette connivence médiatique saoudo-américaine qui explique la prédilection du Middle East Media Research Institute (Memri) (12), un institut israélien de traduction de la presse arabe, pour les journalistes qui écrivent dans la presse saoudienne. Or la diffusion massive des traductions réalisées par cet institut participe d’une stratégie très élaborée de manipulation de l’information aux effets incalculables.Bénéficiant de la protection diplomatique du royaume, de sa générosité financière et de ses moyens de diffusion, cette presse panarabe saoudienne fait écran à l’expression des opinions publiques arabes majoritaires (13). Pourtant, dans les moments de tension, la vision minoritaire de ses éditorialistes est souvent présentée au reste du monde comme le point de vue arabe majoritaire. Or c’est en décalage total avec les opinions publiques qu’ils construisent un « monde arabe imaginaire » favorable à la guerre américaine contre l’Irak en 2003 et à l’écrasement du Hezbollah libanais par l’armée israélienne en 2006. Autant de signaux erronés envoyés aux milieux politico-médiatiques qui conçoivent la politique proche-orientale des Etats-Unis.
Mohammed El OifiPolitologue.Le Monde diplomatique Décembre 2006(1) Mona Eltahawy, « A perilous dance with the Arab press », International Herald Tribune, Neuilly-sur-Seine, 19 juin 2006.(2) Fawaz Turki, « How to lose your job at a Saudi newspaper », The Washington Post, 15 avril 2006.(3) Al-Hayat, Beyrouth, 9 juillet 2006.(4) Al-Chark Al-Awsat, Londres, 14 juillet 2006, www.asharqalawsat.co m/leader.asp?se...(5) Pour reprendre les termes de l’interview télévisée de Hicham Ali Hafez par le journaliste saoudien Abdelaziz al-Khamis, www.hishamalihafiz.c om/tv_ar.htm(6) Bob Woodward, Plan of Attack, Simon & Schuster, New York, 2004, p. 288-289.(7) Bilal al-Hassan, La culture de la capitulation (en arabe), Riad El-Rayyes Books, Beyrouth, 2005, p. 79, et p. 135 pour la citation suivante.(8) Lire un entretien avec lui en arabe, au journal saoudien Al-Medina, Médine, 3 novembre 2006, sur les polémiques autour de la presse : www.alarabiya.net/Ar ticles/2006/11/...(9) L’éditorialiste Lafif Lakhdhar aurait été congédié sur ordre direct du prince Khaled. Lire Barry Rubin, « What’s wrong : the Arab liberal critique of the Arab society », The Middle East Review of International Affairs, Jérusalem, décembre 2005.(10) Hazem Saghié, Al-Hayat, Beyrouth, 20 juillet 2006, www.daralhayat.com(11) Art Levine, « Bad reception », American Prospect (édition en ligne), Boston, 11 juillet 2005.(12) Lire « Désinformation à l’israélienne », Le Monde diplomatique, septembre 2005.(13) Al-Harithi (sous la dir. de), Les orientations des éditorialistes saoudiens et de la presse saoudienne envers la guerre contre l’Irak (en arabe), Asbar for Studies Research and Communications, Riyad, 2005.
3-1 Dossier : Saddam Hussein va être exécuté.
a) Opinion de Adriana Evangelizt .
Saddam Hussein va être exécuté et Pinochet est mort tranquillement dans son lit après avoir fait torturer et exécuté des milliers de personnes.
Voilà la justice des hommes et plus particulièrement celle de Bush. Ah ils n'ont pas honte ! Quand on sait que la soldatesque américaine a tué plus de 655 000 irakiens, que valent la vie de 148 personnes que Saddam aurait fait exécuté alors qu'il avait été victime d'un attentat ? Et que dire du gouvernement irakien, marionnette aux mains de l'équipe Bush, qui ressemble à celui de Pétain lors de la dernière invasion en France ?
On suppose qu'eux non plus ne seront pas jugés comme le fut le maréchal dont le seul tort fut de ne plus être maître de son pays sous le joug des nazis. Si Saddam Hussein est exécuté, que Bush ne s'attende pas à une clémence christique. Il peut planter son nez dans la Bible, on voit ce qu'il en fait. Le triste constat qu'il faut faire c'est que les plus grands criminels que la terre ait pu porté -depuis qu'elle existe- gouvernent le monde et qu'ils se préparent à trinquer pour la nouvelle année sur le dos de centaines de milliers de cadavres qui par leur faute ne verront pas, eux, l'An 2007. Ces individus sont une abomination.

b) Compte-rendu de l'Afp : Saddam Hussein exécuté dans les trente jours .
La condamnation à mort de l'ex-dictateur pour l'exécution de 148 chiites dans les années 80 a été confirmée par la cour d'appel irakienne. La sentence pourrait être appliquée avant un mois, ce qui empêcherait la tenue de tout nouveau procès contre Saddam Hussein. L'appel de l'ancien dictateur a été rejeté. La cour d'appel irakienne a confirmé aujourd'hui la condamnation à mort de Saddam Hussein. L'ancien raïs devrait donc être pendu dans les trente jours. Le juge de la cour d'appel Arif Shaheen a précisé que la sentence pourrait être appliquée "à n'importe quel moment à partir de mercredi". Dans le même temps, les appels de son demi-frère, Barzan al-Tikriti, l'ancien chef des renseignements du régime baasiste, et de l'ex-président du tribunal révolutionnaire, Awad al-Bandar, ont été également rejetés et leurs condamnations à mort confirmées. L'avocat de Saddam Hussein, maître Khalil Doulaïmi, s'est exprimé depuis Amman, en Jordanie. Il a à nouveau qualifié le procès de son client de "100% politique" et a fustigé une décision "prévisible". Plus rien ne semble donc pouvoir sauver celui qui a tenu l'Irak d'une main de fer de 1979 à 2003, car d'après la constitution irakienne, aucune autorité, pas même le chef de l'Etat, ne peut user d'un droit de grâce. La décision du tribunal a également été critiquée par Amnesty International qui a fait part de sa déception face à un "procès faussé". Abondant dans le sens de l'organisation non-gouvernementale,
Salim al-Jibouri, membre du parti islamique, a regretté que le procès de l'ex-dictateur se soit transformé en un "show". Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt

c) Compte-rendu de l'Ats : Saddam Hussein sera pendu d'ici trente jours.
La cour d'appel irakienne a confirmé la condamnation à mort de Saddam Hussein pour le massacre de villageois chiites à Doujail en 1982. Le président déchu sera exécuté dans les 30 jours par pendaison et à n'importe quel moment à partir de mercredi, selon un juge..
Saddam Hussein qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1979 jusqu'à l'invasion américaine et la chute de son régime en avril 2003, avait été condamné à mort par pendaison le 5 novembre pour l'exécution de 148 villageois chiites de Doujail (au nord de Bagdad), dans les années 1980, en représailles à un attentat contre le convoi présidentiel.
Son demi-frère Barzan al-Tikriti, ancien chef des services de renseignement, et l'ancien président du tribunal révolutionnaire Awad al-Bandar avaient également été condamnés à la peine capitale. Leur appel a aussi été rejeté et tous deux seront également pendus d'ici 30 jours.
"Ce jugement figure dans les agendas américain et iranien visant à diviser l'Irak et à l'engager dans une guerre civile", a estimé l'avocat du président déchu. Selon la loi irakienne, aucune autorité, pas même le chef de l'Etat, ne peut user du droit de grâce ni commuer les peines prononcées.
En outre, la tenue d'un autre procès n'ayant pas de caractère suspensif, Saddam Hussein sera pendu, même s'il est actuellement jugé avec six anciens dirigeants pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires Anfal en 1987-88 dans le Kurdistan. Ces campagnes ont coûté la vie à 180'000 Kurdes selon l'accusation.
Le verdict a été annoncé alors que le Pentagone a fait état mardi de la mort de six GI's à Bagdad. Pour le seul week-end de Noël, 16 Américains ont péri en Irak.
(ats / 26 décembre 2006 19:00)
3-2 Point de vue de Bill Van Auken : Bush met la table pour une escalade militaire en Irak.Les remarques prononcées par le président Bush à sa conférence de fin d’année mercredi, ainsi qu’une série de développements militaires et politiques, vont inexorablement dans le sens d’une escalade majeure de la guerre américaine en Irak dans la prochaine année. Bush n’a pas révélé beaucoup qui n’était pas déjà connu lors de sa rencontre avec les journalistes, rejetant comme étant « hypothétiques » toutes les questions sur le supposé virage de son administration vers une nouvelle offensive militaire en Irak basée sur un renfort de 40 000 soldats de combat américains dans ce pays. Le président a affirmé qu’il était toujours en train d’évaluer les diverses recommandations de sources militaires, diplomatiques et irakiennes, tout comme celles du rapport déposé avec fanfare, mais déjà marginalisé du Groupe d’étude sur l’Irak, avant de présenter sa nouvelle politique dans un discours que l’on attend pour le début de janvier. Son nouveau secrétaire de la Défense, Robert Gates, a passé son troisième jour de travail mercredi à Bagdad où il a rencontré des généraux américains. Après, il a dit aux journalistes : « Nous avons discuté de ce qui était évident. Nous avons discuté de la possibilité d’une augmentation du nombre des soldats et de ce que cela pourrait accomplir. » Bush a clairement dit que son administration n’a pas l’intention de se plier à la volonté du peuple américain, telle qu’exprimée dans les bureaux de scrutin il y a six semaines, répudiant de façon massive la guerre en Irak et administrant une bonne raclée au Parti républicain. « Je ne vais pas spéculer à voix haute sur ce que je vais dire à la nation lorsque je serai prêt à le faire sur la façon d’aller de l’avant, a dit Bush. Je vais vous dire que nous considérons toutes les options. Naturellement, parmi celles-ci, il y a l’option d’augmenter le nombre des soldats. Mais pour cela, il faut une mission précise qui pourra être accomplie s’il y avait plus de soldats. » Des sondages récents ont montré une opposition écrasante à l’augmentation de la présence militaire américaine en Irak. Selon un sondage réalisé à la demande de CNN dont les résultats ont été publiés cette semaine, l’option d’envoyer plus de soldats est appuyée par à peine 11 pour cent de la population. 64 pour cent s’opposent à la guerre et 54 pour cent appellent pour le retrait de toutes les forces américaines du pays soit immédiatement soit au cours de l’année qui vient. On a demandé à Bush s’il était, étant donné les sondages, s’il désirait toujours « suivre une voie qui semble être en opposition à la volonté du peuple américain. » Le président a répondu par l’affirmative. « Je veux suivre une voie qui mène à la victoire, a-t-il dit, et c’est exactement pourquoi nous faisons notre révision. » Il a rejeté une politique de « retraite », déclarant que cela « encouragerait les radicaux » et « nuirait à la crédibilité des Etats-Unis ». Un des échanges les plus révélateurs de la conférence de presse fut la réponse de Bush à la question « Si vous concluiez qu’une augmentation du nombre des soldats en Irak était nécessaire, iriez-vous contre l’avis vos commandants militaires s’ils ne croyaient pas que ce soit une bonne idée ? » Il a répondu en décrivant la demande du journaliste comme « une question hypothétique dangereuse ». Le danger, en ce qui le concerne, était de nature politique. Depuis que la guerre a débuté, Bush a répété qu’il basait ces décisions sur le nombre de soldats requis sur les avis de ses généraux en Irak, plutôt que sur ceux des « politiciens de Washington ». Il s’est enveloppé dans le drapeau du « commandant en chef » dans le but de tordre le sens constitutionnel du terme, qui insiste sur le contrôle des institutions civiles sur l’armée, et de décrire toute critique de sa politique comme équivalente à une trahison. Aujourd’hui, il est de notoriété publique que la proposition d’ajouter des dizaines de milliers de soldats aux troupes combattantes dans la région de Bagdad et de la province d’Anbar est opposée par une importante couche des officiers de l’armée. Des généraux seniors, y compris les chefs d'état-major interarmées, ont laissé savoir qu’ils voyaient un déploiement plus important comme une mesure téméraire et désespérée qui entraînera en toute probabilité un accroissement de la résistance irakienne et qui exposera plus de soldats américains à des attaques mortelles. NBC News a cité mercredi soir un commandant senior anonyme qui a comparé le déploiement de soldats supplémentaires à « du kérosène que l’on jette sur le feu ». Les commandants ont aussi exprimé leur crainte que la méthode proposée pour arriver à augmenter le nombre des soldats — le redéploiement hâtif de certaines unités de combat en Irak et le retardement du départ prévu pour d’autres — affaiblisse encore plus l’armée à long terme, tout en portant un autre coup au moral des troupes déjà chancelant. Mardi, le secrétaire de presse de la Maison-Blanche Tony Snow a été obligé de nier l’existence d’une « chicane entre le président et les chefs d'état-major interarmées ». L’hostilité au sein des hauts rangs de l’armée envers l’augmentation du nombre des soldats en Irak est à peine cachée. Le général James Conway, le commandant du corps des Marines, a dit samedi : « Nous ne croyons pas qu’ajouter des soldats dans le seul but d’en augmenter le nombre — un simple épaississement du mélange — soit nécessairement la meilleure façon d’aller de l’avant. » D’autres dont les vues reflètent ceux des principaux dirigeants militaires ont été plus directs. Colin Powell, l’ancien secrétaire d’État de George W. Bush et l’ancien président des chefs d'état-major interarmées dans l’administration de Bush senior, a décrit l’armée comme étant « à peu près brisée » par la guerre en Irak. Lors de sa propre conférence d’adieu mardi, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a décrit l’échec de l’ONU d’empêcher la guerre américaine contre l’Irak comme « le pire moment » de ses dix ans de présidence à la tête de l’organisme mondial, et avertissait justement qu’il y avait des « inquiétudes qu’il y ait une nouvelle opération militaire » contre l’Iran, qui serait, dit-il, « imprudente et désastreuse ». Un des thèmes centraux de la conférence de presse de Bush était de dépeindre la débâcle en cours en Irak comme étant un élément d’une lutte continue contre les « radicaux » et les « extrémistes » qui nécessitera « des choix difficiles et des sacrifices additionnels ». Il déclaré son appui la proposition d’augmenter la capacité militaire américaine pour poursuivre l’occupation de l’Irak aussi bien que de participer dans de nouvelles guerres en augmentant les rangs de l’armée. « Je suis tenté de croire que nous avons besoin d’augmenter… la force permanente autant de l’armée des Etats-Unis, que le corps des Marines », a déclaré Bush. Ses commentaires faisaient écho à sa déclaration donnée dans une entrevue avec le Washington Post que les Etats-Unis avaient besoin de plus de force sur le terrain. « Il est correct de dire que cette guerre idéologique dans laquelle nous sommes va durer encore un certain temps, et que nous allons avoir besoin d’une force militaire qui est capable d’être en mesure de soutenir nos efforts et nous aider à amener la paix », a-t-il dit. Alors que le président a décliné toute discussion concrète qui quantifierait l’augmentation du nombre des soldats, certains représentants officiels ont indiqué que l’objectif est d’ajouter 70 000 troupes permanentes dans les rangs des militaires en devoir actif La conférence de presse de Bush a encore clairement indiqué que l’opposition de masse à la guerre en Irak exprimée aux urnes du 7 novembre est ignorée et répudiée par l’administration. Les démocrates, qui doivent leur nouvelle majorité à la Chambre et au Sénat à ce large sentiment contre la guerre, appuient pleinement la proposition de Bush d’accroître le nombre de soldats. « Je suis content qu’il ait réalisé qu’il est nécessaire d’accroître la taille des forces armées… mais il y a deux ans que les démocrates le disent » a dit au Washington Post le représentant de l’Illinois Rahm Emanuel, le nouveau président du caucus démocrate de la Chambre. Le sénateur John Kerry du Massachusetts, qui, en tant que candidat démocrate aux élections présidentielles de 2004, avait appelé pour une augmentation de 40 000 troupes supplémentaires dans les rangs de l’armée, a également soutenu la proposition d’extension de l’armée et des Marines, disant que c’était « un pas pragmatique requis pour faire face aux signes d’une armée en rupture ». La direction entrante démocrate a assuré qu’elle allait approuver la requête du Pentagone, dévoilée mercredi, pour une demande de fonds supplémentaires de près de 100 milliards $ pour la guerre en Irak et en Afghanistan. La requête mènerait le budget de cette année pour les deux interventions à près de 170 milliards $ – ou plus de 3 milliards $ par semaine. « Les démocrates se sont donné comme objectif de s’assurer que nos troupes aient tout ce dont elles ont besoin », a déclaré le porte-parole pour la nouvelle majorité au Sénat, Harry Reid. L’establishment politique dans son ensemble – malgré de sérieuses divisions internes sur la politique en Irak – ne veut pas abandonner ses tentatives de soumettre ce riche pays pétrolier à la domination des Etats-Unis ou de renoncer à la stratégie plus large d’utiliser la puissance militaire américaine pour poursuivre les intérêts globaux du capitalisme américain. Non seulement l’oligarchie dirigeante américaine refuse-t-elle de mettre un terme à la guerre en Irak, elle est en train de préparer une augmentation de la taille de son armée pour une nouvelle intervention encore plus sanglante. Bill Van Auken
Sources WSWS
Posté par Adriana Evangelizt
Mercredi 27 Décembre 2006
3-3 Analyse de Antonia Juhasz : Rapport Baker sur l'Irak.
Pétrole : privatisation exigée, main mise des Sociétés pétrolières US sous protection de l'armée US
Le rapport Baker fait couler beaucoup d'encre mais, comme par hasard, les médias de masse, ne parlent pas de l'un des éléments clé de ce rapport. En effet, il préconise la privatisation totale de l'industrie pétrolière irakienne, son accès libre et protégé par les forces armées US aux compagnies pétrolières privées des US. Parmi ses recommandations, le Groupe d'Etude sur l'Irak a conseillé que l'Irak privatise son industrie pétrolière pour l'ouvrir aux compagnies internationales. Antonia Juhasz écrit : « pour le dire simplement, les compagnies pétrolières essaient d'obtenir ce qu'on leur refusait avant la guerre où à un quelconque moment de l'histoire moderne irakienne : l'accès au pétrole irakien en sous sol. »Amy Goodman (Democraty Now) : Le Groupe d'Etude sur l'Irak a aussi recommandé pour l'Irak une privatisation de son industrie pétrolière et l'ouverture aux compagnies internationales. L'auteure et activiste Antonia Juhasz s'est penchée de près sur cet aspect du processus de reconstruction de l'Irak. Elle est l'auteur de « The Bush Agenda : Invading The World, One Economy at a Time » (L'Agenda de Bush: Envahir le Monde, une Economie à la fois.” Antonia Juhasz, merci de nous rejoindre dans notre studio de la radio de San Francisco. Votre réponse au rapport porte sur un point qui n'a pratiquement pas été débattu, celui qui concerne la privatisation ? Antonia Juhasz : Ouai, tout à fait. Et bonjour Amy. C'est une proposition totalement radicale faite directement dans le rapport du Groupe d'Etude sur l'Irak que l'industrie pétrolière irakienne devrait être réorganisée comme entreprise commerciale. La proposition dit aussi, comme vous l'avez dit, que le pétrole irakien devrait s'ouvrir aux compagnies étrangères privées énergétiques. De même, une autre proposition radicale c'est que tous les revenus du pétrole soient centralisés au sein du gouvernement central. Et le rapport appelle à ce qu'un conseiller US s'assure qu'une nouvelle loi nationale soit votée en Irak pour rendre tout cela possible et que la constitution irakienne soit amendée pour être sûr que le gouvernement central ait le contrôle des revenus pétroliers. En résumé, le rapport appelle à la privatisation du pétrole irakien, pour qu'il tombe aux mains de multinationales étrangères privées, mettant tout le pétrole dans les mains du gouvernement central, et essentiellement, vais-je affirmer, étendre la guerre en Irak pour s'assurer que les compagnies pétrolières US aient, ce pourquoi l'Administration Bush est allée là bas : le contrôle et un plus grand accès au pétrole irakien. AG : Antonia Juhasz, parlons des membres du Groupe d'Etude sur l'Irak. Cela pourra expliquer ce qu'a été leur approche, particulièrement James Baker, l'ancien secrétaire d'état, et aussi Lawrence Eaglerburger. Parlez nous de ces deux là. AJ : Tous les deux, Baker et Eagleburger ont fait carrière en faisant une ou deux choses : travailler pour le gouvernement fédéral ou travailler pour une entreprise privée, se servant du travail qu'il faisait au sein du gouvernement fédéral. Ainsi, en particulier, les deux, Baker et Eagleburger ont été des participants clés dans les années 80 et début des années 90 à l'expansion radicale des engagements économiques des US avec Saddam Hussein, avec un objectif très clair d'obtenir pour les compagnies US, particulièrement les compagnies pétrolières, un accès plus grand au pétrole irakien et faire tout ce qu'ils pouvaient pour accroître cet accès. Baker a son propre intérêt privé. Sa famille est lourdement impliquée dans l'industrie pétrolière, de même que son cabinet juridique Baker Botts est lui l'un des cabinets clé représentant les compagnies pétrolières dans tous les US et dans leurs activités au Moyen Orient. Et, Lauwrence Eagleburger a été président de Kissinger Associates, l'une des sociétés multinationales de conseil les plus importantes en matière de conseil aux sociétés américaines qui essayaient d'obtenir de Saddam Hussein des contrats pour travailler en Irak. Et puis, à ces 2 membres du Groupe d'Etude sur l'Irak se sont joints 2 membres qui sont des représentants de la Fondation Héritage, et cette Fondation est l'une des quelques organisations US qui a catégoriquement appelé à la privatisation totale du secteur du pétrole irakien avant l'invasion de l'Irak, comme but déclaré de cette invasion. Et pour demander catégoriquement une totale privatisation, comme je l'ai dit, c'est vraiment radical. En fait, c'est un changement pour l'administration Bush, qui a travaillé ces deux dernières années à un agenda d'une sorte de privatisation, mettant en avant ce qu'on appelle des accords de production partagée en Irak avec les mêmes résultats qu'une privatisation, mais sans l'appeler privatisation. Pour le Groupe d'Etude sur l'Irak, qui est supposé être, vous savez, la rencontre des pragmatiques, une sorte de groupe de milieu de terrain, qui va aider à résoudre le problème de la guerre en Irak, pour avancer cette proposition incroyablement radicale et d'avoir personne qui en parle, pour moi c'est passablement choquant et cela montre que les démocrates, les républicains, les médias, ont peur de parler du pétrole, mais ce pétrole selon ma réflexion, reste quand même le mobile de l'Administration, et de tous ceux dans le secteur du pétrole aux US, en comptant Baker et Eaglerburger parmi eux, pour lequel les troupes US y sont engagées (Irak ndlt), et engagées à rester. Et le rapport dit que les troupes resteront jusqu'au moins 2008 – je pense que c'est un minimum – pour garantir l'accès du pétrole aux compagnies pétrolières US. AG : L'ancien secrétaire d'état James Baker est allé à Rome, Moscou, Londres, en 2003, premier voyage officiel depuis qu'il a rejoint l'Administration Bush comme référant sur des questions concernant l'Irak en 2003, mais il est resté un partenaire de haut niveau dans le cabinet juridique, Baker Botts, qui, représente, parmi d'autres, Halliburton, de même que le gouvernement Saoudien, dans la plainte déposée par les membres de familles qui ont perdu l'un des leur lors du 11 septembre. Ainsi, c'est les membres de ces familles qui ont perdu des êtres chers, contre le gouvernement saoudien, et il représentait le gouvernement saoudien. A J : Ouais, son allégeance s'est étendue et cela a pratiquement toujours à voir avec le pétrole. Et le public a été très clair en disant de Baker – excusez moi, je veux plutôt dire les médias – que Baker est un pragmatique. C'est un pragmatique, le rapport du Groupe d'étude sur l'Irak, dit, page 1, chapitre 1, que la raison pour laquelle l'Irak est un pays clé au Moyen Orient, dans le monde et pour les US, c'est parce qu'il a les deuxièmes plus grandes réserves de pétrole dans le monde. Le rapport est très clair. Le rapport est aussi très clair, cependant, sur le fait que ce n'est pas un rapport où on peut trier, choisir des recommandations. Il dit que toutes les recommandations devraient être appliquées ensemble comme une seule proposition, qu'elles ne devraient pas être séparées. Cela veut dire que les auteurs du rapport disent que le pétrole, la privatisation, et l'accès des multinationales étrangères au pétrole sont aussi importants que n'importe quelle recommandation qu'ils ont faite. Et le rapport dit aussi que le gouvernement US suspendra tout soutien militaire, économique, politique au gouvernement irakien, si ces recommandations ne sont pas suivies. C'est une déclaration plutôt crue. Le gouvernement US ne fournira aucun soutien au gouvernement d'al-Maliki, sauf s'il avance pour changer la constitution irakienne et fait les changements nécessaires à la loi irakienne pour privatiser le pétrole irakien. Il nous faut être très clair là-dessus dans le mouvement anti-guerre, que c'est leur objectif et que nous devons, comme je l'ai répété, pas simplement appeler à la fin du stationnement des troupes en Irak, mais faire savoir que l'invasion par les multinationales US ne peut pas non plus se développer ou continuer. AG : Antonia Juhasz, je veux vous remercier pour avoir été parmi nous. Antonia est l'auteur de « The Bush Agenda : Invading The World, One Economy at a Time » (L'Agenda de Bush: Envahir le Monde, une Economie à la fois.)” Source et Copyright : http://www.democracynow.org/article.pl?sid=06/12/07/1452236
Patrick Martin : Le Pentagone brosse un sombre tableau pour les Etats-Unis en Irak
Un rapport publié par le Pentagone lundi dernier confirme l’état désastreux du projet américain de la conquête de l’Irak et sa transformation du pays riche en pétrole en une semi-colonie des Etats-Unis. La résistance armée à l’occupation américaine continue à se développer, alors que les attaques insurrectionnelles contre les forces armées américaines et les victimes américaines croissant à un taux dans les deux chiffres. Selon le rapport trimestriel, mandaté par le Congrès, le nombre d’attaques menées par les insurgés a augmenté de 22 pour cent depuis trois mois, alors que le nombre de victimes a crû de 32 pour cent. Plus des deux tiers des attaques ont été dirigées contre les soldats américains et la police et l’armée irakiennes. Le tiers qui reste a ciblé des civils irakiens. Ainsi, malgré les tentatives de l’administration Bush et des médias de décrire la violence comme largement une lutte intestine sectaire entre les sunnites et les chiites, le gros des actions armées a été dirigé contre les forces d’occupation et ses hommes de main irakiens. Le nombre des attaques a doublé au cours de la dernière année, infirmant toutes les déclarations de l’administration Bush qu’il y a du progrès dans l’établissement d’un régime d’occupation stable. Le taux des attaques armées est passé de 463 par semaine durant les six mois de février à août 2005 à 959 par semaine durant les quatre mois allant d’août à novembre cette année. Les victimes américaines sont enregistrées au taux de 25 soldats par jour tués ou blessés, et le taux est encore plus élevé au sein des policiers et des soldats irakiens, 33 victimes par jour. Le lieutenant-général de la Marine et directeur des plans et politiques stratégiques du Comité des chefs d’États-majors interarmes, John F. Sattler, a présidé une session d’information aux médias. « La violence a augmenté à un taux incroyablement rapide », a-t-il dit. Des officiels du Pentagone ont dit à la presse que les insurgés ont obtenu « un succès stratégique partiel » en divisant le gouvernement établi par les Etats-Unis à Bagdad sur des lignes sectaires et ont miné sa viabilité. Alors que le rapport suggère que les forces américaines ont atteint leur objectif en terme du nombre des soldats et des policiers irakiens ayant reçu un entraînement militaire rudimentaire, atteignant un total de 325 000, environ 45 000 de ceux-ci ont déjà été tués, blessés ou portés disparus, alors qu’autant que la moitié déserterait si déployée hors de leur région d’habitation, selon les estimés américains. La crise du Pentagone L’occupation américaine, qui aura bientôt quatre ans, a été une catastrophe pour le peuple irakien qui subit des conditions sociales et économiques bien pire que celles qui ont prévalu sous Saddam Hussein ainsi qu’un niveau de meurtres de masse qui dépasse de loin les pires années du régime baasiste. La guerre a aussi eu un impact majeur sur l’armée américaine, comme l’ont souligné les témoignages des représentants du Pentagone la semaine dernière. Le lieutenant général Peter Schoomaker, le chef d’état-major, a affirmé devant un comité du Congrès le 14 décembre que les pressions du déploiement à long terme de forces en Irak et en Afghanistan, associées aux restrictions sur l’utilisation de troupes de la réserve et de la garde nationale, avaient un effet dévastateur sur la volonté de l’armée. « L’armée est incapable de générer et d’entretenir les forces nécessaires à une guerre mondiale au terrorisme, » a déclaré Schoomaker, « si ses parties constituantes — les soldats, la garde et la réserve — ne lancent pas l’assaut toutes ensembles. » Le nombre de soldats en service était insuffisant pour répondre aux besoins de déploiements continus, a-t-il dit, car les politiques actuelles du Pentagone interdisent de seconds déploiements pour les membres des réserves et de la garde nationale, sauf sur une base volontaire. « À ce rythme, sans un accès récurrent aux forces de réserve, par de secondes mobilisations, nous allons venir à bout des forces actives, » a affirmé le général, L’administration Bush a imposé cette interdiction informelle sur les seconds déploiements — qui va plus loin que la loi actuelle — à cause d’inquiétudes sur les retombées politiques d’une augmentation du nombre de morts et de blessés parmi les soldats de la garde et de la réserve, qui sont généralement plus âgés, mariés et qui ont des enfants. Ces forces ont été fortement utilisées durant les trois premières années de la guerre, jusqu’au point où seulement 90 000 des 522 000 soldats de la garde nationale et de la réserve peuvent maintenant être mobilisés en zone de guerre. Selon un résumé de l’armée distribué à la presse, les forces de réserve doivent maintenant être rassemblées à partir d’un grand nombre d’unités différentes. En moyenne, 62 pour cent de ces forces proviennent d’un tel recrutement, comparativement à seulement 6 pour cent en 2002. Dans une compagnie de transport, seulement 7 des 170 soldats pouvaient être déployés et les autres provenaient des 65 autres unités situées à 49 endroits différents. « Il est nécessaire dans l’armée de déployer des unités organisées, entraînées, équipées et cohésives, et l’on ne fait pas ça en rassemblant des équipes au hasard, » a affirmé Schoomaker. De telles considérations sont à la base de la résistance de l’état-major du Pentagone face à l’initiative choisie par la Maison-Blanche : un « déferlement » de 20 000 à 30 000 combattants supplémentaires qui seraient déployés à Bagdad et dans la province d’Anbar, le centre de la résistance, pour mener une attaque éclair contre les populations locales. Selon un article paru jeudi dans le Washington Post, les chefs d’état-major ont exprimé à l’unanimité une opposition à la proposition de « déferlement », sur la base que ses conséquences à long terme n’avaient pas été suffisamment évaluées et, en particulier, à cause de l’impact que cela aura en attisant la résistance irakienne dans les zones sunnites et chiites. Les hauts officiers sont aussi très inquiets de l’impact que cela pourrait avoir sur le moral des troupes, car les propositions les plus ambitieuses de « déferlement », qui seraient favorisées par le vice-président Dick Cheney, entraîneraient le redéploiement au combat des soldats qui prévoyaient retourner chez eux. Ces perspectives ont été exprimées le plus clairement par l’ancien secrétaire d’État de Bush, Colin Powell, qui était aussi l’ancien président des chefs d’état-major dans l’administration de Bush père, une position où il a supervisé les opérations militaires de la première guerre américaine contre l’Irak. Invité dimanche à l’émission Face the Nation sur CBS, Powell s’est opposé à toute augmentation à court terme des forces militaires américaines en Irak. « Avant que je n’ajoute des troupes additionnelles ou que je le recommande au commandant en chef, je veux être certain que nous ayons une compréhension claire de ce qu’elles vont faire, combien de temps elles y vont», a-t-il dit. La poussée pour une augmentation des troupes Bush, Cheney et leurs collaborateurs les plus proches refusent de reconnaître l’ampleur de la débâcle en Irak et se déclarent irrévocablement engagés envers une victoire américaine. Le nouveau secrétaire à la Défense désigné par Bush, l’ancien directeur de la CIA, Robert Gates, a réitéré cette position lors de ses commentaires lundi, lorsqu’il a pris le contrôle du Pentagone en remplacement de Donald Rumsfeld. « Un échec en Irak à ce point-ci serait une calamité qui hanterait notre nation, minerait notre crédibilité, mettrait en danger les Américains pour les décennies à venir », a-t-il déclaré alors qu’il était assermenté par le vice-président Dick Cheney, en présence du prochain président du Comité sénatorial des forces armées, le démocrate Carl Levin du Michigan. Levin, avec le reste des démocrates au Sénat, a voté en faveur de la nomination de Gates comme nouveau chef du Pentagone. Il a dit au Washington Post que Gates « va être beaucoup plus ouvert à la surveillance » par le Congrès que Rumsfeld l’était. Il n’y a aucun dirigeant démocrate au Congrès qui serait en désaccord avec la déclaration de Gates qu’une défaite en Irak serait désastreuse pour l’impérialisme américain avec des répercussions globales. C’est pourquoi, malgré le large sentiment anti-guerre exprimé par une majorité d’électeurs le 7 novembre dernier lors des élections, la nouvelle majorité démocrate au Congrès se voue à la poursuite de la guerre. Le conflit au sein de l’élite dirigeante porte sur la façon d’en perdre le moins possible dans la débâcle en Irak, mais toutes les sections endossent les buts fondamentaux de la politique de l’administration Bush, qui consistent à se saisir du contrôle des ressources pétrolières et à utiliser le territoire comme base stratégique pour la projection de la puissance américaine au Moyen-Orient. Cet accord bipartisan était souligné dans un commentaire publié dans le Wall Street Journal lundi, corédigé par la sénatrice Hillary Clinton, en tête dans la course pour la candidature présidentielle des démocrates aux élections de 2008 et par le sénateur républicain John Ensign du Nevada. Les deux sénateurs appelaient pour une action rapide du gouvernement irakien pour créer un « trust pétrolier irakien » qui émettrait des actions pour chaque citoyen irakien. Ce plan ouvrirait la porte à la privatisation de l’industrie du pétrole. Un tel scénario a déjà été employé dans d’autres pays comme transition vers la vente des industries étatiques aux investisseurs corporatifs qui achètent les parts individuelles, comptant sur la misère économique de la population largement sans emploi et faisant face à la catastrophe. Clinton a également introduit une loi appelée la Loi pour le soulagement de l’armée des Etats-Unis qui appelle pour une augmentation de la taille de l’armée par 80 000 soldats dans les quatre prochaines années. Elle est secondée entre autres par les sénateurs démocrates Jack Reed, Joseph Lieberman et Bill Nelson. Sous Rumsfeld, le Pentagone a régulièrement rejeté ce type de proposition des démocrates, mais Bush a dit mardi qu’il est maintenant disposé à appuyer l’augmentation du nombre autorisé de soldats tant de l’armée que du corps des marines. Patrick Martin Sources WSWS
Posté par Adriana Evangelizt

mardi, décembre 26, 2006

N° 237 - Journal d'Irak- 26/12 :

vendredi, décembre 22, 2006

N° 236 : Journal d'Irak Special dossier Baker : 22/12

Sommaire :
1 Les Brèves.
1-1 Organisation pour la liberté des femmes en Irak : Femmes dans la guerre civile.
1-2 Communiqué de l’Alliance Patriotique Iraquienne (IPA) : Violation flagrante des libertés individuelles..
2 Dossier & Point de vue
2-1 Point de vue de Antonia Juhasz : Rapport Baker sur l'Irak - Pétrole : Privatisation Exigée.
2-2 Point de vue de Barah Mikaïl : Irak : vers la fin de l’état nation ?
2-3 Point de vue de Uri Avnery : Le gâteau de Baker.
2-4 Point de vue de Bill Van Auken : L’administration Bush élabore des plans pour un bain de sang en Irak .
2-5 Point de vue de Abdel Bari Atwan : Irak : vers un sauvetage syro-iranien ?
2-6 Point de vue de Jeffrey B. Spurr :: Irak : "guerre civile" ou bien ... ?.
3 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net.
3-1 Agence France-Presse : Bush annonce des «choix difficiles» et plus de «sacrifices» pour 2007.
4 Annexes
4-1 Iraqi trade unions attack plans for foreign company control of oil.
Marc lemaire : Interview sur l'Irak :
http://ckutnews.wordpress.com/2006/12/14/le-«journal-de-liraq»-entrevue-avec-marc-lemaire/
1 Les brèves1 Les brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
Marc
1-1 Organisation pour la liberté des femmes en Irak : Femmes dans la guerre civile. A Bagdad, la guerre civile fait rage. Les femmes en sont les premières victimes.
L'Organisation pour la liberté des femmes en Irak, qui enquête dans les conditions les plus difficiles, nous a envoyé ces informations sur l'horreur quotidienne qu'elles vivent actuellement.
Les informations qui suivent nous ont été adressées par al-Moussawat (« L’égalité »), journal de l’Organisation pour la liberté des femmes en Irak (OLFI).
150 femmes exécutées en 10 jours à la morgue de Bagdad
12/11/06, Bagdad –
Prétendant être à la recherche d’une parente disparue, des militantes de l’Organisation pour la liberté des femmes ont pu rentrer dans la morgue de Bagdad. L’employé qui leur a montré les corps de 150 femmes, non réclamés par leurs familles. Bon nombre étaient décapitées, défigurées ou portaient des marques de torture. Ces corps étaient arrivés durant les deux derniers jours. Faute de place, il devenait impossible de les conserver dans la morgue, si bien qu’ils étaient installés dans des pièces à température ambiante ou sur les terrasses extérieures.
Les familles refusent de reconnaître que leurs filles ont été enlevées, car c’est mauvais pour « l’honneur » de la famille. Si elle est violée et tuée, personne ne vient chercher le corps.
Au rythme de 15 femmes par jour, c’est 5500 femmes qui seront ainsi tuées durant l’année à venir.

1-2 Communiqué de l’Alliance Patriotique Iraquienne (IPA) : Violation flagrante des libertés individuelles.Dans le cadre d’activités politiques iraquiennes, afin de faire avancer la cause de la libération de notre peuple contre le joug des envahisseurs et atteindre l’indépendance par la lutte et le soutien de la résistance nationale iraquienne de plusieurs manières et façons, incluant la libre parole, notre frère Awni al Kalemji, membre du secrétariat général du IPA, a quitté le Danemark, son pays de résidence, le 13 décembre 2006, par voie aérienne, en direction de la Grèce via Zürich pour participer au Rallyemondial contre la politique d’isolation du 15 au 18 décembre.A Zürich, ville suisse, avant d’embarquer dans son avion pour la Grèce, en transit, la police suisse lui a retiré son passeport et lui a signifié l’interdiction d’entrer en Suisse et d’y transiter. Après une mise en détention de 5 heures, les autorités suisses l’ont forcé à retourner au Danemark dans le premier avion.Le comportement suisse nous a surpris, d’autant que les droits de l’homme sont un domaine que les pays occidentaux et la suisse en particulier mettent en avant et prétendent en être les champions. Ils font des droits humains une épée au dessus des têtes de ceux, forces, partis et états, qui se battent contre le programme de globalisation américain, lequel vise à un contrôle total de mouvements des peuples en lutte pour la libération nationale, l’indépendance politique et les progrès techniques à tousniveaux.La détention de frère Awni al Kalemji et son retour forcé illustrent de belle manière les proportions de l’unité des régulations de sécurité hostiles à tous les patriotes iraquiens. C’est une violation flagrante des libertés individuelles. Cela montre à quel point l’union des oppresseurs est étendu et l’importance de la libre parole allié à la lutte nationale opposée à l’invasion, l’occupation et l’imposition de programmes politiques des US et de ses alliés.Ces dangereux développements politiques sont une menace pour tous les peuples libres du monde, en particulier le mouvement de libération national iraquien. Que tous les fidèles et supporteurs de la résistance nationale iraquienne fassent entendre leurs voix pour protester contre les actions brutales contre la lutte pour un Iraq indépendant et souverain. Nous persisterons jusqu’à la fin de l’occupation.Alliance Patriotique IraquienneIraqi Patriotic Alliance14 Décembre 2006Camp Anti-impérialistehttp://www.antiimperialista.org/
2 Dossier & Point de vue
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs
mais doit être vu comme information
Marc
2-1 Point de vue de Antonia Juhasz : Rapport Baker sur l'Irak - Pétrole : Privatisation Exigée.
Le rapport Baker fait couler beaucoup d'encre mais, comme par hasard, les médias de masse, ne parlent pas de l'un des éléments clé de ce rapport. En effet, il préconise la privatisation totale de l'industrie pétrolière irakienne, son accès libre et protégé par les forces armées US aux compagnies pétrolières privées des US.Parmi ses recommandations, le Groupe d'Etude sur l'Irak a conseillé que l'Irak privatise son industrie pétrolière pour l'ouvrir aux compagnies internationales.
Antonia Juhasz écrit : « pour le dire simplement, les compagnies pétrolières essaient d'obtenir ce qu'on leur refusait avant la guerre où à un quelconque moment de l'histoire moderne irakienne : l'accès au pétrole irakien en sous sol. »Amy Goodman (Democraty Now) : Le Groupe d'Etude sur l'Irak a aussi recommandé pour l'Irak une privatisation de son industrie pétrolière et l'ouverture aux compagnies
Invading The World, One Economy at a Time » (L'Agenda de Bush: Envahir le Monde, une Economie à la fois.”Antonia Juhasz, merci de nous rejoindre dans notre studio de la radio de San Francisco. Votre réponse au rapport porte sur un point qui n'a pratiquement pas été débattu, celui qui concerne la privatisation ?Antonia Juhasz : Ouai, tout à fait. Et bonjour Amy. C'est une proposition totalement radicale faite directement dans le rapport du Groupe d'Etude sur l'Irak que l'industrie pétrolière irakienne devrait être réorganisée comme entreprise commerciale. La proposition dit aussi, comme vous l'avez dit, que le pétrole irakien devrait s'ouvrir aux compagnies étrangères privées énergétiques. De même, une autre proposition radicale c'est que tous les revenus du pétrole soient centralisés au sein du gouvernement central. Et le rapport appelle à ce qu'un conseiller US s'assure qu'une nouvelle loi nationale soit votée en Irak pour rendre tout cela possible et que la constitution irakienne soit amendée pour être sûr que le gouvernement central ait le contrôle des revenus pétroliers.En résumé, le rapport appelle à la privatisation du pétrole irakien, pour qu'il tombe aux mains de multinationales étrangères privées, mettant tout le pétrole dans les mains du gouvernement central, et essentiellement, vais-je affirmer, étendre la guerre en Irak pour s'assurer que les compagnies pétrolières US aient, ce pourquoi l'Administration Bush est allée là bas : le contrôle et un plus grand accès au pétrole irakien.AG : Antonia Juhasz, parlons des membres du Groupe d'Etude sur l'Irak. Cela pourra expliquer ce qu'a été leur approche, particulièrement James Baker, l'ancien secrétaire d'état, et aussi Lawrence Eaglerburger. Parlez nous de ces deux là.AJ : Tous les deux, Baker et Eagleburger ont fait carrière en faisant une ou deux choses : travailler pour le gouvernement fédéral ou travailler pour une entreprise privée, se servant du travail qu'il faisait au sein du gouvernement fédéral. Ainsi, en particulier, les deux, Baker et Eagleburger ont été des participants clés dans les années 80 et début des années 90 à l'expansion radicale des engagements économiques des US avec Saddam Hussein, avec un objectif très clair d'obtenir pour les compagnies US, particulièrement les compagnies pétrolières, un accès plus grand au pétrole irakien et faire tout ce qu'ils pouvaient pour accroître cet accès.Baker a son propre intérêt privé. Sa famille est lourdement impliquée dans l'industrie pétrolière, de même que son cabinet juridique Baker Botts est lui l'un des cabinets clé représentant les compagnies pétrolières dans tous les US et dans leurs activités au Moyen Orient. Et, Lauwrence Eagleburger a été président de Kissinger Associates, l'une des sociétés multinationales de conseil les plus importantes en matière de conseil aux sociétés américaines qui essayaient d'obtenir de Saddam Hussein des contrats pour travailler en Irak.Et puis, à ces 2 membres du Groupe d'Etude sur l'Irak se sont joints 2 membres qui sont des représentants de la Fondation Héritage, et cette Fondation est l'une des quelques organisations US qui a catégoriquement appelé à la privatisation totale du secteur du pétrole irakien avant l'invasion de l'Irak, comme but déclaré de cette invasion. Et pour demander catégoriquement une totale privatisation, comme je l'ai dit, c'est vraiment radical. En fait, c'est un changement pour l'administration Bush, qui a travaillé ces deux dernières années à un agenda d'une sorte de privatisation, mettant en avant ce qu'on appelle des accords de production partagée en Irak avec les mêmes résultats qu'une privatisation, mais sans l'appeler privatisation.Pour le Groupe d'Etude sur l'Irak, qui est supposé être, vous savez, la rencontre des pragmatiques, une sorte de groupe de milieu de terrain, qui va aider à résoudre le problème de la guerre en Irak, pour avancer cette proposition incroyablement radicale et d'avoir personne qui en parle, pour moi c'est passablement choquant et cela montre que les démocrates, les républicains, les médias, ont peur de parler du pétrole, mais ce pétrole selon ma réflexion, reste quand même le mobile de l'Administration, et de tous ceux dans le secteur du pétrole aux US, en comptant Baker et Eaglerburger parmi eux, pour lequel les troupes US y sont engagées (Irak ndlt), et engagées à rester. Et le rapport dit que les troupes resteront jusqu'au moins 2008 – je pense que c'est un minimum – pour garantir l'accès du pétrole aux compagnies pétrolières US.AG : L'ancien secrétaire d'état James Baker est allé à Rome, Moscou, Londres, en 2003, premier voyage officiel depuis qu'il a rejoint l'Administration Bush comme référant sur des questions concernant l'Irak en 2003, mais il est resté un partenaire de haut niveau dans le cabinet juridique, Baker Botts, qui, représente, parmi d'autres, Halliburton, de même que le gouvernement Saoudien, dans la plainte déposée par les membres de familles qui ont perdu l'un des leur lors du 11 septembre. Ainsi, c'est les membres de ces familles qui ont perdu des êtres chers, contre le gouvernement saoudien, et il représentait le gouvernement saoudien.A J : Ouais, son allégeance s'est étendue et cela a pratiquement toujours à voir avec le pétrole. Et le public a été très clair en disant de Baker – excusez moi, je veux plutôt dire les médias – que Baker est un pragmatique. C'est un pragmatique, le rapport du Groupe d'étude sur l'Irak, dit, page 1, chapitre 1, que la raison pour laquelle l'Irak est un pays clé au Moyen Orient, dans le monde et pour les US, c'est parce qu'il a les deuxièmes plus grandes réserves de pétrole dans le monde. Le rapport est très clair.Le rapport est aussi très clair, cependant, sur le fait que ce n'est pas un rapport où on peut trier, choisir des recommandations. Il dit que toutes les recommandations devraient être appliquées ensemble comme une seule proposition, qu'elles ne devraient pas être séparées. Cela veut dire que les auteurs du rapport disent que le pétrole, la privatisation, et l'accès des multinationales étrangères au pétrole sont aussi importants que n'importe quelle recommandation qu'ils ont faite.Et le rapport dit aussi que le gouvernement US suspendra tout soutien militaire, économique, politique au gouvernement irakien, si ces recommandations ne sont pas suivies. C'est une déclaration plutôt crue. Le gouvernement US ne fournira aucun soutien au gouvernement d'al-Maliki, sauf s'il avance pour changer la constitution irakienne et fait les changements nécessaires à la loi irakienne pour privatiser le pétrole irakien.Il nous faut être très clair là-dessus dans le mouvement anti-guerre, que c'est leur objectif et que nous devons, comme je l'ai répété, pas simplement appeler à la fin du stationnement des troupes en Irak, mais faire savoir que l'invasion par les multinationales US ne peut pas non plus se développer ou continuer.AG : Antonia Juhasz, je veux vous remercier pour avoir été parmi nous.L'auteur et activiste Antonia Juhasz s'est penchée de près sur cet aspect du processus de reconstruction de l'Irak. Elle est l'auteur de « The Bush Agenda
Antonia est l'auteur de « The Bush Agenda : Invading The World, One Economy at a Time » (L'Agenda de Bush: Envahir le Monde, une Economie à la fois.”)6 décembre 2006,Source et Copyright : http://www.democracynow.org/article.pl?sid=06/12/07/1452236Introduction et traduction bénévole pour information à caractère non commercial, Mireille Delamarre, pour Planète Non Violence
18-12-2006
2-2 Point de vue de Barah Mikaïl : Irak : vers la fin de l’état nation ?
Extraits
Deux contre-rapports, qui viendraient contrebalancer les conclusions du plan Baker, ont été commandés au Pentagone et à la Maison-Blanche. Les néo-conservateurs ne sont apparemment pas prêts à céder du terrain sur la politique étrangère…
Les néoconservateurs n'ont pas entièrement disparu de la scène mais il est indéniable qu'ils sont en retrait depuis la fin du premier mandat de George W. Bush. Malgré tout, le président américain reste le principal détenteur des clés de la diplomatie. Il est prêt à reconnaître des erreurs mais pas un échec global ; il essaye d'écrire un scénario de sortie alternatif au plan Baker. Sa stratégie concerne certes le positionnement américain en Irak, mais sert surtout à préparer les élections présidentielles de 2008.
Le rapport Baker n'évoque aucunement la participation européenne ou onusienne. Ces instances sont-elles définitivement exclues de toute résolution du conflit ?
Les Etats-Unis ont un avantage dans cette région, et dans le reste du monde, ils n'ont pas de concurrents directs. Il y a des Européens, des Russes, des Chinois ou l'Onu mais aucun de ces acteurs ne dispose d'un potentiel militaire sur place. Personne ne peut prétendre combler le vide que laisserait un éventuel échec américain dans la région. C'est ce qui permet à Washington de ne pas envisager de scénario alternatif autre que celui qu'ils esquisseraient par eux-mêmes. Nous ne sommes pas dans la situation de la Palestine à l'époque où les Britanniques l'occupaient et où les contradictions internes les avaient poussé à déléguer le dossier palestinien à l'Onu.
A quelles conditions, la Syrie et l'Iran accepteraient de s'asseoir à la table des négociations avec les Etats-Unis et Israël ?
Côté syrien, n'importe quelle solution pourrait faire l'affaire. Ils sont très clairement isolés aujourd'hui et attendent impatiemment le feu vert des Etats-Unis pour négocier, quitte à voir ce qui pourrait être discuté dans un second temps. Les Iraniens savent qu'ils sont dans une posture favorable. L'échec militaire des américains en Irak a fait le jeu de Téhéran qui s'estime prémuni à court et moyen termes d'une invasion militaire. Ils peuvent ainsi poser des conditions avant toute négociation telle que la non-exclusion par les Etats-Unis d'un programme nucléaire civil iranien. Les Américains en sont conscients mais ne veulent pas donner l'impression, après des années de froid diplomatique, d'être en position de faiblesse.
Ont-ils le choix ?
Ils l'ont toujours car ils font la différence sur le plan militaire, ce qui est fondamental. Sans compter que sur la scène politique moyen-orientale, ils n'ont pratiquement que des alliés. Cela constitue un gage de maintien de leur propre pouvoir. Ils ont le choix de poursuivre dans l'arrogance ou de s'assouplir. Le ton verbal assez menaçant devrait prévaloir tant que George W. Bush se maintiendra à la tête de l'administration américaine. Tout assouplissement serait par ailleurs significatif de leur affaiblissement sur la scène moyen-orientale aux yeux des dirigeants locaux qui en profiteraient pour se glisser dans cette brèche.
Le rapport Baker appelle également les dirigeants irakiens à agir dans le sens de la réconciliation nationale. La partition confessionnelle est-elle d'ores et déjà actée ?
Les principaux leaders irakiens critiquent le rapport Baker et estiment qu'il représente un recul par rapport à la fédéralisation annoncée de l'Irak. La loi sur une fédéralisation de l'Irak est passée au Parlement en octobre dernier. Elle est susceptible d'être amendée mais si l'on suit la logique constitutionnelle, elle devrait entrer en vigueur en avril 2008. Cela signifierait que, dans le meilleur des cas, l'Irak serait une République fédérale avec un gouvernement central affaibli. Ce que les Etats-Unis soutiennent. Je pense que beaucoup de leaders irakiens ont pris conscience que les richesses présentes dans le sous-sol, et en particulier le pétrole, peuvent permettre aux Chiites et aux Kurdes d'établir une forme d'autonomie politique. La communauté sunnite est, pour sa part, totalement privée, de par son implantation géographique, de ces richesses même si elle a un peu d'eau. Les Sunnites ont d'ailleurs menacé les Chiites de les couper de ce potentiel en eau dans le cas où ils seraient écartés du pouvoir. L'Irak s'est donc engagé dans une configuration post-nationale. Le gouvernement central, qui n'a pas la capacité d'assurer la sécurité, délègue la gestion des affaires à des milices locales et à des représentants politico-confessionnels.
C'est la fin de l'Etat-nation irakien en tant que tel au profit de communautés locales à colorations confessionnelles. Reste à savoir quel pays prendra le relais dans cette configuration parce que toute confessionnalisation de l'Irak ne s'arrêtera pas aux seules frontières irakiennes.
Barah Mikaïl
Barah Mikaïl par Lina Sankari / La Terre / 19 décembre 2006
Barah Mikaïl est chercheur à l'IRIS, spécialisé sur le Moyen-Orient.
Source : IRIS http://www.iris-france.org/Interviews-2006-12-19.php3

2-3 Point de vue de Uri Avnery : Le gâteau de Baker.
(partie irakienne) Dans son style sec et incisif, Baker dit que les Etats-Unis ne peuvent pas gagner en Irak. De façon explicite, il a dit aux Américains : sortons de là avant que le dernier soldat américain grimpe dans le dernier hélicoptère du toit d’une ambassade américaine, comme au Vietnam. PERSONNE n’aime admettre son erreur. Moi non plus. Mais honnêtement je n’ai pas le choix. Quelques jours après l’effondrement des Tours jumelles le 11 septembre 2001, il se trouve que j’ai fait une tournée de conférences aux USA. Mon message était optimiste. J’espérais que quelque chose de bon sortirait de la tragédie.
Mon raisonnement était que l’atrocité de l’attentat avait montré l’intensité de la haine contre les USA qui était en train de se répandre dans le monde, particulièrement dans le monde musulman. Il aurait été logique non seulement de combattre les moustiques mais aussi d’asséchez le marais. Puisque le conflit israélo-palestinien était un des terreaux de cette haine - sinon le principal - les Etats-Unis s’efforceraient de parvenir à la paix entre les deux peuples. C’était ce à quoi la froide logique pouvait conduire. Mais ce n’est pas ce qui est arrivé. Ce qui est arrivé a été exactement le contraire. La politique américaine n’a pas été guidée par la froide logique. Au lieu d’assécher un marais, les Etats-Unis en ont créé un second. Au lieu de pousser les Israéliens et les Palestiniens vers la paix, ils ont envahi l’Irak. Non seulement la haine contre les Etats-Unis n’a pas chuté, mais elle s’est encore intensifiée. J’espérais que ce danger l’emporterait sur les intérêts pétroliers et sur le désir d’installer une garnison américaine au centre du Moyen-Orient Ainsi j’ai commis moi-même l’erreur contre laquelle j’avais maintes fois mis en garde les autres : supposer que ce qui est logique arrivera effectivement. Une personne rationnelle ne devrait pas ignorer l’irrationnel en politique. En d’autres termes, il est irrationnel d’exclure l’irrationnel. George W. Bush est une personne irrationnelle, peut-être la personnification même de l’irrationnalité. Au lieu de tirer la conclusion logique de ce qui était arrivé et d’agir en conséquence, il a pris l’orientation exactement opposée. Ainsi donc il n’a fait qu’insister sur « garder le cap ». Et voilà qu’arrive James Baker. PUISQUE je suis déjà dans les confessions, je dois reconnaître que j’aime bien James Baker. Je sais que cela choquera certains de mes amis. « Baker ?! » s’exclameront-ils, « Le conseiller de la famille Bush ? L’homme qui a aidé George W. à voler les élections en 2000 ? L’homme de droite ? » Oui, oui, ce Baker là. Je l’aime bien pour sa froide logique, sa franchise et son style sobre, son habitude de dire ce qu’il pense sans fioritures, son courage. Je préfère ce style à l’hypocrisie moralisatrice des autres leaders, qui essaient de cacher leurs véritables intentions. Je serais heureux un jour d’échanger Olmert contre Baker, et de rendre sa liberté à Amir Peretz. Mais c’est une question de goût. Le plus important, c’ est qu’au cours des 40 dernières années, James Baker a été le seul leader américain qui a eu le cran de s’opposer et d’agir contre la maladie maligne d’Israël : les colonies. Quand il était secrétaire d’Etat, il a tout simplement informé le gouvernement israélien qu’il déduirait les sommes dépensées pour les colonies de l’argent qu’Israël recevait des Etats-Unis. Il a menacé et bien mis sa menace à exécution. Baker a ensuite affronté le lobby « pro-israélien » aux Etats-Unis, à la fois juif et chrétien. Un tel courage est rare aux Etats-Unis, comme il est rare en Israël. CETTE SEMAINE le groupe d’étude sur l’Irak, dirigé par Baker, a publié son rapport. Celui-ci confirme toutes les sombres prévisions annoncées par beaucoup à travers le monde - y compris moi-même - quand Bush & Co ont lancé la sanglante aventure irakienne. Dans son style sec et incisif, Baker dit que les Etats-Unis ne peuvent pas gagner là-bas. De façon explicite, il a dit aux Américains : sortons de là avant que le dernier soldat américain grimpe dans le dernier hélicoptère du toit d’une ambassade américaine, comme au Vietnam. Baker prône la fin de l’approche de Bush et propose une stratégie nouvelle et personnelle. En fait, c’est une façon élégante de sortir l’Amérique d’Irak, sans donner l’impression d’une déroute complète. Principales propositions : un dialogue américain avec l’Iran et la Syrie, une conférence internationale, le retrait des brigades de combat américaines, en ne laissant que les instructeurs. Le comité qu’il a dirigé était composé à parts égales de républicains et de démocrates. EST-CE QUE cela se passera encore cette fois-ci ? Baker a présenté son plan à un moment où les Etats-Unis font face au désastre en Irak. Le Président Bush est en pleine faillite, son parti a perdu le contrôle du Congrès et peut bientôt perdre la Maison Blanche. Les néo-conservateurs - pour la plupart juifs et tous supporters de l’extrême droite israélienne - qui contrôlaient la politique étrangère américaine, sont remplacés l’un après l’autre, l’ambassadeur américain aux Nations unies a été mis dehors. Donc, il est possible que cette fois-ci le Président suive cet avis compétent. Mais on peut en douter. Le Parti démocrate n’est pas moins soumis au lobby « pro-israélien » que le parti républicain, et peut-être même l’est-il davantage. Le nouveau Congrès a vraiment été élu sous la bannière de l’opposition à la poursuite de la guerre en Irak, mais ses membres ne sont pas des candidats djihadistes au suicide. Ils dépendent du lobby « pro-israélien ». Pour paraphraser Shamir : « le plan est le plan, et la poubelle est la poubelle. » A Jérusalem, la première réaction au rapport a été le rejet total, exprimant ainsi la confiance absolue dans la capacité du lobby de le tuer dans l’œuf. « Rien n’a changé », a déclaré Olmert. « Il n’y a rien à dire là dessus », a répondu immédiatement l’écho des brigades de journalistes de la presse écrite et audiovisuelle. « Nous ne pouvons pas parler avec eux tant que le terrorisme continuera », a déclaré un célèbre expert à la télévision. Cela semble vouloir dire : « On ne peut pas discuter de la fin de la guerre tant que l’ennemi tire sur nos troupes. » Sur les thèses Mearsheimer-Walt j’ai écrit que « le chien remue la queue et la queue remue le chien. » Il sera intéressant de voir qui remuera qui cette fois-ci : le chien sa queue, ou la queue son chien. Uri AvneryArticle publié le 10 décembre, en hébreu et en anglais, sur le site de Gush Shalom - Traduit de l’anglais « The Baker’s Cake » : SW AFPS
Sources Global Research
2-4 Point de vue de Bill Van Auken : L’administration Bush élabore des plans pour un bain de sang en Irak . Les reportages sur les discussions au sein de l’administration Bush sur le changement de cap en Irak indique que Washington prépare un autre bain de sang important comme moyen désespéré de sauver son aventure qui se prolonge depuis bientôt quatre ans pour conquérir le pays riche en pétrole. Le New York Times dimanche avait un article intitulé The Capital Awaits a Masterstroke on Iraq (La capitale attend un coup de maître en Irak), qui indiquait que les options en discussion comprennent ce qui revient à un appui à un génocide contre la population sunnite irakienne autant que le déchaînement délibéré d’un conflit sectaire embrasant toute la région entre les pays à prédominance sunnite et l’Iran et l’Irak, à prédominance chiite. Cette proposition (largement connue à Washington sous le nom de « la solution des 80 pour cent », c’est-à-dire le pourcentage de la population irakienne que forme les Kurdes et les chiites), écrit le New York Times, « dit essentiellement que Washington devrait arrêter de tenter de réconcilier les chiites et les sunnites et plutôt simplement appuyer les chiites, puisqu’ils sont de toute façon plus nombreux et qu’ils gagneraient probablement dans une lutte à mort. Après tout, est-il expliqué dans la proposition, l’Irak est chiite à 65 pour cent et sunnite à seulement 20 pour cent. » Le plan a prétendument été défendu par le vice-président Dick Cheney, un des principaux architectes de la guerre en Irak dès son origine. Une considération clé, ajoute l’article, est le contrôle du pétrole irakien. « Le plus longtemps les Etats-Unis tentent de courtiser les sunnites, le plus ils risquent d’aliéner les chiites et les Kurdes et ce sont eux qui ont le pétrole », déclare le New York Times. « Une poignée d’officiels de l’administration ont défendu l’idée que l’Irak ne va pas rester unifié et va se séparer sur des lignes sectaires. Si tel était le cas, disent-ils, les intérêts américains dictent qu’il faut appuyer les groupes qui contrôlent les régions riches en pétrole. » Un des embranchements du plan, que le New York Times décrit cyniquement comme une idée « que quelques faucons ont brassé dans les réunions », est une suggestion que les Etats-Unis pourraient bénéficier d’une conflagration sectaire dans toute la région. « Les Etats-Unis pourraient dans les faits porter un coup à l’Iran en appuyant les chiites de l’Irak, car cela approfondirait la cassure entre les chiites et les sunnites et éventuellement, mènerait à une guerre régionale entre les deux confessions », écrit le New York Times. « Et si cela était, alors les chiites — et l’Iran — perdraient parce que s’il y a plus de chiites que de sunnites en Irak et en Iran, il y a plus de sunnites que de chiites presque partout ailleurs. » Au même moment, il y a de plus en plus d’indications qu’un « déferlement » d’une dizaines de milliers de soldats américains supplémentaires en Irak aura comme principal objectif d’attaquer la milice loyale à l’imam radical Moqtada al-Sadr, ce qui signifie un assaut brutal sur les masses chiites appauvries de Bagdad. L’élaboration de telles politiques contradictoires semble moins le produit de calculs diplomatiques et militaires que de folie politique. Sous-tendant ce qui semble du délire, on trouve le désespoir et la désorientation à tous les niveaux de l’Etat américain face à la profonde crise que sa politique a générée. Ce qui prédomine est la conception qu’avec suffisamment de morts, que ce soit dans un génocide des sunnites, un assaut sanglant contre les chiites ou une combinaison des deux, l’impérialisme américain peut d’une façon ou l’autre éviter une défaite humiliante en Irak. Les fuites sur les stratégies maintenant sous considération ne font que souligner la criminalité abjecte de la guerre comme de la crise désespérée qui tient l’establishment politique américain, toujours profondément divisé sur la façon de faire face à la débâcle politique et militaire de l’occupation américaine. Moins de deux semaines après la publication du rapport du Groupe d’étude sur l’Irak, l’administration Bush a rejeté les recommandations du comité visant à réduire le rôle de l’armée américaine en Irak et à entreprendre des procédures diplomatiques afin d’obtenir la coopération des pays voisins, soit l’Iran et la Syrie. La Maison-Blanche, soutenue par la droite républicaine et les sections les plus impitoyables de l’élite dirigeante américaine, prépare plutôt l’équivalent d’une autre invasion du pays ravagé et une guerre régionale plus importante, avec pour objectifs ultimes de renverser les régimes iraniens et syriens. Les médias ont rapporté la semaine dernière que le Pentagone avait déjà fait appel aux 3500 soldats de la deuxième brigade de la 82e division aéroportée, actuellement basée à Fort Bragg en Caroline du Nord, pour la préparation d’un déploiement au Koweït le mois prochain. Cela serait le premier contingent d’un « déferlement » prévu qui compterait de 30 000 à 50 000 soldats supplémentaires. Non seulement l’establishment politique est-il extrêmement divisé sur la façon d’aller de l’avant en Irak, mais le commandement militaire américain l’est tout autant. Certains, comme le général Peter J. Schoomaker, chef d’état-major de l’armée, le général George Casey, commandant en chef en Irak, et le général John Abizaid, commandant des forces américaines au Moyen-Orient, ont mis en doute la valeur d’un « déferlement » de soldats américains en Irak, faisant remarquer qu’une telle augmentation du déploiement ne pourrait être maintenue et que cela pourrait retarder encore plus la prise de direction des opérations de sécurité par les forces irakiennes. D’un autre côté, plusieurs commandants, à la retraite depuis peu, ont soutenu l’intensification du conflit, et le plan serait appuyé par le lieutenant général Raymond Odierno, qui a assumé la semaine dernière le commandement des troupes de combat en Irak. Odierno a commandé la 4e division d’infanterie dans la province d’Anbar en 2003 et 2004, et s’est forgé la réputation d’avoir mené de dures opérations de contre-insurrection et de répression qui auraient, selon l’avis de plusieurs, alimenté l’appui populaire à la résistance irakienne. « Nous allons pourchasser tout, et je dis bien tout individu qui attaquera le gouvernement, qui attaquera les forces de sécurité et qui attaquera les forces de la coalition, peu importe qui il est ou à qui il est associé », a-t-il déclaré lors d’une cérémonie à Bagdad jeudi dernier. Cette remarque a semblé être un avertissement que la prochaine cible de la nouvelle offensive maintenant en préparation serait l’Armée du Mahdi, la milice chiite loyale à Moqtada al-Sadr. Selon les reportages, le commandement en uniforme du Pentagone a insisté à l’unanimité pour que toute intensification du déploiement de troupes à Bagdad soit accompagnée de règles d’engagement sans restrictions pour les forces américaines qui attaqueraient les partisans de Sadr. Une telle offensive déclencherait non seulement un coup d’État fomenté par les États-Unis contre l’actuel gouvernement irakien, dans lequel le mouvement de Sadr a un pouvoir considérable, mais entraînerait de nombreuses morts de civils, étant donné qu’une guerre totale serait menée dans les bidonvilles chiites populeux de Sadr City à Bagdad. À peine six semaines après que l’opposition populaire croissante à la guerre en Irak ait infligé une étonnante défaite aux urnes à l’administration Bush, il y a tout lieu de croire que la Maison-Blanche ne prévoit pas seulement poursuivre la guerre, mais en plus l’intensifier considérablement. Pendant ce temps, la direction du Parti démocrate ne démontre aucune conviction ou détermination de la sorte alors qu’elle s’apprête à prendre le contrôle le mois prochain des deux chambres du Congrès américain. Dimanche, le nouveau dirigeant de la majorité au Sénat, Harry Reid, a déclaré dans une entrevue télévisée qu’il serait prêt à appuyer un « déferlement » des soldats déployés en Irak si cela aidait à atteindre les objectifs plus larges de la stratégie proposée par la commission Baker-Hamilton de réduire le nombre des troupes en Irak au début de l’année 2008. « Si les commandants sur le terrain disent que ce n’est que pour une courte période, nous allons suivre », a dit Reid, ajoutant qu’une augmentation sur deux ou trois mois serait acceptable, pas une qui traînerait pour 18 ou 24 mois. Les scrupules du dirigeant démocrate au Sénat ont rapidement été rejetés par un défenseur en vue du « déferlement », l’ancien vice-chef du personnel de l’armée, le général Jack Keane, qui soulignait qu’« il faudrait plusieurs mois simplement pour amener des forces sur le terrain ». Keane a dit que cela prendrait au moins un an et demi pour que les forces élargies puissent supprimer la résistance irakienne. Pendant ce temps, le sénateur Edward Kennedy du Massachusetts, considéré comme le plus libéral des démocrates au Sénat américain, a exprimé son opposition à toute augmentation du nombre de soldats sur Fox News, mais rejetait toute réduction dans le financement de la guerre – le seul moyen, à part la procédure de destitution du président, qu’ont les démocrates pour ralentir l’escalade militaire de l’administration Bush. « S’il y a une chose à propos des démocrates, c’est que nous allons appuyer nos troupes », a déclaré Kennedy, ajoutant, « nous n’allons pas couper les vivres, en terme de troupes. » Presser par l’interviewer Chris Wallace d’expliquer pourquoi il n’était pas prêt à voter pour couper le financement de la guerre en Irak, rappelant que c’était la politique des démocrates pendant la guerre du Vietnam, Kennedy a fait remarqué que « C’est une situation bien différente de celle du Vietnam » et « Nous n’en sommes pas à ce point à ce moment-ci. » La différence réside dans le fait qu’en Irak, des sections décisives de l’élite dirigeante américaine demeurent déterminer à poursuivre l’objectif d’établir la domination des Etats-Unis sur une des plus grandes réserves de pétrole au monde au moyen de la force militaire et d’une domination coloniale. Bien qu’il y ait de profondes divisions sur la manière d’atteindre cet objectif, la défense des intérêts géostratégiques du capitalisme américain est soutenue par toutes les factions de l’establishment politique. C’est pour cette raison que les démocrates ont été les complices de l’administration Bush dans la guerre depuis qu’ils ont voté pour autoriser l’Invasion non provoquée de l’Irak il y a plus de 4 ans. La menace croissante d’une escalade militaire contre le peuple irakien qui pourrait potentiellement provoquer une conflagration à travers le Moyen-Orient et mondialement, démontre que l’opposition populaire à la guerre ne peut pas trouver d’expression à travers le système des deux partis établi en Amérique. Même avant que ne débute la nouvelle session du Sénat, il est clair que la lutte pour mettre fin à la guerre et tenir responsable politique et criminellement ceux qui l’ont lancé, ne peut se faire que par l’émergence d’un nouveau mouvement politique indépendant de la classe ouvrière en opposition à l’oligarchie financière et à ses deux partis.
Bill Van AukenSources WSWS
publié par Adriana Evangelizt dans: Massacres crapuleux Irak
2-5 Point de vue de Abdel Bari Atwan : Irak : vers un sauvetage syro-iranien ?Les journées noires, en Irak, abondent, depuis l'invasion américaine. Il estdevenu impossible de les compter. Mais la journée d'hier [14 novembre 2006]restera sans doute comme une des plus sombres et des plus sanglantes ; lesforces américaines ont en effet tué trente Irakiens sunnites dans la régiond'Ar-Ramâdî, et six chiites, au cours d'un raid contre la Ville d'Al-Sadr[un immense bidonville chiite de Bagdad, peuplé de plus d'un million d'habitants,
ndt].
Le phénomène sans doute le plus grave, qui résume la situation actuelle enIrak, est ce qui s'est produit au Département des missions à l'étranger duministère irakien de l'Enseignement supérieur, lequel département est tombéaux mains de milices dépendant du mouvement « Irak Nouveau » [Al-'Iraqu-l-Jadîd] et dont une centaine d'employés, de professeurs d'universitéet d'étudiants qui s'y trouvaient ont été enlevés et emmenés on ne sait oùsous les yeux des forces de sécurité et de la gendarmerie nationale ; letout, aux heures ouvrables !Ils ont tué tous les scientifiques, plus de trois cents universitaires parmiles plus chevronnés, des membres du cops enseignant ; de même qu'ils ontassassiné les officiers supérieurs de l'armée irakienne et la plupart despilotes d'avions de chasse et les personnels les plus qualifiés. Aujourd'hui, ils veulent faire fermer les universités, ils veulent abêtir lesgénérations montantes d'Irakiens, les réduire à l'analphabétisme, pour lesdécennies à venir.Tout ça se passe en Irak, cependant que l'Iran, pays voisin de l'Irak,développe un ambitieux programme nucléaire, importe des centrifugeusesmodernes susceptibles de transformer ce pays en puissance nucléaire en l'espace d'une année seulement, comme l'a promis (sans exagération) leprésident Mahmoud Ahmadinejad. Par ailleurs, l'Iran expérimente des missilesà courte et à longue portée, de différents calibres.Le président américain George Deubeuliou Bush a échoué, en Irak : il a perdusa guerre. Mais sa défaite, c'est le peuple irakien qui en paie le prixexorbitant, de son sang et des âmes de ses générations, actuelle et à venir; de sa stabilité, enfin. Et nous ne serons nullement surpris si Bush décidela débandade et le retrait de toutes ses troupes afin de limiter la casse etde se préparer à une nouvelle guerre, contre l'Iran, cette fois-ci, afin decomplaire à son pote le Premier ministre israélien Ehud Olmert.C'est le lobby juif qui a poussé l'Amérique à la guerre contre l'Irak, et c'est encore lui qui, aujourd'hui, excite l'Amérique afin de l'inciter àdéclencher une énième guerre, contre l'Iran, au motif de détruire sesprogrammes nucléaires et sous prétexte de menaces formulées par le présidentiranien, d'effacer Israël de la carte du monde.De son côté, le Premier ministre britannique Tony Blair est désireux d'améliorer son look, dans l'espoir de jouir d'une retraite plus confortableque celle de son ami américain Donald Rumsfeld, c'est-à-dire sans êtrepoursuivi en justice en tant que criminel de guerre. C'est pourquoi Tony serépand, depuis quelques jours, à propos de l'impérieuse nécessité d'associerla Syrie et l'Iran au rétablissement de la stabilité en Irak.Comment pourrait-on associer ces deux pays à un quelconque projet, dès lorsque l'un des deux a un programme qui lui est propre, différent peu ou proude celui de l'autre, cependant que ce qui les réunit, c'est précisément leurdésir d'utiliser le dossier irakien soit afin de marquer des points dans larégion et d'acquérir leur statut régional - c'est notamment le cas de l'ran - soit afin de noyer l'Amérique dans le marais ensanglanté qu'estaujourd'hui l'Irak, afin qu'elle ne puisse pas ouvrer à plein-temps à fairechuter le régime en place, comme elle tente aujourd'hui de le faire, enSyrie.La question demeurée pendante est celle de savoir si l'Iran et la Syrieferont vraiment plus que ce qu'ont réussi à faire jusqu'ici les troupesaméricaines et celles de leurs alliés étrangers et irakien. L'envoi deforces supplémentaires par la Syrie et l'Iran ramènerait-il la stabilité enIrak, mettant un terme à la guerre civile confessionnelle qui fait rage dansce pays ?Autre question : la Syrie et l'Iran rendront-ils ce service, dangereux etcoûteux et, ce, pour « les beaux yeux » [bleus] des Américains, et sanscontrepartie conséquente ?Nous ne pensons pas les Syriens et les Iraniens naïfs à ce point. D'ailleurs, on n'a jamais vu qu'ils aient rendu un quelconque service,gratuitement, à qui que ce soit, par le passé, même pas à leurs amis lesplus proches. Et ils viendraient, ainsi, au secours des Américains et deleur président, alors que celui-ci voit dans ces deux pays les principauxépigones de son « Axe du mal » ? La Syrie exige un retrait total d'Israël duGolan et de la quasi totalité des territoires arabes occupés, ainsi qu'unrôle régional indéniable, la récupération de son influence et peut-être mêmele retour de son armée au Liban. Quant à l'Iran, il veut que l'Amériquereconnaisse son statut de grande puissance nucléaire régionale, la levée detoutes les formes d'embargo commercial et de boycott à son encontre et lamise du « Nouvel Irak » sous son aile protectrice.L'administration américaine acceptera-t-elle ces exigences syriennes etiraniennes ? Et le caniche Tony Blair, qui se veut le « parrain » de l'idéed'associer la Syrie et l'Iran à la recherche d'une issue honorable dubourbier irakien, dispose-t-il de la force et de l'influence suffisantespour convaincre son maître George Deubeuliou Bush de ses géniales idées ?La réponse est : évidemment, non ! Car toute ces exigences irano-syriennesne peuvent être satisfaites qu'à la condition qu'Israël les admette, de sonplein gré, ou forcé et contraint. Or nous ne pensons pas qu'Israël s'offrirade se retirer des territoires occupés conformément aux conditions arabes, etnous n'imaginons pas qu'il y ait la moindre chance (même à un contre unmillion) que la Maison Blanche presse l'initiative de contraindre par laforce Israël à se plier aux dites conditions.En effet, le président Bush semble être, ces jours-ci, plus faible quejamais, et il a devant lui des défis très ardus dont il est incapable d'enaffronter aucun dès lors qu'il a perdu le contrôle des deux chambres duCongrès lors des récentes élections législatives de mi-mandature. Il y a ledéfi nucléaire nord-coréen, il y a l'hémorragie - en hommes et en dollars -en Irak et en Afghanistan et, enfin, il y a le programme nucléaire iranien,qui avance à grands pas, et qui brûle, même, les étapes, sur la voieconduisant à la production de l'arme nucléaire. Et puis, surtout - ceriseamère sur le gâteau - il y a la chute de sa popularité auprès desAméricains, qui atteint des abîmes historiques.Israël est sur les nerfs, en raison des invitations à dialoguer lancées endirection de Téhéran et de Damas par Tony Blair, et que reprend - pour lapréconiser - le rapport de la commission présidée par James Baker, anciensecrétaire d'Etat [= ministre des Affaires étrangères des Etats-Unis, ndt] -rapport mis au point par son équipe, portant sur les scénarios possibles desortie d'Irak, car tout règlement se fera nécessairement à son détriment. C'est la raison pour laquelle Olmert a ouvré - avec succès - à convaincre Bushde tourner le dos à ces invites, lors de leur rencontre en tête-à-tête à laMaison Blanche, voici trois jours de cela. si Bush se voit dans l'obligationde choisir entre Olmert et. Bush, il choisira nécessairement le premiercité, sans la moindre hésitation.L'Irak est devenu un piège mortel pour l'actuelle administration américaine,et tel peut-être il restera, également, pour la prochaine. En effet, ladéfaite américaine dans ce pays s'avère bien pire que sa précédente défaiteau Vietnam, car le président Bush ne trouve aucune issue honorable de l'impasse irakienne, et parce que même s'il se retirait d'Irak, la malédictionirakienne ne manquerait pas de le poursuivre - lui personnellement, maisaussi son peuple. Au Vietnam, les Américains ont trouvé un interlocuteuravec lequel négocier et finir par signer un accord de paix donnant le signald'un retrait [relativement] en bon ordre. Mais jusqu'ici, en Irak, lesAméricains ne savent toujours pas avec qui négocier ? Il n'y a aucuneinstance susceptible, en Irak, de réunir un consensus constitué de tous lesIrakiens ou d'une majorité d'entre eux, sauf, peut-être, à ce que lesAméricains rétablissent tant que faire se pourra la situation prévalantantérieurement à leur invasion et à leur occupation de ce malheureux pays.Or c'est là quelque chose d'impensable. Tout au moins, pour le moment.Le scénario extrêmement dangereux qui est en train de se cristalliser, deplus en plus rapidement, est celui qui verrait le président Bush fuir sadéfaite en Irak pour se consacrer à sa guerre contre l'Iran, avec un lobbyjuif lui faisant miroiter les avantages d'une telle guerre, de la mêmemanière qu'il lui avait fait l'article, précisément, de la guerre contre l'Irak.Si tel est le cas, nous connaîtrons une Troisième guerre mondiale sans aucunprécédent, et nous assisterons à la fin de l'Amérique en tant que grandepuissance, à l'instar de la manière dont la Seconde guerre mondiale mit unterme au Troisième Reich, dans les conditions humiliantes et infamantes quenous connaissons. Ce sera peut-être également la fin d'Israël [Inshâ'Allah !ndt]. Si le Hezbollah, cette petite milice, a pu tirer quatre millemissiles, en trente jours, sur Haïfa, Tibériade et Saint-Jean d'Acre['Akkah], et s'il reste dans son carquois encore quelque vingt mille de cesmissiles et autres roquettes, combien l'armée syrienne, et l'arméeiranienne, n'en possèdent-elles pas ?Et où ces missiles se dirigeront-ils, au cas où les dirigeants de ces deuxpays comprendraient qu'ils sont engagés dans l'ultime confrontation de toutel'histoire de leurs régimes respectifs ?[Je pense que vous avez deviné ! !]
Abdel Bari Atwanin Al-Quds al-Arabiyy, 15 novembre 2006Traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier, membre de Tlaxcala, le réseau detraducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleftpour tout usage non-commercial : elle est libre de toute reproduction, àcondition de respecter son intégrité et de mentionner auteurs et sources.
2-6 Point de vue de Jeffrey B. Spurr :: Irak : "guerre civile" ou bien ... ?(26. 11. 2006) Chers amis et collègues, Je reçois à l'instant ces nouvelles graves et profondément navrantes du Dr Saad Eskander, annonçant sa décision jeudi dernier de fermer la Bibliothèque et des Archives Nationales d'Irak. Le 15 novembre dernier, il m'avait informé que son institution avait été bombardée trois fois en trois semaines et était devenue la cible de snipers, dont certains tirs visaient directement son propre bureau. Un autre jeune bibliothécaire a été assassiné récemment et le bâtiment a reçu plusieurs obus dans les jours qui ont précédé sa fermeture (je suppose qu'il s'agit de tirs de mortiers). Les initiatives du Dr. Eskander avaient été absolument exemplaires, il avait considérablement renforcé son équipe et avait remué ciel et terre pour la former à agir sur plusieurs fronts, mais aussi pour relancer le fonctionnement d'une institution deux fois incendiée depuis le début de l'occupation américaine. Comme je lui demandais comment il arrivait encore à faire venir au travail une si grosse équipe dans des circonstances aussi périlleuses, il m'avait expliqué l'été dernier qu'il consacrait 30% de son budget à aller chercher son personnel et à le ramener chaque jour en bus, bien que trois de ses chauffeurs aient été tués en faisant ce travail. Bien qu'il n'y ait en fait littéralement pas d'autre alternative, ce moyen de faire face à la situation actuelle était évidemment intenable à long terme. Nous savons tous que la situation s'est considérablement dégradée depuis, et du fait des attaques répétées dont son institution a été la cible, il ne lui était plus possible de demander à son personnel de continuer à s'y rendre. Les forces de l'intolérance sont à l’œuvre et toute institution ou personne susceptible de représenter un avenir d'espoir ou de progrès pour l'Irak est dans la ligne de mire et contrainte au repli. Très sincèrement à vous, Jeff.
Sur le site Iraqcrisis (université de Chicago) tombait en fin de semaine dernière ce message de Jeffrey B. Spurr Après la Première Guerre du Golfe, l'Irak (pays profondément laïc, multiethnique et multiconfessionnel, où les femmes ne portaient plus le voile mais enseignaient à l'université) a été maintenu sous embargo, contre l'avis des Nations Unies pendant plus de dix ans. Chaque fois que le régime irakien parvenait à répondre aux conditions de levée de l'embargo, les USA rajoutaient des conditions toujours plus impossibles à atteindre. Cet embargo a fait plus d'un million de victimes, en majorité des enfants, provoqué l'effondrement de toute la structure économique du pays, empêché la reconstruction des infrastructures sanitaires détruites par la guerre de 1991 et profondément affecté les conditions de vie de l'ensemble de la population irakienne. En 2003 sur la base d'allégations réputées fausses (et démontrées telles par la suite) les USA et le Royaume Uni ont militairement envahi et occupé l'Irak. Cette invasion/occupation violait le droit International, les Conventions de Genève et jusqu'à la Charte des Nations Unies, mais aucune grande nation ne l'a officiellement condamnée comme criminelle, ni n'a demandé la moindre sanction à l'encontre de ses auteurs. Les crimes de guerre commis en Irak depuis cette invasion ont déjà fait en à peine trois ans plus d'un demi million de morts (http://www.brusselstribunal.org/pdf/lancet111006.pdf), dont plus de 80% victimes des bombardements et des tirs des troupes d'occupation ou leurs sont indirectement imputables : mines, sous munitions, snipers, etc. (Cf. http://www.globalresearch.ca/articles/LAN410A.html et http://www.medialens.org/ : Media Alert: Paved With Good Intentions - Iraq Body Count - Part 1 & 2.) On ne cherche même plus à évaluer le nombre des victimes indirectes décédées depuis l'invasion par manque de soins, de médicaments, d'eau potable, de produits de première nécessité ou indirectement du fait de l'usage par les troupes d'occupations d'armes prohibées ou à uranium appauvri.(Cf. No Great Way To Die” – But the Generals Love Napalm March 30, 2005 http://www.medialens.org/) Médias et diplomates occidentaux attribuent officiellement la majorité des victimes aux rivalités inter-ethniques et au terrorisme qui en découlerait, en occultant littéralement tout ce qui pourrait alimenter une autre lecture des faits (proportions respectives des victimes des actions “terroristes” et de celles des troupes d'occupations, ou plus simplement de victimes imputables respectivement au régime irakien ou à ses adversaires, avant et depuis le début de la Première Guerre du Golfe, etc.) Or, force est de constater que si aucun conflit au monde n'a jamais compté une proportion aussi effarante de snipers, la majorité d'entre eux sont des occidentaux salariés d'entreprises privées “de sécurité” agissant hors de tout contrôle des Nations Unies. Quant aux attentats (dont la très grande majorité des victimes ne sont ni occidentales ni influentes), et aux pratiques d'enlèvements, de cadavres torturés jetés dans la rue et d'escadrons de la mort, elles sont l'exacte réplique de ce qu'elles étaient déjà sous les dictatures d'Amérique Latine soutenues par les USA dans les années 70-80 (http://www.brusselstribunal.org/SecurityCompanies.htm#press). Il en va de même du prétexte identiquement avancé de “guerre civile de plus en plus incontrôlable.”(E.Herman, N.Chomsky, Manufacturing Consent, NY, Pantheon Books, 2002). Nous sommes seulement priés de croire qu'à l'instar des Sud-Américains, les Arabes sont simplement trop stupides pour lutter contre des troupes d'occupation autrement qu'en s'entre-tuant mutuellement, quoi de plus naturel au fond ? Dans les premières semaines de l'invasion, la majorité des Musées, Bibliothèques et centres d'archives administratives, informatiques, diplomatiques, historiques ou autres (nationaux et municipaux) ont été pillés et délibérément incendiés (http://www.sub.uni-goettingen.de/ebene_1/orient/Bibliotheques_irakiennes.htm), assez souvent (comme à Bagdad) sous protection des troupes d'occupation en violation des conventions de Genève. De même de la plupart des sites archéologiques en cours de fouilles, ravagés au bulldozer sous protection U.S. ou de sociétés privées, et d'une part substantielle des sites historiques les plus connus (http://www.paxhumana.info/article.php3?id_article=244). Là encore, on nous prie de croire que les arabes sont incapables de célébrer le renversement d'un dictateur par les puissances même qui l'avaient placé et maintenu au pouvoir, autrement qu'en détruisant leur propre patrimoine historique et archéologique, quoi de plus naturel au fond ? On imagine tout à fait les Italiens incendiant leurs musées, bibliothèques et archives ou détruisant le Colisée et tous les vestiges romains d'Italie pour fêter le renversement de Mussolini parce que l'antiquité était sa principale référence et qu'eux sont catholiques... Ces musées et archives ne contenaient d'ailleurs pas seulement les trésors des civilisations antérieures à l'Islam (plusieurs bibliothèques complètes – notamment administratives – intégralement ou partiellement retranscrites vieilles de quatre à cinq mille ans et dont les textes contredisaient souvent diamétralement ceux de la Bible), mais aussi et surtout la majorité des archives postérieures à l'Hégire, que de pieux musulmans avaient finalement peu de raisons de vouloir détruire. A qui profite le crime ? Quel est le mobile ? Qu'est-ce qu'on cherche réellement à détruire ? A chacun de s'interroger et de chercher les réponses ! Il y a à peine cent ans – et depuis des siècles (avant Alexandre) – le Proche-Orient n'était qu'un seul et même pays fait de provinces plus ou moins autonomes, multiculturel, multiethnique et multiconfessionnel (outre les nombreuses branches de l'Islam, on y a toujours trouvé des coptes, des maronites, des assyriens, des orthodoxes, des catholiques chaldéens, des zoroastriens, des bahais, des sabbéens, des parsis, des juifs, etc.) ; un pays qui avait ses ressources, ses règles et ses structures propres et où tout le monde pouvait se comprendre dans la même langue ; un pays au patrimoine historique commun immense et qui n'a jamais demandé à être occupé ou divisé. Traduction: Dominique Arias
Islamic and Middle East Specialist, Aga Khan Program for Islamic Architecture, Fine Arts Library, Harvard UniversityEn Anglais: “Iraq National Library and Archive closed”: http://hnn.us/roundup/entries/32348.html (26, 11, 2006)
3 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
3-1 Agence France-Presse : Bush annonce des «choix difficiles» et plus de «sacrifices» pour 2007.
Le président George W. Bush a reconnu mercredi que les Américains n'avaient pas la victoire en main en Irak et leur a dit de se préparer à de nouveaux «sacrifices» en 2007. M. Bush a dressé ce qui pourrait être le tableau le plus sombre des réalités irakiennes de sa part à ce jour. Il a cependant refusé un désengagement, malgré la pression exercée par l'opinion au moment où il prépare une nouvelle stratégie pour un pays au bord de la guerre civile. «Je ne vais pas faire de prédictions pour 2007 en Irak - si ce n'est qu'il va falloir faire des choix difficiles et des sacrifices supplémentaires, parce que l'ennemi est violent et sans pitié», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Dans un entretien accordé au Washington Post, il s'est gardé d'assurer que les Américains étaient en train de l'emporter en Irak, et a au contraire repris pour la première fois à son compte les mots d'un de ses généraux: «Nous ne gagnons pas, nous ne perdons pas». «Nous ne réussissons pas tout à fait aussi vite que je le souhaitais», a-t-il expliqué en conférence de presse. Il a admis que «2006 (avait été) une année difficile pour nos soldats et pour le peuple irakien». Se voulant «lucide», il a même reconnu le «succès» des ennemis dans leurs tentatives de déstabilisation. «Mon cœur se brise (...) régulièrement» à l'annonce des morts américaines (plus de 2.900), a-t-il dit. Il a toutefois affirmé sa confiance dans la victoire: «Je crois que nous allons gagner (...) Voilà ce que vous devez savoir. Nous allons réussir». Le jour où le numéro deux d'Al-Qaeda, Ayman Al-Zawahiri, resurgissait dans une vidéo pour prédire que les Américains seraient forcés de négocier avec les extrémistes islamistes, M. Bush a refusé de «battre en retraite» dans le combat contre le terrorisme, dont l'Irak serait le premier «front». «Ils pensent que ce n'est qu'une question de temps pour que l'Amérique se lasse et s'en aille, qu'elle abandonne les Irakiens par exemple. Cela n'arrivera pas», a-t-il dit. M. Bush a dû se résigner à un changement de cap en Irak après la défaite électorale des siens, à laquelle la guerre a fortement contribué. Il a sacrifié son secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, et son successeur, Robert Gates, était en Irak mercredi, deux jours seulement après avoir prêté serment, pour préparer une nouvelle stratégie. Au côté de M. Gates, le général John Abizaid, plus haut commandant pour le Proche-Orient, a annoncé son prochain départ à la retraite, confortant la suspicion que de nouveaux hommes pourraient être chargés d'une nouvelle politique. M. Bush devrait annoncer celle-ci en janvier. «Laissez-moi vous dire que nous considérons toutes les options», a-t-il dit. MM. Bush et Gates ont confirmé que l'une d'elles consistait dans l'envoi de troupes supplémentaires, malgré la réprobation qu'elle risque de rencontrer dans l'opinion américaine et la nouvelle majorité démocrate. M. Bush a cependant assuré ne pas avoir encore pris de décision sur la question cruciale des effectifs. Mais il a confirmé son intention d'augmenter la taille de l'armée de terre et du corps des Marines. Il a de nouveau opposé une fin de non-recevoir à l'une des idées qui lui est soumise avec le plus d'insistance: l'ouverture de discussions, sans autre préalable, avec les deux bêtes noires des États-Unis dans la région, l'Iran et la Syrie, pour les associer à la stabilisation de leur voisin irakien. La majorité démocrate qui s'installera au parlement en janvier a signifié qu'elle préparait une cohabitation difficile à M. Bush. Son futur chef au Sénat, Harry Reid, a réclamé un début de retrait des troupes. «Il est troublant de voir que (M. Bush) ne comprend toujours pas la nécessité d'un changement urgent en Irak».
Agence France-Presse
Washington
4 Annexes
4-1 Iraqi trade unions attack plans for foreign company control of oil.
traduction literale :
Les syndicats irakiens attaquent des plans pour la commande de compagnie étrangère d'huile.
Les chefs du mouvement de travail de l'Irak ont aujourd'hui critiqué des plans de gouvernement « pour remettre le contrôle » de la production de pétrole du pays aux compagnies multinationales. Lors d'une réunion à Amman, la Jordanie, chefs de cinq fédérations du syndicat de l'Irak - entre elles représentant des centaines de milliers d'ouvriers - réclamées un principe fondamental repense de la prochaine loi d'huile, qui est conçue pour permettre l'investissement étranger dans le secteur pétrolier. On s'attend à ce que la loi a été préparée par un comité irakien de coffret, et soit présentée au parlement irakien pour la ratification en prochaines semaines. L'opposition par les syndicats puissants de l'Irak consternera le gouvernement des USA, qui est vif pour voir la loi en place vers la fin de l'année. Depuis l'été, les fonctionnaires des USA avaient réclamé une loi d'huile pour encourager l'investissement étranger en pétrole de l'Irak - un appel réitéré par le groupe d'étude de Boulanger-Hamilton Irak dans son rapport la semaine dernière. [1] Les dirigeants syndicaux ont critiqué le rôle principal pour les compagnies étrangères dans le projet de loi, qui indique que jusqu'à deux-tiers des réservations connues de l'Irak serait développé par des multinationales, dans le cadre des contrats durant pendant 15 à 20 années. [2] Cette politique serait un changement radical pour l'industrie pétrolière de l'Irak, qui a été dans le secteur public pendant plus de trois décennies - et se casserait de la pratique normale dans le Moyen-Orient parmi les voisins de l'Irak. Dans un rapport commun, les syndicats ont rejeté « remettre du contrôle de l'huile aux compagnies étrangères, dont le but est de faire de grands bénéfices aux dépens des irakiens, et pour voler la richesse nationale, selon le terme, les contrats injustes, qui minent la souveraineté de l'état et la dignité des irakiens ». Le rapport a ajouté que c'était « une ligne rouge » qu'ils ne laisseraient pas être croisés. Ils étaient également fâchés contre leur exclusion du processus de rédaction, et réclamé un retarder à la loi, pour permettre la consultation appropriée. « Les irakiens refusent d'accorder le futur d'huile être décidés derrière les portes fermées », ils ont énoncé. Hasan Jum' a, président de la fédération des syndicats d'huile, a commenté, « cette loi a beaucoup de problèmes. Il a été préparé sans consulter les experts irakiens, la société civile irakienne ou les syndicats. Nous rejetons cette ébauche et exigeons plus d'heure de discuter la loi. » ' Adnan Saffar, membre du comité de direction de la fédération générale des ouvriers irakiens, supplémentaire, « l'intérêt national irakien est rendu dans cette loi qui permet aux compagnies étrangères les limites d'investissement qui exploitent la richesse du pétrole de l'Irak. Elles bénéficient les investisseurs étrangers davantage qu'elles bénéficient les ouvriers irakiens, par les contrats à long terme d'huile qui effectuent négativement la souveraineté et l'indépendance nationale de l'Irak ».

Notes 1 : Par exemple, en octobre, ambassadeur des USA vers l'Irak Zalmay Khalilzad et Général George Casey, la tête des opérations des USA en Irak, a énuméré le dépassement d'une telle loi qu'une des « étapes importantes » elles pressurisaient le gouvernement irakien pour fournir. Des appels semblables ont été faits par le secrétaire d'état Condoleezza Rice (voir par exemple www.state.gov/secretary/rm/2006/75418.htm) et le SAM Bodman de secrétaire d'énergie (par exemple AFP, 18 jui. 06, le `USA veut la nouvelle loi de pétrole de l'Irak ainsi les sociétés étrangères peuvent participer'). Secion II.B.5 du rapport de groupe d'étude de l'Irak (pp.83-85) recommande que le gouvernement tous les deux des USA donnent un avis sur écrire une loi d'huile, et encourage les compagnies pétrolières internationales à investir. de nouveau au dessus 2 : Voir par exemple le dow jones Newswires le 6 déc. 06, la loi d'hydrocarbure de l'ébauche de l'Irak de `recommande PSAs' de nouveau au dessus Nouvelles Nouvelles
http://www.carbonweb.org/showitem.asp?article=223&parent=39